Punta Malanda et ravins alentours
Par PhE le lundi 19 juin 2017, 18:21 - Ravinisme - Lien permanent
Un retour pour moi à une randonnée sportive déjà maintes fois réalisée mais toujours appréciée car c'est une des plus belles de l'île et du massif de Bavedda : Punta Malanda (di Malanda sur la carte IGN). Olivier ne l'avait jamais faite et l'avait ratée en 2016 pour cause de panne de voiture en venant d'Ajaccio ; aussi me proposa-t-il cette course pour démarrer la saison 2017 ensemble !
Je dois ne pas être loin de ma dixième ascension de ce magnifique sommet panoramique avec les dernières montées en 2005, 2008, 2009 et 2011, mais il est difficile de se lasser d'y monter surtout qu'avec Olivier diverses explorations aventureuses sont toujours à prévoir...
Pour suivre notre périple de cette journée du 4 juin 2017, consulter la trace sur la carte à gauche de cette page avec le parcours de montée directe à la pointe à l'aller et, au retour, la redescente de la pointe et l'exploration de deux cols situés au-dessus de Bocca Malandata dans les diverses branches du ravin principal avant de revenir à Bocca di Laronu.
Le rendez-vous était prévu à 08h30 à Bocca di Laronu, mais quelques minutes après cette heure, toujours pas d'Olivier en vue. Je m'apprête à reprendre la voiture pour aller jusqu'au virage du départ du sentier lorsque je le vois arriver de cette direction : comme je l'avais pressenti, il m'avait attendu au virage...
Départ sur le chemin de la Purcaraccia vers 08h50. Une seule voiture au départ, aucun groupe de canyoneurs, ... un miracle en ce début juin ! Nous faisons toute la montée des cascades sans voir quiconque et accompagnés d'une météo sympathique, au départ sans un nuage. Les vasques sont évitées par la droite (RG) en suivant l'ancien chemin de débardage jusqu'au "col aux pins" qui surplombe les vasques et oblige à un arrêt photo traditionnel.
Les photos habituelles de la Purcaraccia
Après le "col aux pins", le chemin de débardage disparaît et fait place à une trace qui revient doucement vers le ruisseau. Pas très facile à suivre, la sente est compliquée par de nombreuses échappatoires de descente et, cela ne rate pas, je prends une trace de descente trop tôt qui nous oblige à revenir sur nos pas plus bas pour cause de dalles raides peu adhérentes que nous n'arrivons pas à surmonter. Dix minutes de perdues avant de retrouver la trace qui aboutit au départ du canyoning, peu avant le coude à gauche de la Purcaraccia.
Ensuite, nous retrouvons la trace cairnée, plus ou moins bien marquée, qui aide à la remontée de la suite du ravin. D'abord en RG, dans une partie bien ronceuse, ensuite en RD sous un couvert végétal bien dense, nous passons sous la face Nord spectaculaire et austère (à l'ombre jusqu'à 15/16h en été !) de Punta Malanda et arrivons au ravin qui borde la partie W de cette face vers 10h05. Pause boisson et remplissage des gourdes (plus d'eau ensuite)...
La 2ème partie de la Purcaraccia
La remontée du ravin se fait au mieux, au départ plutôt en rive gauche, moins végétale, puis ensuite en revenant dans l'axe du couloir, encadré à gauche par la face N de Punta Malanda, à droite par la face E de Punta Sentinedda où nous voyons et entendons deux grimpeurs en action. Je le trouve plutôt bien plus maquisé qu'à mes derniers passages et il faut un peu d'attention pour deviner l'embranchement à gauche qui conduit à Bocca Malandata : en continuant tout droit, on débouche à un autre col plus haut que nous explorerons plus tard. A noter qu'aucun d'entre nous deux n'a aperçu le ravin principal (que l'on ne cherchait pas !) qui monte côté Punta Sentinedda et mène à un troisième col encore plus haut, vers 1200m, tout proche de la Punta Lunarda, que nous irons aussi explorer plus tard. Arrivée à Bocca Malandata vers 10h50 avec petite pause et photos...
Le ravin de Bocca Malandata
L'escalade de la pointe depuis Bocca Malandata est effectuée en un peu plus de 30mn et nous sommes au sommet à 11h30. Pas de problème dans la montée où Olivier préfère l'assurance de la corde alors que je l'ai vu grimper des trucs bien plus raides sans elle (Pointe Lejosne par exemple) : la fissure et les dalles de Punta Malanda offrent peu de prises de main et demandent un pied sûr et une habitude de l'adhérence en pente exposée... Une partie de la montée longe les abîmes de la face Nord où l'escalade est classée ABO ! Photos au sommet avec quelques zooms sur nos deux grimpeurs en face dans la voie "A Sintinedda", belle escalade ED de 300m.
