Encore un réveil matinal, pas très habituel pour ma pomme, vers 5h du matin en ce Dimanche 28 septembre 2014 pour pouvoir être à l'heure au rendez-vous fixé avec Olivier à 8h à Ponte-Leccia ! Il fait encore nuit quand je démarre de chez moi et ce n'est que sur la route plus tard, au lever du soleil, que je me rends compte que la journée va être conforme aux prévisions météo, pour une fois cette saison, avec un grand soleil radieux sans nuage. Je suis parti tellement tôt que j'arrive très avant l'heure du rendez-vous, vers 7h30, et que nous prenons tout le temps devant un café avant de repartir rejoindre en voiture la vallée d'Ascu et nous garer sur la D147 au-desus de la passerelle en ruines du Logoniellu (en fait au-dessus de l'Ascu, mais juste en aval de la confluence).

Départ depuis la route vers 08h30 avec comme premier obstacle cette improbable passerelle branlante du Logoniellu que j'aurais personnellement hésité à franchir si Olivier, qui la connaissait déjà, ne l'avait traversée devant moi ! La suite est assez étonnante vue depuis la petite bergerie qui suit. L'itinéraire devrait nous emmener vers la crête en RD du Logoniellu (à gauche donc) avec toute une série d'obstacles paraissant peu évidents : même face au soleil, on aperçoit la pointe rocheuse IGN 673m, l'arête NW-S traversant Cima di u Finellu, la suite avec l'arête N du Traunatu (Dent d'Ascu) qui culmine à plus de 2000m et, à sa droite (W) et tout un ensemble complexe de couloirs raides, d'éperons rocheux et d'arêtes secondaires complexes caractérisant ce massif rocheux Traunatu - Cima a i Mori. A côté de cela, le ravin du Logoniellu apparaît plus accessible, au moins en son début...

Première partie de la montée : le contournement par la droite (W) de la pointe IGN 673m. Au départ, une montée très raide en terre semée de petits éboulis avec heureusement un maquis suffisamment clairsemé (avec pas mal de genêts épineux), fort éloigné des maquis habituels fort denses, pour permettre une progression sans sentier. Après cette montée, Olivier entreprend une traversée en ligne de niveau au ras du pied des rochers de la pointe, puis une nouvelle petite montée pour rejoindre une sorte de replat-clairière sur la crête entre les deux pointes 673 et 877.

Nouvelle montée raide dans un maquis un peu plus fourni mais laissant toujours une solution de franchissement et nous atteignons le sommet rocheux de la pointe 877m, doté d'une vue panoramique intéressante. Il est 09h35...

La crête oblique ensuite vers la gauche (E) et nous emmène dans un couloir débonnaire montant sous le dôme rocheux 951m. De ce couloir, nous apercevons une vire commode montant de G à D en oblique dans la face W de ce dôme : Olivier l'estime immédiatement praticable, se dirige vers son extrémité inférieure et en démarre la traversée. Aucun problème sur la vire qui permet de rejoindre le versant W de l'arête NW de Cima di u Finellu et de remonter pour rejoindre sa crête.
Surprise ! Nous débouchons immédiatement sur une magnifique grotte-bergerie, bel oriu aménagé sur un replat rocheux de ce versant atteint à 10h vers 1000m d'altitude. Aménagement dallé à l'intérieur, mur extérieur complet, petit replat enclos de murets devant : un bel exemplaire du patrimoine traditionnel local et de ce que savaient faire les anciens...

A partir de ce point, je serais bien incapable de donner des détails, aussi bien à la montée qu'à la descente, sur l'itinéraire emprunté, proche de la crête dans le versant W de Cima di u Finellu : maquis plus fourni et plus piégeux, petites barres rocheuses, vue étriquée vers la suite de l'itinéraire ne le rendent pas très attrayant et empêchent de se remémorer les détails. Pendant un passage sur la crête, nous avons l'occasion de jeter un oeil au sauvage ravin de Talca qui descend plein Nord rejoindre l'Ascu. En approchant la pointe, il faut pratiquer quelques pas d'escalade pour atteindre le sommet (1155m) vers 10h30 en évitant au maximum les impasses maquisées environnantes que nous ne saurons pas contourner aussi bien plus tard à la descente ! De ce sommet, un beau couloir Nord juste en face de nous semble praticable et pourrait correspondre à la suite de l'ascension...
La suite de la crête est un peu plus aisée avec une pente moins raide et un maquis moins fourni et nous arrivons rapidement à des constructions de pierres élaborées que nous prenons d'abord pour des casgiles mais qui sont plutôt des cabanes en pierres sèches avec des toits soutenus par des poutres de genèvriers (Olivier m'indique que ce sont des constructions typiques du secteur mais ne peut donner leur nom !). Il est 10h53 et nous sommes à 1240m...

Ici, il est évident que le couloir que nous avions envisagé n'était pas le bon, car, d'une part il faudrait redescendre pour aller l'escalader et, d'autre part la crête sur laquelle nous cheminons aboutit à gauche (E) de la branche Est d'un autre couloir encore plus accueillant et incontestablement dans l'itinéraire tel qu'envisagé par Olivier. Après avoir encore gagné une cinquantaine de mètres en altitude, nous quittons la crête vers la droite pour gagner le bas du couloir entravé par une végétation bien dense. Nous arrivons à traverser, tant bien que mal à l'aide du pinatu, le premier rempart de cette végétation buissonnante pour arriver sur une zone de beaux éboulis bien formés dans une partie de couloir pas trop raide. Puis, c'est un deuxième rempart de végétation dans lequel je prends de mauvaises décisions et perd un temps fou à creuser une tranchée certainement évitable par la gauche le long des rochers (?). C'est le revers de la médaille de la pratique de la restauration des chemins : on en vient à ne plus examiner en détail les possibilités de progression et on démaquise sans réfléchir !

