Ascension du CornuDellu depuis Ascu
Par PhE le mercredi 28 juin 2017, 18:29 - Ravinisme - Lien permanent
Deuxième course de la saison avec Olivier en reprenant une des cibles que nous n'avions pu atteindre en 2016 : le CornuDellu(CornoDello ? CornoDellu ?) sur l'arête Nord - Sud qui descend du Capu a u Dente en versant RD du vallon de la Pinara. L'idée de cette arête nous avait été suggérée par le parcours de Bigfoot (David Abadie) durant son raid de mai 2014 où il nous avait gratifié d'une "errance" dangereuse dont il a le secret dans le versant Ouest sous le CornuDellu. Ce sommet, bifide vu d'Ascu mais en fait trifide avec un troisième sommet caché derrière les deux premiers, est très esthétique vu de la vallée et, de ce fait, propose une cible de randonnée sportive de premier plan avec ses 1670m, soit plus de 1100m de dénivelé depuis l'Ascu.
Nous l'avions aussi en tête comme possibilité de retour (ou de montée) depuis Vetta di Muru pour boucler les deux arêtes avec celle du Traunatu que nous avons explorée en septembre 2014.
Pour suivre notre parcours de cette journée du 18 juin 2017, consulter la trace sur la carte à gauche de cette page avec le parcours de montée depuis le pont génois jusqu'au sommet et le retour avec une variante évitant le Pianu di Barculinu.
Le rendez-vous avec Olivier est à 07h30 à la gare de Corte où nous prenons sa voiture pour une route commune jusqu'au pont génois d'Ascu. Déjà quelques voitures au pont à 08h20 avec des Allemands manoeuvrant leur véhicule.
Départ effectif à 08h25 en parcourant un bout du "Sentier l'Île-Rousse - Corte", le temps de trouver sur la gauche la première branche des traces qui montent au Pianu di Barculinu. La montée jusqu'au "pianu" est assez raide mais ne pose pas de problème particulier. Les traces, avec parfois des soutènements vestiges d'anciens chemins, sont assez chaotiques, multiples et souvent interrompues mais permettent de franchir aisément un maquis relativement malaisé. Tout au long de l'ascension, belles vues sur l'amont et l'aval de l'Ascu, la haute vallée de la Pinara et la crête Nord du CornuDellu. Nous arrivons au "pianu" et son antenne à 09h30.
La montée au Pianu di Barculinu
Nous prenons le chemin de la crête vers le Nord en rencontrant immédiatement une "aghja" (aire de battage - "arghja" dans le Sud), indice de l'ancienne activité de ce secteur, et parcourons une longue partie plutôt plane et dénuée d'obstacle jusqu'aux premiers obstacles rocheux aux alentours des pointes 1201 et 1218. Ces deux pointes sont contournées facilement par la droite (Ouest) vers 10h00 au plus près de la crête, à tel point que nous pouvons jeter un instant un coup d'oeil au ravin du Logoniellu à notre gauche (Est). Ensuite, ce sont des ressauts plus corsés à l'approche de l'aiguille 1474 bien plus au Sud. La crête est alors beaucoup plus étroite et chaotique et les rochers doivent être évités par des banquettes obliques ou des vires malcommodes, toujours par la droite au début. Vers 11h, nous entamons une partie délicate constituée d'un cheminement assez compliqué à découvrir, constitué de vires, de couloirs à monter et à descendre et de franchissement de brêches. L'une d'entre elle nous ramène de nouveau sur la crête en vue du Logoniellu. Une centaine de mètres au Nord de la pointe 1474, le cheminement emprunte un couloir étroit de descente, toujours sur le versant Ouest, que nous hésitons quelque peu à prendre. Une petite exploration à gauche vers la crête montre que c'est encore pire. Nous le prenons donc et découvrons avec surprise de magnifiques aménagements de marches dallées et d'aides à la descente indiquant bien que ce couloir a été autrefois assidument fréquenté. Ensuite, c'est une raide remontée à gauche pour retrouver la crête et contourner la pointe 1474 par la gauche en versant Logoniellu. Le contournement terminé vers 11h25, la suite vers la pointe 1529 est à peine plus facile, en ligne de niveau mais avec un cheminement toujours assez complexe. Vers 11h50, nous laissons les sacs sous cette pointe avant la montée finale au sommet.
La crête Nord jusqu'à la pointe 1529
Contrairement à Bigfoot (David Abadie) qui était parti par une trace légèrement descendante en contournant la pointe 1529 par la gauche, nous montons tout droit au Nord, contournons la pointe 1529 par la droite et remontons le grand couloir herbeux - pierreux sous la face du sommet Nord de CornuDellu. Un petit couloir herbeux monte à droite qu'Olivier m'engage à éviter car il faut traverser à gauche sous les rochers pour aller trouver le pied du couloir central entre les deux sommets principaux. La remontée de ce couloir ne nous pose aucun problème et nous sommes à la brèche centrale à 12h20.
A gauche, dans la foulée de cette brèche, une vire herbeuse, une descente et un petit couloir herbeux permettent d'accéder facilement au 3ème sommet, celui que l'on ne voit qu'à la fin. De ce sommet, on voit très bien les deux sommets principaux couronnés de cairns construits par nos prédécesseurs. Nous redescendons pour faire le 2ème sommet (le plus Sud), facilement accessible depuis la vire herbeuse par une rampe rocheuse pas très raide. Nous nous évitons de faire le 1er sommet, pourtant lui aussi facilement accessible depuis la brèche, car il ne peut guère nous apporter plus que les deux précédents, dotés eux-mêmes de belles vues panoramique sur tout le secteur...
