Raid des vires du Falasorma : Episode 1 - Montée aux bergeries de Scaffone par l'Andadonna
Par PhE le jeudi 02 août 2012, 17:19 - Ravinisme - Lien permanent
Le raid qui fait l'objet de cet article fut le résultat de l'obsession d'Eckard pour les "vires du Falasorma" et de son envie d'y retourner avec ses copains allemands avec qui il avait commencé à les parcourir il y a une vingtaine d'années !
Cela se traduisit deux mois auparavant par un coup de téléphone par lequel il me demanda si j'étais intéressé par les aider à accomplir l'enchaînement traditionnel des deux vires de Scaffone et du Tafonatu, mais en l'agrémentant au départ de la montée par la troisième vire que nous connaissions depuis 2009, celle de l'Andadonna dans le versant inférieur du Scaffone appelé Valle Serrata.
Évidemment, j'ai accepté tout en sachant pertinemment qu'il y aurait tout de même quelques légers problèmes faisant partie des agréments de cet objectif :
- La montée par l'Andadonna, non pas par la difficulté de la vire elle-même, relativement praticable, mais par la complexité du suivi de la trace qui y mène, sous couvert végétal dense, et la recherche de son point de départ
- La descente directe depuis la vire du Tafonatu (Campu di Vetta) jusqu'à Monte Estremu pour laquelle je ne connaissais sur le terrain que la trace par Tana di l'Orsu, pas très aisée pour des randonneurs peu aguerris à l'escalade. Évidemment, il y avait aussi la descente en RG du Fangu préconisée par Achille Sanroma, le garde ONF de la MF de Piriu, mais elle paraissait compliquée et une tentative personnelle en juin 2010 pour reconnaître son départ dans le lit du Fangu m'avait laissé dubitatif quant à sa viabilité (1h15 pour franchir 500m !)
Il faut aussi se rappeler qu'Eckard et moi avions réalisé la montée à l'Andadonna en 2009 sous la direction d'Achille qui connaissait la trace et que, depuis lors, nous avions fait deux tentatives pour reparcourir cette trace avec deux échecs à la clé : moi-même en solo en juin 2010 avec mauvais temps pour une tentative avortée dès la première traversée de ruisseau et Eckard en août 2011 avec Georges (Welterlin) qui n'avaient pas pu dépasser 900m d'altitude en perdant la trace et la patience de continuer malgré le GPS et la trace enregistrée de 2009... En conclusion, la montée aux bergeries de Scaffone s'avérait plutôt problématique, surtout dans un contexte de trek avec sacs lourds et nourriture pour 3 jours, alors qu'en 2009 nous étions montés avec des sacs légers pour la journée !
Une fois n'est pas coutume, ce raid m'ayant apporté beaucoup de matière à raconter, c'est par épisode qu'il va être relaté, avec le premier épisode de cette aventure dans la suite de cette page : la journée de voyage vers le Filosorma, le bivouac le premier soir à la prise d'eau de la Cavicchia et la montée aux bergeries de Scaffone le lendemain...
Le parcours du raid tel que nous l'avons finalement réalisé est visualisable en cliquant sur la carte ci-contre à gauche.
Mardi 26 juin 2012
Voyage et bivouac à la prise d'eau de la Cavicchia
C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés en cette fin du mois de juin 2012 à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio où Eckard était venu passer quelques jours pour se mettre en jambes avant l'épreuve finale en effectuant quelques parcours avant de nous transporter à Barghjana pour notre périple. Finalement, c'est à trois que le raid a dû se faire puisque les copains allemands d'Eckard avaient abandonné pour d'obscures raisons et que seul Bruno avait accepté de nous accompagner ! Nous avions donc convenu de nous retrouver là-bas en nous contactant par téléphone pour un rendez-vous local quand nous serions tous sur place.
Le voyage en voiture Sainte-Lucie - Fangu/Pont de Cinque Arcate se passa plutôt bien, par une météo agréable, à l'exception sérieuse d'un arrêt du véhicule par la gendarmerie dans la dernière ligne droite menant à Corte. Dans cette ligne droite, avec une visibilité devant moi sur plusieurs kilomètres, j'eus la mauvaise idée de vouloir doubler un camion arrêté avec une file de voitures devant lui que je ne voyais pas... Malheureusement, il s'avéra 1°) que le camion et cette file de voitures étaient arrêtés par un feu tricolore (rouge évidemment !) temporaire, installé pour cause de travaux et mal signalé, 2°) que la première voiture arrêtée à ce feu en tête de file était une voiture de gendarmes qui furent tout surpris de me voir débouler à leur hauteur alors que le feu était encore rouge ! Bilan : 40mn d'arrêt en plein soleil en attendant que nos braves gendarmes puissent vérifier informatiquement mon permis et mon véhicule et enregistrer l'infraction !
