Dimanche 17/05/2015 : Cabane de Galghello - Ascu

La bergerie de Galghello le matin du 17/05 au départ de la dernière journée Dimanche 17 mai, fin de l'histoire.
1h00 du mat. Nuit noire. Pipi break dans mon sommeil. Je fais grincer la porte en revenant, réveillant mon acolyte. "Quelle heure qu'il est ?" (rappel, il fait nuit très noire). En me recouchant, réponse évidente : il est 6h, faut se lever. Je m'endors aussitôt mais j'entends du bruit et, en ouvrant les yeux, je vois le grand escogriffe en train de bricoler, habillé et la frontale vissée au frontibus, laçant ses chaussures.
"Mais qu'est s' tu fais ?". "Ben je me prépare... Et toi tu te lèves pas ?". "Andouille, il est 1h du mat, va dormir..." :) (il a l'horloge biologique bien en place le type, et il fait pas les 3x8).
6h00 du mat. Vrai réveil officiel. Bateau ce soir  à Bastia à 20h. Sur place à 19h. 2h de route et 2h de marge par précaution. On doit être à 15h au pont d'Asco. Facile si on rentre par les crêtes de Serra Piana et le GR le long de la Pinara. On va corser un peu les choses et tenter de découvrir de nouveaux ravins en descendant. Le ruisseau de Stretta Grossa, surplombé deux jours plus tôt, semble présenter toutes les caractéristiques intéressantes.
Rejoindre la crête depuis Galghello est toujours aussi désagréable à travers les épineux rasants. Un fort catabatique glaçant nous accueille sur la crête dans le soleil levant. Le versant nord à l'ombre, aux températures moins contrastées, devrait nous abriter du vent.

Arrivée sur la crête face au Capu Biancu capuchonné Arrivée sur la crête sous un vent glacé

...On hésite entre plusieurs couloirs très raides qui forment plus bas le lit du ruisseau On hésite entre plusieurs couloirs très raides qui forment plus bas le lit du ruisseau. On prend celui qui nous semble le plus accessible un peu au sud du point côté 1865. Descente intégrale au milieu des aulnes nains où l'on découvre une sorte de sente de chasseurs que l'on perd/retrouve régulièrement. Les aulnes ne sont pas très gênants dans le sens de la descente. Moins touffus qu'au bord des rivières, parfois crevés, ils dégagent des zones libres dont on profite un max. Après les aulnes et la pente très raide, on rejoint par un pierrier bien dégueu, style Mercantour, ce que l'on croyait être un plateau en contraste avec la pente où on était mais qui s'avère en fait très raide lui aussi. On y débusque un troupeau de mouflons.

Descente intégrale au milieu des aulnes nains On y débusque un troupeau de mouflons

Le lit du ruisseau commence à se resserrer fortement en arrivant à l'entrée de la forêt vers 1400m. Franck est content et dit au revoir à Francis que l'on ne reverra plus jusqu'à Asco. Moi, je suis moins content en entrant dans l'étage sylvestre et les sapins. On longe le ruisseau en rive gauche sur une sorte de moraine dégagée qui nous permet d'éviter le plus gros de la végétation. Le ruisseau vient taper et changer de direction en s'approchant des falaises des calancha alla lama. C'est le point clé de la descente. On risque de se planter là si on rencontre une cascade dans ce resserrement. Ce qui ne manque pas d'arriver à la confluence des deux ruisseaux supérieurs de Stretta Grossa.

Le lit du ruisseau commence à se resserrer fortement en arrivant à l'entrée de la forêt vers 1400m

