Canyon du Vivaghju
Par PhE le mardi 05 juillet 2011, 22:31 - Canyoning - Lien permanent
Restons dans le domaine du canyoning, mais cette fois-ci le vrai, avec ce canyon méconnu de Cagne qu'est le canyon du Vivaghju, un vrai ravin, insolite et inattendu dans cette région !
Sur la lancée du séjour à Sainte-Lucie de François, qui avait envie de terminer son parcours insulaire par un canyon local alors qu'il n'avait plus pratiqué cette activité depuis longtemps et que nous avions simplement répété la descente aquatique du ruisseau de Sainte-Lucie objet du précédent article, je lui ai proposé de réaliser le canyon le plus méridional de l'île... C'est ce canyon du Vivaghju que j'avais déjà descendu plusieurs fois... mais cela faisait une éternité puisque mon dernier parcours datait de la fin des années 1990 !
C'est donc le Samedi 25 juin dernier que nous nous sommes décidés à aller visiter cette petite perle d'A Cagna, très peu parcourue, en déroulant les trois étapes suivantes :
Les préparatifs et l'approche du canyon :
Les préparatifs
Nous avons commencé par mettre à profit un peu de temps libre la veille du parcours pour préparer le matériel qui n'avait pas servi depuis 2002 de mon côté (le Dardu à Piana) et vérifier la nouvelle corde 2x40m récemment rapportée du Vieux Campeur à Paris. Les baudriers, sacs et bidons étanches et les shortys sont toujours d'attaque malgré 10 ans d'âge, mousquetons et huit aussi, mais il a fallu revoir longes et sangles un peu vieillissantes. Pas de casques, malheureusement : je ne possède que deux casques montagne des années 80, incompatibles avec le canyoning, mais on s'en passe si on fait attention pour les sauts et si on évite TOUS les toboggans et les forts débits !
Mais nous en avons surtout profité pour réviser la méthode de rappel que François n'avait expérimentée qu'au cours des 3 ou 4 canyons qu'il avait réalisés au début des années 2000. La technique avec le huit et l'auto-assurage par un Machard, style montagne, deviennent vite réflexes, mais malheureusement, ont tendance à se faire oublier un peu quand on pratique occasionnellement...
L'accès
Le samedi 25 au matin, nous arrivons sans nous presser vers 10h30 à San Gavinu, en nous garant à l'extrémité W du village. La remontée du sentier de Naseu, puis de la sente menant au ruisseau, est avalée en 1h, malgré le cagnard dans la montée. J'ai trouvé cette sente moins bien marquée qu'avant, d'après mes souvenirs, et cela semble bien montrer que ce canyon est peu parcouru, ainsi que la boucle du parcours par les bergeries de Pastricciola qui se faisait encore il y a une quinzaine d'années et qui est devenue une épreuve de maquis !
Quelques nouveautés que je ne connaissais pas en 1999 :
- Trouver la sente vers le départ n'est plus un problème dorénavant, puisqu'elle est marquée d'un énorme cairn qui empêche de la rater comme je l'avais fait en 1999 pour aller explorer vainement une autre trace en amont...
- Une cahute en tôle balise dorénavant la fin de la descente vers le ruisseau... Abri de pêcheurs,... de chasseurs,... de canyoneurs ?
Arrivés à 11h30 au ruisseau, nous décidons de descendre dans les blocs jusqu'à la première vasque intéressante pour aller y déjeuner. Et nous nous installons peu avant midi dans une double vasque, alliant boyau rocheux ensoleillé en amont et rives végétales ombragées en aval, pour y déjeuner frugalement et nous harnacher avant la descente démarrée à 12h10.
La descente :
Le débit est assez faible dans le ruisseau, mais le bon filet d'eau qui l'alimente permet d'être assez largement arrosé et de ne pas avoir de vasques en eau stagnante comme c'est parfois le cas en fin de saison...
