Hameaux ruinés de l'Extrême Sud
Par PhE le mercredi 23 juillet 2014, 20:04 - Archéologie - Lien permanent
Encore un peu d'archéologie, pas trop lointaine puisqu'il s'agit de retrouver les premières maisons à étages corses qui datent du XVIIIème siècle. Malheureusement, les hameaux que constituaient ces belles demeures sont souvent oubliés et difficiles à retrouver entre absence de sentier et enfouissement par le maquis !
Le même contact Internet indiqué dans l'article sur le Castellu di Nota m'a permis de visiter deux hameaux de ce genre, oubliés dans les environs de Porto-Vecchio et dont Paul avait pu m'indiquer les informations permettant d'y accéder.
En y ajoutant le site de Pastricciola, hameau de belles bergeries au Sud de la Cagna, c'est trois hameaux ruinés que j'ai pu visiter en juin et juillet derniers :
- Le hameau de Pruna au Nord de la presqu'île Sud de la baie de Porto-Vecchio
- Le hameau de Ghjuncaghjola sur la crête séparant le golfe de Santa Giulia et la baie de Porto Novo
- Le hameau de Pastricciola au Sud de la Cagne, près de San Gavinu di Cagna
Chacun de ces hameaux est décrit dans l'article qui suit avec photos, cartes et informations d'accès qui permettront à ceux qui s'intéressent à ce type de patrimoine d'aller les visiter, avec tout le respect qu'ils méritent...
Compte tenu du peu d'informations (quasiment aucune !) que j'ai pu obtenir sur l'histoire de ces trois hameaux, espérons que des insulaires ou historiens cultivés pourront intervenir sur ce blog et nous donner un résumé de l'histoire de l'un ou l'autre de ces différents patrimoines.
Le hameau de Pruna :
C'est l'après-midi du Dimanche 1er juin 2014 que j'ai pu tenter la visite de ce site après avoir vainement essayé dans un premier temps de trouver le hameau de Ghjuncaghjola que je ne pourrai atteindre que plus tard (cf. ci-dessous).
Pas d'autres informations que la localisation du hameau lui-même au Nord de la presqu'île qui ferme le golfe de Porto-Vecchio en sa partie Sud. A l'examen de la carte, plusieurs possibilités se présentaient, avec pas moins de quatre sentiers convergeant vers les environs du hameau : à l'Est par le ruisseau de Puntichesi, au NE en venant de Pascialella, an Nord le long du ruisseau de Pruna et au SW en provenance de Biancone. C'est donc au hasard du parcours en voiture de la route de Picovaghja que je m'arrêtai à l'un des virages Nord après avoir dépassé l'embranchement vers le hameau de Monte di Fiori, en vue d'un départ de sentier pour une fois bien visible !
Ayant pris le sentier qui devait partir vers le Sud rejoindre la RG du ruisseau de Pruna, je me retrouvais au bout de quelques minutes dans une direction Est erronée et m'aperçus que je remontais en fait la branche du sentier qui aboutissait au réservoir en bordure de la route sous Punta di a Varra, en ayant raté l'embranchement du ruisseau de Pruna. Je continuais tout de même sur ce sentier en décidant d'en profiter pour essayer le sentier du NE auprès du hameau de Pascialella. Après 20mn de marche, partiellement sur route, je trouvais le départ du sentier, ou plutôt d'une sente pas très catholique marquée par quelques cairns pourris en direction d'une ligne électrique dont l'accès doit être assurée par cette sente. Après la ligne électrique, quelques difficultés pour trouver la suite du sentier historique, puis, très vite, de plus en plus de difficultés de maquis pour finir, après seulement 70m de dénivelé, par une trace très étroite, très encombrée de végétation et entravée par des troncs couchés... Inutile de continuer dans ces conditions : demi-tour et retour au virage de départ, 1h10mn après ce premier départ inutile !
Cette fois-ci, je fis attention à trouver (sans problème) l'embranchement vers le ruisseau de Pruna, quelques mètres après le début, et me retrouvai sur un vrai sentier, très bien tracé assez haut au-dessus de ruisseau de Pruna sur sa rive gauche, qui me mena en 30mn, d'abord sur la crête au carrefour de convergence des sentiers, puis, en prenant la trace la plus au Nord, au hameau ruiné lui-même vers 210m d'altitude.
