1) Bergeries de Focolara

Baie et plage de Focolara en montant vers Bocca di FuataNous connaissions déjà le sentier de départ de cet itinéraire par l'arête, puisque nous l'avions utilisé pour une variante corsée en 2003 qui nous avait amenés sur les crêtes de Focolara au-dessus des bergeries (Cf. Focolara, variante par les crêtes) : cela ne m'a pas empêché de prendre le mauvais chemin au départ, celui qui emmène au fond du ravin de Graziu avec 40 mn de divagation à la clé. Vrai départ à 11 h 20 : le sentier est toujours aussi bien tracé, ce qui n'est pas le cas des autres sentes d'accès depuis Calca, mais la température est bien élevée pour deux "pinzuti" débarqués fraîchement sur l'île. Nicole déclare forfait peu avant d'arriver au col sous Croce di Porcu Liccatu et préfère rebrousser chemin, me laissant seul affronter la suite de cette aventure littorale Emoticones. Après le col vers 13 h (montée très lente), visite rapide des trois croix du petit sommet au-dessus afin d'admirer le superbe panorama sans nuages de ce jour et en route pour les bergeries !

Crocce di Porcu Liccatu, Galeria et sa baie

Le sentier menant aux bergeries amorce sa descente depuis la crête juste au col, en laissant à sa gauche la vague sente des crêtes que nous avions prise il y a trois ans. Il est très bien tracé et amène en 45 mn à l'arrière des bergeries après avoir traversé un versant sauvage envahi par un maquis virulent. Situées sur un petit plateau surplombant la baie de 200 m, ces bergeries constituent un petit hameau dont les maisons ne peuvent aisément se visiter, ni même laisser admirées leurs façades, tant broussailles et surtout ronces ont envahi le devant des demeures. On aperçoit une sente descendant en direction de la baie de Focolara (et de sa superbe plage) : compter 1 h 30 minimum pour faire l'aller-retour en profitant un peu des belles vues littorales...

Bergeries de Focolara Bergeries de Focolara depuis l'autre versant

Ce n'est qu'en reprenant le sentier vers Bocca di Fuata vers 14 h 20, après avoir déjeuné, et en atteignant l'autre versant du ruisseau qui les longe au Sud que j'ai pu mieux appréhender la structure et l'importance du hameau de bergeries que l'on ne pouvait apprécier commodément sur l'autre versant.Traversée de ruisseau au Sud des bergeries vers Bocca di Fuata Par elle-même, la traversée du ruisseau permet de visiter ces espèces de tunnels de jungle que l'on s'étonne toujours de rencontrer dans le maquis corse au niveau de la mer ! Plus haut en montant vers Bocca di Fuata, on commence à apercevoir la plage de Focolara en contrebas que l'on ne pouvait encore admirer jusque-là : en été, elle est souvent visitée par les passagers des voiliers et des bateaux pneumatiques et à moteurs qui permettent de l'aborder sans encombre. Le col lui-même s'atteint en 45 mn vers 15 h 05, et fait découvrir un autre beau spectacle de l'autre côté de la crête (du Capu Licchia à Punta di Literniccia) avec Scandola et Girolata. Le contraste entre la mer, parsemée de bateaux de tous types et tailles, et la terre, complétement déserte en ces lieux, est frappant : il fait bon être terrien sur les crêtes de Focolara et Girolata !

Bocca di Fuata : baie de Girolata Bocca di Fuata : abri/bergerie au col

Dans la montée du Tra Mare e Monti : les crêtes vers le sommetEnsuite, c'est le Tra Mare e Monti qui, à partir de Bocca di Fuata, remonte de plus de 300 m sur la crête vers l'Est, avec la Paglia Orba et la Grande Barrière en ligne de mire, et qui amène jusqu'à une clairière, au point 758 m, bienvenue pour la pause ombre et boisson de 16 h 05 à 16 h 30. Tout de suite après, c'est l'intersection avec l'embranchement Nord-Sud et le sentier ramenant à Galeria.

