Montée à Bocca di Fumicosa :

Le départ est trompeur à l'entrée de la piste et, si je n'avais pas regardé attentivement la carte, j'aurais sans doute pris la large piste d'Argazavu, évidente et ensoleillée, qui tend les bras au randonneur lambda. Le randonneur expérimenté (celui qui ne veut pas marcher un mètre de trop) sait, lui, qu'il faut prendre le sentier moins évident sur la gauche, étroit et à l'ombre qui mène plus directement. En fait de sentier étroit, c'est plutôt une piste étroite et d'ailleurs notée comme telle sur IGN. Passant par le réservoir d'Argazavu et bien mal entretenue, elle retrouve plus loin la piste précédente après avoir évité son virage. En fait, je m'aperçois qu'elle ne fait que croiser cette piste puisque, 40m plus loin, je tombe sur une suite à gauche, abondamment balisée en bleu, avec la mention Samulaghja dans ce sens. Un sentier confortable emmène ensuite jusqu'au ruisseau de Velacu et son captage doté d'une clôture interdisant son entrée. Interdiction plutôt stupide, puisque le sentier de Samulaghja continue de l'autre côté du ruisseau et que l'on est obligé de traverser le captage pour le rejoindre sauf à entamer une acrobatie mi-rochers mi-maquis sous la clôture... qui a donc été démolie par les passages des randonneurs et grimpeurs !

12h50... Cela devient un vrai sentier, obliquant vers le SSE et longeant les parois de la crête de Manzaghja au Sud du col du même nom. Belles parois orientées W, propices à l'escalade et dotées de couleurs magnifiques sous cette lumière claire-obscure rendue par l'arrivée des nuages sur les crêtes. Le sentier, bien ouvert sans couverture végétale, permet de progresser aisément en ligne de niveau en surplombant le lit du ruisseau de Velacu sur la droite et rentre bientôt dans la forêt à la fin des parois de Manzaghja. J'arrive bientôt à traverser un ruisseau (non marqué sur la carte IGN) en provenance de Bocca di Fumicosa et rencontre peu après un cairn évident marquant la bifurcation à G vers le col.

Je continue un peu pour voir où mène la suite du sentier : une cinquantaine de mètres plus loin, il s'évanouit dans le maquis... C'est donc sûr de mon coup que je reviens sur mes pas jusqu'au cairn pour prendre la sente direction Est qui monte entre les sapins sur la RG du ruisseau. Il est 13h05.
La sente, bien cairnée, commence par monter tout droit, rencontre une source aménagée puis présente une alternative, une branche allant vers le ruisseau à G et l'autre continuant à monter droit devant. Je prends la branche de droite qui n'existait pas lors de mon dernier passage, me doutant qu'elle correspond à l'approche des grimpeurs qui veulent faire l'arête W de Punta Samulaghja. Je croise peu après un confortable abri sous roche inclinée. La sente oblique ensuite légèrement à droite avant que l'on commence à apercevoir, quelques minutes plus tard, l'éperon W de Punta Samulaghja. Cette sente correspond au balisage bleu Samulaghja trouvé sur la piste en cours de parcours ! J'arrive ainsi vers 13h20 jusqu'à toucher le départ de la voie dont je n'aperçois aucune trace, spit, cordelette ou autre... Ce doit être du bon "TA" (Terrain d'Aventures) pour grimpeur confirmé : Eperon W de Punta Samulaghja, TD, 350m.

Ensuite, il ne me reste plus qu'à obliquer à gauche en longeant le bas des parois de la pointe pour revenir vers le ruisseau descendant de Bocca di Fumicosa, rejoindre l'autre trace cairnée juste sous le col et atteindre Bocca di Fumicosa à 13h35. La brume que l'on voyait depuis le sentier envahir les crêtes est bien présente et je ne vois quasiment rien des paysages alentour. En fait, le col semble présenter deux passages : un passage Nord, celui où je suis arrivé, et un passage Sud tout contre Punta di Ferru, avec une protubérance rocheuse entre les deux. Je pars vers ce mamelon rocheux pour aller voir l'autre partie du col et atterrit dans le brouillard sur un abri de rochers bien aménagé que j'avais oublié de mes passages précédents. Protection intéressante quand il y a du vent au col ! Je redescends de l'autre côté et atteint le col Sud où la visibilité est encore moindre. Impossible de voir quoi que ce soit du ravin de Frassiccia ou de Punta di Ferru... C'est donc l'heure de déjeuner avant d'aller explorer mon objectif de la (demi-) journée, la crête Samulaghja - Quercitella.

Re-démarrage à 14h05. La partie Sud du col se ferme sur une trace cairnée évidente... et attendue. En effet, ces cairns amorcent le parcours vers Punta di Quercitella par le Nord (alternative au parcours par le Sud via le Castellucciu : cf. article du Blog Punta di u Diamante et crête Castellucciu - Punta di Quercitella) et la traversée complète Bocca di Castellucciu - Bocca di Fumicosa doit sans doute être réalisée de temps en temps (?)... Cette trace longe les parois de Punta di Ferru et monte en oblique dans la pente en direction Sud. Elle traverse un premier couloir assez étroit qui correspond peut-être à celui que Quilici indique dans sa description du Giru d'A Punta di Ferru pour rejoindre la crête au plus tôt et que je n'ai jamais utilisé. Puis, après une échancrure, elle rejoint un large couloir planté de sapins puis, en remontant ce couloir planté en plein milieu d'un magnifique abri sous roche, la crête à un large col juste au Nord sous le sommet de Punta Samulaghja. Arrivée au col à 14h30...