A l'arrivée au Fangu, nous retrouvâmes Bruno pour déjeuner au petit restaurant ouvert du hameau du Fangu avant de retrouver Achille à sa maison forestière pour le saluer, lui indiquer notre objectif et lui demander des informations complémentaires. Il était en train de démaquiser autour du terrain (on ne savait pas que cela faisait partie du boulot des agents ONF), mais il nous consacra suffisamment de temps pour nous encourager et nous (re-)décrire l'itinéraire RG du Fangu qu'il utilise pour monter ou descendre à Campu di Vetta.
Dans la suite de l'article, vous trouverez à gauche, au début du récit de chaque étape de la journée, la carte du parcours réalisé lors de cette journée.
C'est vers 18h10 que nous sommes mis en route pour la Cavicchia depuis Barghjana, non sans avoir pris le temps de saluer Lucien (Biccheray) et ses amis du Bar du même nom... Nous fîmes tranquillement la montée vers la prise d'eau par le sentier RG de la Cavicchia, puis la piste, en environ 1h40. Nous nous installâmes le long de l'eau pour dîner, le temps de constater que les moustiques étaient vraiment trop voraces à proximité du ruisseau et de faire la connaissance du frère (un des frères Sanroma !) d'Achille, en train de tronçonner du bois en amont du barrage, et de tailler une petite bavette avec lui. Nous nous éloignâmes un peu de l'eau pour installer le bivouac pour la nuit en espérant que les sales insectes nous laisseraient un peu plus de tranquillité. Extinction des feux vers 21h30...
Mercredi 27 juin 2012
La trace de Valle Serrata :
Lever matinal peu après 6h et préparatifs divers nous amenèrent à démarrer la "randonnée" vers 07h15 depuis la prise d'eau pour une journée que nous pressentions tous les trois s'avérer du genre galère ! Nous allions être servis...
Le jeu consistait à revenir sur nos pas d'hier sur environ 400m avant de retrouver le départ de cette exaspérante trace de chasseurs qui nous résistait depuis deux ans. La trace est déjà compliquée à suivre jusqu'au premier ruisseau, mais, s'il n'y se trouve strictement aucun cairn, des marques de peintures en orange fluorescent aident au parcours et les fameux "flashies" font déjà leur apparition. Nous arrivâmes donc ainsi vers 07h45, sans trop de problèmes ni de réflexion, au ruisseau qui descend de l'Ouest du Pinzu Scaffone et qui marque le premier obstacle d'orientation de la trace. Achille nous avait conseillé de le traverser au plus haut, à l'endroit où il propose une dalle rocheuse, ce que nous fîmes, et, ensuite de monter sur une butte. Là, problème, car de butte évidente il n'y en avait point et la seule vague trace que je pus suivre m'emmena vers le Sud et s'avéra vite une impasse ! Pendant ce temps, mes deux compagnons cherchaient plus bas et je dus redescendre un peu pour les rejoindre ensuite par une trouée en ligne de niveau. Nous ne voyions rien d'évident... Pour multiplier nos chance, nous laissâmes les sacs et partîmes individuellement à la recherche de la suite de la trace. Bruno restait assez haut, Eckard descendait en se rapprochant du ruisseau et je restais entre les deux. A un moment, je crus retrouver la trace et la suivit avec confiance..., pour la reperdre aussitôt. Et c'est Eckard qui retrouva un tronçon plus bas que j'aurais dû rejoindre si j'avais mieux ouvert les yeux. Cette fois-ci, il semblait que l'on soit à nouveau sur la bonne sente avec traces au sol et "flashies" sur les troncs, ces découpes d'écorces censées aider le chasseur/randonneur à suivre ce parcours "éthéré". Pourtant, il nous fallut encore pas mal de temps pour récupérer Bruno d'une part, les sacs d'autre part, et nous remettre en route. Il est 08h45 et cela faisait en gros une heure que nous tournions en rond dans cet étrange sous-bois. Nous ne sommes d'ailleurs pas sûr que les indications d'Achille nous aient aidés dans cette traversée, car il semble que la trace était en fait beaucoup plus bas que là où nous avons franchi le torrent !
