La vallée du Fangu vers le Capu Tafonatu Nous voilà sur la deuxième partie de notre séjour dans le Falasorma. Les deux jours "tranquilles" dans la Bocca d'Astenica sont derrière nous et nous sommes confrontés aujourd'hui pour au moins deux jours au plat de résistance et au vrai but de notre présence en ces lieux : les vires du Scaffone.
Le trek se décompose ainsi : montée raide dans le vallon du Fangu, puis celui de Tana di l'Orsu jusqu'à accéder à l'« amphithéâtre », traversée de la première vire dite d'Andate a u Ponte jusqu'aux bergeries de Scaffone, descente par les vires de l'Andatone vers le vallon de la Cavichja, puis de Candela, pour rejoindre Monte Estremu où la voiture nous attend. J'ai personnellement préparé tout ça depuis longtemps, fort des renseignements et de l'aide active de Philippe et de son blog Corse sauvage.
On n'a pas démarré l'expédition, ni même la semaine, que déjà des problèmes se sont accumulés entre ennuis de santé des uns, dont moi-même, et abandon des autres, rien ne semblait vouloir se passer dans la sérénité. Et, effectivement, ce ne fut pas le cas.
Pour commencer, ce jour de mercredi de fin juin, Francé, un élément solide de notre petit groupe, nous déclare forfait à son grand corps défendant à cause d'un problème de genou qui menaçait la veille et qui s'avérera effectivement rédhibitoire.
Je me retrouve alors avec trois coéquipières Brigitte, Elisabeth et Florence, notre étonnante nouvelle recrue, certes bien chevronnées dans le domaine de la randonnée mais avec une méforme pour l'une d'entre elles et quelques hésitations quant à sa participation. Puis, c'est vrai, ce trek est redouté, surtout sans jamais l'avoir personnellement fait, même si j'estime avoir toutes "les cartes" en main, GPS, etc...
Autre aléa et de taille, la météo qui est bien capricieuse cette année et l'été ne semble pas y changer grand chose.
De plus, ce matin, des nuages menaçants semblent baigner les crêtes et l'on me confie de source expérimentée que si les nuages viennent de Serriera (ce qui est le cas, Sud-Ouest), c'est la flotte garantie. Super, je me sens pousser des ailes !

Décision prise, accompagné par le 4x4 d'un Francé désolé, nous démarrons à partir de la piste au niveau de la statuette de la Vierge, qu'on a fini par trouver, vers le raccourci qui nous mène à la confluence Fangu - Rivière de Caprunale et qui nous fait gagner une bonne demi-heure (si nous étions partis de Monte Estremo). En dix minutes, nous y étions à la croisée des chemins (Caprunale, Monte Estremu, raccourci). Petite traversée du Fangu en RD et y a plus qu'à chercher le départ de la trace cairnée du vallon. Et vaut mieux ne pas s'en écarter, on va très vite s'en apercevoir...
La jungle de la vallée du Fangu Une jungle dense nous phagocyte immédiatement, heureusement la trace est souvent visible et les cairns sont nombreux. Les rares trouées de ciel nous permettent de dominer la rivière à de beaux endroits. La traversée dans le bois est assez raide et parfois délicate, mais je trouve que globalement, il n'y a pas besoin de contorsions particulières ni de grandes hésitations sauf... parfois, notamment un passage dans des blocs où on a perdu la trace et pour la retrouver, bonjour !
A ce propos, Gipi le GPS m'a un peu aidé, en l’occurrence pour me permettre de rejoindre le sentier par rapport au tracé approximatif de Philippe (ce qui est parfois un faux ami). Cependant, dans ma maladresse, je m'en suis très peu servi, craignant ne pas avoir assez de batteries (plus ou moins toutes déchargées à mon insu) et pensant ne pas pouvoir me servir de mon chargeur solaire... Ce qui était faux, j'aurai pu...
Enfin bref, Gipi ne m'a pas accompagné mais m'a cependant permis, de rares fois, de prendre de bonnes décisions. Donc rando sans filet, encore une petite contrariété qui s'est ajoutée à pas mal d'autres.

Trace cairnée RD du Fangu : en surplomb du Fangu

Trace cairnée RD du Fangu : la vallée remontée Déjà une vire sur la trace cairnée !

