Trek Campumoru - Sainte-Lucie de PV : Des rivages du Sartenais à la montagne de Cagne (1 - La côte sauvage) (François DESPAX)
Par PhE le mardi 25 août 2009, 15:51 - Mer & Littoral - Lien permanent
Dans la continuité de l'article précédent et de ma solution de paresse pour la construction en cours de ce Blog, je poursuis la stratégie du "Ya qu'à laisser faire les articles par les autres !" en laissant cette fois-ci la plume à François (Despax) pour nous relater les aventures de la partie littorale de notre trek de fin juin dernier (démarrage de Campumoru le 27/06/2009), avec les trois premiers jours entre Campumoru et Pianottoli avant la bifurcation vers la Cagna.
Je lui laisse le champ libre :
"J’en avais rêvé, Philippe l’a fait…
Il y avait longtemps que j’étais attiré par une traversée de la Corse encore plus méridionale que le Mare a mare sud, et si possible encore plus sauvage. J’avais lu avec intérêt le programme proposé il y a déjà quelques années par une section du CAF Ile de France, mais encore fallait-il trouver un groupe, même réduit, car évidemment il ne peut être question de se lancer dans ces régions tout seul, encore que…
Trois parties dans ce trek de six jours :
1ère partie : La côte sauvage
En Corse, les littoraux « sauvages »,
c’est-à-dire où les routes ne passent pas, se dénombrent
facilement : l’extrémité du Cap Corse, le désert des
Agriates, la réserve de la Scandola, et les rivages du sud-ouest,
entre Campomoro et Bonifacio. J’avais parcouru les deux premiers
l’an dernier, le troisième ne comporte pas de sentier littoral,
restait le quatrième qui présentait de sérieux avantages pour
notre premier trek : mise en jambe progressive, campings
disponibles aux étapes, et jonction facile avec notre montagne
mythique ; de plus, Nicole avait décidé de nous accompagner,
attirée par la proximité de la mer, et l’absence de dénivelés
impressionnants. De Ste Lucie de Porto-Vecchio, nouvelle résidence
de Philippe et Nicole, nous partons à deux voitures, en laissons une
à Pianotolli, et poursuivons sur Campomoro avec l’autre :
petit café pour nous donner du courage, chargement des sacs sur nos
épaules encore tendres, et départ vers 10 h 30.
• Campomoro-Tizzano (1er jour) :
Nous saluons la
tour de loin, pressés que nous sommes de réellement commencer à
marcher. Le chemin se faufile au milieu de blocs aux formes étranges,
résultats d’un concours cosmique de sculpteurs un peu fous,
propres à concrétiser nos phantasmes nocturnes. Le sentier est bien
tracé, cairné régulièrement ce qui permet de lever quelques
ambiguïtés. Les « cala » (renfoncements que l’on peut
traduire selon les cas par calanque, fjord ou baie) se succèdent,
offrant des tentations de baignade d’autant plus vives qu’il fait
chaud en cette dernière semaine de juin : Agulia d’où l’on
peut boucler sur Campomoro par un sentier intérieur, Arana, et enfin
la célébrissime cala de Conca où nous nous attardons pour un
dernier bain de la journée avant d’affronter Scagliu Longu et le
cap de Senetosa.
Nous laissons le phare à main gauche, le sentier contourne les cala de Tivella, Longa et de Murta Spana ; à celle de Barcaju, nous retrouvons la piste et sa fréquentation automobile, dont nous profitons sans vergogne pour ne pas arriver trop tard à Tizzano. Coup de chance, la voiture qui nous recueille est conduite par la charmante responsable locale du Conservatoire du Littoral ; bientôt attablés devant Pietra, Colomba et Orezza, nous devisons agréablement sur le « royaume » de notre hôtesse, qui nous apprend notamment qu’un nouveau sentier vient de s’ouvrir ente Figari et Bonifacio. Nous nous installons au camping de l’Avena, où, si l’on n’arrive pas trop tard, il est possible de faire ses courses ; un peu fourbus et affamés, nous renonçons aux lyophilisés au profit d’excellentes pizzas…
• Tizzano-Roccapina (2ème jour) :
N’étant guère des stakhanovistes du matin, nous démarrons « piano » vers 9 h 30 : le sentier s’élève sensiblement pour éviter une zone escarpée puis redescend pour lécher le rivage de la pointe Latoniccia. Il faut être attentifs aux cairns car le maquis est présent, et il y a mille occasions de s’égarer. Nous repérons au passage un abri sommaire pour kayakistes fourbus. A la cala de Brija, nous retrouvons la piste qui permet de regagner directement Tizzano, et, deux petits kilomètres plus loin, la plage de Tralicetu, « envahie » (tout est relatif !) du fait de la possibilité de venir ici en voiture par la piste qui prend sur la route de Tizzano. Une kayakiste de 80 printemps, étonnamment jeune, nous vante les mérites de l’endroit et déplore son prochain retour à Paris…
Nous décidons de pique-niquer un peu plus loin, à la plage d’Argent (Cala Barbaria), où hélas, les rares coins d’ombre sont déjà occupés.La suite est plus
problématique. Le sentier nouvellement officiel contourne la pointe
de Murtoli. Philippe se rappelle l’existence d’un sentier direct
sur Erbaju, et avec son flair habituel, finit par le découvrir,
soigneusement camouflé. Au passage, nous prenons en charge un jeune
couple désespérant de trouver la suite. Le sentier monte, laisse à
droite la Punta de Cala Barbaria, et descend sur la trop fameuse
résidence de Murtoli, dont il faut longer la clôture, en attendant
l’accord qui doit intervenir entre le Conservatoire et le
propriétaire. Reconnaissons que ce contournement, s’il manque de
charme, ne pose aucun problème.