La sente retrouvée s'avéra étonnamment facile à suivre (pour une fois !) jusqu'à l'approche du deuxième ruisseau (5 à 6mn), même s'il nous fallut un bon moment pour nous regrouper. A la traversée de ce ruisseau, à proximité de la confluence entre le ruisseau descendant de Bocca Laggera et celui venant de Punta Larticella que nous retraverserons plus haut et plus tard, nouveau point d'interrogation. La trace GPS de Georges et Eckard d'août 2011, que j'avais inscrite sur ma montre GPS, montrait qu'ils avaient remonté le ruisseau avant de le quitter. Une tentative pour remonter se compliqua assez vite et les berges n'offraient aucun point de sortie évident. De plus, cela semblait peu conforme à mes souvenirs de 2009 où l'on retrouvait une trace claire en montée en sous-bois. C'est Bruno qui trouva la solution en descendant un peu dans le lit du ruisseau et en découvrant un point de traversée plus clair qui nous amena effectivement vers 09h10 sur la suite de la sente dans la montée en sous-bois espérée ! Là encore, une bonne vingtaine de minutes perdue dans cette traversée... Nous étions à 680m d'altitude et avions parcouru à peine plus de 3km pour moins de 200m de dénivelé depuis deux heures : et ce n'est que le début !
A partir de là, la pente devient très raide et la montée pénible. La trace est très délicate à suivre avec ces "flashies" difficiles à repérer et dont certains semblent dater du siècle dernier, et des cairns erratiques. Quelques abris sous roches signalent qu'il y a eu de l'activité dans le coin il y a des lustres. Pour épicer la montée, le couvert végétal a été explosé par les tempêtes de l'hiver dernier, comme partout en Corse, et de nombreux troncs abattus se sont posés en travers de la sente, empêchant de bien la repérer. D'ailleurs certains troncs entourés d'une végétation touffue demandèrent beaucoup d'efforts pour les franchir : l'un d'eux nous prit un bon quart d'heure pour traverser les entrelacements de branches et buissons qu'il avait formés. La température était maintenant infernale sous les chênes-verts et nous transpirions abondamment en commençant à ressentir la soif. Il nous sembla finalement utile de faire une bonne pause avec boisson entre 10h15 et 10h35 vers 850m d'altitude : 4260m parcourus et 360m de dénivelé en plus de 3h !!
Nous reprîmes ensuite la montée en rencontrant toujours autant de difficultés à suivre la trace avec de multiples sentes annexes à explorer, de "flashies" à expertiser et même de variantes demandant des choix. Ainsi vers 900m, sous une sorte de ressaut rocheux vaguement visible à travers le feuillage, Bruno trouva une trace cairnée partant sur la G (SE) alors qu'Eckard et moi suivions une trace bien marquée par des "flashies" et des marques au sol qui nous emmenait vers la D (SW). Il fallut choisir et nous décidâmes au hasard pour la trace de Bruno dont les cairns nous emmenèrent jusqu'à proximité d'un ruisseau où un dernier cairn et une marque de peinture orange nous firent croire que nous étions bien sur la bonne voie. Sauf qu'au-delà, plus rien : ni cairns, ni traces, ni "flashies" et une végétation pas engageante... Il n'y avait plus qu'à remonter le ruisseau, comme nous l'avions fait en 2009 avec Achille lorsque lui aussi avait perdu la trace principale. Il est presque 11h et nous sommes à 930m d'altitude environ.
