Coucou Laurent et amis de la Corse,

Je me décide à vous faire partager notre dernière aventure Corse avant que ce ne soit trop réchauffé.

Donc voici un petit résumé des péripéties les plus intéressantes.

Le Pascal Paoli de la SNCMJour 0 :

Traversée sur le Pascal PAOLI de Marseille à Bastia. C'est un enchantement de quitter Marseille par une soirée d'été, avec une lumière magnifique sur les forts et les églises qui encadrent le port. Bon là, de plus, j'étais privilégiée car je partais avec Danièle et Gérard, un couple d'amis, Gérard étant retraité de fraîche date de son « job » de commandant à la SNCM. Nous avons donc bu le champagne dans la cahute du commandant : les vacances commençaient bien.

Vizzavona et sa célèbre gareJour 1 :

Magnifique arrivée à Bastia dans son écrin de collines, puis départ en voiture pour Vizzavona où nous devons retrouver Dominique, l'amie parisienne. Arrêt à St Florent, avec ses belles maisons anciennes carrément bâties au ras d'une mer turquoise et ses petites cours tranquilles (hors saison). Ensuite, Corte qui escalade fièrement sa colline, puis la Restunica. La Restunica n'est ni une route, ni une vallée, ni une rivière. C'est un léger ruban magique fait d'eaux transparentes et de pins odorants qui relieCitadelle de Corti Corte et ses lauriers-roses au pied de la montagne où sont cachés les lacs. On part de l'été ensoleillé de Corte, on suit ce torrent merveilleux qui recèle à chaque virage des vasques entourées de fleurs où la baignade (fraîche !) est un cadeau du ciel, et on se retrouve sans savoir comment dans les rochers blancs et altiers du bout de la route où la buvette ressemble déjà à un refuge de montagne. On a changé de pays en moins d'une heure.
Arrivée à Tattone « Chez Pierrot » (le Che et sa Monique, Brassens ne fait plus partie de la bande). Nous allons chercher Dominique à « la gare de Tattone » : une maison posée devant les rails, un banc tout seul en face, et autour la forêt. Soirée chez Pierrot animée par Pierrot, le sanglier en daube (ça continue de bien commencer) et des grventistes- « deux étapes en une ».

Le gîte de CapanelleJour 2 :

On y va, c'est-à-dire à E Capanelle. Pas de difficulté sur cette étape de découverte des belles bergeries corses sur laquelle on suit le GR20 tout du long ; évidemment la grimpette finale est un peu durement ressentie en fin de parcours. On a quand même des vrais sacs pour une semaine sur le dos. On a allégé en ne prenant pas de duvet, ce qui est possible puisqu'on ne dormira pas en refuge mais dans des endroits où on nous fournira des couvertures, et on a seulement en ravitaillement le sandwich et le fruit pour le midi qu'on se procure au gîte. Accueil au gîte très, très sympa. Ils font le plein, la salle à manger est très animée.

Lac de Niellucciu depuis le sommet du RenusuJour 3 :

Mes trois compagnons font l'étape normale du GR20 jusqu'au Col de Verde, je fais l'étape par le lac et le sommet du Renusu avec 2 chamoniards rencontrés dans la soirée. Il faut dire que j'avais dragué un maximum pour trouver une occasion, car j'avais bien vu sur la carte que le parcours par beau temps là-haut devait être génial, et Laurent, tu me l'avais confirmé, je n''ai pas été déçue ,;! Journée magnifique de montagne, passages un peu escarpés qui rendent le chemin vraiment sympa, avec des vues superbes tout le temps, inexplicable sentiment que la Corse est une gigantesque suite de chaînes de montagnes.

La crête du Renosu avec le sommet

La descente dans les genévriers (balisage aléatoire) vers les bergeries de Pozzi est longue, mais quelle récompense en bas : les pozzines sont magnifiques, transparentes et pleines de truites. On ne se lasse pas de regarder les bestioles tournoyer et filer à toute allure dans le courant : on a du mal à redécoller de la sieste

I Pozzi sous le Renusu

La suite de la descente vers le col de Verde n'est marquée que par des cairns et en forêt. Sans mes compagnons aguerris au repérage, je ne sais pas trop comment je me serais débrouillée (et surtout en combien de temps).
La terrasse du Col de Verde vaut quasiment le voyage, la salle à manger est belle et on mange tout simplement de délicieuses grillades préparées sur le barbecue de l'entrée. Là encore, on rencontre des grventistes-qui-font-deux-ou-trois -étapes-en-une. Leur théorie est que, sur le GR20, il y a les marcheurs et ceux qui sont en vacances. Ambiance.