Sur la crête du Tra Mare e Monti : la clairière du point 758 m Sur la crête du Tra Mare e Monti : la bifurcation vers Galeria et Porto

Une descente très raide, face à la face E rocheuse du Pinzu di I Corbi, ramène d'abord au ravin de Lucciu, à sec, puis au ruisseau de Tavulaghju : celui-ci, très aquatique à ma grande surprise, permet une baignade bienvenue dans 50 cm d'eau pour me remettre des efforts et de la chaleur de cette journée. Plus loin, on atteint le petit barrage qui régule ce ruisseau et le lac qui s'est formé en amont. Le reste de la descente est beaucoup plus plat et tranquille et c'est vers 18 h 15 que j'arrive dans le haut du village de Galeria pour y déguster goulûment Pietra et Colomba en conséquence des efforts fournis en cette journée caniculaire en bord de mer !

Dans la descente du Tra Mare e Monti vers Galeria : arrivée au Tavulaghju Lac et barrage du Tavulaghju

En conclusion, une belle boucle marine avec des possibilités de variantes diverses (crêtes de Pinzu di I Corbi, descente à la plage de Focolara), sur un parcours en balcon ou crête en surplomb au-dessus de la mer, à éviter par les grandes chaleurs ! Attention à l'horaire, cette boucle est assez longue et demande environ 6 h de marche effective : avec la variante de la descente à la plage, cela devient TRES long (environ 8 h)...

Regardez quelques photos de ce parcours littoral, où l'on ne fait que "voir" la mer sans la "toucher" (sauf variante de descente à la plage), dans la Galerie Photos en Bergeries et plage de Focolara et l'ensemble complet des photos sur flickr en Bergeries et plage de Focolara.

2) Tuarelli - Bocca di Lucca

Panneau du col de LuccaCherchant une randonnée facile pour ma femme, avec peu de dénivelé et de distance, pour se faire un peu les jambes en ce début de séjour avant d'aller se frotter aux grandes courses du coin, je n'avais pu trouver mieux dans ce que nous n'avions pas encore parcouru que d'aller faire un tour sur cette partie du Tra Mare e Monti : nous n'avions jamais réalisé aucun tronçon de ce sentier avant le retour de Focolara deux jours plus tôt ! De plus, nous n'avions jamais mis les pieds non plus à Tuarelli... Emoticones
Nous voici donc à Tuarelli à 11 h du matin (toujours aussi matinaux...) et quelques minutes plus tard sur ce sentier balisé en orange qui part sur la droite peu après le pont sur le Fangu et monte vers le col. Quelle surprise pour des pratiquants assidus des parcours du Filosorma : confort de la trace, balises tous les vingt mètres, montée régulière jusqu'au col, absence totale d'obstacles rocheux et végétaux, ... Emoticones Le moins que l'on puisse dire c'est que cela change des vallées au-dessus de Barghjana et Monte Estremu et même le sentier du Capronale paraîtrait alpin comparé à celui-ci. Dans ces conditions, nous ne sommes même pas surpris de croiser un VTTiste italien descendant du col sur ce chemin "à vaches" ! Emoticones

Sur le sentier de montée : Bocca di Lucca sous le Capu a u Manganu Sur le sentier de montée : Tuarelli, Chiorna et le vallon du ruisseau de Margine

Le col est donc vite atteint vers 12 h 35 après un parcours sans beaucoup d'agréments sur le plan des paysages (pour la région...) et nous y passons une longue période pour déjeuner et tenter de repérer les deux sentiers qui y démarrent. Sur la carte IGN, en effet, un sentier arrive au col par le SW en provenance de Chiorna, le long du ruisseau de Margine, et j'imaginais le prendre pour la descente : las, malgré de multiples explorations, impossible de trouver une trace potable de ce chemin aux abords du col. Et pourtant, on le voit plus bas sur la RD du ruisseau, mais inutile d'imaginer le rejoindre avec Nicole. Un autre sentier est censé rejoindre le hameau de Lucca en partant vers le NE à gauche du Tra Mare e Monti : là encore, aucune trace visible, même en poussant la recherche assez loin du col. Comme toujours, pour la Corse, les cartes IGN ne reflètent pas souvent la réalité du terrain ! Il est impossible pour une carte papier d'être tenue à jour de la réalité des sentiers, sans cesse en mouvement pour cause de maquisages/démaquisages successifs : c'est pour cette raison qu'un site et un blog comme "Corse sauvage" peuvent aider à informer le visiteur de la situation en cours à jour pour une zone donnée...