L'entrée du hameau se fait par une sente passant entre deux vastes maisons ruinées au milieu de magnifiques vestiges...
Ces deux premières habitations sont de belle facture. La première comporte un seul étage de combles, mais garde encore le faîte en bois de sa toiture, une belle cheminée au rez-de-chaussée, au moins deux portes accompagnées de nombreuses ouvertures et trois des quatre murs encore bien conservés.
La seconde, plus haute, est à deux étages, dont un de combles, et possède de magnifiques fenêtres encore intactes ; bien enfouie sous le maquis, elle est bien difficile à examiner de près...
Un peu plus haut, j'arrivai à la troisième habitation située dans un espace beaucoup plus dégagé, accompagnée d'un four à pain tout proche et surveillée par une petite statue de la Vierge dans une grotte sous la crête surplombant le golfe de Porto-Vecchio. C'est, de loin, la plus belle, la plus haute et la plus vaste de toutes les demeures du hameau : deux étages en comptant un grand étage de combles, un escalier extérieur menant au premier étage, trois entrées au rez-de-chaussée, une maisonnette attenante (ou pièces supplémentaires ?), grandes fenêtres, ouvertures et points de stockage divers, ... Elle a vraiment encore fière allure !
L'intérieur de la demeure est recouvert des restes de poutres des étages et du toit avec quelques parties encore en place entre deux murs. On voit bien que la salle principale était au premier étage, avec accès par l'escalier, même s'il existe une entrée rez-de-chaussée par l'avant. Il semble même que la maison ait été rehaussée d'un étage supplémentaire au cours de son existence.
Une sorte de maisonnette avec un seul étage (de combles) est attenante à droite de la demeure, du côté du four à pain, constituant soit une remise spacieuse, soit une ou plusieurs pièces complémentaires. Une porte de communication avait été installée entre ces deux parties de la maison.
Autour des trois habitations principales, on peut trouver d'autres ruines de maisons, moins vastes et moins spacieuses, plus ou moins enfouies dans le maquis, ainsi que de nombreux enclos et murets montrant qu'il s'agissait d'un superbe petit hameau de demeures familiales, datant sans doute du XVIIIème siècle (auparavant, les maisons corses n'avaient pas d'étages) et appartenant à une célèbre famille corse dont on m'a donné le nom mais que je n'ai pas retenu, ni noté.
Au retour, j'ai essayé de parcourir une variante du sentier de montée en prenant la trace allant vers le Sud : peine perdue, le sentier est fermé 150m plus loin par une barrière d'exploitation d'élevage très dissuasive et, d'ailleurs, impossible à contourner à proximité ! Quant à l'arrivée du sentier en provenance de l'Est que j'avais essayé précédemment, il semble que sa trace soit encore visible au carrefour indiqué sur la crête, mais je ne l'ai pas essayée...
La carte IGN sur la gauche de la page pour visualiser le tracé de l'itinéraire permettant de monter à Pruna par le sentier le plus simple pour l'accès, à savoir le sentier Nord depuis la route de Picovaghja.
Voir les photos de la visite du hameau et des parcours des accès :
Diaporama "Hameau ruiné de Pruna"
Le hameau de Ghjuncaghjola :
C'est ce même Dimanche 1er juin dernier que, avant d'aller visiter le hameau de Pruna comme raconté ci-dessus, j'ai d'abord essayé de visiter un autre hameau ruiné indiqué par Paul de Porto-Vecchio, les maisons de Ghjuncaghjola, situées sur la presqu'île qui sépare les golfes de Santa Giulia et de Porto Novo. Malheureusement, les informations de Paul, prendre un sentier bien propre à l'extrémité du champ situé le long du chemin en RD du Vignarellu pouvaient prêter à confusion, en particulier le mot "extrémité" qui, combiné aux informations de la carte IGN, m'a induit en erreur.
