Traversée d’une partie du massif de Cagna, Giannucio - Vignalella

Faite le 03 juillet 2009 avec Stef le canadien.

Cette traversée nous tentait depuis plusieurs mois déjà, après plusieurs balades en aller retour dans ce massif si particulier et si attirant, mais la grossesse de mon épouse rendait toute tentative trop risquée. J’ai donc profité du passage en corse d’un ami québécois pour réaliser ce projet.

Au départ de Giannucio, à 7 h du matin, nous avons partagé un moment fort intéressant avec un vieux monsieur de 84 ans, originaire du village, qui connait très bien le massif (il monte encore à l’Uomo, et y chasse régulièrement) et qui nous a parlé des téléphériques installés dans le temps pour le débardage des bois Emoticones, et des parachutages sur la prairie de l’Ovace pendant la guerre Emoticones. Une mine de renseignements, et un bel humain comme je les aime… Je repasserai d’ailleurs le voir le lendemain, en revenant chercher ma voiture, pour continuer la conversation.

Donc, montée à l’Uomo, chemin connu, quelques photos au sommet, il est tôt, nous y sommes seuls et mon canadien est emballé par le site (moi aussi, bien sûr).

Sommet de l'Uomo di Cagna (Steff) Depuis l'Uomo di Cagna : Punta di Monaco et Punta d'Ovace

Ensuite début de la traversée. N’étant pas redescendus assez bas, nous avons dû sauter de blocs en blocs pendant un moment pour retrouver la trace marquée en jaune qui part NE vers le plateau de Presarella. Une fois ce sentier trouvé, il est aisé d’aller jusqu’au col du Monaco où l’on quitte cette trace jaune qui doit descendre, je pense, aux bergeries de Naseo (NDLR : "Je confirme : cette trace descend à Bocca di Tonnari et remonte ensuite aux bergeries de Naseu").

A partir de là il faut vraiment ouvrir l’œil, il y a des cairns (ou des bouts de cairns !) disséminés ça et là, parfois pas, parfois trop et qui visiblement amènent ailleurs. Bref, il faut savoir en gros où l’on veut aller, ne pas vouloir inventer un nouveau passage (à moins d’avoir du temps pour explorer), et donc savoir toujours revenir au dernier cairn évident en cas d’hésitation. C’est d’ailleurs lors d’un de ces errements que nous tomberons par hasard sur une trace d’un ancien téléférique en face nord de la chaine de Cagna.

La « trace » que nous avons choisi de suivre partait plutôt plein nord, nous faisant contourner (nous le pensions) la pointe d’Ovace par le nord. En fait, elle remontait au fur et à mesure, et à un moment donné, nous nous sommes rendu compte qu’il nous suffisait de monter quelques gros blocs pour accéder au sommet par le Nord.

Trace typique de Cagne : Bernard entre le col de Monaco et Ovace Trace typique de Cagne : Bernard entre le col de Monaco et Ovace

Sommet de la Punta d'Ovace (Bernard et Steff)

De là, on a une vue superbe et l’on voit bien le chemin qu’il reste à parcourir : notamment, on distingue la clairière d’Ovace.

Le parcours le plus évident nous a semblé être celui qui redescendait vers le sud, du sommet jusqu’à un petit replat, puis qui zigzaguait vers l’est au milieu de blocs, puis d’arbres, jusqu’à arriver à cette fameuse clairière.

Clairière où l’on trouve, en bordure Est (NDLR : "Je pense que Bernard fait une petite erreur et que cette grotte-bergerie se situe en fait en lisière Nord de la plaine"), un abri sous roche, fermé par un mur, qui peut permettre un très bon bivouac.

Arrivée à la plaine d'Ovace (Bernard) Grotte-bergerie d'Ovace

Nous avons passé un petit moment dans cette prairie à chercher une trace pour continuer notre traversée, écumant les bordures, ce qui a valu à mon ami Stef une bonne frayeur lorsqu’il a débusqué son premier gros solitaire dans les fougères. Le record du 100m a bien failli tomber !! Emoticones

En fait, la trace repart en bordure nord de la clairière (nous avons refait un cairn sur un gros rocher), serpente en remontant entre des gros blocs, puis redescend la rive gauche d’un vallon encombré d’énormes rochers jusqu’aux bergeries ruinées d’Apaseu.

