Divers orii et sites de Corse-du-Sud
Par PhE le lundi 06 mai 2013, 18:06 - Archéologie - Lien permanent
L'année 2012 nous avait permis de nous frotter à une première expérience de recherche et de visite d'oriu dans la région au Nord de Monacia d'Aullène, avec l'Oriu de Grussettu, qui nous avait montré que ces orii étaient rarement faciles à trouver, d'une part, et qu'ils étaient le plus souvent situés dans des sites intéressants et sauvages, d'autre part. C'est avec ces idées en tête que nous nous sommes remis en chasse, Nicole et moi, au début de l'année 2013 en profitant d'une période hivernale insulaire extraordinairement clémente sur le plan météorologique !
C'est encore avec l'aide d'Internet que j'avais pu recenser une série de cibles potentielles facilement accessibles depuis Sainte-Lucie : des sites comme Ma Corse, le site de Jean-Marie Vergès, Randophotocorse, les informations de l'"Associu d'i Monacci" de Monacia que l'on trouve via le Blog d'Aullène, Balades et petites randonnées en Corse : les orii, qui est une partie du site de Mathieu Nivaggioni, etc...
Tout cela nous a permis de découvrir (ou re-découvrir pour certains) quelques abris sous roches assez exceptionnels, ainsi que d'autres monuments patrimoniaux proches, occasions de balades vers des sites très agréables pour occuper des demi-journées lors de périodes où l'on ne peut ou veut pas aborder des randonnées plus longues et plus difficiles. Avec, en outre, la possibilité, évidente puisque situées dans des lieux proches les uns des autres, de coupler ces mini-randonnées entre elles pour occuper une journée complète :
- L'Oriu de Santa Lucia di Talza
- L'Oriu de Montilati, le Casteddu di u Comti Pazzu et l'Eglise de Sant'Andria
- Les Orii de Valle di Scopa
- Les Orii de Canni et Chera et l'Eglise de Sant'Agostinu
Et, pour rappel :
Pas de récit détaillé dans cet article qui résume avec photos, carte des itinéraires (souvent utiles !) et descriptions succinctes des parcours relativement simples et courts, même si la recherche de ces sites patrimoniaux n'a pas toujours été facile pour nous, tant les informations sur leurs situations et accès sont rares et incomplètes...
L'Oriu de Santa Lucia di Talza
27/12/2012 : direction Porto-Vecchio, puis Figari, pour aller visiter cet oriu dont le départ se situe après avoir dépassé les dernières habitations du hameau de Santa Lucia di Talza, au Nord du barrage qui alimente la région en eau. Ne pas prendre le sentier évident qui part vers le SE, mais monter par une sente à gauche vers le NW qui part en direction du sommet de Punta di Grazianu et de Chera. Le sentier, un peu confus au début, mène en moins de 20mn à l'oriu situé sur sa bordure.
C'est un joli oriu coiffé avec une double entrée-fenêtre et un espace intérieur scindé en deux par une paroi de pierres.
Autour de l'oriu, le chaos de blocs environnant vaut la visite, car il abrite plusieurs autres orii, beaucoup plus rustiques, et montre de nombreux murets, vestiges d'anciennes exploitations locales, juste au-dessous de la falaise de Punta di Grazianu.
Enfin, vous pouvez aussi continuer à remonter le sentier de Chera qui grimpe jusqu'à atteindre un plateau vers 230m d'altitude. Possibilité de continuer au NW vers Chera, ou retour vers Santa Lucia en prenant un sentier à gauche vers le NNW qui ramène au hameau par Lama di Frati.
En conclusion, une belle petite balade pour la demi-journée, pouvant se prolonger à la journée via Chera et ses environs, un joli petit oriu de style conte de fées, le lac et la retenue de Talza en prime et pas mal de blocs rocheux, murets et sentes diverses pour compléter le tout...
Sur la gauche de la page, la carte de la région Figari - Chera avec l'itinéraire de l'Oriu de Santa Lucia.
Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos provenant de la visite de l'Oriu de Santa Lucia et de ses environs :
Diaporama "L'Oriu de Santa Lucia"
L'Oriu de Montilati, le Casteddu di u Comti Pazzu et l'Eglise de Sant'Andria
03/01/2013 : là encore, direction Porto-Vecchio, puis Figari, en quittant la D859 sur la gauche vers Montilati, peu après l'embranchement à droite vers Tarrabucceta. Départ du hameau de Montilati, en commençant par la visite de la chapelle de San Quilicu à la sortie du village au départ du sentier.
Jolie chapelle du XIIème siècle, assez bien conservée.