Village de Cozzano - photo de Omer VerzwyvelJour 4 :

Les choses se corsent (oui, c'est facile). Pour moi, la plus belle étape de notre semaine (quoique voir le jour 6) mais, si on n'est pas un vrai montagnard, on a forcément du mal, la bonne volonté ne suffit pas : mettre les mains sur le rocher, savoir trouver son équilibre, avoir des articulations entraînées. Laurent, si tu te souviens, nous n'avions pas fait cette étape car il pleuvait et tu avais su nous convaincre de passer par en bas ce qui était très professionnel de ta part. Il y a un pierrier géant à passer qui est un grand moment, des montées dans les rochers, des descentes dans les rochers, etc Ah, la Pietra ! Ceci dit, mes compagnons sont passés partout en gardant le moral, sans qu'il soit nécessaire de les aider et en admirant tout le temps la beauté du parcours. On a juste mis le temps : 10 heures dont 3 heures de descente sur Cozzano. Une bonne Pietra au gîte de Cozzano et les retrouvailles avec une bande de marcheurs sympas rencontrés la veille ont effacé les souvenirs les moins agréables.

Gîte de Basseta chez Toussaint et AgnèsJour 5 :

Tout le monde te remercie, Laurent, d'avoir proposé une variante par le Tignosellu plutôt que de remonter sur les crêtes. Tu m'avais dit, car je ne te l'avais pas demandé au départ, "tu sais, après une étape de crêtes, on peut avoir envie d'autre chose, et puis tout dépend de la forme de chacun, du temps qu'il fera". Notre petit groupe aurait souffert à coup sûr d'une deuxième journée de difficultés. L'étape telle que tu nous l'a proposée est très jolie, passage d'abord campagnard avec profusion d'églantines et de très beaux cairns artistiques au-dessus des bergeries de Pinettu, puis montée sympa vers le Tignosellu (le marquage est bien, mais c'est bien d'avoir aussi une carte pour un repérage plus intéressant ), et, cerise sur le gâteau, magnifique baignade dans le ruisseau avec effets de jacuzzi délicieux, vasques profondes où on peut nager jusqu'à une belle cascade, rochers lisses et chauds pour la sieste

Ruisseau du Cuscione : le Partusu

Soirée chez Toussaint et Agnès à Basseta, le top du top. Toussaint et Gérard ont découvert qu'ils avaient navigué ensemble, arrosage obligatoire d'une telle nouvelle à la myrte, je devrais dire AUX myrteS.

Le village de Serra di Scopamena - photo de Jérome RATTATJour 6 :

L'aventure : que ce fut sympa ! Le GR20 s'arrêtait là pour nous puisque la nuitée suivante c'est Asinao, réservation pas possible car refuge Parc, nous n'avons pas de tente et nous marchons à un rythme moyen, donc trouver autre chose. Le centre de ski de fond désaffecté (sauf par les vaches !) du Cuscione La carte montre la possibilité (entre autres) de rejoindre le Mare a Mare sud à Serra di Scopamena par la station de ski depuis un beau (beau sur la carte, voir la suite) chemin qui longe le ruisseau de Codi. Entre 20 et 25 km, et seulement de la descente douce. Laurent, tu m'avais confirmé que ça semblait sans problème.
Au départ de Bassetta, on rejoint la chapelle San Pietru, puis large piste (ennuyeuse, il doit y avoir des petits chemins plus sympas) jusqu'à un grand croisement où, d'une part, on rejoint le GR20, et, d'autre part, à droite, on prend la direction sud. Ce chemin est un petit filament noir sur la carte : en fait, c'est maintenant une piste sans problème.

Le Castellu d'Ornucciu et le plateau du Cuscione

Belles vues sur des bergeries et le paysage devient de plus en plus ouvert, puisqu'on descend très doucement et qu'on aborde les espaces du Cuscione. A un moment, on a pris, pour couper un grand virage en montée, un petit sentier très bien cairné, très joli, sur lequel nous avons traversé le Cuscione.