Au départ, rien de plus simple puisqu'il s'agit de franchir une clôture (ouverte à l'époque) le long de la RN198, peu après le bâtiment de l'ancienne coopérative vinicole quand on vient de Porto-Vecchio. Un large chemin traverse le champ puis le Vignarellu et passe en RD de ce ruisseau. C'est là que les choses se sont corsées... J'ai continué le chemin jusqu'à l'"extrémité" du champ où j'ai effectivement trouvé une sente partant vers l'Ouest, plutôt donc dans la bonne direction de la zone indiquée "Ghiuncajola" sur la carte IGN. En fait de "sentier propre", c'était une trace infâme qui m'emmena en 10mn à un réservoir ruiné où je pensais trouver la suite du sentier. Ce réservoir était, paraît-il, celui de l'hôtel Moby Dick (l'hôtel qui bouche scandaleusement le bout de la plage et du lido de Santa Giulia) du temps de son édification initiale. Mais, après le réservoir, fausses traces, ronces, salsepareilles et calycotomes ne me laissèrent guère d'illusion quant à une possibilité de suite. Au retour, autour de la même extrémité du champ, je cherchais en vain, pendant une trentaine de minutes et en me déchirant les jambes, un quelconque départ de "sentier propre". Comprenant qu'il y avait quelque chose qui m'avait échappé, je me suis tourné ce jour-là vers la recherche du hameau de Pruna, en remettant à plus tard celle du hameau de Ghjuncaghjola.
Partie remise donc, récemment puisque c'est seulement Dimanche 20 juillet que j'ai eu l'occasion de retourner à la recherche de ce mystérieux hameau de Ghjuncaghjola. Beaucoup moins mystérieux pour moi désormais puisque j'avais résolu le problème à l'aide de Géoportail et de Google Earth. J'avais déjà jeté un coup d'oeil à Géoportail vers la zone indiquée "Ghiuncajola" par l'IGN. J'avais vu dans cette zone un semblant de trace après le réservoir et ce que je croyais être une habitation et qui devait sans doute être un rocher rectangulaire, d'où mes recherches erronées de début juin... En regardant à nouveau plus minutieusement, on découvre en fait plusieurs singularités, en particulier sur Géoportail qui, cette fois-ci, possède des images aériennes de bien meilleure qualité que Google Earth :
- Le sentier que j'avais cru apercevoir montant vers l'Ouest au-dessus du sentier du réservoir n'était en fait qu'une bande de végétation bizarrement détachée et l'habitation espérée ressemblait à beaucoup d'autres rochers de la zone
- La carte IGN montre un sentier partant du Vignarellu plus au Sud (quand il est parallèle à la RN198) et montant vers l'Ouest pour se "perdre" sur plateau en pleine nature à 140m d'altitude
- Quand on examine sur la carte aérienne l'extrémité de ce sentier, on voit très nettement les contours de ce qui est évidemment une belle habitation rectangulaire à deux pièces, bien éloignée de la zone notée "Ghiuncajola"
- Aucun autre "sentier" visible sur le fond de carte IGN standard, mais en passant à une échelle supérieure à 1/6771, Géoportail passe à un mode plan montrant un schéma des sentiers et des ruisseaux : surprise, dans ce mode, le sentier venant du Vignarellu n'existe plus, mais un sentier arrive au même endroit (l'habitation repérée) mais en provenance du Nord et, re-surprise, en démarrant de l'extrémité du champ comme indiqué par Paul, mais l'extrémité Sud et non Est
- Sur Google Earth, avec des images moins bonnes, on voit quand même très bien l'habitation à deux pièces, ainsi qu'une autre moins visible en contrebas Ouest, une trace provenant du champ en question et montant vers ces maisons et la trace, souvent interrompue, de l'ancien sentier montant du Vignarellu qui doit se perdre pas mal dans le maquis
Ma méprise était donc simple : "extrémité" du champ avait signifié pour moi la partie Est du champ, le long du chemin du ruisseau, alors qu'il signifiait bout de la partie Sud du champ qu'il fallait donc traverser !
De retour sur le terrain avec Nicole, aucun problème pour trouver le portail s'ouvrant à l'extrémité Sud du champ à partir duquel un "sentier propre" commence à monter en pente raide vers le Sud. Problème par contre au départ de la RN198 car le portail d'entrée du champ initial a été entravé par le propriétaire, obligeant à un contournement imprévu (je me demande bien à qui sert ce magnifique sentier vers la crête de Ghjuncaghjola si on ne peut l'emprunter ? Ah, ces histoires d'accès via des propriétés plus ou moins privées !).