Echange de points de vue avec Franck. Mon GPS nous donne 1400m mais si on est à la confluence, on est largement sous le point côté 1390 sur IGN, plutôt entre 1250 et 1300. Franck est un Djeun version 2.0 qui croit dur comme fer à la technologie. Moi, je me suis pris tellement de claques avec cet outil que j'ai tendance à prendre l'information comme une prévision météo de Miss Canal. Du mal à lui faire admettre, en montrant la carte, l'endroit où nous sommes malgré l'évidence de la confluence des ruisseaux sur le resserrement des courbes de niveau.
Nous voici face à la première vraie incertitude de possibilité de passage depuis le début du voyage. Sur la rive gauche où nous sommes, c'est impraticable en surplomb en falaise au-dessus de la cascade. En face, malgré une dalle noire qui me semble humide et glissante, Franck, devenu un aventurier sans peur et sans reproche entre-temps, y voit une possibilité de rester au plus près de l'eau. Encore faudrait il réussir à traverser le ruisseau un peu plus haut à travers les ronces et moi je ne vois pas du tout l'affaire aussi simple que lui. Si c'était sec, oui peut être mais pas sur du mouillé. J'imagine plutôt de rester un peu en hauteur sur notre rive au-dessus des falaises pour rejoindre un couloir pentu repéré sur la carte qui nous pourrait nous amener au bord de l'eau, si ma lecture de la carte est juste, confirmant l'erreur d'altitude du GPS.
On a un petit moment de flottement et d'indécision. C'est la première fois que Franck est confronté à ce genre de problématique. Par où passer ? Jusqu'à maintenant, même si ça pouvait être dur, dès que l'on faisait un choix d'itinéraire, ça passait avec une facilité désarmante sans trop se poser de questions de cheminement. Il s'agissait juste de passer à travers les obstacles, d'autant plus en terrain qui m'était généralement connu. Je savais... On fonçait... Là, il faut faire un choix sans certitude de réussite, donc s'arrêter, réfléchir aux conséquences d'un échec et d'un retour au point de départ pour une autre tentative, sachant que le bateau n'attendra pas ce soir. Une première expérience vraie de recherche d'itinéraire qui je l'espère va le marquer.
Mais c'est pas méchant, on part donc sur mon choix après un vote démocratique à deux dont ma voix compte triple. Et on tombe sur un cairn, qui amène à un sentier et à d'autres cairns... Alors là, c'est pas marrant du tout...
Dans la fin du contournement après le couloir recherché On contourne la falaise comme prévu. Le sentier continue bien au-dessus par dessus les falaises suivantes. On arrive à la verticale du couloir recherché. J'avais raison, saleté de GPS. Je ne veux pas finir ce ruisseau par un beau sentier. On n'est pas venu pour ça. Je m'emballe et me retourne vers Franck: "Franck, accorde moi pour ce voyage une éventualité qu'on se prenne un vilain but. Un risque, un seul de plantage de chemin. On plonge dans le couloir au risque de buter sur les falaises. On se donne une heure et on fait demi-tour si on passe pas, une heure juste une heure". C'est pas la peine d'être suppliant. Toujours partant le type. On plonge vers le ruisseau au milieu des sapins dans la pente, finissant même par courir en arrivant au fond. On a rejoint le ruisseau sans coup férir.

On a rejoint le ruisseau sans coup férir

Avant la confluence avec le ruisseau des Calanche Un second resserrement avec falaises nous attend dans quelques mètres d'après la carte. Si on le passe, vu l'espacement des courbes de niveau dans la partie basse, ce sera gagné. Pas très beau, très arboré et donc avec une vue juste sur les spectaculaires falaises, en rive droite facilement sur les rives on passe, peinards, tranquilles. Le ruisseau n'a pour l'instant depuis la cascade de notre hésitation strictement aucun charme. C'en est même frustrant de finir sur une note aussi banale. Des ronces, de la mousse, un châtaignier de temps en temps et un mini ruisseau à l'eau noire qui ne court pas très vite. Bof bof...

Entre la cascade du contournement et la confluence avec le ruisseau des Calanche Entre la cascade du contournement et la confluence avec le ruisseau des Calanche

...à la confluence avec le ruisseau des Calanche ...on bascule de nouveau dans le super beau Et puis à la confluence avec le ruisseau des calanche, on bascule de nouveau dans le super beau. Les rives deviennent plus escarpées, contrairement à ce que j'avais imaginé. On pourrait rester globalement en hauteur mais j'entraîne Franck au milieu de ronces pour s'approcher des petites cascades qui commence à réapparaître. Il y en a une notamment en deux parties avec une vasque fantastique très profonde à pousser même un chat à se baigner. Ce qui me donne envie d'un bon plouf avec la chaleur qui monte en cette fin de matinée à cette altitude, mais l'accès est un peu trop compliqué. Franck par contre même pour tout l'or du monde ne trempera pas le petit doigt.

