Aventures archéologiques : 2. Castellu di a Cuperchjata (San Gavinu/Ribba)
Par PhE le jeudi 24 novembre 2011, 23:48 - Archéologie - Lien permanent
Suite du volet des "Aventures archéologiques" avec une deuxième prospection initiée par Dumé (Dominique Martinetti) dans ma proche région pour chercher un hypothétique castellu qui devait être situé sur la crête de Cuperchjata en versant RG de l'Osu, ce fleuve du Sud de la Corse qui descend de la Piscia di Ghjalgu et rejoint la mer en baie de Stagnolu au Nord de PortiVechju.
Le point de départ fut comme toujours le résultat des recherches toponymiques de Dominique sur le Plan Terrier et le Cadastre Napoléonien dans la région de Porto-Vecchio et, quand j'écris "recherches", le mot n'est pas trop fort quand on connait ces deux types de cartes et les difficultés d'y trouver et d'y positionner quelque chose. Cette fois, peu après l'aventure de Punta di u Castellacciu, il m'avait envoyé un SMS avec simplement les coordonnées latitude/longitude de deux sites supposés abriter des possibilités de trouvailles : l'un au NE de Ribba sur cette crête de Cuperchjata, le Castellu di a Cuperchjata, et l'autre, à peine plus au Sud, au N de Ferrucciu sous Punta di Mola, Castellu Muratu.
C'est par le Castellu di Cuperchjata que j'avais décidé de démarrer ces deux explorations, simplement parce que celui-ci était plus proche de chez moi et doté d'un point de départ accessible à VTT.
Préliminaires pour le Castellu di a Cuperchjata :
Si le cadastre napoléonien ne montre pas de signe de castellu sur la crête de Cuperchjata (cf. photo à gauche), il donne tout un tas d'éléments que l'on ne trouve pas sur la carte IGN actuelle : le ruisseau de Pisciarone même pas tracé sur IGN alors qu'il existe bien sur le terrain avec une sente de chasseurs qui l'accompagne un moment, le ruisseau de Pelu Lisciu qui lui est bien tracé mais non nommé et qui correspond au ravin par lequel l'accès final s'est effectué, les crêtes de Rosomarino et Pisciarone qui convergent exactement à la pointe qui abrite le castellu, etc... Par contre, le castellu est bien indiqué sur le rouleau n°35 du Plan Terrier avec la dénomination "Castello della Coperchiata" (Cf. photo à droite), ce qui permet d'en déduire les coordonnées approximatives telles qu'elles m'ont été envoyées par Dumé.
Exploration par Valle Maggiore le 23/08/2011 :
La position du supposé catellu sur la carte me fait opter pour une approche par le Sud à partir de Ribba et la piste de captage indiquée sur la carte IGN qui remonte le ruisseau de Valle Maggiore. Mon expérience antérieure des ravins m'ayant montré que c'était souvent la meilleure manière de franchir le maquis, je pense que ce sera le moyen le plus aisé de s'approcher au plus près de la cible puisque la piste semble permettre d'arriver facilement à 250m d'altitude et à moins de 700m de la Punta di a Cuperchjata et que le ruisseau permet de continuer aisémént. Rien n'était plus faux que tout cela...
Me voila donc parti à VTT de Sainte-Lucie en ce Mardi 23 août pour vérifier mes hypothèses précédentes et démarrer mes recherches depuis Ribba vers 11h.
Trouver la piste en question n'est pas un problème, mais inutile d'espérer la suivre à vélo, car elle s'avère très éloignée de ce que l'on peut imaginer à l'examen de la carte. En fait de piste, c'est une mauvaise trace, confuse et difficile à suivre dés le départ, qui se termine brutalement dans le ruisseau à l'endroit où la carte montre qu'elle le traverse. Sur l'autre rive, je retrouve péniblement les marques de l'ancienne piste, mais la progression demande l'emploi de la machette et de la scie que j'avais heureusement emportées. Vers 12h30 (???), je me retrouve à dépasser l'ancien captage, qui visiblement n'est plus utilisé, et à remonter le long du ruisseau en suivant une vague sente dans la continuité. Je me retrouve bientôt coincé par un enchevêtrement de ronces après un petit chaos de blocs sans imaginer pouvoir aller très loin alors qu'il reste 700m (à vol d'oiseau !) à effectuer...