Après cet épisode de jardinage, nous entrons dans le vif du couloir proprement dit, avec une perspective jusqu'à son sommet. Beaucoup d'éboulis vers le bas, de moins en moins vers le haut avec de plus en plus de pelouses d'herbes desséchées et une raideur qui s'accentue au fur et à mesure de la montée. A tel point que, alors que je n'avais eu aucun problème jusque là, je commence à souffler de plus en plus, au point, vers la fin, de devoir faire une pause tous les 15m de dénivelé, ce qui m'arrive rarement. Seule consolation, Olivier éprouve à peu de choses près les mêmes difficultés que moi et monte au même rythme. Et ce n'est pas la chaleur qui est en cause, car, s'il fait un temps incroyablement beau et dénué de toute brume, la température à cette altitude doit être en-dessous de 20°C avec une petite brise de montagne.

Nous montons tout de même suffisamment rapidement pour atteindre la crête terminale du couloir vers 1620m à 12h05, soit tout de même plus de 1200m de dénivelé en 3h30 depuis le début : le couloir lui-même, avec ses 400m de dénivelé et les travaux de jardinage, a été gravi en une heure. De l'autre côté de la crête, un ravin particulièrement impressionnant, affluent RD du ravin de Valle Largi Tassu qui m'avait paru être aussi une possibilité d'accès à Vetta di Muru (à tenter !). La suite de l'itinéraire imaginé par Olivier emmène plein Sud à partir de la crête où nous sommes : vue d'ici, c'est une redoutable traversée en ligne de niveau dans les pentes ultra-raides du ravin précédent pour rejoindre une échancrure dans l'arête suivante. Ce sera pour une autre fois, au cours d'un raid qui s'annonce plutôt coton côté orientation et recherche de passages !
Nous voyons encore mieux cette suite de parcours en nous déplaçant vers l'Est le long de la crête où nous sommes et en rejoignant un col commode doté d'une belle plate-forme rocheuse et herbeuse sur laquelle nous nous installons pour déjeuner (en conservant une polaire : il ne fait pas très chaud !)...

Après une bonne pause-déjeuner, nous repartons vers 13h visiter le col bien visible, à peine plus haut que nous, dans l'arête Nord du Traunatu sous une pointe indiquée 1711m sur la carte IGN, en espérant avoir une vue sur les aiguilles de l'autre côté. Nous y sommes 5mn plus tard et ne sommes pas déçus : c'est bien un col dont l'autre versant descend dans la branche W du ravin à l'W de Cima Laggiaru. Une belle vue sur un nouvel ensemble de belles aiguilles spectaculaires dans cette autre zone du massif !

C'est l'heure de redescendre ! Comme je le pressentais durant la montée, cette descente est une véritable galère pour ma pomme... Le couloir est d'une traîtrise assurée entre, d'un côté, des pentes d'herbes masquant des cailloux qui vous font basculer et, de l'autre, des chaos d'éboulis où rien n'est stable. Finalement, c'est la partie avec la végétation en bas du couloir qui semble la plus facile maintenant !

Le début de la descente de la crête avec les habitations que nous avions prises pour des casgiles semble elle aussi facile avec beaucoup d'espace pour progresser, mais, arrivés aux environs du sommet de Cima di u Finellu, c'est une autre épreuve qui nous attend : difficile de retrouver la trace suivie à la montée et nous essayons d'éviter le maquis bien fourni autour du sommet en descendant dans le versant W. Pas trop de problèmes d'orientation puisque la crête nous guide et qu'il faut simplement retrouver la vire oblique utilisée à l'aller : nous zigzaguons au mieux pour éviter ressauts rocheux et taillis épars de part et d'autre de l'arête. Derrière nous, belle vue sur la crête descendue, l'arête Nord du Traunatu et le couloir qui la longe...

Après la descente de la vire et le franchissement inverse de la pointe 877, les genoux commencent sérieusement à se rappeler à moi et je me fais larguer par Olivier dans la désagréable pente de retour vers le col au Sud de la pointe 673m où il m'attend tranquillement. Dernière partie avec le contournement de la pointe et descente vers le Logoniellu où nous nous pressons d'arriver pour nous désaltérer car la soif commence à se faire sentir et nos gourdes sont quasi vides. Au hasard de cette descente, nous croisons sur la crête, au-dessus de la passerelle, des restes d'un téléphérique descendant vers la rivière de l'Ascu en direction Est. Encore une friche industrielle mystérieuse... pour nous en tous cas ! Retour à la passerelle ruinée sur l'Ascu à 16h15 après 3 bonnes heures de descente plutôt casse-pattes en ce qui me concerne...

Conclusion : finalement, une reconnaissance qui s'est avérée constituer un itinéraire en tant que tel, doté de beaucoup d'intérêt avec une approche originale de ce massif de Popolasca depuis Ascu. Beaucoup de paysages variés proposés par ce parcours 100% hors sentiers : le ravin du Logoniellu avec vue sur sa crête en RG, la Cima di u Finellu et sa longue crête utilisée pour remonter, l'arête Nord du Traunatu longée par le couloir et son col avec vue sur les environs de Cima Laggiaru... Quand, en plus, on a la chance de tomber sur une journée météorologiquement idéale, c'est un beau moment !

Ci-contre, à gauche de la page, rappel de la carte IGN avec, en rouge, le tracé de l'itinéraire parcouru jusqu'au col sous la pointe Traunatu 1711m et, en pointillés roses, la partie non réalisée permettant peut-être de rejoindre Vetta di Muru.

Voir les photos du parcours dans le diaporama ci-dessous :

Diaporama "Le col de la pointe Traunatu 1711m en Popolasca"