Du pont de Tuarelli : la Grande Barrière, la Paglia Orba et le Capu TafonatuFaute de sentier de retour alternatif, la descente se fait par le même chemin de 14 h à 15 h et Tuarelli est vite retrouvé pour une visite du hameau avec son gîte d'étape, remarquablement bien placé au-dessus du Fangu, son pont, ses gorges et ses vasques avec eau chaude en cette saison : la baignade dans le Fangu est une excellente activité pour terminer la journée avec une vue spectaculaire sur la Paglia Orba et la Grande Barrière.

Le pont de Tuarelli sur le Fangu

En synthèse, aucune surprise à attendre sur cette portion du Tra Mare e Monti où même la carte n'y est pas nécessaire, et cette partie entre Tuarelli et Bocca di Lucca (de même jusqu'à Bocca di Bonassa) offre peu d'intérêt : il y a bien mieux à voir et à faire dans cette région comme ce Blog tente de vous en convaincre. Mais, bon, ... pour ceux qui veulent un sentier "roulant", compter 1 h 30 pour monter au col et 1 h 15 pour en redescendre.

Regardez l'ensemble complet des photos de cette petite balade sur flickr en Bocca di Lucca depuis Tuarelli.

3) Visite des villages ruinés de Candela et d'Occi

Maison ruinée de CandelaPour changer un peu, deux petites randonnées culturelles permettant de découvrir une des images les plus poignantes de la Corse actuelle : la désertification de sa montagne et l'abandon de ses villages. Pour illustrer cette situation, quoi de mieux que d'aller visiter le vieux village d'Oggi (Occi), bien connu des touristes puisqu'il est dans tous les guides et s'élève en contre-haut du non moins célèbre village balanin de Lumiu, et ce hameau, complètement inconnu lui, de Candela, situé en amont du village de Barghjana dans le Filosorma le long de la rivière qui porte son nom.
Commençons par ce dernier, Candela, hameau abandonné peu après la seconde guerre mondiale, à l'approche des années 1950, lorsque Barghjana et Monte Estremu ont été raccordés au réseau routier insulaire. C'est alors que les derniers habitants de ce petit village se sont déplacés sur Barghjana ou ont rejoint des cités insulaires plus importantes ! Emoticones
Il faut tout de même remonter la Candela, en RD depuis Barghjana, pendant environ 1 h sur un vieux sentier que j'ai toujours connu maquisé et qu'un guide local a récemment démaquisé (grâce lui en soit rendue, car ce chemin est magnifique et, finalement, plus agréable et plus joli que le chemin habituel en RG). Ce sentier permet d'aboutir confortablement à la première maison en ruines du hameau, précédant les restes d'une demi-douzaine d'anciennes habitations situées à l'altitude du sentier, 50 m au-dessus de la Candela. Quelques autres ruines en contrebas, au niveau de la rivière, montrent bien l'importance relative qu'avait ce village jadis, avec ses 16 maisons, ses deux fours à pain et son école (!!)...

Ruines de Candela devant la vallée de la Cavicchia et la Grande Barrière Maison ruinée de Candela

Le patron du Bar des Amis, ex-professeur de l'Université de Candela Ces informations ont été recueillies au Bar des Amis à Barghjana, dont le propriétaire actuel affirme qu'il a été "professeur" à l'école de Candela et nous a montré la dernière "Mamie" de Barghjana née à Candela. Emoticones
A noter que le sentier se poursuit commodément en 30 mn, au-delà du hameau, jusqu'à la confluence Bocca Bianca/Cavicchia et ses vasques : d'ailleurs, cette balade aller-retour depuis Barghjana (ou Tuarelli) est maintenant pratiquée courammentLes vasques de la confluence Bocca Bianca/Cavicchia par des groupes de randonneurs et des accompagnateurs et guides de Balagne (Calvi - Corbara) qui considérent à juste titre que cette jolie boucle combinant culture, marche et baignade dans une région à l'écart des flux touristiques peut devenir un must pour des touristes cherchant une activité les changeant un peu de celles des côtes et des plages ! Emoticones

Intérieur d'une maison ruinée de Candela Maison ruinée de Candela

Je n'ai pas réalisé la balade du village d'Oggi (Occi) que ma femme a parcourue seule pendant notre trek à la vire de Scaffone auquel elle ne pouvait participer. De toute manière, cette visite du village est tellement connue que ne seront indiquées ci-dessous que les grandes lignes et les photos correspondantes.