Moins de 30mn après le départ depuis la RN198, nous arrivâmes à la première maison du hameau, qui ne comporte d'ailleurs que deux habitations visibles.
Vaste maison basse de deux pièces avec un étage de combles et un four à pain juste à côté, sans doute typique elle-aussi des maisons familiales du XVIIIème siècle construites dans des endroits reculés et devant disposer d'une autonomie totale. Belles fenêtres avec linteaux en pierres taillées. On y trouve aussi un oriu très rustique de l'autre côté du sentier et des restes d'enclos dans la zone à proximité.
En reprenant le sentier, nous trouvâmes la deuxième maison 150m plus loin dans un espace plus dégagé que celui de l'habitation précédente. Plus grande, plus haute (2 étages dont un petit étage de combles) et plus vaste que la précédente, elle est aussi mieux conservée. Là encore on trouve un beau four à pain à proximité et de magnifiques enclos, clôtures, murets qui montrent bien qu'il y avait élevage local tout proche.
Quelques originalités associées à cette maison : un accès arrière par une porte au niveau rez-de-chaussée et un accès en façade avant au niveau du premier étage par un court escalier, des fenêtres meurtrières me semblant bien originales et des tuiles en pagaille dont certaines paraissant très anciennes et sans doute réutilisées.
L'intérieur de l'habitation est bien agencé et, comme pour la troisième habitation de Pruna, une maisonnette ou pièce attenante comportant un seul étage de combles est accolée à droite de la maison...
Outre la visite instructive de ces deux habitations, il faut savoir que cette zone comporte un réseau assez incroyable de sentes (de chasseurs ?) parfaitement démaquisées (sans doute en 2013) après un travail d'entretien à un niveau que l'on trouve rarement sur l'île : débroussailleuses et tronçonneuses ont dû chauffer à cette époque ! En conséquence, il est très facile de parcourir des sentiers de près de 2m de large qui vous emmènent un peu partout sur la crête à plus de 200m d'altitude : l'un d'eux parcourt la crête vers le Nord et redescend jusqu'à la mer dans les rochers du Sud du golfe de Santa Giulia avec quelques orii amusants à voir au passage, un autre part vers le SE en contrebas de quelques rochers remarquables creusés d'énormes tafoni en contournant le fond du vallon du ruisseau affluent du Vignarellu. Les deux traces explorées vous sont indiquées sur la carte ci-dessous, mais de multiples embranchements traversés au passage indiquent qu'il y a encore pas mal de possibilités dont, sans doute, la descente pour rejoindre le sentier Nord de Porto Novo, celui qui longe la baie au Nord, invitant ainsi à une belle traversée entre les deux golfes et éventuellement la suite du rivage vers le Sud (Rondinara, Tre Padule, Balistra).
La carte IGN sur la gauche de la page pour visualiser le tracé de l'itinéraire permettant de combiner la visite des deux maisons du hameau de Ghjuncaghjola et le parcours des deux principales sentes de chasseurs du coin.
Voir les photos de la visite du hameau et du parcours des sentes de Ghjuncaghjola dans le diaporama ci-dessous :
Diaporama "Hameau ruiné de Ghjuncaghjola"
Le hameau de Pastricciola :
Peu de temps après ma première exploration de Ghjuncaghjola et Pruna, Olivier me proposa une petite balade en Cagna pour aller visiter les bergeries de Pastricciola à partir de San Gavinu di Cagna. Pour nous c'était simplement une visite d'anciennes bergeries et nous ne nous attendions qu'aux ruines habituelles de murets, sans toits ni fenêtres...
Parking des véhicules le Mardi 3 juin dernier à la sortie du hameau sur le chemin vers le Vivaghju : cela me rappela de nombreux souvenirs de canyoning local (j'ai dû descendre le Vivaghju 4 ou 5 fois !). Partis de San Gavinu à 9h, nous descendîmes le sentier partant vers le SW et traversâmes le Vivaghju au niveau de l'ancien moulin et de ses vestiges.
