Trek Bastia - Centuri (Patrick FEDON)
Par PhE le lundi 28 janvier 2019, 08:42 - Randonnée + - Lien permanent
Cela faisait un bout de temps que ce Blog n'avait pas accueilli d'articles externes, le dernier sur le parcours Castiglione - Ascu par Vetta di Muru écrit par Olivier et datant de septembre 2017... Cette fois-ci, c'est un article conçu par Patrick FEDON, un nouveau venu en tant qu'auteur sur le Blog mais déjà connu pour ses contributions en commentaires sur le site et des randonnées sauvages comme la descente de la Cavichja ou autres du même genre.
Cette fois-ci, il m'a proposé de décrire et illustrer un trek qu'il a réalisé en trois jours en septembre dernier entre Bastia et Centuri via les crêtes du Cap Corse, ce qui est tout à fait du ressort de ce Blog pour une randonnée qui n'avait pas encore été abordée. Vous trouverez donc ci-dessous son récit de ses trois journées de trek en solo du 2 au 4/09/2018 avec départ au port de Toga et arrivée à Centuri.
Voici le découpage de ce trek selon les trois étapes avec les cartes IGN correspondantes :
- Etape 1 : Toga - Bocca di Santa Maria (02/09/2018)
- Etape 2 : Bocca di Santa Maria - Bocca di Santa Lucia (03/09/2018)
- Etape 3 : Bocca di Santa Lucia - Centuri (04/09/2018)
Merci à Patrick pour cette contribution !
Etape 1 : Toga - Bocca di Santa Maria (02/09/2018
Ça faisait longtemps que je voulais faire ce sentier, mais qui dit crête dit souvent pas d’eau, d’autant plus que je ne suis disponible que l’été. C’est finalement la bonne pluviométrie de cette année qui m’a décidé.
Donc le 3 septembre, ma compagne me dépose au port de Toga à 7 h et me voilà parti.
C’est toujours un peu étrange de commencer en pleine ville. Vous croisez les gens qui vont travailler, ceux qui font leur jogging, ceux qui promènent leur chien, et se demandent où va-t-il celui-là ?
Heureusement, au bout d’un quart d’heure, les maisons s’espacent, pour finir sur de belles villas, puis le sentier commence vraiment. Déjà une belle vue sur Bastia et le port. Je finis par arriver au village d’Alzetu, le chemin serpente dans les ruelles et jardins, une fontaine et son lavoir ; puis arrive en haut du village de Guaitella. Ça sent la fin de la civilisation.
Le sentier monte à travers d’anciennes cultures étagées, broussailles, ronces (mûres à foison), figuiers et quelques pauvres châtaigniers manifestement pas dans leurs éléments. Quelques vaches, qui, avec l’étroitesse du sentier, rendent le croisement problématique.
Puis arrivée à Bocca Pruna. Là, belle surprise, une bâtisse imposante la glacière de Pruna, pas notée sur la carte. Je ne connais pas les glacières de Cardo, mais celle-là est intacte. Environ 18m x 10m, deux cuves rondes à l’intérieur de 6 ou 7m de diamètre par 3m de profondeur. De belles voûtes bien conservées. Ça mériterait d’être mieux mis en valeur.
Je reprends ma progression, passe le ruisseau de Milaja avec un petit filet d’eau. Un peu plus haut magnifique vue sur la glacière et le port de Bastia. Suit une multitude de chemins et croisements en tous sens ; au lieu de prendre le sentier qui longe la ligne de crête sur la gauche, je tire tout droit sur un sentier raviné avec parfois 3 m de creux. Heureusement, ça n’est pas trop long.
A 12h j’arrive à Bocca San Leonardo. Puis, près d’une bergerie, je surprends une grande couleuvre noire qui se chauffait devant la porte et qui rentre à l’intérieur. Je n’irai pas la déranger. Un petit promontoire avec une belle vue sur le golfe de Saint-Florent me sert de table de pique-nique, puis pour un brin de sieste.