Joli coin à la 1ère traversée du Fangu On arrive à la zone de première traversée du Fangu, avec un lieu ma foi assez joli, accompagné de cascade ombragée et d'affluents. Et là, replantage, j'ai voulu trop suivre le tracé approximatif, mais, très vite, j'ai douté qu'un passage se fasse sans aucun cairn. Revenu sur mes pas, après avoir perdu dix minutes, j'ai trouvé le petit coude qui en fait nous emmène juste au-dessus du Fangu en RG cette fois. Un petit quart d'heure plus tard, nous étions de nouveau au niveau de l'eau, juste devant la deuxième traversée qui allait nous faire quitter le Fangu pour rentrer dans le domaine de la tanière de l'ours (et c'est pas que de la légende !).

Passage en RG du Fangu Nouvelle traversée du Fangu

Ici, un passage en dalle rocheuse glissante nous créée encore quelques difficultés. Après moultes tentatives, je préfère revenir cinq mètres en arrière et trouver un passage en contre-bas, sale mais efficace. En slalomant dans l'autre rive et en évitant bois morts et ronces, on arrive tant bien que mal au départ d'un petit bosquet, puis de la raide pente rocheuse à gauche qui nous éloigne très rapidement du Fangu. Elle nous fait atteindre un petit promontoire, juste au-dessus d'un ravin et de sa rivière en cascade qui va encore nous poser quelques difficultés pour l'itinéraire. Sans monter à gauche, en suivant la courbe de niveau et en enjambant de la broussaille désagréable, on arrive à un nouveau casse-tête. En fait il faut franchir la rivière et trouver le départ, à sa droite mais sous la crête, d'une longue et pénible montée cairnée dans la végétation arborée et ronceuse, entrecoupée de traversées de blocs. Heureusement que le travail des débroussailleurs (admiration, lorsque cela n'avait pas été dégagé) nous invite en montée directe sans trop d'hésitations alternatives jusqu'au fameux col 1150, en ayant bataillé quand même avec un rétrécissement et quelques obstacles.

La falaise après la dernière traversée du Fangu Dans la falaise après la dernière traversée du Fangu

Le bas de la montée dans le couloir arboré vers le col 1150m

Du col 1150m, la vue vers le Fangu

Le col ne paye a priori pas de mine, noyé qu'il est dans les pins et la bruyère, mais très vite on passe devant un promontoire qui se révélera exceptionnel par la suite, puis on continue en courbe de niveau, en contournement par la gauche jusqu'à arriver de l'autre côté sur un accès à la rivière proprement dite de Bocca a Rossu, descendant du col de ce nom, qui, à droite, dégringole 200 mètres plus bas vers le Fangu.
Pendant ce temps, le ciel, qui s'était ma foi pas mal dégagé, se rembrunit rapidement. Pause-déjeuner, très vite interrompue par quelques gouttes. On commence à croire qu'on savait de quoi on parlait à Monte Estremo. Les gouttes se transforment en pluie qui se densifie. Et là, bien sûr, l'heure des décisions s'impose. Que faire ? Tenter la montée ? Mais le temps ne s'arrange pas et Dumé de Puscaghja nous a formellement déconseillé d'avancer en terrain humide à l'approche des difficultés au-dessus...
Entamer la redescente ? De toute façon, nous ne pouvions rester là plus longtemps. Mais la perspective de perdre tout le bénéfice des efforts de la montée pour en souffrir à la descente nous déprime. Tonnerre au loin puis, plus près, averse soutenue... Nous faisons demi-tour. C'est sûr, la route vers les vires va s'interrompre là très certainement pour aujourd'hui, même si il est encore tôt (environ 14h00).