600m plus loin, au niveau d'une sorte de col en sous-bois, nous aurions dû trouver l'embranchement du sentier partant vers l'Ouest pour rejoindre les bergeries. Mais, rien de rien, pas la moindre trace et pas moyen de se tromper car le GPS d'Olivier nous plaçait en plein sur le pointillé du sentier tracé sur la carte IGN ! Après avoir commencé à revenir sur nos pas en nous disant que l'on pouvait essayer d'y arriver par le Nord en allant rattraper le départ du canyon puis en redescendant par le sentier en RD du Vivaghju, nous avons fait à nouveau demi-tour pour tenter de trouver le sentier "normal" de montée à ces bergeries qui devait prendre plus bas dans la plaine d'exploitation agricole.
Descente donc jusqu'à la plaine dite Coggiano sur IGN et, plus loin sur la piste agricole, remontée d'un sentier bien tracé qui nous amena à l'entrée du hameau vers 10h40, après environ 2,5km de détour par rapport à l'itinéraire initial envisagé. Encore une surprise avec ces sentiers traditionnels insulaires...
L'habitation qui marque l'entrée du hameau est une belle surprise puisqu'il est difficile d'appeler cela une "bergerie" ! Maison à un étage avec des combles en plus, façade avec 4 fenêtres de belle taille et linteaux de pierres, plusieurs pièces, belle porte d'entrée avec linteau de pierre... c'est plutôt une grande demeure familiale permanente qu'un simple abri précaire saisonnier...
La suite de la visite du hameau nous réserva d'autres surprises ! On ne peut imaginer, au simple examen de la carte, combien la surface plane est immense dans cette zone et à quel point elle a dû être utilisée puisque le maquis est loin de l'avoir encore reprise.
A partir de la maison d'entrée, nous avons d'abord commencé par explorer une sente vers le SW sans rien trouver d'autre que de vastes terrains d'élevage et/ou de culture, abandonnés depuis pas si longtemps que cela. La sente se poursuit sur la carte jusqu'à rejoindre la plaine agricole de Coggiano en parallèle du sentier de montée. Au retour, nous avons pu examiner au passage une maisonnette toute proche, dotée d'un toit en excellent état de conservation. Là encore, vastes espaces anciennement cultivés ou utilisés pour le pacage et départ d'une sente vers l'Ouest. Des vues grandioses sur l'Uomu di Cagna bien dégagé...
Comme nous avions aperçu plus haut vers l'Ouest d'autres habitations, nous prîmes la sente allant dans cette direction et emmenant vers une sorte de crête vers 400m d'altitude. Tout un ensemble de ruines multiples, et, à la fin, une habitation dotée d'un toit de tuiles traditionnelles et visiblement encore utilisée, sans doute comme résidence secondaire, mais toute seule dans ce hameau abandonné à l'inverse de ceux de Bitalza, Naseu ou Luviu.
Là encore, tout autour, de multiples traces et vestiges d'exploitation agricole avec culture et élevage : murets, enclos, cumpulu, espaces de pacage,...
Pour terminer cette longue visite, nous avons tenté de remonter le sentier partant au Nord de Pastricciola et censé rejoindre le Vivaghju à l'altitude 448m, au départ du canyon. Déjà délicate à trouver au départ, puis difficile à suivre sur les premiers 250m, la trace existante s'avéra impossible à pratiquer plus loin sans recourir à d'autres moyens que nous n'avions pas... Cela confirmait une de mes expériences antérieures dans l'autre sens en mai 2008 où le sentier amorcé en descente depuis le départ du canyon s'était avéré visible dans le maquis, mais, là aussi, impraticable sans vêtements et outils adaptés !
Fin de la visite avec un déjeuner sur une pointe rocheuse comportant belle vue sur la Cagna et le canyon du Vivaghju dont on apercevait très visiblement la cascade de 40m... Puis, retour à San Gavinu vers 14h30 et tentative de baignade (un peu fraîche) dans les vasques du Vivaghju utilisées par les villageois...
En conclusion, un hameau très surprenant et assez éloigné des hameaux habituels de bergeries : l'ampleur de quelques-unes de ces demeures, l'immensité de la surface exploitée antérieurement, la multiplicité des vestiges de toutes sortes, ... en font un site original méritant un détour. Dommage que le sentier Nord soit impraticable et que le sentier direct depuis San Gavinu n'existe plus, car, sinon, on pourrait le traverser via une belle boucle de randonnée à conseiller depuis San Gavinu. Dans les conditions actuelles, la montée normale devrait se faire depuis Pianottoli, mais en traversant des plaines agricoles sans intérêt...