Pour y aller, deux possibilités :

  • Soit partir de Lumiu, au N du village (près de l'hôtel-restaurant "Chez Charles"), et prendre le sentier qui prolonge une route carrossable vers le N : ce sentier s'infléchit vers l'E ensuite et arrive au village (377 m) en 30 mn environ
  • Soit partir de la D71, entre Lumiu et Lavatoggiu au N de Lumiu, et prendre un sentier (250 m) démarrant presque en face de la route menant au camping du Panoramic : ce sentier part vers le SE ensuite et mène au village en 20 mn


Village ruiné d'Occi Village ruiné d'Occi

Laetitia CastaA noter que ce village a été abandonné au XIXème siécle lorsqu'il a été rattaché à la commune de Lumio, qu'il fait l'objet d'une farouche préservation grâce à l'association constituée pour sa sauvegarde (Occi paese rinascitu) et que son église de l'Annunziata a été restaurée avec un financement alimenté par Laetitia Casta...


Intérieur d'une maison ruinée d'Occi L'église restaurée de l'Annunziata

Regardez quelques photos sur ces deux villages abandonnés (Laetitia Casta exclue !) dans la Galerie Photos en Candela et Occi et l'ensemble complet des photos d'Occi sur flickr en Balade en Balagne.

4) Prolongation du ravin de Tana di l'Orsu

Face W du Capu Tafonatu depuis le cirque rocheux terminal de Tana di l'OrsuDepuis 2004, année au cours de laquelle j'avais déjà remonté ce ravin de Tana di l'Orsu - affluent du ravin principal du Fangu - jusque vers 1300/1400 m, je m'étais bien promis d'y revenir afin de répondre aux quelques interrogations que j'en avais rapportées à l'époque : Emoticones

  • Peut-on monter en RG du Fangu à partir du couvent de Santa Maria, comme une fiche bleue distribuée par Doumé au refuge de Puscaghja le laissait entendre ?
  • Peut-on accéder aisément et directement à Campu di Vetta sous la face W du Tafonatu comme je l'imaginais alors ?
  • Comment se continue le ravin au-dessus de la forêt de Tana di l'Orsu ?
  • Question complémentaire à partir des infos d'Eckard Berberich : comment rejoindre la vire de Scaffone ?
  • Question complémentaire à partir des infos de Charles Pujos : où se trouve la "tanière" de l'ours (puisque il semble véridique qu'il y en ait eu un dans ce coin ) ?

Les restes du couvent de Santa MariaEvidemment, le jour prévu pour faire ce parcours, la météo se gâte et les prévisions annoncent accumulation de nuages sur les versants W et vent à plus de 100 km/h sur la région. Bof, il sera toujours temps de faire demi-tour si cela tourne mal, et me voilà parti à la statue de la Vierge (elle est même indiquée dorénavant sur la carte IGN !!) sur la piste du Pont des Rocce où Nicole me dépose vers 8 h 30 : 10 mn plus tard, je suis à l'intersection Fangu/sentier du Capronale, juste sous le couvent.
Exploration des sentes de la RG du FanguAu lieu de prendre la trace cairnée en RD du Fangu, je remonte le sentier et ses balises oranges vers Capronale et cherche immédiatement la moindre sente vers la gauche susceptible de remonter en RG du torrent. Il y en a, mais peu évidentes ! J'en essaie une, un peu au hasard ; elle monte en diagonale vers la gauche et rejoint une vague sente horizontale plus haut que j'essaie de suivre tant bien que mal... Au bout d'une heure d'efforts, je renonce vers 580 m d'altitude : la sente est très mal tracée et seulement balisée de quelques cairns erratiques, avec de multiples traces divergentes. Elle doit sans doute se poursuivre jusqu'au premier gué du Fangu (730 m environ) et rejoindre la trace RD qui traverse le fleuve à cet endroit : mais les difficultés pour la suivre sont telles qu'elle n'offre aucun intérêt par rapport à l'autre rive. Voilà la réponse à ma première question ci-dessus ! Emoticones
Le départ du canyon sous le col 1150 m vers le FanguRéponse négative aussi à ma deuxième question, puisqu'un bloc rocheux surplombant le Fangu en cet endroit me permet d'examiner l'échine rocheuse de Tana di l'Orsu et Campu di Vetta et de conclure qu'il semble impossible pour un randonneur d'aller du col 1150 m aux replats inférieurs de Campu di Vetta comme je l'avais imaginé il a trois ans : une sorte de canyon vertical prolonge l'ouverture dans cette échine qui semblait permettre de la traverser au col 1150 m ! Emoticones Demi-tour et retour au couvent vers 10 h.