La crête cairnée du col 1150m Le ravin supérieur du Fangu

Succession d'éclairs et de détonations gigantesques dans le vallon où nous nous retrouvons coincés. En une trentaine de mètres, nous voilà déjà à moitié trempés et la grêle se met de la partie. Par ailleurs, il est évident que les rivières vont grossir d'ici peu. Le temps de revenir au Fangu et celui-ci sera devenu un torrent infranchissable ou, pour le moins, dangereux. Changement d'objectif. Trouver un abri. Et vite. Détonations en cascade avec un fracas que seuls les adeptes de la montagne sous un orage peuvent imaginer. Que voit-on ? A droite ? Elisabeth me dit apercevoir une grotte. Je suis perplexe, mais je vais voir. Et là, oh surprise incroyable (non, pas l'ours quand même), un abri sous roche, non : une véritable grotte d'au moins cinq mètres de profondeur. De quoi abriter six personnes au moins et, génial, un peu de bois sec. Vite, du feu ! Vite, du feu !
Et, miracle, le feu prend et toutes les branches même trempées que nous amenons pour l'alimenter se consument immédiatement. Cela nous permet de nous sécher et de voir venir. Quelques brèves accalmies nous permettent de chercher encore du bois et d'observer la force des eaux en action : apparition de cascades continues de plusieurs centaines de mètres (véritables voiles de la mariée éphémères) et soudain grondement du ruisseau de Tana di l'Orsu, transformé en torrent à quelques dizaine de mètre de là.
La nette amélioration arrive vers 17h, mais il est évident que nous ne continuerons pas aujourd’hui, ni ne redescendrons. Chacun se prépare à passer la nuit, les unes dans la grotte quelque peu enfumée, les autres dans des abris nombreux dans le secteur, heureusement au sec. Décision définitive demain matin : si le temps de début de journée est comme celui d'aujourd’hui, on se résoudra à jeter l'éponge.
Nuit calme, température qui baisse vers les cinq degrés. Mais l'abri est confortable et sans humidité.

Cascades et ruisseaux en crue au col 1150m Sous la pluie au col 1150m

Le jour se lève. Grand beau. Tout le monde est d'accord pour continuer même si les appréhensions ne sont pas dissipées. De mon côté, autre miracle, j'ai pu contacter quelques infos la veille par téléphone : orage en montagne prévu (mais où exactement, ça ne veut rien dire) et, surtout, temps pluvieux prévu pour le lendemain. Aïe, encore de la pression ! Il va falloir pas trop traîner et arriver assez tôt aux bergeries de Scaffone pour décider oui ou non de descendre et ainsi se sortir de la zone de danger avant l'arrivée d'une éventuelle pluie. C'est bien beau sur le papier mais le timing ne sera pas vraiment à la hauteur de nos ambitions.

Grand beau vers le Tafonatu...

Je bouscule un peu les troupes (en les privant de café, faute impardonnable pour l'humeur) préférant partir au plus vite. On plonge dans le goulet de la rivière qui a repris un cours plus ou moins normal. La pierre a pas mal séché, ce qui ne nous entrave pas trop dans notre progression comme on aurait pu le redouter. Les cairns sont bien présents et nous invitent à monter à gauche en nous séparant de la rivière tout en la dominant. On arrive au passage du pin. Une mini-vire exposée (quelque vingt mètres au moins au-dessus du vide) nous propose son franchissement jusqu'à l'arbre. Et là, j'ai fait la bêtise de me libérer du sac pour être plus à l'aise, ce qui, en fin de compte, aura été bien plus dangereux puisque je l'ai récupéré avec la corde, ce qui l'a coincé après avoir failli m'emporter de son poids. Au bout d'efforts tonitruants, j'ai pu le reprendre mais ce fut stupide.

Montée en RD du ruisseau de Bocca a Rossu Le fond du ravin de Tana di l'Orsu à l'arrivée sous la falaise

On continue et là, soudain, la voie semble stopper sur une butte rocheuse à « enjamber » sans cairns derrière. Mais, à gauche perpendiculairement, un mur se profile : pas de cairns apparents non plus. Hésitation, ça peut continuer tout droit, mais je m'interroge. Je démarre Gipi. Le profil du parcours de Philippe m'invite à gauche toute. Les filles partent en éclaireuses et, au bout de quelques zigzags sur le mur, retrouvent un cairn. Parfait, on continue.

La falaise depuis le bas !