Nous étions inquiets de la traversée de l’Ortolo. Charles Pujos, habitué des randonnées d’hiver ou de printemps, en avait fait une description sportive, avec de l’eau à mi-poitrine et les affaires sur la tête… mais non, l’Ortolo était redevenu le sage petit ruisseau que l’on traverse en se mouillant à peine les mollets.
La plage d’Erbaju est magnifique : presque 3 km de sable quasiment désert ! Nous y prenons nos aises méridiennes. Nous ne sommes guère pressés, notre étape étant le camping de Roccapina, juste derrière la crête occupée par le Lion et la tour ; un sentier, qui prend aux 4/5 de la plage, escalade les contreforts du cap, et nous monte à la tour, d’où la vue est bien digne des guetteurs de Barbaresques.
Le site est un peu plus fréquenté que le reste,
proximité du camping oblige… nous y descendons sans difficulté,
et plantons notre tente dans un lieu nettement moins étoilé que le
précédent : encore des problèmes d’investissement,
notamment en ce qui concerne les sanitaires… Ici encore, on peut
trouver du pain et un ravitaillement sommaire, mais suffisant si on a
décidé de ne pas se charger. La nuit fut bercée par les vocalises
d’un infatigable bambino qui testait en endurance ses poumons…
Moralité : ne pas oublier ses bouchons d’oreille !
• Roccapina-Pianotolli (3ème jour) :
Nous démarrons la
journée un peu crevés de la nuit, fort heureusement par la piste
qui part du parking est et monte pour dominer le rivage. Pour qui,
pourquoi fut créée cette voie ? Mystère, sans doute
devait-elle rejoindre un peu plus loin la nationale ? Toujours
est-il qu’elle se termine brusquement au point coté 39 sur IGN ;
à une vingtaine de mètres avant cette fin, un discret cairn sur la
droite montre le début d’un discret sentier qui descend plein sud
pour gagner le bord de mer, que l’on suit au mieux, mais sans
difficulté, au travers des lieux-dits Mucchiu Biancu, Saparella et
Furnellu, jusqu’à retrouver une sente cairnée qui mène à la
tour d’Olmeto : de là, un vrai « boulevard »
conduit à la cala di Furnellu, que nous élisons pour notre
pause-déjeuner.
La suite est la seule partie nettement scabreuse de ce parcours, du fait des propriétés privées qui obligent, pour longer le littoral, à quasiment sauter de rocher en rocher. Ce n’est pas le parti qu’adopte Philippe ; les yeux fixés sur notre carte, nous suivons le chemin fort bien marqué sur IGN, passant par les points 32, 49, 35, 33, 15, mais qui nous contraint, en début et en fin de parcours, à traverser des domaines résolument privés, heureusement déserts (quoiqu’ouverts) à cette heure : la sieste ? Halte et bain dans l’anse d’Arbitru.
Après, c’est le bonheur : la presqu’île des Bruzzi redevient propriété du Conservatoire ; plusieurs circuits y sont indiqués, dans une nature très marine et sauvage. Gagner l’anse de Chevanu est facile, rejoindre Pianotolli l’est moins, car il faut suivre la route. Nous confions à la femme du groupe la mission de se faire prendre en stop, et de venir nous chercher avec la voiture laissée là-haut, ce dont elle s’acquitte avec brio. Pietra et Colomba scellent le succès de ces trois jours…
• En conclusion :
Ce parcours côtier ne présente aucune difficulté technique ; mais… il vaut mieux l’avoir exploré auparavant, les occasions d’errance n’étant pas complètement négligeables. Heureusement pour moi, c’était le cas pour Philippe et Nicole.
En cette saison, il y fait chaud, mais le voisinage de la mer entretient une certaine fraîcheur dont on profite encore plus avec les multiples occasions de baignade. Reste le problème de l’eau : les sources sont peu nombreuses, il en existe une à la cala di Conca, mais nous l’avons mal cherchée…
Le seul réel point noir est la solution de continuité entre Furnellu et Arbitru : un contournement « autorisé » par le nord est-il possible ? En tous cas, cela mériterait un traitement officiel. Mais ne rêvons pas, nous sommes en Corse…
Commentaires
@Jpépé :
Oui, l'idée est super, mais nous n'avons pas pu la réaliser complètement :!:
Le problème a été l'accumulation de nuages pendant 3 jours de suite sur ce versant du Filosorma : la prudence nous a poussés à ne pas chercher à descendre dans la purée de pois sans connaître ces couloirs et nous avons préféré redescendre ce que nous avions monté et aller à Tighjettu pour faire l'arête SW de la Punta Minuta.