...belles vasques et cascades ...belles vasques et cascades

La vasque-cascade souillée par les humains !! Donc objectif suivant, trouver le trou ad hoc pour le rafraîchissement qui ne manquera pas d'être tonifiant en cette fin mai et en profiter pour partager l'ultime paquet de cacahuètes qui nous reste. On a calculé nickel nos besoins alimentaires. L'obstacle suivant consiste en une chute sur plan incliné d'une dizaine de mètres où l'on doit franchir le ruisseau sur une dalle beaucoup plus facile à traverser que sa vision un peu pentue laissait penser. En bas, il y a une lagune fantastique pour une b...aignade fantastique qui nous appelle. La plage est constituée d'une dalle piégeuse où je manque de prendre une gamelle phénoménale n'ayant pas vu la mousse qui y adhère. Une glissade à la capitaine Haddock. Un rétablissement qui fait marrer Franck jusqu'à ce qu'il fasse la même en un peu moins spectaculaire deux mètres plus loin. Je jette ensuite le sac par terre et commence à me dessaper rapido pour aller à la baille quand Franck, très observateur me signale à deux mètres un magnifique colombin couronné d'un magnifique PQ jaune. Les mouches forment des anneaux de Saturne tout autour. C'est magnifique. Une oeuvre d'art révulsante. Trois jours de solitude absolue sans la moindre trace organique de présence humaine et il faut qu'un sale type vienne c... au bord de l'eau sur la belle plage où on voulait se baigner. Au moins c'est signe qu'on peut monter du bas et que c'est certainement plus très loin avant d'arriver au sentier d'Asco. L'envie de baigner reflue aussitôt et on repart.

La cascade sur plan incliné

La vallée de la Pinara Au bout de 10 minutes on atteint la confluence de la Pinara, au débit bien plus important. On longe la rive 200m et on tombe sur le sentier. L'aventure est finie. Finies les griffures du hors sentier. Pour la première fois, on peut se mettre en short. Heureusement parce qu'il fait vraiment chaud maintenant. Nous sommes à 850m. Le GPS n'a toujours pas corrigé son erreur avec 100 mètres d'erreur.
Première rencontre avec deux traileuses qui courent depuis le Pont d'Asco. On les entend gueuler plus haut à la traversée du gué de la Pinara. Elles se sont peut être noyées. On n'est pas allé voir pour pas nous faire engueuler par nos femmes respectives (à qui on ne cache rien).
Je dis pas où parce que top secret (mais la trace GPS va nous trahir), on quitte le sentier pas très loin du terminus pour se rapprocher d'une cascade dont on entend juste le bruit mais qui promet une certaine importance. Une plage, mais une plage au-delà de Palombaggia tellement c'est beau, avec pelouse sous châtaignier centenaire. Et la cascade qui saute loin derrière le caillou. On pourrait passer derrière sans se mouiller... Et ben on va aller voir dessous. Le voilà le spot de baignade bien supérieur à l'autre. Froide, plus que fraîche, le plongeon est trop bon. J'estime la température à 12°C, guère plus. Je ne reste pas longtemps immergé jusqu'au cou mais en profite pour aller chercher la fraîcheur derrière la cascade, et chercher le trésor des nains. Encore un petit moment sur les cailloux à sécher sous l'embrun de la cascade (oxymore involontaire) et on partage les cacahuètes à l'ombre du châtaignier.

...mais une plage au-delà de Palombaggia tellement c'est beau, avec pelouse sous châtaignier centenaire La vasque-cascade de la Pinara

Retour sans histoire au pont gênois.
Complete mission... next stage this summer pour moi à des endroits que j'ose pas dévoiler pour pas me faire moquer par Philippe. Franck, ben, faut bosser mon gars ! :)

Le long de la Pinara Retour le long de l'Asco

Statistique GPS du jour : 9.3 km seulement pour 320m de D+ et 1353m de D-.
Totalité du tour : 48 km pour 4200 m de dénivelée  (uniquement 6 km de sentier, le long de la Pinara).

Carte de la région Sud d'Ascu avec le tracé du retour de David et Franck à Ascu depuis la bergerie de Galghello Rappel ci-contre à gauche de la carte avec le tracé des parcours entre la bergerie de Galghello et Asco dans la dernière étape de ce raid.

Voir les photos de la quatrième journée de ce raid dans le diaporama ci-dessous :

Diaporama "Raid Ascu - Popolasca/David Abadie - mai 2015"