Les dalles se succèdent, pas toujours pour la plus grande joie de toutes. Des pas en adhérence s’avèrent incontournables et, au fil des différentes corniches, on arrive sur la mini-crête en lame qui nous plante devant le fameux passage.Dans la falaise, au fil des corniches...Pas cool pour certaine, avec nécessité d'un rétablissement sur de l'adhérence mouillée. Mais j'estime que l'exposition « psychologique » du pas est faible, car, derrière, ce n'est pas un gaz abrupt mais un petit replat herbeux à un mètre en dessous. Bon, il ne faut pas se casser la gueule, certes. ! Alors que j'essaye de convaincre que ce sera la dernière difficulté de la journée, tout le monde finit par passer plus ou moins anxieusement. On se pose sur une corniche élargie avec un vide spectaculaire à droite donnant sur une cascade minérale.
Je redémarre en éclaireur en voulant m'assurer que je tiendrai ma promesse. Six mètres au-dessus, je tombe sur un fort beau gros cairn (quelqu'un qui voulait marquer le coup ?) et une vue sur une à deux corniches qui se profilent à droite, mais sans vraiment d'indication pour choisir laquelle. Le groupe me rejoint, puis, en me remémorisant l'histoire du double pin, juste au dessus de moi, je me demande si le passage ne se fait pas en contre-sens à gauche. Bingo, dix mètres en prenant plein Ouest, je franchis quelques petits thalwegs et retrouve un cairn un peu rôti. Je lui donne une nouvelle jeunesse, pas trop éphémère j'espère, monte et me voilà en me retournant face à la bonne direction sur la corniche qui franchit le double pin. On continue et arrive sur une zone dégagée sous l'amphithéâtre. Nous hésitons encore, prenons le bon passage, montons raide toujours vers l'Est et franchissons le col de l'arbre mort. On tombe alors sur une barre rocheuse au passage évident en face. Cela contourne ensuite, en pleine montée sur un couloir humide et des ressauts gentillets à franchir mais qui nous épuisent.

Dans la traversée horizontale en haut de la falaise L'un des deux cols avec pins de la traversée en haut de la falaise

L'amphithéâtre de Campu Razzinu

Et nous voilà au pied de la vire avec une vue grandiose sur l'amphithéâtre. Il est midi. Pas terrible pour être parti à huit heures mais bon, he cusi.
Je propose à tous un déjeuner mais on commence à réfléchir à deux événements qui nous feront changer d'avis. Un, l'horaire, deux, le temps qui se couvre vite. Et m... ! Bon, ça semble moins menaçant que la veille, mais on n’attend pas pour le savoir.
La vire se passe tranquillement dans une atmosphère idyllique et sans accroc hormis la petite hésitation de la brèche. On a même l'impression qu'on prend de l'avance vers la fin.

Les dalles de départ de l'Andade a u Ponte Sur la vire de l'Andade a u Ponte

L'Andade a u Ponte devant Capu Rossu et Capu Tafonatu

Dans les échancrures de la partie W de l'Andade a u Ponte

Erreur, monsieur Watson. C'était sans compter sur la galère de la descente aux bergeries.
Déjà, le passage dans les aulnes, fait de ressauts rocheux et de couloirs végétaux, heureusement bien cairné (voire trop des fois !), prend un temps dingue jusqu'au col qui domine le plateau de Scaffone. Dans le versant Scaffone, en vue des bergeries de Scaffone Et de là, par où ça passe ? Nous fonçons droit, descendons dans la végétation jusqu'à une dépression qui nous invite à éventuellement aller encore tout droit (ça remonte, bof !) ou à foncer en bas. J'y vais. Et là, bonjour les recherches de passages sur barres rocheuses qui passent toujours a priori in extremis. Regarde Gipi, faut descendre là, puis contourner. Mais pas génial, je préfère contourner derrière moi, c'est plus sûr et mieux pour les filles. Seulement voilà, je suis allé trop bas et le petit plateau des bergeries suspendues est à ma hauteur à droite… seulement l'accès : bonjour !
La perspective de revenir sur mes pas ne me remplit pas d'une joie profonde. Je tente donc le coup, passe par des mini-vires, encore une glissade sur le cul et enfin, j’atteins une terre plus horizontale mais bien envahie. Bon, encore un peu de jungle vers l'Est et nous voilà arrivés aux premiers murs Ouest de ces bergeries, bien sympathiques malgré leur nudité. Je sais, j'aurais dû arriver par l'Est en contournant patati, patata... Bah, pas évident, vous verrez à l'occasion.