J'avais dénommé ce col Bocca Samulaghja (sans nom sur IGN) et il correspond à celui que j'avais atteint lorsque j'ai fait le Giru il y a plus de 10 ans. J'avais rejoint alors Bocca Buvone en suivant le versant Est sous la crête vers le NNE. Cette fois-ci, il faut tourner le dos à cette direction et prendre la crête vers le Sud, en contournant la pointe par la gauche (E), et en évitant de descendre trop tôt dans un des multiples couloirs qui y accèdent au N au départ dans le contournement, puis à l'E ou à l'W ensuite. J'entame ce contournement, en pouvant enfin contempler Punta Samulaghja magnifiquement ensoleillée et dégagée du brouillard. Je rejoins ainsi rapidement un col évident, symétrique au Sud du col précédent, qui doit correspondre à Bocca Cilindinu (Bocca Cinlindinu sur IGN). Evident, peut-être ?... Quant à moi, une fois que je l'ai eu atteint, je n'ai pas compris que j'étais revenu sur la crête (elle devient alpine vers Quercitella à cet endroit) et j'ai continué à contourner la pointe en suivant des cairns foireux ou aboutissant peut-être à une voie d'escalade ! Je viens ainsi buter sur la fin de l'arête W de Punta Samulaghja, qui doit offrir quelques longueurs sympas, le long d'une vire surplombant le versant W enfin dépourvu de brume. Vue magnifique sur ce versant et sur la suite de la crête vers Punta di Quercitella... C'est là que je comprends que Bocca Cilindinu est le col précédent et que pour continuer vers Quercitella il faut, soit entreprendre un parcours avec de l'escalade sur la crête (cf. différents topos Quilici), soit descendre le couloir W pour contourner par le bas (cf. différents autres topos Quilici !). Heureusement, il n'y a que 500/600m à faire pour atteindre le col N de Quercitella... mais ce sera pour une autre fois en ce qui me concerne... Il est trop tard et je me prépare à entamer le retour.

Reprise de la trace de montée en sens inverse en repassant par Bocca Cilindinu pour vérifier la "gueule" du couloir W (confortable !), puis retour direct à Bocca Samulaghja en évitant la forêt que j'avais prise à l'aller sur le versant Est. Ce petit bout de crête est bizarrement compliqué avec ses couloirs, ses sapins et sa sinuosité qui demandent pas mal d'attention pour bien s'orienter. Pour moi, pas de problème, je m'enquille directement dans un ravin allant dans le versant Est en croyant l'avoir monté à l'aller et perds une dizaine de minutes avant de m'apercevoir de mon erreur et de retrouver le col ! Ensuite, la trace cairnée jusqu'à Bocca di Fumicosa est sans problème, même en plein brouillard. Retour au col Sud à 15h30.

Comme la visibilité est toujours aussi mauvaise, je continue la descente dans la foulée en prenant la trace descendant du col N le long du ruisseau de Fumicosa jusqu'au cairn de bifurcation du sentier Fumicosa/Samulaghja atteint à 15h50. Puis le captage d'Argazavu à 16h30, après de multiples photos sur le sentier du fait de la luminosité originale mettant en valeur les parois de Manzaghja. Retour à la D268 à 17h.

Conclusion :

Une des rares randonnées sauvages et faciles de Bavella que la montée à Bocca di Fumicosa par ce versant d'Argazavu. Le randonneur a ainsi à sa disposition un parcours d'environ 3h aller-retour, sur piste ou sentier sans souci à l'exception de la dernière montée en trace cairnée dans la forêt qui peut dérouter un randonneur néophyte sur l'île. Ce col dispose d'une localisation exceptionnelle avec la vue sur TOUTE la crête depuis Punta Samulaghja jusqu'à Paliri, le versant Est avec les grands ravins du Haut Cavu et Punta di Bonifacio, le versant Ouest avec les pistes d'exploitation au-dessus de l'hippodrome de Viseu. On peut même y voir les courses de chevaux pendant la saison hippique ! Bon, évidemment, pour profiter de cette vue, il vaut mieux ne pas avoir LES FUMEES, ni le vent souvent violent sur ce col...
Et pour ceux qui veulent en faire plus, quelques morceaux de choix : la Crête des Terrasses vers le Nord, la crête Samulaghja - Quercitella vers le Sud, le ravin de Frassiccia pour descendre chez moi à Sainte-Lucie, la traversée du chaînon Punta Buvone - Punta di Bonifacio et les nombreuses voies d'escalade du coin, peu parcourues justement du fait de la sauvagerie et des approches complexes de la région.

Vous pouvez consulter sur la gauche de la page la carte de Bavedda partie Sud avec en bleu l'itinéraire d'accès à Bocca di Fumicosa par le versant Argazavu et en rouge la boucle allant visiter la crête Samulaghja - Quercitella.

Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos de cette demi-journée de randonnée sous la brume du Col des Fumées et quelques photos complémentaires sous le soleil datant de juillet 2008 :

Diaporama "Bocca di Fumicosa par Argazavu"