Chevaux près du Castellu d'Ornucciu Chevaux sur les pozzines du Cuscione

Bergeries de Chiralbella Cochons sur les pozzines du Cuscione

Magique, nous avons adoré ces grands espaces verdoyants, les chevaux sauvages, et quel calme, un petit air léger et parfumé, le bonheur ; nous avons vu de loin un berger qui nous a crié qu'il allait pêcher et nous a souhaité bonne route, et personne d'autre : rien à voir avec la fréquentation du GR20 et on a vraiment apprécié. Jusqu'au site lunaire de la station de ski.

La station de ski de fond désaffectée du Cuscione

C'est là qu'on a eu des difficultés, car on eu un mal fou à trouver le départ du sentier du Codi : on est trop descendu sur la route, le marquage jaune est vraiment effacé et la première balise ne se voit pas de la route, il a fallu aller « au pif » pour finalement apercevoir un bout de sentier plus bas, on a trouvé quelques cairns et de la peinture effacée. Plus bas, le sentier est envahi par les fougères géantes, piétiné par les cochons, bref, c'est vraiment de la recherche d'itinéraire. Nous ne nous sommes cependant jamais perdus, ce dont nous sommes très, très fiers. Là encore, c'est un très bel itinéraire, très sauvage, avec le Codi en contrebas dont on devine simplement la marque, on est au début presque dans des gorges, c'est un parcours vraiment attachant, beaucoup de fleurs en cette saison.
Vieilles maisons de village de l'Alta Rocca Arriver dans un petit village après cinq jours de grands espaces nous a beaucoup plu. Au gîte, nous avons raconté notre étape et ON nous a dit texto que « nous n'aurions jamais dû être là », que, quand on était sur le GR20, « il fallait y rester et finir à Bavella », que ça n'était pas du tout une bonne chose de passer d'un circuit à un autre et que c'était donc tout à fait normal que le sentier du Codi ne soit pas en état. Evidemment, ON N'EST PAS DU TOUT D'ACCORD.
Le problème de l'entretien des sentiers est un fait connu et objectif.
De là à dire que les randonneurs doivent s'en tenir aux circuits répertoriés, il y a là quasiment une incongruité par rapport à l'esprit de la randonnée qui ne s'entend pas sans une parcelle d'aventure ; nous marchons depuis longtemps sur tous les sentiers, y compris les GR, y compris avec accompagnateur, et nous bénissons à chaque pas les bénévoles et toutes les entités qui rendent possible l'existence de ces chemins et de ces circuits ; mais qui n'a pas un jour pris un petit filament noir sur la carte (après avoir pris tous les renseignements et précautions nécessaires) ne sait pas encore comme c'est palpitant de devenir un peu plus maître de son chemin, car on se l'approprie mille fois plus si on doit le chercher davantage.
Ensuite, quelle idée de vouloir isoler les circuits les uns des autres ? Nous avons adoré le mix que nous nous étions fabriqué, soit 4 jours en montagne et deux jours dans les villages, avec une étape de liaison qui est vraiment apparue en tant que telle : une longue vallée descendant de la montagne vers la forêt ; quoi de plus naturel ? Je n'ai pas trouvé de documentation sur le ruisseau du Codi, mais on dirait bien que ce sentier est ancien et qu'il permettait aux gens de la montagne de descendre facilement vers les villages du bas.

Voilà ! ceci dit, au gîte de Serra, on a très, très bien mangé.

Santa Lucia di Tallà (Sainte-Lucie de Tallano)Jour 7 :

De Serra à Sainte Lucie de Tallano, jolie étape, pas si tranquille que ça avec le petit col après une belle montée, et surtout, évidemment, là, il faisait chaud.
Sainte Lucie est une étape à recommander. Le gîte est magnifique, une de ces bâtisses corses en granit clair, très simple,Le gîte de Santa Lucia di Tallà (Sainte-Lucie de Tallano) très harmonieuse ; la salle à manger est gigantesque et l'espace y est très, très bien exploité : lieux de repos, exposition de photos, belles tablées pour les repas. Et, cerise sur le gâteau, c'est véritablement une étape gastronomique avec des recettes corses aussi belles à voir que délicieuses à déguster.

Notre périple était terminé. Nous ne pensons qu'à une chose : retourner marcher en Corse !