Le couloir de descente depuis la vire dans le versant Scaffone Ah, les aulnes de Scaffone !

En tout cas, le lieu est super, apaisant, sans parler de la beauté des alentours et du magnifique et majestueux Pinzu Scaffone.
Le plus incroyable, c'est le côté nid d'aigle des bergeries qui surmonte un promontoire d'une vingt de mètre de haut avec un accès difficile à l'Est et pratiquement impossible ailleurs (enfin, presque… la preuve, mais je venais d’en haut). En plus, l'eau n'est pas loin, ainsi que le bois. C'est le top, on y est bien, on est optimiste et surtout on n'a plus envie de bouger, même si, à 16 heures, on pourrait le faire.

Le nid d'aigle des bergeries de Scaffone

Le Pinzu Scaffone domine tout le versant et les bergeries

Fin de soirée aux bergeries de Scaffone

La nuit fut mauvaise, à cause du froid et l'humidité, et je l'ai passée tout près du feu les trois-quart du temps. Les gros paquets de brumes ne sont pas rassurants, sachant toujours que le temps de demain est prévu médiocre.
A l'aube, tout le monde se réveille, les nuages sont bien là et couvrent une partie de la vue. Mais au fur et à mesure de l'apparition du soleil, cela s'éclaircit. Inch Allah ! On est parti. Trouver la bonne descente d'abord. C'est clair, c'est pas à l'Ouest, direction globale pourtant de notre parcours, alors vers l'Est, comme si on fonçait vers la brèche de Scaffone, puis, dès que possible, on bifurque à gauche, dévale des dalles et la rivière jusqu'à gentiment arriver sous le promontoire des bergeries. Ici, plus de cairns. L'arbre géant et sa « trompe » Bon, l'objectif semble clair, mais, bon, des fois on aime bien. Dix minutes après, vers l'Ouest, on arrive à l'arbre géant et sa « trompe », et, là, pas de bêtise, on prend le plus facile, une large pente herbeuse, et on se retrouve véritablement au départ de la vire.
Effectivement, la traversée par un passage en dalle peu impressionnant, mais qui se révélera avec le recul très engagé, s'effectue sans souci. On bascule vers la première pointe Nord de la vire, avec un paysage impressionnant, même si la lumière n'est pas des meilleures. Faudra revenir plus tard dans la journée, euh, un autre jour.

Dans la 1ère partie de l'Andadonna La vire de descente de la 1ère partie de l'Andadonna

Arrivée à la pinède au milieu de l'Andadonna La partie de la vire déjà franchie derrière

La descente de l'autre côté, très large, est plus paumatoire, mais il suffit de se diriger vers le creux du thalweg en contre-bas. Seulement voilà... Hésitation ! Déjà, l'approche est chaotique car il y a des barres et des couloirs sales qui nous invitent vers le goulet, mais avec des choix différents. Puis, la cascade qui barre le passage naturel et qui nous donne le choix entre passer au-dessus et bien sûr en-dessous. Vue la configuration donnée et l'humidité omniprésente, il me semblait juste de prendre en dessous, d'autant plus que la suite paraît plus sympathique. Oui, c'est vrai… jusqu'au virage Nord. Et là, le passage se transforme soudain en dalle malaisée, sans aucun cairn, en nous proposant une traversée engagée par des fissures, racines et dièdre, pour descendre, en avançant lentement et précautionneusement sur le sol végétalisé quelques mètres devant. Aïe, pas engageante la suite...