La carte IGN sur la gauche de la page pour visualiser le tracé de l'itinéraire utilisé pour aller de San Gavinu à Pastricciola et le parcours de la visite.
Voir les photos de la visite du hameau et des environs :
Commentaires
Bonsoir @Romina zwahlen :
Bien content que cet article ait pu vous servir à retrouver des vestiges de Pruna où votre famille a vécu anciennement et que vous pourrez visiter ces restes d'habitation prochainement !
Je ne connaissais pas les causes de l'abandon de Pruna (peste + déménagement des habitants en motagne) et je me demande à quelle époque cet abandon a eu lieu...
Encore un témoignage qui vient enrichir tous les témoignages des commentaires précédents sur ces hameaux ruinés de Corse-du-Sud !!! :-)
Bonjour,
Je suis heureuse d'avoir pu trouver des informations et images sur le hameau de Pruna, je viens d'apprendre que mon arrière arrière grand-mère est née dans ce hameau. Elle s'appelait Déa Biancarelli et s'est mariée avec un Terrazzoni. Elle a eu 2 filles, Rosalie et Rosine (la seconde étant mon arrière grand-mère et est décédée en 81 qques mois avant ma naissance). Il y a eu la peste et l'état a donné des terrains à la population pour qu'elle puisse s'installer à la montagne et y vivre sereinement. D'où l'abandon du hameau de Pruna. A l'époque la richesse se trouvait à la montagne et pas à la mer ! J'ai passé mes étés d'enfance en Corse mais n'ai pas eu l'occasion d'aller visiter ce joli hameau, j'y remédierai lors de mon prochain passage.
Encore merci pour ces clichés
Romina
@paul ebrard :
Vu les photos sur votre page Facebook ! Bravo !
Ce hameau de Pastricciola est bien plus important et plus vaste que je pensais et il y a plein de maisons et d'éléments que je n'ai aps vu quand j'y suis passé...
Pour la cascade du Vivaghju, elle fait 40m et peut soit se descendre en rappel avec corde d'au moins 80m, soit se contourner à la descente par la gauche (ce que j'ai fait une année avec le chien de San Gavinu di Cagna !). LOL
@paul ebrard :
Merci Paul pour toutes ces informations complémentaires si précieuses sur ce site très sympa à découvrir et à visiter et qui représente bien ces constructions du XVIIIème siècle sur l'île ! _-)
@DELLA FOCE :
Bonjour
en fait la date sur le linteau est 1779.
Il y a deux "eviers" que l'on nommait "acquali" en corse dans cette grande maison, un par unité d'habitation.
Il y a également une mangeoire ("manghjatoghja") sur le pignon nord.
Il y a plusieurs arghji sur le plateau, dont celle sur la dalle rocheuse, j'ai trouvé 3 tribbii, et il y en a sans doute d'autres.
J'ai dénombré 9 maisons ou caseddi dont une maison à étage avec son four et un caseddu à proximité un peu plus bas en direction de San Gavinu. à droite de la porte une pierre gravée avec des signes mais pas de date, je suppose qu'elle avait son pendant à gauche mais cette partie du mur est effondrée.
J'ai des photos de toutes ces constructions
@DELLA FOCE :
Merci de vos informations extrêmement intéressantes !
Je ne suis malheureusement pas très compétent en construction d'habitations et il est bon de se faire compléter par des personnes plus informées...
Quant à la Piscia di Mamonna, on ne doit la voir qu'en hiver ou au printemps (ou après des pluies conséquentes) dans ce terrain d'altitude peu élevée où le débit des torrents est forcément réduit.
J'ai effectivement oublié de mentionner "l'aghja" que l'on trouve à proximité de la grande maison et que j'avais traversé pendant la visite.
La grande maison de Pastricciola date de 1778, l'inscription est sur le linteau au sol à l'arrière.
Dans la grande maison, il y avait aussi un évier en pierre dans la maçonnerie.
il y a aussi une aire à blé que vous n'avez pas remarqué en allant vers les caseddi.
la cascade s'appelle(A Piscia di Mamonna)info donnée par une Quilicchini de San Gavinu.