Encore un peu de marche dans le ruisseau pour démarrer avant d'arriver au premier obstacle, un boyau rocheux avec une sorte de marche en granit à désescalader, puis un vallon rocheux où le premier saut de vasque de François se solde par une glissade vers le dos, sans dommage, pour se remettre les muscles en fonction... Puis c'est le premier rappel : une sorte de dièdre peu incliné, parcouru en son fond par une fissure torrentielle et de courtes marches verticales sur ses bords. Nous y perdons beaucoup de temps, François à réviser ses manips de huit et Machard et moi-même à préparer la corde sans pouvoir l'empêcher de faire ses "nouilles" habituelles dont j'ai du mal à me défaire. Après être descendu le premier pour disposer la corde, j'ai le plaisir de constater que François se débrouille sans problème pour son rappel et franchit sans encombre les petits ressauts verticaux qui ponctuent la descente. Je me débrouille pour prendre une vidéo d'une main pendant que je l'assure de l'autre...
Après le rappel, l'obstacle suivant est constitué d'un nouveau boyau rocheux se terminant en une étroiture, franchissable aisément en technique cheminée, et tombant dans une longue vasque. Ensuite, un virage à droite à angle droit nous amène à un enchaînement de deux vasques-cascades. La première fait une dizaine de m de haut et est équipé d'un relais en RD. Ne me souvenant pas avoir tiré un rappel ici, je vérifie la faisabilité d'un saut : l'eau transparente permet de constater la profondeur suffisante, mais le départ incliné incite à la prudence. Je demande à François s'il est capable de tenter ce saut ou s'il préfère le rappel... Il ne mollit pas et saute dans la foulée, sans même glisser un tant soit peu au départ. Je le suis de près et nous gagnons le bord de la vasque circulaire où nous avons atterri. La vasque suivante est du même genre mais avec une paroi bien moins haute et inclinée de telle manière qu'on peut la franchir en toboggan. Nous préférons la sauter comme la précédente, le toboggan sans casque n'étant pas recommandé !
J'ai ensuite perdu le fil des séquences suivantes jusqu'au 2ème rappel et je ne me souviens que d'une belle série de cinq ou six sauts à réaliser depuis des blocs coincés au sommet de verrous au-dessus de biefs aquatiques. L'un de ces sauts demande d'ailleurs une réception tellement étroite que François préfère que nous le contournions, ce que nous faisons au prix traditionnel de quelques égratignures de ronces... Et voici le deuxième rappel un peu avant 14h.
La vue du haut de la falaise, haute d'une quarantaine de mètres, est assez impressionnante pour les non-initiés et certains ont dû avoir des problèmes au rappel puisque nous constatons une main-courante installée bizarrement pour se diriger vers la RD. Est-ce une installation faite pour décaler le rappel en dehors des cascades de la falaise ? Ou bien alors d'autres problèmes comme l'imaginent des pratiquants du forum du site descente-canyon.com dans ce sujet : SOS réalisé avec des galets, traces de feu et de cordes brûlées, ... donnant lieu à penser qu'un groupe aurait pu être bloqué ici, bien que personne n'en ait eu connaissance ?
Pour mon compte, je me souviens d'avoir contourné cette cascade par la RG en 1999, pour cause de chien accompagnateur que je n'ai pas voulu descendre en rappel car je n'étais pas équipé en baudrier pour chien ... C'est toujours bon à savoir pour ceux qui auraient une corde trop courte ou des problèmes d'installation empêchant le rappel.
Pour nous, aucun ennui et nos deux descentes se font assez rapidement, malgré le patinage sur des parois ruisselantes et ultra-glissantes... Est-ce que de vrais chaussures de canyoning feraient mieux que les "tennis" en fin de vie que nous utilisons pour descendre ?
J'arrive encore à filmer d'une main une vidéo de la descente de François, en espérant que cela permettra de monter un petit film sympathique sur ce parcours...
Je ne me souvenais plus de la distance entre le 2ème et le 3ème (et dernier) rappel du canyon, mais, en fait, ils sont assez proches l'un de l'autre et sans obstacle marquant entre les deux. C'est donc vers 14h40 que nous arrivons à ce rappel qui franchit le dernier ressaut quasi-vertical avant la grande vasque circulaire de l'arrivée. La main courante est à installer, mais je ne le ferai pas aujourd'hui puisque le filet d'eau du Vivaghju ne nécessite pas d'aller se décaler. Le rappel est donc posé sur le relais au début de la main courante et nous démarrons directement dans le ruissellement... Nous arrivons ainsi de l'autre côté de la vasque avant 16h et faisons une petite pause avant d'entamer la marche de retour.