Vallée du Fangu à son entrée juste après avoir passé le couvent Curieuse vire sur la trace cairnée de Tana di l'Orsu

Du couvent, retrouver le début de la trace cairnée en RD n'est jamais évident, car ce départ change sans arrêt : il faut simplement explorer toutes les sentes partant dans cette direction (depuis le couvent, mais sans aller jusqu'au Fangu) et on finit par tomber sur la bonne. Elle est encore mieux tracée qu'en 2004 et m'amène sans problème (parce que je connaissais déjà !) vers 12 h 30 au col 1150 m, au-dessus du départ du canyon affluent vertical du Fangu... Au col, quelques rafales de vent (mais rien par rapport à ce qu'il y a eu sur la côte ce jour-là, comme je l'apprendrai plus tard) et les nuages sont descendus à 1800 m : on ne voit pas le trou du Tafonatu !

Le col 1150 m surplombe spectaculairement le Fangu Au col 1150 m, la face W du Tafonatu et les ravins sources du Fangu

Déjeuner rapide en 35 mn et redémarrage à 13 h 05 pour la suite de la trace (que je trouve cette fois-ci alors que j'avais continué à l'estime en 2004) le long de la RD du ruisseau en amont du canyon. Je dépasse rapidement la fin de la forêt et continue à remonter le canyon vers le fond d'un grand cirque rocheux marquant le bout de ce ruisseau. La pente se fait de plus en plus raide et la trace passe un premier ressaut rocheux éloignant vers la gauche du canyon, avec un vide qui commence à se creuser. Au-dessus, les cairns mènent complètement sur la gauche en remontant une falaise par des couloirs raides et des vires où il vaut mieux surveiller ses pas. L'une de ses vires, étroite et en diagonale montante de G à D, mène à un pas d'escalade facile mais au-dessus d'un vide vertigineux : je commence à imaginer que la descente ne va pas être de la tarte ! On arrive ainsi à une sorte d'arête s'affinant au fur et à mesure que l'on monte sur la RD d'un autre canyon, affluent du ruisseau principal (orienté E-W) du cirque de Tana di l'Orsu. En haut de ce canyon ruisselant, une grande traversée horizontale de G à D contourne sa source vers 1530/1550 m d'altitude, passe par une petite brèche rocheuse, puis un col avec deux gros laricii. Surprise : juste après ce col, un superbe caprin aux cornes magnifiques me nargue vingt mètres en-dessous de moi, sans s'effaroucher le moins du monde. J'ai tout le temps de le prendre en photo : cela marche, mais c'est un coup de chance car je n'ai plus de batterie depuis la montée du pierrier.Emoticones Pour la première fois de ma longue expérience corse, j'ai peut-être réussi à prendre un mouflon en photo (plaisanterie que seuls quelques amis, connaissant mes capacités de photographe animalier, comprendront).

Le mouflon du cirque de Tana di l'Orsu

La traversée continue encore sur une centaine de mètres après ce col jusqu'à un cairn géant (petit chorten) qui semble marquer la fin de la trace cairnée, car je n'arrive pas en trouver d'autres ensuite. Ayant repéré une sorte de pan vertical de muraille ocre, jaillissant de cette raide pente rocheuse un peu plus haut, je m'y dirige en remontant un couloir herbeux sur 100 m, puis traverse à droite sous la muraille sur encore 200 m et m'arrête alors pour examiner ma position. Il est 15 h 10 et je suis à environ 1650 m, juste 100 m sous la vire de Scaffone que je n'arrive pas à vraiment identifier au-dessus de moi et un peu à droite (SE) de l'amphithéâtre rocheux que l'on voit bien sur Geoportail dans ce versant de Campu Razzinu. Les replats de Campu di Vetta sont à ma hauteur, un peu plus à droite et on doit pouvoir y arriver aisément... Malheureusement, les nuages sont de plus en plus menaçants et les premières gouttes de pluie se mettent à tomber : comme je ne tiens pas à faire cette descente sous le déluge en solo, je décide de faire demi-tour immédiatement.