Ne pas confondre les trous d'opes et de boulins avec les meurtrières.A plus de vous lire.
@paul Ebrard :
OK, vu !
Mais je ne pensais pas que les trois ouvertures de la façade latérale Nord étaient des meurtrières...
Je pense que la grande maison de Gjhuncaghjola date obligatoirement au minimum du XVIIIème siècle puisqu'elle comporte des étages. La première maison peut effectivement être antérieure...
Merci pour tes précisions !
Sur la photo de la face intérieure du pignon nord tu as les trous des poutres, le grand placard mural, et de part et d'autre en bas et au milieu en haut les trois meurtrières.
Le nombre de meurtrières dans cette petite maison alors que la grande n'en compte que deux peut avoir deux raisons: soit en cas d'attaque (essentiellement des pirates qui mouillaient dans la baie de Santa Giulia) tout le monde se retrouvait dans cette maison qui permettait à 8 personnes de défendre le hameau, soit la grande maison (qui est une maison "riche", et qui a appartenu, comme tous les terrains alentours à une famille de Sotta, avant que son propriétaire ne vende le tout au conservatoire du littoral) a été construite bien ultérieurement à l'autre, à une période où l'on ne craignait plus d'attaques de barbaresques
Pour la petite maison de Ghjuncaghjola, observe bien tes photos:
sur la première (arrivée par le sentier) tu en as une en haut, à moitié cachée par le buisson qui se trouve au milieu du pignon sud.
Sur la photo suivante tu en as deux, une de chaque côté de la porte dans la partie encore intacte, on peut supposer qu'il y avait la même chose dans la partie de droite qui est effondrée.
Sur la dernière photo, celle du pignon nord, vu de l'extérieur, tu en as deux en partie basse et une en partie haute(au dessus du plancher) comme celle du pignon sud
non le caseddu dont je parle est encore plus bas, 30 ou 40 m en dessous de la bifurcation vers le hameau, au bout de l'arête rocheuse de granit rouge que le sentier longe avant d'arriver en vue des terrains cultivés
@paul Ebrard :
Oui, je me souviens d'avoir remarqué des ruines de murs en gros au niveau du virage à droite que l'on amorce pour monter vers la crête et le col d'où part la sente menant au hameau. C'est peut-être le caseddu auquel tu fais allusion... Je dois dire qu'il ne m'avait pas paru assez bien conservé pour que j'aille le regarder de près !
@paul Ebrard :
Je dois avouer que je n'avais pas remarqué le nombre de meurtrières de la maison "double" qui constitue la première habitation ! :!: Pourtant, à regarder les photos de l'article montrant la façade latérale droite, on voit bien des ouvertures alignées (8 d'ailleurs), mais qui me semblent plutôt les encastrements pour les poutres soutenant le plancher du grenier... Je ne me souviens pas d'autant de meurtrières ?
Pour le hameau de Pruna, dont était originaire mon arrière grand mère, (tu as d'ailleurs raté les reste du caseddu de sa famille qui est en bord du sentier en arrivant, juste au dessus de la fontaine, mais bien avant d'arriver au hameau à proprement parler) je peux te mettre en relation avec les petits enfants du dernier habitant du hameau qui a dû le quitter aux alentours de 1910/1920.
paul
Salut Philippe
As tu noté que tandis que la deuxième maison, la plus grande (en fait un bloc de deux maisons) ne compte que deux meurtrières, une par habitation, alors que la première maison,(en fait un bloc de 2 petites maisons) en compte 8 si mes souvenirs sont bons, dont deux au grenier où on devait tirer en position allongée
@François :
Surtout que, pour une fois, ces ruines patrimoniales sont marquées sur la carte IGN ! Ce qui est bien rare... ;-)
Comme quoi la lecture attentive de la carte peut parfois permettre des variantes intéressantes... :-)
Dire que nous sommes passés en 2013 à deux pas de ce hameau de Pruna (en partant par le très beau sentier qui domine le ruisseau de Pontichesi), pour une belle balade qui nous a menés par les crêtes jusqu'à Palombaggia, et que nous l'avons manqué! Ce sera pour une prochaine escapade dans le coin