Fin de la tentative donc et retour à Sainte-Lucie en me disant qu'il fallait trouver un autre moyen d'accès.
Exploration par l'Osu Ouest le 01/09/2011 :
"Autre accès" : c'est vite dit, mais lequel ? Pour l'IGN, il n'y a qu'un petit bout de sentier montant vers l'Ouest depuis la piste le long de l'Osu et un autre sentier plus important montant vers le Nord depuis le NE de Ribba. Je choisis ce dernier pour continuer, mais un échange de messages avec Dumé me montre qu'il a repéré deux sentiers à l'Est de Cuperchjata qui semblent être bien marqués sur les cartes satellitaires Google Earth et Géoportail : elles montent vers l'Ouest depuis la piste de l'Osu et lui paraissent le meilleur choix. L'une d'entre elles, la plus au Nord, correspond d'ailleurs au sentier IGN indiqué précédemment. J'en profite aussi pour vérifier les coordonnées du site que j'ai supposées sous la forme Latitude/Longitude ddd,mmm,sss.sss, mais qui auraient pu être aussi Latitude/Longitude ddd.mmm.mmm : cela donne deux points assez proches mais l'un sur la crête de Cuperchjata et l'autre sur la crête de Scaffa Rossa. Dominique ayant confirmé que ma supposition était exacte, je me prépare à reconnaître les deux sentiers de Cuperchjata Est avec Nicole le Jeudi 1er septembre.
Par une météo nuageuse et une température très chaude, nous arrivons en début d'après-midi sur la piste de l'Osu et commençons au hasard par prendre le sentier Nord à partir de la fin de la boucle de la piste après avoir dépassé le camping de Mulinacciu sur l'autre rive. Bonne piste au début, sente ensuite au bout de 500m et arrivée à un replat rocheux vers 13h35 où la sente se transforme en trace malaisée. Déjeuner rapide et exploration de la trace qui s'avère très vite une impasse se terminant en roncier dans le torrent de Pisciarone, non indiqué sur IGN : un essai de contournement réussit, mais la suite oblige à traverser un maquis difficile sans aucune trace. Nous préférons donc redescendre et explorer l'autre possibilité.
Redescente vers 14h15, changement de parking en revenant sur nos sur la piste de l'Osu jusqu'à l'autre côté de la boucle, et recherche du sentier que nous trouvons comme prévu dés l'entrée du bout de piste non carrossable qui shunte la boucle carrossable de la piste. Au départ, à 14h45, nous commençons une mauvaise piste bien entravée de ronces et arbustes divers, avant d'arriver dans la forêt où une opportune sente de chasseurs bien étroite permet d'escalader la raide montée de ce versant jusqu'à un rocher remarquable marquant une crête et l'arrivée à une plate-forme rocheuse horizontale vers 15h20.
Au-delà, la sente se poursuit sur quelques dizaines de mètres pour arriver à un versant envahi de maquis bas. Nicole préfère m'attendre là, redoutant d'être emmenée dans un traquenard, et je pars seul reconnaître la suite de l'approche. J'arrive à suivre un vague sillon qui m'emmène vers la gauche jusqu'à approcher une pointe rocheuse dotée de ce qui semble être des murets. Sa visite me fait constater que ces murets semblent parfaitement naturels. Ensuite, j'oblique vers la droite, toujours en suivant la même vague trouée, jusqu'à buter sur un mur de jeunes pins infranchissable sans les outils. Toutes les recherches pour avancer plus loin sont vaines et je dois faire demi-tour et rejoindre Nicole à 16h15, avant de redescendre en 30mn.
Montée au Castellu di a Cuperchjata le 02/09/2011 :
Il faut bien dire que j'étais resté très dubitatif, après cette reconnaissance, sur la possibilité de succès de l'entreprise : il restait environ 500m à parcourir à vol d'oiseau pour atteindre la pointe du castellu et je me voyais mal réussir à tracer une voie dans cet entrelacs d'arbres et d'arbustes avec les seuls outils manuels dont nous disposons ! C'est ce que j'avais dit à Dominique par téléphone le soir même, mais cela n'eut pas l'air de le décourager et il me proposa de me rejoindre le lendemain pour poursuivre l'exploration.