C'est à partir d'ici que la montée devint une épreuve ! Le lit du ruisseau est encombré de blocs et de ronces qui nous obligèrent souvent à contourner par les rives en trouvant alors un maquis incommode. La pente est toujours aussi forte et Eckard et Bruno commencèrent à voir leur cadence ralentir. Le seul avantage du ruisseau était que la végétation était ouverte au-dessus de nous et nous permettait enfin de voir le paysage alentour : vallée de la Cavicchia en dessous, Punta Minuta et ravin de la Solitude au fond et Pinzu Scaffone en haut de l'arête à notre gauche. Au-dessus de moi je voyais Bocca Laggera, col d'où le ruisseau descend, sans me rendre compte que cette branche du ruisseau nous emmenait trop à l'W par rapport au départ de la vire de l'Andadonna, en me souvenant du conseil d'Achille nous disant qu'il n'y avait qu'à se repérer sur ce col pour trouver le départ de la vire. Nous fîmes à nouveau une pause à l'ombre en RD du ruisseau pour nous reposer et boire, avant de reprendre la montée toujours en direction du col. En tête de la montée, je repris un peu d'avance sur mes compagnons, mais, lorsque j'atteignis 1120m d'altitude vers 12h15, je compris qu'il y avait un problème et sortis la carte pour vérifier où nous en étions car j'avais noté que la vire démarre à l'altitude 1100m et je ne reconnaissais pas du tout le paysage de 2009. L'explication évidente donnée par la consultation de la carte était que nous étions effectivement sur la branche principale du ruisseau descendant de Bocca Laggera alors que le départ de la vire se trouve plus à l'E sur une branche secondaire descendant de la falaise. Il fallait donc entamer une traversée à gauche pour retrouver l'autre ruisseau : elle m'amena rapidement dans une pente raide, pile entre deux amorces de vires. N'ayant pas envie de redescendre, j'eus la mauvaise idée de choisir la plus haute, avec assez vite la joie de retrouver une trace et quelques rares cairns. J'attendis Eckard et Bruno avant de repartir et nous nous retrouvâmes rapidement sur une vire que nous suivîmes en traversant une arête jusqu'à nous retrouver en vue du ruisseau que nous aurions dû suivre. Oui, mais trop haut, car on voyait clairement le départ de l'Andadonna, mais 50m plus bas en altitude alors que nous étions sur la vire de l'étage supérieur. Nous avons tout de même continué à avancer en pensant pouvoir redescendre à l'étage inférieur, mais en vain car un raide ressaut rocheux séparait les deux vires. Cette vire, pourtant utilisée (cairns et marques) n'était donc pas la bonne et je me demande encore pourquoi certains s'en servent (?). Repli stratégique donc, pour retrouver une descente plus facile que nous avions aperçue dans l'échancrure rocheuse précédente, puis longer la paroi rocheuse entre les deux vires et retrouver le bon ruisseau. Il est 13h10, nous sommes bien entamés et en rupture d'eau dans nos gourdes. Heureusement, le ruisseau est alimenté, puisque nous trouvons des ruissellements à sa source le long de la paroi provenant de la vire supérieure où nous étions tout à l'heure. Ce sont vraiment de petits ruissellements et il nous faut une quarantaine de minutes pour remplir nos gourdes, nous désaltérer et nous reposer avant de démarrer la vire. Vous pouvez voir sur la photo de droite ci-dessous la configuration des lieux, pas très facile à déchiffrer !
La vire de l'Andadonna :
Lorsque nous sommes repartis pour franchir la vire, nous avions bien conscience que nous avions fait le plus dur avec la fin de cette épreuve d'orientation et d'obstination de la "sente des chasseurs", car, si l'Andadonna est éprouvante sur le plan physique avec ses deux descentes et ses deux montées, elle ne comporte ni problème de recherche de parcours (que nous étions déjà censés connaître, car sinon le choix des vires à utiliser peut être un peu déroutant...), ni obstacle d'escalade.
C'est vers 14h que nous fîmes les premiers pas sur cette superbe vire en commençant d'abord par contourner l'arête N issue de Punta Larcitella avant de descendre l'impressionnante sente menant au profond ravin qui n'est autre que le cours supérieur du deuxième ruisseau franchi antérieurement sur la trace de Valle Serrata. De cette sente, quand on examine le système de vires sur l'autre versant du ravin, on se demande bien par quelle vire on doit remonter ! Dans la traversée du ravin, nous avons trouvé encore suffisamment d'eau pour compléter notre stock et avons fait une pause photos que nous n'avions eu ni le temps ni le courage de faire dans la partie inférieure, moins riche en paysages spectaculaires.