A présent il y a des vaches et veaux partout, le sentier se divise, je bifurque sur la droite vers la côte 1064, je suis à présent sur une ligne de niveau sous la crête de Guadalone, puis rattrape la crête avant Monte Foscu. Je finis par arriver à Bocca d’Antigliu but de la journée. C’est là que je dois trouver de l’eau ; il y a bien un vieux panneau – source à 15mn – mais, apparemment, il n’a pas été replanté dans le bon sens.
En fait, le sentier a dû être très bien balisé, mais il y a longtemps. Il y a une multitude de traces de peinture rouge ; de même pour les panneaux, beaucoup sont par terre, il faut avoir l’œil et une carte.
Bon, après une demi-heure de recherche, je trouve la source. Traitement, car il y a beaucoup de bétail dans le coin. Le plein fait, je poursuis tranquillement jusqu’à Bocca di Santa Maria.
Terminé pour aujourd’hui, j’installe mon bivouac face au soleil couchant, ça va être bien ventilé ! Mais les places horizontales étant rares, je lutte un peu toute la nuit, pour ne pas trop glisser.
Données de ma montre : temps total = 9h50 +1462m -415m 17 km
Etape 2 : Bocca di Santa Maria - Bocca di Santa Lucia (03/09/2018)
Je suis réveillé par les cloches d’un troupeau de chèvres qui passe le col. Le soleil se lève derrière la crête et commence à illuminer les monts de Balagne, je distingue le Monte Grosso, Monte Corona, et le massif du Cinto, plus près le Monte Stello est encore dans la brume. Une belle journée s’annonce.
Il me faut 1 heure pour atteindre le sommet du Monte Stello. Superbe vue. On constate bien que l’on est sur une crête ; d’un côté la lagune, Poretta et de l’autre le golfe de Saint-Florent, au loin vers le nord des champs d’éoliennes, et plus bas la marine de Sisco d’un côté et la plage de Nonza de l’autre.
Je croise un berger avec son chien, qui doit sûrement venir voir ses bêtes. Grand bonjour de loin et nous retournons à nos solitudes. Un feu a dû prendre il y a quelques années juste après Bocca di Monte Corvo. Plus de sentier, marques rouge ou cairns. Un vrai champ de bataille. Je vise un point remarquable avec la carte. Vue sur l’ancienne mine d’amiante, juste avant Bocca di San Giuvanni.
Un chemin carrossable passe là, reliant la marine de Sisco à Albo. Il y a une petite chapelle et, de l’autre côté du chemin, une grosse marche. Je me demande par où peut passer le sentier, mais finalement ça passe sans trop de difficulté. Je ne prends pas la variante qui passe par Cima di E Follicie, j’ai encore un peu de chemin à faire avant ce soir.
Je lève plusieurs couples de perdrix qui dévalent les pentes, puis tombe sur une source « aménagée ». Je crois que les problèmes d’eau sont définitivement terminés. Je finis par arriver à Bocca di A Serra par un sentier de niveau. Gros troupeau de vaches assez surprises. Je bascule côté ouest pour arriver aux ruines de la bergerie de Petricaghjola. Ruines mais beaucoup d’activité : troupeaux de moutons, chèvres, des chevaux et… une caravane ! Une fontaine aussi.
Occupé à regarder tout ça, je n’ai pas vu arriver la pluie, et, le temps de m’équiper, je suis traversé de part en part. Pas d’abri et ça redouble. Je décide de prendre le chemin carrossable pour descendre au plus vite. La pluie ne cesse qu’à Pinzu A Vergine mais pas le brouillard ni le vent. Petit stop pour voir les menhirs, certains couchés. Abrité du vent Le sentier descend vers le village de Fieno, la descente est laborieuse, on distingue dans les broussailles d’anciennes cultures, un oriu (?) et une centrale solaire sur l’autre versant.
Passé le village, j’ai l’impression qu’une association dégage les cultures étagées, j’entends une tronçonneuse au loin. C’est très bien fait, ils laissent juste quelques grands arbres, laissant apparaître murs, escaliers, systèmes d’irrigation, pont. Un jardin enchanté !