C'est donc le Vendredi 2 septembre vers 8h que nous partons à deux (sans Nicole, découragée par la certitude du démaquisage) de Sainte-Lucie en voiture pour regagner la piste de l'Osu et le parking de la veille. Nous démarrons le sentier vers 08h30, dépassons rapidement la plate-forme rocheuse et arrivons directement au bois de pins en 35mn. Jusqu'à présent, je n'avais utilisé les outils de démaquisage que pour franchir de courts obstacles de maquis ou pour démaquiser des sentiers existants ! Mais, cette fois-ci, nous sommes confrontés à la nécessité de creuser une véritable tranchée dans un maquis varié sur près de 1000m (longueur finale de notre démaquisage), sans aucun appui de traces, sentes ou cairns existants pour avancer et avec le seul concours de la boussole et du GPS...
Nous commençons par tailler une tranchée entre les jeunes pins distants de moins de 30cm (gros gabarits s'abstenir !), en nous relayant tous les quarts d'heure. Pendant plus de 50mn, à grandes volées de machettes, nous essayons de suivre les trouées existantes, rejoignons une vague tranchée antérieure marquée par un cairn, qui nous laisse croire que d'autres fous ont aussi essayé de se frayer ce chemin, et arrivons à une zone plus dégagée sans pins.
Plus dégagée, mais pas mieux franchissable car encombrée d'arbustes rigides et d'épineux divers qui ne permettent pas d'avancer plus vite et où les coupe-coupes restent en action. Après une série de zigzags dans cette zone pour éviter des haies rebelles, nous arrivons dans un nouveau bois de jeunes pins.
Et rebelote dans l'utilisation au mieux des trouées existantes... On arrive ainsi à une zone rocheuse en travers d'une pente malcommode où nous devons alterner entre franchissements de blocs rocheux et découpages de troncs et branches de pins, en rencontrant de temps en temps des ronciers qui n'arrangent pas la moyenne de la progression. C'est vers 10h50 que nous sortons de ce bois et pouvons atteindre la crête transversale qui lui fait suite.
Pour la première fois depuis longtemps, nous avons une vue presque dégagée autour de nous : les baies de San Ciprianu et PortiVechju vers le Sud et la pointe de Cuperchjata vers l'Ouest. Nous croyons être enfin tirés d'affaire avec moins de 200m à faire à vol d'oiseau, mais nous allons vite déchanter...
La traversée qui paraissait aisée vers la crête suivante est en fait une galère. Le maquis relativement bas nous met systématiquement des branches horizontales durcies en travers des pattes et nous oblige à poursuivre les efforts de coupe. Après la deuxième crête, alors qu'il ne reste plus que 100m à faire, le festival continue dans la même veine avec des arbres et arbustes encore un peu plus élevés.
Nous atteignons enfin les premiers blocs en bas de la pointe. Mais ils sont encore bien encombrés de végétation et c'est seulement à 11h40, après près de trois heures d'efforts depuis le démarrage de la tranchée, que nous foulons enfin le sommet de la Punta di a Cuperchjata.
Le temps est comme celui de la veille, voilé et lourd, et nous sommes détrempés par les efforts de ce parcours. Nos vêtements ont souffert du maquis et ceux de Dumé vont rejoindre la poubelle à son retour après cet exercice ! Et, pour couronner le tout, pas de trace du castellu envisagé...
Une bonne pause-déjeuner pour récupérer, avant d'entreprendre des investigations plus poussées. Ensuite, dans nos recherches tout autour du sommet, nous ne trouvons que de sommaires aménagements de l'accès de montée à la pointe, mais rien qui concerne des fortifications ou des abris. Nous poussons même l'exercice jusqu'à réaliser un tour complet de la pointe par une vire gazeuse pour visiter une anfractuosité rocheuse repérée depuis le sommet et que nous espérions avoir été aménagée. Peine perdue !
Après ces recherches, il ne nous reste plus qu'à redescendre vers 12h30, ce que nous faisons sans aucune pause en 85mn : c'est plus facile quand la trace est faite... Retour au parking vers 14h.
Je reviendrai quelques jours plus tard pour prendre les photos de cette trace que je n'avais pu faire en démaquisant car on n'a pas souvent l'occasion de réaliser ce genre de jardinage !
Conclusions et compléments :
A l'opposé de l'aventure précédente du Castellacciu, cette prospection est exemplaire de ce que Dumé appelle la "grande solitude du prospecteur archéologique" en Corse. Les restes de patrimoine non encore prospectés sont situés dans des coins inaccessibles, ce qui explique que les prospecteurs corses sont rares et peinent à trouver des partenaires. Il faut dire que faire six heures de marche dont trois heures de machette avec le risque de ne rien trouver à l'arrivée demande un certain dévouement ! Les aventures suivantes ne feront que renforcer cette certitude...
