Aventures archéologiques : 5. Castellucciu di A Tia (Sotta/Borivoli)
Par PhE le vendredi 16 décembre 2011, 12:54 - Archéologie - Lien permanent
Cinquième et provisoirement dernier volet des "Aventures archéologiques". Cette fois-ci, c'est une reprise à laquelle nous convie Dumé en nous proposant d'aller visiter les restes du Castellucciu di A Tia qu'il avait déjà examinés lors d'une prospection antérieure au cours de laquelle il n'avait pu faire de photos. L'opportunité vient de ce que ce castellucciu est situé dans la zone que nous venons de parcourir pour le Castellu di Chirginu Visconti et que l'on va pouvoir réutiliser la sente du captage maintenant bien connue que nous avons alors empruntée.
C'est donc un parcours relativement moins compliqué que les précédents puisque doté d'une cible déjà connue et d'accès antérieurement explorés ! Mais cela n'empêche pas qu'il y a encore une fois à traverser une zone de maquis sans trace avec de la "baragne" en perspective...
Préliminaires pour le Castellucciu di A Tia :
Pas trop fatigant cette fois-ci les manipulations des cartes du Plan Terrier et du Cadastre Napoléonien puisque ce sont les mêmes extraits que ceux de l'article précédent qui sont utilisés, respectivement à gauche et à droite de la page, pour localiser notre castellucciu. Il est référencé sous la désignation "Castelluccio" par la carte IGN actuelle entre la pointe 784m et Bocca di Pirella. Par contre, je n'ai rien trouvé sur l'extrait du rouleau n°36 du Plan Terrier, ni sur l'extrait du Cadastre Napoléon Feuilles Sotta-Borivoli A2 et A3 le concernant...
Je ne sais trop comment Dumé a pu localiser ce "Castelluccio" sur la pointe 784m IGN vu que l'inscription IGN, comme d'habitude malheureusement, ne permet pas de repérer précisément le point désigné : au hasard, je l'aurai personnellement situé plutôt sur la pointe 917m plus à l'W, mais Dumé devait avoir d'autres informations !
Montée au Castellucciu di A Tia le 02/10/2011 :
Cette fois, Nicole est disposée à nous accompagner, encouragée qu'elle est de savoir que Dumé a déjà fait l'itinéraire et qu'il est presque totalement inscrit dans celui que nous avons parcouru et, donc démaquisé, il y a une dizaine de jours. En outre, cette matinée de début octobre s'annonce sous les meilleures auspices avec une météo digne d'un mois de juillet et la fin du flux touristique local qui devrait nous laisser seuls sur les routes et sur le parcours (de ce côté, aucun risque, même au plus fort de l'été... ).
Comme pour la fois précédente, nous avons rendez-vous à 9h avec Dumé à la fontaine de Niellone. Nous le retrouvons à l'heure dite et démarrons dans la foulée. Au départ, petite variante par rapport au précédent passage, nous démarrons non pas par le réseau de pistes mais par la sente derrière le réservoir que nous avions retrouvée par hasard au retour. Tout cela par souci de vérifier comment cette sente, que j'avais explorée en la pensant en impasse courant septembre dernier, pouvait effectivement retrouver le sentier de captage. Et bien, il suffit simplement de cheminer jusqu'à son extrémité, puis de prendre la trouée en descente existant à gauche et de retrouver le sentier, démaquisé partiellement par nos soins lors du passage précédent, 5 à 6m en contrebas. Cette trouée existait, je l'avais déjà explorée mais n'avais pas trouvé la suite et le sentier, sans doute parce que, alors non démaquisé, il n'apparaissait pas comme un sentier...
Ensuite, nous reprenons la partie parcourue auparavant jusqu'au captage : la raide montée dans la forêt de chênes-verts et -lièges, le petit captage au tuyau noir, la montée avec les édifices de pierre, le plateau 700m, ... (cf. article "Castellu di Chirginu Visconti").
Nicole a un peu de mal dans la partie pentue avant d'arriver au plateau vers 10h : c'est vrai qu'il vaut mieux être un peu habitué à cette inclinaison que le sentier de captage aborde en trace directe ! Cela nous oblige à nous arrêter quelque temps sur le début de la partie horizontale du plateau et à contempler longuement Porto-Vecchio... La sente est beaucoup plus agréable maintenant qu'elle a été largement démaquisée.