La 2ème partie de l'Andadonna Arrivée au passage de ravin critique

Toujours pas de cairn, mais visiblement un travail de démaquisage avait été effectuée sur un parcours qui aurait pu se transformer en cauchemar de ronces et autres réjouissances chlorophylliennes, sans avoir la moindre idée de la suite. Nous traversons en fait sans problème, contournons l'épaule et, alléluia, arrivons en vue de oui, c'est bien lui, le point d'arrivée du couloir des chasseurs sur le ravin très végétal qu’il termine. Et un, non deux, puis trois cairns qui indiquent une descente sans ambiguïté.
Tiens ! Cet arbre troué, je l'ai déjà vu quelque part... Bon, là, nous soufflons un bon coup, remercions le ciel de ne pas nous être tombé sur la tête et sommes assurés que le reste nous sera clément.
La descente cairnée est sale, mais évidente. Au bout d'une cinquantaine de mètre de dénivelé, le chemin passe à gauche, en traversée de ce qui reste du ruisseau, jusqu'à arriver aux abords de la grande chênaie qui accompagnera le reste de la descente. Pas beaucoup d'indications, mais des endroits bien dégagés : mot d'ordre, rester à gauche de la rivière, qui s'est renforcée de quelques affluents, et au plus près tant qu'à faire, même si on doit parfois s'en écarter.
Arrivée à la zone des 720m, le terrain s'embroussaille d'arbres morts et de ronces enchevêtrées. Je ne cherche pas à comprendre et j'ai ma petite idée. Je fonce sur le lit de la rivière, descends les quelques chaos rocheux qui forment une rupture de pente puis reviens en RG jusqu'à trouver à 680m le passage net à la fin des cascades qui nous fait franchir le ruisseau. On re-franchit rapidement en remontant légèrement une autre rivière. Une sente se profile qui remonte encore, mais faudra pas tarder à descendre. Je choisis, un peu au pif, l'endroit le plus dégagé, dévale une trentaine de mètres, retrouve des cairns et un chemin relativement dégagé que je suis gentiment. En descendant lentement et au bout d'un bon quart d'heure, j'arrive vers 590m au plus à la rivière de Valle Serrata.

Ambiance de la chênaie Passage de ruisseau toujours délicat dans cette jungle

Traversée de ravin déjà faite plus haut sur la vire

Pause, puis on suit une descente nette qui s'écarte de l'eau puis la retrouve plus tard et, bon an mal an, sans véritablement être sûr d'être sur la voie normale, on débouche sur la piste à quelques pas de la prise d'eau de la Cavichja. Eccu u travagliu.

Arrivée à la piste de la Cavicchja

La suite se fait par la piste jusqu’à la confluence avec le ruisseau de Bocca Bianca qui donne la Candela. De là, je choisis une petite variante : après quelques mètres, un sentier indiqué sur la droite par un cairn nous fait traverser le fleuve en rive droite. On nous prévient d'une trace sale et peu démaquisée, mais, au bout du compte, elle mérite juste un bout de taille de branches fraîches, le reste, y a plus qu'à suivre. Maison du hameau ruiné de Candela Cela nous permet de traverser le hameau abandonné de Candela (on nous dira plus tard que l'ensemble du coin était exploité) et de profiter des vasques sympathiques du parcours. Nobody comme d'hab ! On traverse le fleuve à sa confluence avec le Fangu (tiens, ça faisait longtemps, bonjour !) et on arrive à Barghjana où nous attend la voiture.
Timing à partir des bergeries, sans pause : trois heures maxi de descente jusqu’à la piste, deux heures maxi jusqu'à Monte Estremu.

Conclusion : Parcours difficile sans guide, mais seuls les passages clés sont délicats ! Il suffit de les avoir étudiés et ce texte est aussi là pour en révéler éventuellement. Après, c'est long et sportif et si, comme nous, on porte de lourds sac à dos, il faut prévoir au moins deux jours mais, plus tranquillement, plutôt trois, surtout si vous aimez les nuits en caverne (pas n'importe laquelle, sûrement celle de l'ours).
Après, vous avez aussi le choix de l'étape de Philippe par Campu di a Vetta... Et la voie par le Fangu en direct. Et une autre échappatoire, si vous voulez éviter l’Andatone, par la brèche du Pinzu Scaffone vers les bergeries de Laoscella, puis celle de Saltare. Mais, franchement ,la descente de l’Andatone, pour aussi spectaculaire qu’elle soit, me paraît assez facile en orientation, mis à part le dernier « raté récupérable ». En tout cas dans le sens de la descente...

Carte des ravins du Fangu et de Tana di l'Orsu Carte de la Cavicchja et de Valle Serrata Rappel des deux cartes de l'itinéraire d'Olivier : sur la gauche (Jours 1 et 2) et sur la droite (Jour 3).