Le départ du sentier est évident, marqué d'une balise et d'un panneau descriptif (incroyable, en Corse pour des sites peu connus !). Il faut une quinzaine de minutes de marche sur le sentier pour voir sur la gauche la sente discrète qui mène à l'oriu, invisible depuis le sentier mais situé à seulement 20/30m de là. Un bel oriu classique, pas très élaboré, constitué d'un abri sous bloc aménagé par des murets de protection en pierres sèches. Là encore, cet oriu se situe à l'orée d'un vaste chaos de blocs comportant d'autres abris moins intéressants.
En continuant à remonter le sentier, on arrive en 15/20mn en vue des vestiges de fortifications qui constituent le Castellu dénommé "di u Comti Pazzu" et qui couronnent un piton rocheux à 269m d'altitude (Castellu di Conca sur la carte IGN). On y accède en laissant d'abord à gauche la branche du sentier allant à l'église de Sant'Andria, puis en évitant de poursuivre trop loin le sentier qui continue pour redescendre sur Scalella et Canni. Il faut être attentif pour le quitter sur la gauche et trouver la sente qui amène aux blocs rocheux et les franchit jusqu'au sommet. Ce castellu semble assez connu et dispose d'aménagements récents et modernes : câbles métalliques pour assister montée et descente dans les soubassements rocheux, échelons en fer pour franchir le ressaut final, entourage complet du plateau sommital avec un parapet de sécurité en bois, ...
Ce sont des fortifications médiévales qui ont été érigées sur cette pointe rocheuse pour la protection des populations insulaires repliées à l'intérieur des terres.
Il suffit de redescendre du piton rocheux et de faire marche arrière sur le sentier que l'on vient de monter pour retrouver rapidement l'embranchement (sur la droite, maintenant !) vers l'église de San Andrea (ou Sant'Andria). On suit alors pendant près de 30mn un petit sentier insolite qui permet de rejoindre les ruines de l'église. Un peu plus ancienne sans doute (XIème siècle) que la chapelle de San Quilicu, cette église pisane ne subsiste qu'à travers de belles ruines dont son abside est la plus spectaculaire.
En final, une belle balade avec beaucoup de variétés de sites et des paysages sympathiques, même si l'oriu par lui-même est assez quelconque, et la confrontation avec cette légende du Conti Pazzu dont on n'a pas encore réussi à prouver l'existence réelle. Ce personnage farfelu est sans doute un mythe et il est peu probable que le castellu que nous avons visité ait été sa propriété ou qu'il y ait résidé. A noter d'ailleurs que le panneau du castellu ne mentionne même pas son histoire...
Sur la gauche de la page, la carte de la région de Tarrabucceta et Montilati avec l'itinéraire de l'Oriu de Montilati, du Casteddu di u Comti Pazzu et de l'Eglise de San Andrea.
Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos provenant de la visite de l'oriu et des deux autres sites :
Diaporama "L'Oriu de Montilati et ses environs"
Les Orii de Valle di Scopa
04/01/2013 : direction Pianottoli, puis Monacia d'Aullène, pour rechercher le lieu où l'on peut dénicher ces orii. Il est accessible par une piste depuis la RN196, 1600m à droite après le deuxième embranchement provenant de Monacia. Problème : c'est une propriété privée et il n'est pas conseillé d'emprunter la piste en voiture. Se garer plutôt sur les bas-côtés de la RN196 et parcourir la piste à pied jusqu'à en atteindre la fin en 20mn. Là, cela devient plutôt compliqué et, si j'ai eu la chance de tomber rapidement sur la bonne trace, rien de moins évident que de trouver les orii sans information précise. A la fin de la piste, prendre une trace à gauche (W) qui remonte en sinuant vers les sous-bois tout proches. Lorsque la pente devient plus raide, la trace bifurque à G (S) et, après moins de 100m, amène en vue de l'oriu n°1, situé dans un extraordinaire chaos de blocs amoncelés sous une couverture végétale très dense.
Magnifique oriu, aussi pittoresque de l'extérieur que celui plus connu de Canni, formé par une excavation coiffée par un rocher spiralé et aménagé avec un beau muret de pierres sur sa façade Nord. Ouverture par une fenêtre à enjamber, intérieur scindé en deux avec une demi-mur de séparation en deux pièces. Extrêment joli et original mais pas très confortable comme abri !
Là encore, autour de l'oriu, le chaos de blocs environnant vaut la visite, nécessaire d'ailleurs pour trouver l'oriu n°2 si l'on n'a pas d'autres informations pour ce faire. Des aptitudes à l'escalade sont d'ailleurs bien adaptées, tant le chaos est dense et les blocs enchevêtrés !
Pour trouver ce deuxième oriu, il suffit de savoir qu'il est à une vingtaine de mètres seulement à l'Est du précédent. Il en est pourtant séparé par des lignes de blocs qui en empêchent un accès direct et le plus simple est de revenir sur ses pas par la sente de montée sur une trentaine de mètres pour contourner la ligne de blocs en revenant sur la D (S) peu après.