Après l'arrivée au captage à 10h25, nous continuons par la trace vers la crête de Tia démarrant vers le N. Un peu avant qu'elle ne s'incurve à gauche vers l'W, nous décidons de la quitter pour aller directement sur notre cible sans trace.
Et, de nouveau, il faut mettre en oeuvre les outils de maquis pour aménager un passage orienté NNE vers la pointe 784m. Comme pour Chirginu Visconti, dans ce sous-bois où nous n'avons aucun repère, il est obligatoire de s'orienter vers l'objectif au GPS et à la boussole. Le sous-bois n'est pas complètement encombré et nous profitons de trouées déjà existantes pour avancer plus rapidement. Ce n'est certes pas aussi éprouvant que pour atteindre Cuperchjata, mais nous mettons quand même environ 1h avant d'apercevoir les premiers blocs rocheux indiquant le pied de l'aiguille. Nous arrivons ainsi vers 11h25 à un replat sous le pic rocheux où nous déposons les sacs et nous restaurons.
Comme Nicole était derrière nous pendant la partie de machette nécessaire entre le captage et le Castellucciu, elle en a profité pour nous prendre tous les deux en vidéo. Vous pouvez ainsi vous faire une idée des efforts nécessaires pour atteindre ces ruines insulaires oubliées et savourer l'ambiance tropicale de cette forêt "di A Tia" et de son sous-bois obscur...
Vidéo "Trace démaquisée du Castellucciu di A Tia"
Castellucciu di A Tia
Vestiges archéologiques en Cagna
La visite de la pointe et de ses alentours demande pas mal de temps pour pouvoir être réalisée consciencieusement,car il y pas mal de recoins, quelques difficultés d'escalade pour le sommet lui-même et un versant Nord, assez vertical, délicat à traverser. Du sommet, comme depuis la plupart des aiguilles rocheuses abritant ces vieux sites fortifiés judicieusement choisis pour être déjà naturellement difficiles à atteindre, une superbe vue sur la région s'offre au visiteur avec la crête de Tia, le col de Bacinu, PortiVechju, la Cagne, ...
Durant ce tour du sommet, je crois apercevoir des restes d'aménagements rocheux sur le versant Sud, mais pas très probants ! D'autres sortes de ruines douteuses se trouvent aussi un peu en contrebas. La suite de la visite ne me montre rien de plus jusqu'au versant Ouest où Dumé m'indique des aménagements un peu plus évidents, mais que seule l'expérience de l'archéologue aide à trouver : une sorte de terrasse, un petit muret de soutien, un minuscule abri,...
Toutes ces recherches et le déjeuner nous tiennent jusqu'à 12h30 environ, avant de nous décider à redescendre. Comme d'habitude, la trace élaborée à l'aller facilite largement la descente et, avec l'aide de la pente, nous mettons moins de temps (1h20) pour descendre ce que nous avons monté, avec un retour à la voiture bien avant 14h et quelques écorces de liège trouvées sur la sente du captage et rapportées pour enrichir les oeuvres culturelles de Madame...
Conclusions et compléments :
Cette dernière aventure archéologique 2011, même si elle n'était pas aussi spectaculaire et intéressante sur le plan archéologique que celle du Chirginu Visconti, nous a encore permis de réaliser une belle randonnée et de contempler un de ces multiples castelli qui bordent les voies d'accès entre littoral et montagne depuis l'Age de Bronze. Sans doute de la même époque que le Castellu de Chirginu Visconti, ce castellucciu n'est pas un vrai site fortifié comme le précédent, mais plus vraisemblablement un poste de guet sans habitation alentour et doté d'abris et d'aménagements succincts.
Pour en apprendre plus sur le sujet, il est incontournable de consulter le site Cuciurpula.fr, et de se référer en particulier à l'article Fortifications oubliées du sud de la Corse...
Vous pouvez consulter à gauche la carte de la région de Cagne Est avec la crête de Tia et le tracé du parcours que nous avons suivis à la montée et à la descente vers ou depuis le Castellu di A Tia.
Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos de cette nouvelle exploration :
Derniers commentaires