Bergeries d'Apaseu (Steff)

On remonte ensuite NE vers un petit collet bien visible, puis, de là, on suit quasiment en courbe de niveau une trace cairnée jusqu’au col de Funtanella que l’on ne tarde pas à apercevoir.

Col de Funtanella (1122 m) avant la descente sur Vignalella

La redescente s’effectue alors plein nord, vers Vignalella, par un sentier bien marqué, quoique un peu difficile à suivre dans la partie haute du fait de la traversée d’une forêt encombrée de chablis (même si quelqu’un l’a remis en état partiellement depuis janvier).

Il faut compter 10 h de trajet, sans trop traîner, avec près de 1400m de dénivelé. Ce n’est pas de l’alpinisme, mais, à mon avis, il ne faut y emmener que des gens au pied montagnard et, en tout cas, ne pas le faire en temps de brouillard. C’est une marche difficile, car elle demande de la concentration permanente pour ne pas tomber et pour chercher sa trace. On se perd souvent et, je le répète, il ne faut pas hésiter à revenir au dernier cairn évident pour rechercher une trace meilleure.

On trouve de l’eau au dessus des bergeries d’Apaseu et le téléphone passe à peu près partout. Emoticones

En cas d’arrivée du brouillard, le mieux est, je pense, de bivouaquer : d’ailleurs, ne sachant pas combien de temps nous prendrait cette traversée, nous avions prévu de quoi.

La baignade en arrivant au pont de l’Ortolo fut vraiment la bienvenue !! Emoticones

NDLR : Deux compléments d'informations sur cette traversée avec la carte et le tracé du parcours d'une part, et le relevé des altitudes et horaires tracés par la montre Suunto de notre canadien High Tech !

Carte de la Cagne et tracé de la traversée Giannuccio - Vignalella du 03/07/2009 Fichier Suunto altitudes/horaires de la traversée Giannuccio - Vignalella

Avertissement : Durant nos échanges de messages avec Bernard,  nous nous sommes rendus compte qu'il n'est pas INUTILE de rappeler quelques "fondamentaux" que l'on pourrait oublier en Cagne !

  1. Il est dangereux de partir en Cagna avec des idées préconçues, du genre terrain simple avec peu de dénivelé, peu de superficie et peu de maquis, et donc aisé à parcourir
  2. Cette région est en fait TRES complexe et cumule terrain compliqué, chaos rocheux, dédales végétaux, sols effondrés, tourbières, ronces, forêts primaires obscures, absence quasi-totale de sentiers, traces cairnées erratiques, etc...
  3. Ce n'est certes pas le Filosorma sur le plan alpin, mais il s'avère à l'usage que TOUT LE MONDE se perd en Cagna, y compris les guides et accompagnateurs qui ne sont pas de la région (confirmé par de nombreux témoignages de locaux et d'étrangers sur ce sujet) et qu'il faut se préparer à y montrer concentration et attention de tous les instants pour s'y aventurer
  4. Elle est donc réservée à des randonneurs aguerris et expérimentés en marche d'orientation en terrain chaotique, maniant convenablement carte/boussole/altimètre : inutile d'imaginer que le GPS vous sortira d'affaire, il est quasiment inutile sur ce type de terrain, ne vous dira jamais par où il faut passer et, en Cagne, il ne sert à rien de savoir OU l'on est perdu !
  5. Pas la peine de se retourner contre "Corse sauvage" et/ou Bernard Aubert, en cas de problèmes sur place : les informations du site ne vous seront d'aucun secours SI VOUS N'AVEZ PAS LA CAPACITE DE LES UTILISER SUR LE TERRAIN... et vous serez seul responsable de vos mésaventures... et des explications éventuelles à donner aux secours corses qui viendront vous chercher...