Suite du ravin après Tana di l'Orsu vers le cirque terminal

La photo ci-dessus montre bien la suite du ruisseau dans la forêt, puis le rétrécissement vers le cirque terminal dont on ne voit pas le fond. La trace cairnée escalade la falaise sur la partie gauche et va rejoindre la traversée à la hauteur du gros laricio en haut d'un canyon secondaire. On aperçoit bien aussi, sur la droite de ce laricio et sous Capu Rossu, le pan de muraille que j'ai rejoint ensuite !

Le passage au col du mouflon est magique car celui-ci s'est juché sur une aiguille rocheuse et se détache majestueusement à contre-jour : je rage de ne pouvoir le prendre en photo à nouveau, surtout qu'il reste complètement immobile même en me voyant avaler la vire à toute allure... La descente ne pose pas de problèmes, y compris dans le pas d'escalade exposé, en restant extrêmement attentif sous une faible pluie qui s'arrête au bout d'une demi-heure et je me retrouve rapidement au col 1150 à 16 h. De retour au couvent à 17 h 45 et à Monte Estremu à 18 h 35, je ne retrouve Nicole que beaucoup plus tard et loin sur la route de Tuarelli, après une halte-bière au Bar des Amis, suite à l'impossibilité de la contacter par GSM, Barghjana et Monte Estremu n'étant pas couverts (!?!).

La face W du Capu Tafonatu et son trou dans les nuages Face W du Capu Tafonatu depuis le cirque rocheux terminal de Tana di l'Orsu

Pour résumer tout cela : une grande journée pour un aller-retour de toute beauté (malgré la météo maussade) m'ayant mené pratiquement jusqu'à la vire de Scaffone. Cette trace cairnée est étonnante, car il est rare de voir des cairns montrer le chemin aussi régulièrement, y compris jusque dans cette raide falaise avec pas d'escalade ! Pas trop de regrets ce jour-là de ne pas être allé jusqu'à la face W du Tafonatu, car je pensais alors y revenir quelques jours plus tard...
En outre, j'avais pu répondre à deux autres de mes questions : la troisième avec ce ravin de Tana di l'Orsu qui se termine dans ce magnifique cirque rocheux encadré de parois impressionnantes de toute part et escaladé sur sa partie N par la trace cairnée et la quatrième en étant parvenu moins de 100 m sous la vire de Scaffone. Il y a certainement d'autres voies pour grimper ce cirque terminal de Tana di l'Orsu, mais il faudrait perdre du temps à en chercher une plus simple alors que les cairns évitent de se poser des questions. Reste la dernière interrogation de Charles concernant le repaire de l'ours : je dois avouer que je n'ai eu ni le temps, ni la volonté d'explorer les abords Nord de Tana di l'Orsu durant le périple décrit ci-dessus et que cette recherche hypothétique reste à mener.
Enfin, rappelons que ces hautes vallées du Fangu permettent les parcours les plus sauvages de Corse, dans un cadre minéral ahurissant (très peu de végétation au-dessus de 1300 m), avec de superbes ravins et canyons, des parois impressionnantes, des aiguilles délirantes, des éperons déchiquetés, des vires, des arches, des grottes, des couleurs mélangeant toutes les nuances ocre/mauve/rouge et des mouflons... Carte de la haute vallée du FanguLa trace de Tana di l'Orsu constitue le moyen le plus simple et le plus commode d'aller visiter ces lieux, car monter directement dans le lit des torrents (dont le Fangu) est beaucoup plus long et épuisant. Emoticones La carte ci-contre vous donne le détail du parcours réalisé en juillet dernier, y compris sa partie en RG du Fangu.

Regardez quelques photos de ces lieux dans la Galerie Le Filosorma et l'ensemble complet des photos de ce magnifique itinéraire haut de gamme sur flickr en Tana di l'Orsu.