Le retour du canyon :
Redémarrage 15mn plus tard, avec comme premier obstacle une belle vasque, agrémentée d'une petite cascade sous une sorte d'Omu di Cagna en réduction qui peut se sauter mais que nous préférons contourner en RD. C'est ensuite un long cheminement, devenant assez vite fastidieux, dans le lit du torrent. Plus de 2km à passer en équilibre sur les blocs ou dans l'eau, en faisant attention à ne pas glisser sur les roches sub-aquatiques qui sont couvertes d'une sorte d'algue plus glissante que de la glace... Nous ne manquerons d'ailleurs pas, chacun à notre tour, de nous affaler, sans mal, dans ce lit de rivière trop peu aquatique !
Enfin, nous atteignons les trois vasques successives marquant la fin du cheminement et le départ du sentier. Ces vasques sont utilisées par les villageois pour leur baignade, mais on commence aussi à y trouver des touristes en pleine période estivale... On peut aussi parfois y faire d'étranges rencontres, mais pas cette fois-ci. Il est 16h10...
Le départ du sentier est dorénavant simple à trouver : 1°) il part de l'extrémité de la 3ème et dernière vasque 2°) il bénéficie désormais d'une trouée végétale qui permet de visualiser son entrée 3°) il y a souvent des baigneurs en saison qui peuvent vous l'indiquer ; n'hésitez pas !
Le retour au village depuis les vasques se fait en moins de 15mn et nous y arrivons avant 16h30...
En synthèse : 1h de marche d'approche depuis San Gavinu, 3h environ pour la descente du canyon jusqu'aux vasques des villageois, 1h15 pour la marche de retour en rivière et 15mn pour la remontée du sentier à San Gavinu. Tout cela pour descendre l'un des canyons parmi les plus complets, les plus intéressants, les plus originaux et les moins fréquentés de Corse, avec tous les obstacles du canyoning et tout ce qu'il faut de ludique quand il y a du débit... Il faut donc le faire au plus tard début juin, car ensuite le ruisseau devient sec à partir de début juillet, sauf après des pluies où il faudra se montrer prudent !
Consulter à droite la carte avec les accès aller-retour et le tracé de la descente.
Commentaires
@Canyoning castellane :
Il n'y avait vraiment aucune raison que je ne mette pas un article sur le canyoning sur ce Blog puisque c'est une des activités auxquelles il est consacré.
Le problème était que :
Voila pourquoi cet article n'a été diffusé que maintenant : je n'avais pas assez d'infos et de photos pour faire un billet sur mes descentes antérieures à 2002, quoique...
En ce qui concerne un échange de liens entre nos deux sites, pas de problèmes pour une fois que c'est proposé par un site qui a pour sujet des activités communes à celles du mien ! :-)
Je vous envoie un message à ce sujet ASAP. ;-)
C'est sympa de mettre un article complet sur un canyon. Votre blog est vraiment intéressant.
Les canyons du verdon
Si vous voulez faire des échanges de liens réciproques envoyer moi un message. J'ai un site.
Puisque j'ai eu la question plusieurs fois, je l'indique à tous ceux qui lisent les commentaires :
- la Webcam d'Ajaccio en bandeau de gauche du Blog nécessite dans Firefox le plugin interne Microsoft Windows Media Player Firefox (version 1.0.0.8 en ce moment)
- pour les autres navigateurs, c'est standard dans IE et je ne saurais dire pour Safari, Opera, etc...
Ce Vivaggiu m'a permis de renouer avec une activité que je n'avais pas pratiquée depuis fort longtemps: c'est vrai qu'on ne s'attend pas à voir un tel canyon dans ces flancs de la montagne de Cagna; tous les épisodes d'un bon canyoning sont présents: sauts, biefs (pas trop longs), rappels, et même toboggans si l'on est équipé de casques, avec l'avantage que les passages qui peuvent paraître scabreux se contournent. Le seul vrai inconvénient est la marche de retour après le dernier rappel, surtout en cette saison où le débit commence à devenir un peu limité, ce qui rend les herbes plus abondantes, et les rochers plus glissants: 1h 15 de marche d'équilibriste, c'est plus fatigant que tout le reste! Mais le bilan reste largement positif, l'autre avantage est que cette descente reste dans les capacités physiques d'un septua moyennement entraîné...