La remontée par la vire sur l'autre versant réserve à son début une petite traversée rocheuse, suivie du seul petit pas d'escalade de la vire pour descendre un ressaut de 2/3m où nos prédécesseurs ont eu la bonne idée de laisser une branche d'arbre comme prise de pied artificielle... Ce fut ensuite la fastidieuse remontée, qui a encore bien entamé nos forces, jusqu'à l'arête suivante, l'arête N de la pointe 1366, que nous atteignîmes vers 15h. La plate-forme que constitue la vire sur cette arête est recouverte d'un belle pinède qui procure un paysage bucolique dans cet environnement de parois sévères. Elle aménage des vues spectaculaires sur le système de vires que nous venons d'emprunter, les parois de Valle Serrata qu'elle surplombe et la suite du système de vires que nous allions franchir en direction du Pinzu Scaffone. Quand on examine ce système de vires, on se rend compte qu'il est constitué de QUATRE vires parallèles qui traversent toute la paroi Nord de Valle Serrata en deux montées-descentes qui font gagner au total un faible dénivelé. Et un examen encore plus approfondi montre qu'il vaut mieux ne pas se tromper de vire si l'on ne veut pas se trouver en mauvaise posture !
Pause de 15h à 15h30 pour déjeuner et repos sur ce site superbe ! Contemplation des parois des versants de la vallée de la Cavicchia en dessous de nous et de celles du Pinzu Scaffone devant nous, où je ne suis pas surpris qu'une voie d'escalade magnifique mais peu (jamais ?) répétée y existe, Vallis Clausa (sans doute une reprise latine du toponyme corse Valle Serrata)...
Vers 15h30, reprise des hostilités et remise en jambes avec la descente vers le deuxième ravin qui n'est autre que le correspondant du premier ruisseau traversé ce matin. Là encore, ce ravin est suivi d'une remontée commençant par une petite traversée rocheuse avant d'aborder une raide pente encombré de maquis malcommode. C'était la dernière épreuve de la journée, mais qu'elle fut pénible pour mes deux partenaires qui avaient du mal à me suivre dans la montée. Eckard semblait vraiment bien entamé et à bout de forces ! Je les attendis à la hauteur du grand laricio qui marque grosso modo la fin de la vire avant de finir avec eux la dernière montée menant aux bergeries. Il est 16h30 à l'altitude de 1250m et il nous reste encore 180m à monter...
Les bergeries de Scaffone :
La fin de la montée ne fut exaspérante que parce que nous étions trop épuisés pour en profiter et nous fûmes tous les trois bien contents de rejoindre notre objectif à 17h15, au terme de cette escalade éprouvante et après quelques contorsions pour éviter un maquis parfois encombrant. Heureusement, pour nous éviter une pénible corvée d'eau, un ruisselet traversé à quelques dizaines de mètres des bergeries nous offrit une garantie contre la soif... Les bergeries en ruines étaient plus nombreuses que ce que ma mémoire me laissait penser et ce site en balcon sur la Cavicchia à plus de 1400m d'altitude avec vue jusqu'à Galeria est vraiment magnifique !
Il ne nous restait plus qu'à profiter de la fin de soirée pour récupérer, nous restaurer et regarder un peu ce qui nous attendait demain. A ce sujet, nous avons d'ailleurs été étonnés par l'abondance des aulnes, beaucoup plus nombreux qu'en 2009 semble-t-il, qui nous promettaient un début de journée épique demain matin pour les contourner... Préparatifs de bivouac, dîner, café, photos du coucher de soleil devant un versant Scaffone illuminé et extinction des feux vers 21h.
Conclusions :
En synthèse, une journée assez étonnante :
- Une montée de seulement 8km en distance mais avec 1800m de dénivelé positif et 900m de dénivelé négatif, réalisée en près de 10h au total dont environ 6h30 de progression réelle en décomptant recherches d'itinéraire aux deux ruisseaux, pauses, prises d'eau et déjeuner, contre 4h en septembre 2009
- Le moins que l'on puisse dire, c'est que nous n'avons pas été rapides, mais une lenteur à mettre en perspective avec des sacs de trek plus lourds, une forte chaleur, et les pertes de temps liées au suivi de la trace
- Pour mon compte, c'était même plutôt une bonne surprise puisque je nous accordais au départ moins de 50% de chances d'atteindre les bergeries de Scaffone dans ces conditions : heureusement, nous n'étions que trois, car, avec un groupe plus nombreux, cela aurait risqué de tourner au cauchemar...