Montée aux sommets du CornuDellu
La descente s'amorce vers 12h45 et nous sommes de retour aux sacs 20mn plus tard. Nous continuons la descente, pas très facile pour mes genoux, jusqu'aux difficultés des environs de la pointe 1474 où nous profitons d'une plate-forme ombragée pour faire une pause et déjeuner vers 13h30...
Redémarrage 30mn plus tard pour la suite de la descente. Longue, très longue... pas facile de se retrouver dans le dédale des couloirs et vires, même en ayant parcouru l'itinéraire à l'aller : d'ailleurs, nous sommes quasiment sûrs que, le plus souvent, nous ne passons pas aux mêmes endroits. Après les obstacles de la crête, nous faisons une nouvelle pause (-boisson) d'une dizaine de minutes). Olivier a envie d'une variante par rapport à l'aller et propose de shunter le Pianu di Barculinu en descendant directement à gauche depuis la pointe 1142. Nous visons de loin une zone claire à peu près dégagée de maquis, mais cela s'avére un mirage. Déjà, rejoindre cette zone n'est pas très simple à cause du maquis plus désagréable qu'il ne paraissait de loin, mais, de plus, la zone claire est en fait très courte et adossée derrière à du maquis épineux et bien dense avec de la pente. Nous essayons de contourner ce maquis en oblique par la droite (Nord) mais nous sommes repoussés d'abord en ligne quasi de niveau puis de plus en plus vers le Nord. A un moment, cela s'améliore, et pour cause car nous sommes revenus sur la trace de montée dont nous reconnaissons certaines séquences.
La fin de la descente est interminable à cause de la fatigue mais, surtout, de la chaleur qui a épuisé nos gourdes. Mes genoux n'apprécient pas trop non plus la déclivité et je suis bien content de rejoindre le chemin de la Pinara (un peu plus haut qu'à l'aller ?). Olivier est déjà dans le ruisseau en contrebas en train de se rafraîchir... Je préfère personnellement revenir directement au pont génois pour reprendre de l'eau. Las, il y a tellement de monde que j'évite d'aller vers les vasques occupées en aval et en amont du pont. J'attends Olivier au parking en buvant les quelques gouttes de liquide qui me restent : 2 litres et demi emportés ce matin... Il est un peu plus de 17h00, nous sommes sur le terrain depuis plus de 8 heures, avec en gros 4h de montée, 25mn dans la brèche et les sommets, 40mn de pauses déjeuner et boisson et 3h de descente.
Descente du CornuDellu
Commentaires : Encore un itinéraire complètement inconnu des guides de randonnées corses sauf, bien sûr, celui de Michel Fabrikant ! Pourtant la cible est bien visible depuis Ascu et l'objectif est attrayant. Mais cela n'a pas eu l'air d'attirer les randonneurs locaux ou étrangers... Pourtant, comme pour l'arête Nord du Traunatu, cette crête Nord du CornuDellu a visiblement abrité des activités de culture et d'élevage jusqu'à des altitudes élevées (environ 1500m) et peut-être servi de montée à la crête Bocca Meria - Bocca di Serra Piana aux environs du Capu a u Dente. Inversement, il paraît assez mal adapté à une montée à Vetta di Muru avec un sacré détour par Calancha alla Lama et les Strette (bergerie) : l'autre arête (celle du Traunatu) semble mieux convenir même si le parcours final semble difficile à imaginer ! . Ce parcours, lui aussi, n'est pas de tout repos et propose un cheminement un peu compliqué le long de cette arête, particulièrement aux environs de la pointe 1474. Il faut être assez attentif afin de ne pas perdre de temps dans les méandres des divers contournements rocheux. Par opposition, la montée finale par le couloir central et les ascensions des trois sommets semblent tout à fait aisés et l'on est récompensé par la vue qui y est proposée. Nous n'avons pas testé la suite de la remontée de l'arête au-delà par Calancha alla Lama, mais il semble bien subsister encore quelques difficultés et la remontée depuis le pont génois jusqu'à la crête finale demande de 6 à 7h. En synthèse, un beau parcours de 8h aller - retour environ, demandant une bonne condition physique et une aptitude à trouver le bon cheminement dans un environnement chaotique et compliqué et offrant toutes les caractéristiques des parcours hors sentiers de "Corse sauvage".
Rappel de la trace de notre parcours du 18 juin 2017 sur la carte à gauche de cette page.
Diaporama "Le CornuDellu depuis Ascu"
Cliquer sur la photo ci-dessus pour visualiser le diaporama
Le CornuDellu depuis Ascu
Le 18 juin 2017
Commentaires
Salut @François :
Oui, les genoux tiennent bien sauf à la descente évidemment, mais plus de gonflements comme l'année dernière.
Ces deux arêtes (Traunatu et CornuDellu) sont très intéressantes toutes les deux et montrent qu'elles ont toutes deux abrité d'anciennes activités. Le Traunatu semble quand même plus indiqué comme voie d'accès la plus directe à Vetta di Muru depuis Ascu que l'autre, même si Bigfoot a montré que c'était faisable par le CornuDellu en obliquant vers les Strette (bergerie) après Calancha alla Lama...
Eh bien, les genoux vont mieux!
Belle balade, beaux paysages, beaux genévriers... Vue de loin, l'arête du Traunatu ne semble quand même pas très hospitalière, comme chemin d'accès à Vetta di Muro.
@olivier hespel :
Oui, j'avais oublié qu'il y avait autant de monde en saison dans ces vasques sous le point génois !! LOL
Outre que je suis allé me rafraîchir, j'ai piqué une tête directe dans de belles vasques de la Pinara, avec cette chaleur accablante. Puis là, point de badauds ! :-)