Re-descente par le même chemin dans le même style pour nous retrouver à Bocca Malandata à 12h15...
Escalade de Punta Malanda
Trop tôt pour déjeuner et, comme prévu, Olivier est chaud pour aller explorer cols et ravins alentours. Nous commençons par chercher le col au sommet du ravin secondaire que nous avons quitté pour aller sur la gauche à Bocca Malandata. Nous réussissons à le rejoindre assez directement en empruntant l'arête vers le Sud au-dessus de Bocca Malandata. Ce col est en vue très proche de Punta Lunarda que l'on pourrait atteindre rapidement de là. Difficile d'aller plus haut car on attaque Punta di l'Arca qui exige sans doute pas mal d'escalade, aussi revenons-nous sur l'arête au-dessus de Bocca Malandata pour déjeuner avec des vues magnifiques sur la pointe escaladée.
Col au-dessus de Bocca Malandata
Après déjeuner, peu après 13h, suite de l'exploration des environs en cherchant à remonter le ravin principal que nous avons quitté (sans nous en apercevoir, d'ailleurs !) pour nous diriger vers Bocca Malandata. Pour cela, nous redescendons à Bocca Malandata et revenons sur nos pas par l'itinéraire remonté. Arrivés un peu au-dessus de l'embranchement du ravin principal, nous trouvons le moyen de traverser le maquis pour le rejoindre. Ensuite, c'est une raide grimpette bien éreintante sous les parois Est de Punta Sentinedda jusqu'au col, en croisant quelques pins ancestraux magnifiques durant son approche... Nous arrivons à 14h10 au col, à environ 1200m d'altitude et à proximité immédiate de la Punta Lunarda (1276m) qui nous domine à l'Est.
Avec encore du temps devant nous, nous décidons de continuer au-delà avec un parcours en ligne de niveau approximative dans la partie supérieure du ravin de la Lunarda nous emmenant en direction de Punta di A Muvra. Ce cheminement contournant aussi les contreforts rocheux au-dessus de Punta Sentinedda, nous imaginons que les deux grimpeurs que nous avons observés pourraient redescendre par là. Nous verrons plus tard qu'ils sont en fait redescendus en rappel dans la voie depuis le sommet, comme indiqué dans le topo. Au bout d'un quart d'heure de ce cheminement, nous faisons demi-tour pour rejoindre le col et entamons la descente complète du ravin jusqu'à la Purcaraccia sur plus de 360m de dénivelé. Au passage, à la confluence avec le ravin de Bocca Malandata, nous remarquons une sorte de marche de roche et de terre qui masque la suite du ravin principal et explique pourquoi, naturellement, on prend la branche la plus proche de Punta Malanda.
Le ravin principal côté Punta Sentinedda
Nouvelle pause-boisson dans la Purcaraccia avant de repartir pour la suite de la descente. Dés le départ, nous rencontrons nos deux grimpeurs finissant de descendre le ravin principal après leurs rappels et faisons le reste du retour avec eux par le même itinéraire qu'à la montée. Seulement deux "pataugeurs" dans les vasques, quelques autres rencontrés sur le chemin : un miracle à cette période ! La Purcaraccia silencieuse est à apprécier... Retour au parking avant 17h30.
Commentaires : La Punta Malanda fait partie des premiers itinéraires de randonnée sportive diffusés sur le massif de Bavedda et est l'un des plus intéressantes. C'est en 1989, dans le topo de l'époque de J.-P. Quilici, A.Lucchesi etB. Vaucher, Randonnées et ascensions dans le massif de Bavella (1er topo sur Bavedda), que j'avais découvert ce parcours que j'avais essayé immédiatement : j'avais la forme à l'époque puisque j'ai noté que j'avais atteint le sommet en 2h sans connaître le ravin du tout. A la montée, je n'avais même pas vu l'aqualand entre les deux cascades et ce n'est qu'à la descente que, pour me baigner, j'ai aperçu les vasques et y suis descendu. De 1989 à 1997, ce ravin et ces cascades sont restés très peu fréquentés avec un sentier qui n'était même pas démaquisé dans le virage sous Bocca di Laronu et ce n'est qu'à la fin des années 1990 et la mode du "patauging" qu'ils ont été envahis par les baigneurs (et les canyoneurs). La course peut tout de même se pratiquer en pleine période estivale puisque pratiquement personne, sauf quelques groupes de canyoning, ne monte au-dessus de la 2ème cascade et qu'il suffit d'emprunter le chemin de débardage loin des vasques à la montée - descente pour éviter la foule des baigneurs.