- Cet itinéraire est le plus direct et, donc, le plus court pour atteindre les bergeries de Scaffone, mais il n'empêche qu'il est fortement déconseillé de l'utiliser si l'on n'est pas initié antérieurement à la sente des chasseurs de Valle Serrata. Il vaut mieux monter par l'itinéraire traditionnel via les bergeries de Saltare et Laoscella
- Quant aux points clés de la montée, contrairement à certaines indications d'Achille, je recommanderai 1°) de bien noter que la trace après le premier ruisseau continue assez en aval de la traversée et qu'il n'est pas utile de monter trop en amont dans le ruisseau pour traverser (même si c'est plus facile) 2°) que la traversée du deuxième ruisseau doit se faire un peu en aval du point d'arrivée pour retrouver un versant raide mais clair en face 3°) que si l'on veut trouver au plus vite le départ de la vire de l'Andadonna, il n'est pas souhaitable de viser Bocca Laggera et de rester dans le ruisseau qui en descend, mais de chercher à rejoindre son affluent à l'Est avec qui il conflue vers 900m. Evidemment, uniquement dans le cas où l'on a perdu la trace en-dessous...
Enfin, pour en terminer avec ce premier épisode de notre raid, coup de chapeau à Eckard qui, malgré sa condition limite pour ce genre de galère, a réussi à surmonter son épuisement pour aller jusqu'au bout de cette étape qui s'avérera la plus pénible de tout le raid !
A bientôt, pour le prochain épisode de notre saga : Bergeries de Scaffone - "Bergerie" de Campu di Vetta...
Et pour terminer cet article, le diaporama avec les photos relatives à l'ensemble du raid que vous pouvez découvrir sans même attendre la suite du récit :
Commentaires
@PhE :
Il y a des pas délicats je pense, ne serait ce que dans la première partie. Peut être plus loin. Il faudrait y aller avec de quoi poser quelques points (coinceurs / sangles) et un brin de corde.
Il faudrait surtout être 2.
À l'époque où je vivais à Bastia, les volontaires n'auraient pas manquer. Mais ça remonte à plus de dix ans et les anciens compagnons de cordée ne répondent plus à l'appel.
Si vous connaissez qqun que ça peut intéresser... Ca me plairait assez de boucler ce passage.
L'autre versant est "praticable" Quoi qu'en terrain vraiment difficile (instable + végétation). En outre il ajoute pas mal de dénivelé di fait des cols successifs à franchir. Or la montée à Bocca Rustali est déjà passablement éreintante.
Bonne soiree.
Arnaud.
@Arnaud :
Super !
Ces photos donnent une vue de cette vire avec une bonne précision et montrent qu'elle est a priori praticable pour quelqu'un qui a un minimum de capacités d'escalade facile et de résistance au vertige... Bien sûr, il y a peut-être des pas délicats dont on ne peut se rendre compte sur les photos ?
Mon ami Achille Sanroma qui officie à la MF de Piriu (en aval de Barghjana) raconte que le nom Andadonna a été donné à la vire par le fait qu'une femme (dame) était capable de parcourir ce tronçon Rustali - Laggera qui faisait partie du parcours complet du temps où l'on partait de Monte Etremu. D'où la dénomination Anda Donna !
Merci pour ces photos et n'hésitez pas à me donner un moyen de visualiser vos vidéos de ces lieux : je suis intéressé. 8-)
@PhE :
Vire extraordinaire du Capu Rustali/https://www.flickr.com/photos/19323...
Prises aujourd'hui ! J'ai aussi des vidéos assez impressionnantes du secteur si ça vous intéresse.
Je confirme que la première section nécessite d'avoir le cœur bien accroché. Personnellement je ne m'y aventurerais pas sans corde.
Bonne soirée.
@Arnaud :
Le lien fonctionne quand même, sauf que ce n'est pas un lien d'une image flickr (URL terminé par .jpg), mais un lien d'une page flickr où se trouve la photo (privée d'ailleurs => on ne peut voir les différentes tailles de photos). En cliquant dessus, on arrive bien sur une carte suffisamment agrandie pour voir votre parcours.
Avec flickr, pas facile car pour avoir les liens des photos, il faut 1°) aller sur la page de la photo, 2°) cliquer sur "Télécharger" en bas à droite, puis sur "Afficher toutes les tailles", 3°) choisir la taille de la photo (flickr permet d'accéder à jusqu'à 12 (ou +) tailles de photos entre la photo originale et la vignette 75 x 75 px et cliquer dessus pour l'afficher, 4°) cliquer droit sur la photo/image et choisir "Copier le lien de l'image".