Après une brève montée, j’arrive au pied de la tour de Sénèque. Parking et sa cohorte de véhicules. Il y a un couvent en ruine restauré petit à petit pour en faire des gîtes. Encore bien humide, un coin au sec ne m’aurait pas déplu. Je discute avec le proprio peu amène. Non, il est complet. Circulez, il n'y a rien à voir ! Je bivouaque donc sous la tour de Sénèque dans un bois de pins.
Le col de Santa Lucia n’est pas loin, première route que traverse le sentier. Le bruit des véhicules montant le col jalonnera la nuit !
Données de ma montre : temps total = 9h15 +746m -1217m 21 km
Etape 3 : Bocca di Santa Lucia - Centuri (04/09/2018)
Ça commence mal !! En traversant la route au col, je prends 20m trop à gauche et me voilà embarqué sur un coupe-feu à flanc de montagne. C’est en arrivant au bord d’une falaise que je me rends compte de mon erreur. J’ai horreur des demi-tours mais il n’y a rien à faire, il me faut redescendre cette pente si durement gagnée. Enfin sur le chemin et, arrivé sur la crête de Punta di A Filetta Suprana, je m’apprête à prendre en photo la fameuse falaise, quand je m’aperçois que j’ai perdu mon appareil photo ! Demi-tour au pas de course ! Heureusement, je n’ai pas à remonter le coupe-feu.
Avec tout ça, une bonne heure de perdue. Avec l’altitude qui a baissé, la végétation change, plus sec, moins d’ombre, ça tape dur ! Les éoliennes au-dessus de Centuri, ne se rapprochent pas vite. Je traverse la route qui mène de Baragogna à la marine de Meria et passe devant la chapelle de Notre-Dame des Grâces. S’ensuit un chemin carrossable qui monte au col de Sainte Catherine. 200m plus loin, je suis surpris par un groupe de 4 trailers sur le sentier. A chaque âge sa montagne, j’ai du mal à m’imaginer à leur place. J’ai vraiment besoin de prendre le temps de regarder, sentir, écouter, toucher, rêver, même méditer. J’ai l’impression qu’avec la baisse d’altitude, je me rapproche des trépidations urbaines.
Tout à mes pensées, je suis presque surpris d’arriver au pied des éoliennes. Centuri est 500 m plus bas sur la gauche. Je découvre l’île de Giraglia, symbole du nord de l’île. Passé les éoliennes, je descends vers le moulin Mattei au col de la Serra, mais je ne m’y attarde pas : trop de monde. Je manque de me faire renverser par une voiture et me précipite sur le sentier sous le parking. On traverse des cultures abandonnées pour arriver au joli petit village de Canelle : ruelles, voûtes, escaliers, passages voûtés, (ça ressemble un peu à San Antoninu en Balagne) et puis un lavoir avec sa fontaine qui sort de la falaise.
Il ne me reste que quelques centaines de mètres et me voilà à Centuri, joli petit port. Il est 13h30, en ce début septembre, les restaurants sont pleins, les ruelles bloquées par une trop grande affluence de véhicules. J’ai le temps de faire le tour du port avant que ma compagne n’arrive. Nous prenons le temps de boire une Pietra bien fraîche et une glace. Et puis retour laborieux, mais non moins magnifique ,sur Calvi.
Données de ma montre : temps total= 6h50 +770m -1183m 17 km
En résumé, une belle balade sur ce sentier qui mériterait d’être mis en valeur. Il suffirait juste de refaire un marquage. Et puis, à Centuri, pas de ligne de bus pour retourner sur Bastia. La ligne la plus proche s’arrête à Macinaggio, je crois.
Diaporama "Trek Bastia - Centuri (Patrick FEDON)"
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Trek Bastia - Centuri (Patrick FEDON)
Le 20 octobre 2018
Commentaires
@Charly
Merci de votre retour ! :-)
Belle traversée du cap que nous avons fait avec mon ami Fabrice.
Nous avons raté quelques passages, notamment après Sisco nous n'avons pas suivi les crêtes..donc à refaire en prenant quelques repères avec vos infos.
Merci et bonne continuation pour vous dans vos randos
Charly