De mon côté, cela a été une expérience enrichissante. Ce genre de périple ne pouvait que satisfaire mes goûts de l'exploration et du maquis, ainsi que mon attirance pour le patrimoine corse, tout en me donnant un certain nombre de leçons complémentaires à celles de mon expérience habituelle des grandes virées de montagne d'altitude et des grands ravins insulaires :
- Les ruisseaux de montagne corse avec des sources à basse altitude n'ont pas les mêmes capacités à permettre la traversée du maquis : ils sont peu aquatiques et n'arrivent pas à se débarrasser des ronces et arbres qui les encombrent. Ils ne constituent donc presque jamais un bon moyen d'accéder aux sites cibles. La source du ruisseau de Valle Maggiore est à environ 550m d'altitude et la Punta di a Cuperchjata à 514m...
- L'examen de la carte IGN doit toujours être réalisé en tenant compte des critères suivants : les lignes marquées pistes n'en sont pas forcément sur le terrain et il faut tenir compte de leur utilisation qui a pu être interrompue (c'est le cas des pistes du Haut Cavu et de Sud Corse en général) et, ce que je savais déjà mais c'est encore plus vrai dans mon coin, les sentiers sur la carte n'existent pas toujours sur le terrain et, inversement, ce n'est parce qu'il n'y a rien sur la carte qu'il n'y pas sentier, sente, trace ou cairns sur le terrain. Ces expériences archéologiques m'ont bien montré que sentiers de captage et sentes de chasseurs étaient souvent le meilleur moyen d'approcher la cible au plus près : encore faut-il savoir qu'ils existent et comment les trouver...
- Le démaquisage d'une trace totalement neuve ne s'apparente pas au démaquisage ponctuel de sentiers un peu encombrés : c'est un travail de forçat que nous n'avons pu réaliser que parce que nous étions deux !! Seul, il faut avoir un sacré moral et une excellente condition physique pour tenir des horaires pratiques... On comprend ainsi pourquoi les démaquiseurs corses professionnels opèrent en équipes et avec des outils moins rudimentaires. En pratiquant ce genre de "loisir", on en arrive aussi à comprendre les motivations des incendiaires en Corse...
- Les horaires de ces "randonnées archéologiques" sont sans commune mesure avec les horaires des randonnées standards. Sans même tenir compte de la préparation de la cible et de l'itinéraire (j'imagine le temps passé par Dumé à fouiller les innombrables cartes numérisées du Plan Terrier et du Cadastre !), il faut constater qu'une cible en plein maquis, éloignée de toute piste ou sentier, ne peut s'atteindre, sauf hasard favorable, sans plusieurs reconnaissances et explorations préalables et que les horaires effectifs de parcours sont hors de proportion : plus de 3h30 pour monter à la Punta di a Cuperchjata lors de notre expédition, à comparer à 1h20 pour mon parcours en solitaire pour les photos sur la trace élaborée...
- Bien entendu, et cela contrairement aux randonnées traditionnelles, l'utilisation du GPS est quasiment indispensable dans ce type d'entreprise et peut être utilement associée à celui de la boussole : la Suunto GPS/boussole/altimètre a été d'une efficacité remarquable durant cette trace en nous donnant à tout instant azimut et distance par rapport au castellu recherché !
Et, en fin de compte, nous n'avons pas trouvé grand chose autour de cette pointe, même si la crête de Cuperchjata est assez sympa ! Mais cette exploration restera tout de même un souvenir très fort...
Voir aussi à gauche la carte générale de la région de la crête de Cuperchjata à l'Ouest de l'Osu avec tous les parcours, y compris le sentier de captage du ruisseau de Valle Maggiore.
Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos des différentes explorations et de la journée de prospection :
Commentaires
Salut @caro :
Comment va la petite Coline ? ;-)
Salut @François :
Je vois que tu préfères suivre les divers parcours sur la "moderne" carte IGN que sur les "anciennes" cartes du Plan Terrier et du Cadastre Napoléon que j'ai pourtant bien mises en tête de l'article !! ;-°
Et, inversement, tu préfère l'"ancienne" toponymie toscane à la "moderne" toponymie "restituée" !! LOL
En ce qui concerne la corsification (corsisation ?) à laquelle tu fais allusion, je pense que tu te méprends sur l'évolution actuelle qui n'est pas celle du français au corse, mais du toscan au corse !! :!:
Le Plan Terrier, relevé pour la Corse entre 1770 et 1790, semble bien libellé avec des toponymes toscans, en conformité avec la "graphie" de l'élite de l'époque mais en décalage avec les toponymes de terrain usités par la population locale. Le toscan n'est pas le corse, même s'il a pu l'influencer, et cette graphie ne correspond qu'à un usage restreint aux intellectuels. De même, il est clair que le français est aujourd'hui la langue officielle de la Corse... Et pourtant, il ne peut absolument pas être utilisé pour les toponymes insulaires puisque son adoption est trop récente pour avoir marqué l'histoire des lieux et qu'il y a une langue régionale. Le cadastre Napoléonien, construit un siècle plus tard, est lui marqué par cette tendance à une certaine francisation des toponymes et donne comme résultat des noms de lieux bien souvent complètement différents de ceux indiqués sur le Plan Terrier. D'où un sentiment d'incohérence absolue quand on étudie les deux types de cartographies !
Quant à la période actuelle, l'IGN, après avoir commencé par la toponymie toscane mélangée à des noms de lieux à consonance française, dont certains n'avaient rien à voir avec les appellations locales comme les "Cuvier", "Dame Jeanne", "Trou de la Bombe", "tours d'Asinao" inspirés par Fabrikant ou des grimpeurs de passage, s'est mis à essayer de retrouver les vraies appellations locales, orales en général. Malheureusement, là aussi s'est posé le problème de la transcription et de la "graphie" utilisée pour ce faire : problème délicat déjà pour les Corses eux-mêmes, alors pour l'IGN ! En pratique, les 20.000 toponymes utilisés par l'IGN pour les cartes insulaires sont un joyeux foutoir qui rend bien compte toutefois des diverses influences auxquelles l'île a pu être soumise. Un exemple banal est celui du "phonème" corse GHJ que l'IGN utilise de temps en temps mais qu'elle remplace plus souvent par d'autres phonèmes comme GHI, GGI, GI, J : ce qui donne ghjuncu, ghiuncu, giuncu, juncu ou bien aghja, aja, aia, aggia, aghia, etc... pour une même dénomination. Difficile de ne pas être perturbé par cette confusion...
C'est pour cela qu'il ne faut pas considérer à mon avis ce que tu appelles "corsification" comme un détournement de l'usage, mais au contraire comme 1°) un retour à l'usage populaire et non à l'écriture de l'élite intellectuelle pré-française, 2°) une tentative de normalisation de la "graphie" corse permettant de mettre fin à l'incohérence des orthographes diverses utilisées par les uns et les autres pour la toponymie.
Tout cela n'est, bien entendu, qu'un avis personnel et je laisse les linguistes corriger et compléter ce qui est écrit ci-dessus. De toute manière, le débat entre les tenants de la graphie "toscane" et ceux de la graphie "moderne" (ou "restituée") est loin d'être éteint !!
Merci pour ces récits d'exploration que je lis avec toujours autant de plaisir
On ressent presque les piqûres de ronces, salsepareilles et autres calichotomes en te lisant...J'admire toujours la fidélité de Nicole à ce genre d'expédition, ma moitié me laisserait aller baragner tout seul!
Tu devrais mettre la carte IGN au début de ton récit, en numérotant les tentatives, on suivrait mieux tes explications.
Incidemment, je constate que le cadastre "napoléonien" n'est pas libellé en corse, donc la manie actuelle de tout corsifier (à laquelle tu sacrifies volontiers) ne fait pas référence à l'histoire ni sans doute à l'usage. Et pourtant, si je ne m'abuse, l'empereur était bien corse!
Ceci étant, bravo pour ta contribution à la découverte du patrimoine de l'Ile de Beauté. Mais il faudrait que tu fasses des émules, et que vos aventures soient relayées dans la presse locale.
Visiblement, l'article précédent sur le Castellucciu de Punta di u Castellacciu a donné des idées à Dumé qui a posté un article sur un ensemble de castelli qu'il a visités récemment, dont les quelques-uns qui font l'objet de ces aventures archéologiques...
A voir sur le site de Cuciurpula ! :-)