La face W de Punta Malanda paraît assez effrayante de loin en face mais s'escalade finalement assez facilement. Il est tout de même conseillé d'emporter la corde, même si vous êtes à l'aise en varappe, car vos partenaires ne le seront peut-être pas : le résultat de mon expérience personnelle (j'y ai emmené pas mal de monde !) est que 9 personnes sur 10 demandent la corde à la montée ou à la descente dans la fissure ou les dalles de sortie...
Ce sommet offre sans doute une des plus belles vues panoramiques sur cette partie du massif avec, en particulier, des vues exceptionnelles sur le ravin amont de la Purcaraccia, l'extraordinaire ravin de Nura et les plus célèbres aiguilles d'escalade du coin, U Corbu, A Muvra, Lunarda, Arca, Sentinedda, A Petra, ... On peut aussi coupler facilement cette course avec la visite de l'usine à bois 989m en parcourant les vestiges de l'ancien chemin de débardage dans la rive gauche du " ravin en V" qui suit le départ du couloir vers Bocca Malandata : j'ai testé ce couplage en 5h30 depuis Bocca di Laronu en juillet 2005 en solo sans connaissance de l'itinéraire. Le détour par Punta Malanda ne prend qu'un peu plus de 1h40 et permet une course à recommander aux pratiquants sportifs entraînés et aventureux.
Rappel de la trace de nos explorations du 4 juin 2017 sur la carte à gauche de cette page.
Diaporama "Punta Malanda et ravins alentours"
Cliquer sur la photo ci-dessus pour visualiser le diaporama
Punta Malanda et ravins alentours
Le 4 juin 2017
Commentaires
@Sabrina :
Il est sûr qu'une certaine habitude du maquis soit utile pour remonter la Purcaraccia et le ravin montant à Bocca Malandata... Et pourtant, il y a vraiment peu de maquis (comparé aux hors-pistes habituels en Corse) dans cette montée si l'on suit bien les instructions. La Purcaraccia est cairnée (assez bien) jusqu'au ravin, et, dans le ravin, la seule difficulté est de prendre toujours sur la gauche pour sortir du ravin principal et trouver le couloir final.
Si je comprends bien, vous êtes quand même arrivés dans les parois de la pointe, sinon je ne vois pas trop où vous auriez eu nécessité de sortir la corde sur des dalles ! :!:
Il ne faudra pas hésiter à y revenir pour terminer l'ascension... 8-)
Bonjour et merci pour votre super site,
La semaine dernière, nous avions décidé de tenter l'ascension de la Punta di Malanda. Nous avons eu du mal à trouver la route à travers le maquis car certains chemins amenaient à des culs de sac. Nous avons renoncé vue l'heure tardive après un passage sur des dalles où nous avons sorti la corde pour assurer. :-/
A bientôt,
Sab
@Philippe R. :
Merci de votre commentaire qui me semble effectivement pertinent et qui appelle des explications complémentaires :
Bonjour,
Merci de cette description, très attirante comme d'habitude. Après essai, je me permets d'ajouter qq précisions qui pourront être utiles aux pratiquants beaucoup moins aguerris que vous, dont je fais d'ailleurs partie.
L'accès au col de la Malanda ne présente pas de difficulté technique, ni même d'orientation si on a bien en tête la configuration des lieux (remontée du torrent, cairnée, puis ravin plein sud sur la gauche). Pour l'accès au sommet c'est autre chose. Il faut d'abord trouver et franchir quelques pas d'escalade peu exposés, pour accéder à une très grande dalle finale, assez lisse et franchement exposée. Je dois dire que j'ai renoncé à ce stade, ne voyant pas comment redescendre. Mon camarade est allé au sommet, et est redescendu tant bien que mal en sacrifiant toute ambition de style.
Nous n'avons pas vue de point d'ancrage pour mettre la corde. En résumé: réservé à mon avis aux randonneurs pouvant monter et descendre sans frémir des dalles peu commodes avec chute interdite. Bon à savoir pour éviter une approche longue et éventuellement frustrante.
Merci pour tout. Et je viens de faire le couloir des chasseurs qui mérite à peu près le même genre de commentaires, mais il ne semble pas "commentable".
PR