Ce versant Filosorma de Serra Pianella sera donc à faire une autre fois LOL
Merci pour la photo depuis le Saltare, même si on était déjà bien fourni en photos de ce couloir nous aussi ;-)
Salut,
Je visite toujours "Corse Sauvage".
Votre idée Calasima, col de Serra Pianella et traversée vers col des Maures est super.
Pour info, j'ai rajouté deux photos panoramiques à mon album "Corse juin 2009". Un de ces panoramique donne une idée du cheminement.
Ces photos ont été prises depuis le col du Saltare et sont visible sur http://picasaweb.google.fr/jeanpaul...
J'ai toujours en projet de revenir dans le Filisorma. Quand?
Amicalement
De retour après 3 jours dans le Niolu et deux parcours ne correspondant pas tout à fait à ce que nous avions projeté au départ avec Georges et Sophie Welterlin (traversée Niolu - Filosorma par le col de Serra Pianella et retour par col des Maures et le GR 20) :
A bientôt 8-)
@Bernard :
Bon, je ne traite plus du problème du bivouac en Corse (dans le PNRC, c'est-à-dire bientôt toute la Corse, si j'ai bien compris) : cela m'a déjà coûté beaucoup d'ennuis. Au fait, que sont devenus "les sbires" qui étaient intervenus sur ce Blog en octobre/novembre dernier (2008 !) ? :evil:
La crête de Compolelli est assez intéressante, avec, en particulier, un couloir dont la déclivité est tout à fait étonnante en Cagne... o:O
On t'attend pour l'apéro à Sainte-Lucie ! ;-)
@PHe
Bien sur quand je dis qu'on peut bivouaquer, ça veut dire que c'est possible.........pas qu'on a le droit !!!
Et donc c'est pas bien, vraiment pas bien, de le faire.
C'est pas bien.....mais c'est beau !! ;-)
Pour Cagne, je connais déjà la partie Funtanella, bergeries de Biltaza. Il me reste donc à parcourir le reste et descendre jusqu'à Ste Lucie boire un verre à la santé de Lisa. :-)
@Bernard AUBERT :
Es-tu bien sûr que le bivouac sur la côte (ou proche de la côte) soit autorisé dans ce coin :?:
En ce qui concerne la suite, deux problèmes :
Je vais tout de même essayer de diffuser cela pour début septembre... ;-)
@Victor :
Es-tu bien sûr de vouloir suivre Caro comme guide pour aller à ces vires :-? N'oublie pas qu'il y a des passages SANS cairns :!: LOL
Trève de plaisanteries : ne pas hésiter à me faire signe pour y retourner. On cherchera à monter directement par le Fangu, ce qui semble plus court et plus facile que Tana di l'Orsu pour aller au Tafonatu...
En ce qui concerne le littoral, il est évident que l'été n'est pas recommandé comme la meilleure saison pour réaliser ces parcours et qu'il aurait été plus simple de les faire au printemps ou à l'automne, mais on n'a pas eu le choix des dates : il fallait ne pas craindre la chaleur et profiter de cette magnifique côte pour se baigner dés que l'on avait trop chaud !
Au printemps et à l'automne, le problème est que les campings peuvent être fermés (on a utilisé celui de l'Avena à Tizzano et celui de Roccapina - à déconseiller en l'état actuel), qu'il faut donc bivouaquer d'une part (ce qui doit être strictement interdit comme dans le Parc) et trouver de l'eau (peu de sources) mais avec sans doute plus d'eau qu'en été.
Joli parcours n'est ce pas :-) , et à l'automne ou au printemps c'est encore plus sympa (avec la mer déchainée notamment !!). On peut bivouaquer mais pour l'eau... mieux vaut prévoir.
Nous attendons la suite avec impatience .
Amitiés
Salut Phillipe
Oui je regrette de n'avoir pas pu venir avec vous sur la vire mais connaissant bien Caro je suis sûr qu'elle voudra que l'on y retourne.
Par contre j'ai beaucoup aimer cette semaine en Corse en Juillet.
A propos de randos le long du littoral Corse , pense tu qu'il est possible de refaire à peu près le même sentier que vous mais en d'autres périodes que l'été :en fait de bivouquer sur les plages ou près de point d'eau?
A plus.
@Victor :
Salut Victor,
J'espère que tu as bien repris le boulot après tes vacances en Corse, puis dans les Dolomites ! LOL
Dommage que tu n'aies pu nous accompagner début août avec Caro à nos vires favorites... Quant aux randos en Corse littorale SW et en Cagna, elles sont d'un accès aisé à partir de Sainte-Lucie de Porto-Vecchio 8-)
Bonjour a tous et bravo à Francois pour ce récit qui donne l'eau à la bouche.
Je suis sûr que beaucoup de personnes qui ne sont pas des montagnards affranchis mais qui aiment la randonnée seront séduit par ces photos qui donnent envies d'aller se promener ou baigner dans ces coins assez somptueux et évidemment sauvages.
A bientot