Ce lien est, par exemple, de la forme https://live.staticflickr.com/65535... pour une photo de largeur 1024 px. C'est ce lien qu'on peut utiliser (avec | et non /) dans le code wiki du commentaire (avec | et non / => je ne peux mettre le | en commentaire car le wiki le transforme, j'ai donc mis / pour montrer l'exemple de code à utiliser) pour obtenir une possibilité d'agrandissement en "popup"...
Évidemment, c'est plus facile pour quelqu'un qui joue tous les jours avec des sites Internet et les subtilités image, code, langages, etc...
Belle randonnée, originale car peu de gens (à ma connaissance) montent à ce col ! :-)
@Arnaud :
Rostali/https://www.flickr.com/photos/19323...
Je crois que je suis pas doué.
@PhE :
Bonjour Philippe.
CI dessous un lien vers un plan de l'itinéraire suivi (à la louche).
La semaine prochaine je suis sur Galéria, si j'arrive à dégager un peu de temps j'irai peut-être fouiner par la haut.
Bonne journée.
Arnaud.
@Arnaud :
Sur ce blog, on ne peut insérer d'image dans le corps d'un commentaire, uniquement donner un lien vers l'image qui sera agrandie dans une fenêtre popup quand on cliquera dessus. C'est ce que j'ai utilisé dans ma réponse.
Voir la syntaxe wiki dans "Assistance pour commenter le blog", gros rectangle à droite du formulaire commentaire : utiliser dans ce cas la syntaxe
nom image/adresse url de l'image
pour ce faire (remplacer / par | dans le code).Même si je vois à peu près ce que vous avez parcouru pour monter à Bocca Rutali, je serai intéressé par un croquis de l'itinéraire sur une carte.
Informez-nous si vous poursuivez cos explorations dans ce secteur que je n'ai plus fréquenté depuis juin 2015 et notre raid dans le Filosorma après l'accident d'I Cascitonni.
@PhE :
Merci pour ces documents. Effectivement sur la photo on voit que la vire Est démarre au dessus du col. Du col lui même, descend un couloir dans lequel je n'ai pas eu le cœur de m'engager.
Je pense qu'il faut s'élever un peu par l'arête (assez débonnaire de mémoire) si on souhaite chercher cet itinéraire.
Le versant Ouest semble plus accessible. Evidemment ca ne veut rien dire.
Je ne sais pas comment insérer une image dans mon commentaire mais dans les grandes lignes, j'ai suivi "l'arête Ouest" du Capu Bucellu (qui n'a pas grand chose d'une arête au départ) par un chemin de chasseur.
Je l'ai quittée vers 800 m et suis parti à flanc sous les contreforts du Capu Bucellu en passant au mieux en courbe de niveau. On finit par arriver dans le couloir / Ruisseau qui descend de Bocca Rostali, toujours autour de 800 m. Reste à gravir au mieux des rochers et végétation, plus clairesemée à partir de cette altitude.
On trouve qq cairns dans la dernière partie et des ruines de bergeries au col.
Très belle vue (surprenante même) sur le cirque de la solitude et le ravin qui en descend.
Je peux vous faire passer un croquis de l'itinéraire par mail si vous le souhaitez.
:-)
Bonne soirée.
Bonjour @Arnaud :
Il serait intéressant de savoir comment vous êtes monté à Bocca Rustali car 1°) je ne l'ai jamais fait, ni essayé, 2°) je ne connais personne qui l'ait fait ces dernières années (y compris Achille Sanroma ?). Vous avez une trace GPS ou un tracé sur carte IGN ?
Pas d'infos personnelles sur l'itinéraire possible entre les deux cols.
Quelques commentaires :
Ci-dessous quelques images et photos :
Bonjour Philippe,
Merci pour toutes ces infos, ca fait très envie.
je me suis mis en tête depuis quelques temps de trouver un passage sans passer par la piste au départ de Montestremu.
Pour le moment je suis sorti à Bocca Rustali.
Est ce que vous auriez une idée de l'itinéraire qui permet ensuite de rejoindre Bocca Laggera ? Descendre à l'Est me parait compliqué (vu d'en haut c'est assez vertigineux).
Reste un contournement par L'Ouest. Sur la carte ca semble passer, sur site la première partie semble praticable. Mais évidemment pas de visu au delà du col Rustali / Forci.
Ou par la "ligne de crête" ? En contournant les ressauts et difficultés. Peut être en basculant à l'Est au nord du point côté 1392...
Si vous avez une idée / infos, je suis preneur.
Merci !
Bonne journée.