Encore un oriu extrêmement spectaculaire et pittoresque, avec une forme complètement différente de celle du précédent et un confort nettement plus marqué. Coiffé par un gros bloc en pente, cet oriu se ramasse à l'horizontale proche du sol, avec un petit mur frontal sous le rocher et une ouverture carrée au sol permettant l'accès à une vaste grotte basse, très lumineuse et très confortable. Bivouac trois étoiles, bien mieux apprécié que celui de l'oriu n°1...
Pour terminer cette partie, si la balade amenant au chaos n'est que de peu d'intérêt, les deux orii eux-même sont remarquables et constituent sans doute deux des plus beaux ouvrages de Corse dans ce genre et le chaos de blocs qui les entoure est digne des chaos de grès de Fontainebleau !
Sur la gauche de la page, la carte de la région Ouest de Monacia d'Aullène avec les itinéraires des orii de Valle di Scopa et de Grussettu.
Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos provenant de la visite des deux orii de Valle di Scopa et de leurs environs :
Diaporama "Les orii de Valle di Scopa"
Les Orii de Canni et Chera et l'Eglise de Sant'Agostinu
06/01/2013 : direction Chera et, avant d'arriver à ce village par la D59, prendre à gauche la petite route vers le hameau de Canni pour aller visiter le plus célèbre des orii de Corse, popularisé jadis par une émission d'Ushuïa de Nicolas Hulot.
Célèbre, mais pas au point d'être balisé ou indiqué au départ du hameau : encore une fois, il faut avoir du nez pour le trouver rapidement sans information préalable. J'ai encore eu du flair, ce coup-ci, en empruntant le sentier vers le SW après les dernières maisons du hameau et en y remarquant, 100/150m plus loin, une sente assez discrète qui en partait sur la G pour monter vers la crête rocheuse au-dessus. Plus moyen de se tromper ensuite, car l'oriu est bien visible près du fil de la crête... Pourtant, j'en connais pas mal qui le cherchent encore !
Magnifique oriu, le plus vaste à l'intérieur que l'on puisse imaginer et très esthétique de l'extérieur avec son toit en bonnet pointu et ses encorbellements de granit, sa façade de pierres dorénavant liées par un mortier, sa porte d'entrée à taille humaine et son profil en longueur qui le fait ressembler à une tortue (de devant) ou à un poisson allongé (de côté)...
Il suffit ensuite de retourner en voiture sur la D59 et de se rendre au village de Chera pour trouver l'autre oriu célèbre de la région. Bien plus facile à trouver celui-là, puisqu'il se situe au début du village en venant de Canni, 40m à gauche de la route sur un départ de piste en montée.
Même style que celui de Canni, mais en moins spectaculaire et beau : coiffe de rochers en dôme, façade partiellement cachée par des arbres, trou d'entrée sportif et peu pratique, intérieur moins vaste et moins confortable, ... Mais la face arrière est magnifique avec un superbe bloc de roche granitique semblant jaillir vers le ciel !
Cet oriu se situe non loin des vestiges de l'église de Sant'Agostinu, dont le départ du sentier est indiqué depuis la D59 où l'on a garé la voiture. Non loin, mais un peu plus que ce que l'on peut imaginer car il faut 20 à 25mn pour rejoindre les ruines, en supposant que l'on n'ait pas trop erré à trouver le bon sentier !
Chapelle romane avec des ruines assez belles et bien conservées, abside, choeur, entrée surmontée d'un clocher, .... Elle est en outre agrémentée d'un beau bénitier situé à gauche de l'entrée. Je n'ai pas la date de son édification.
Pour conclure, deux sites d'orii archi-connus et, donc de ce fait, pas très "sauvages", mais avec deux ouvrages remarquables, extrêmement représentatifs de ce que pouvait atteindre la maîtrise des chasseurs et bergers dans la construction de ces abris. Et, en bonus, une chapelle médiévale pas mal conservée...
Sur la gauche de la page, la carte de la région de Chera avec les itinéraires des orii de Chera et de Canni et de l'église Sant'Agostinu.
Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos provenant de la visite des deux orii et de l'église :
Commentaires
@Yvlec :
Bien content de voir que ce parcours avec un des plus beaux orii de Corse vous ait plu ! 8-)
Un double oriu spectaculaire et esthétique, un chaos de blocs rocheux pour l'abriter en surplomb de toutes les vallées alentour et une vue somptueuse sur Monaccia et sa région, pas étonnant que la visite de ce site reste un magnifique souvenir... :-)
Bonjour
je reviens tardivement sur le blog, Je suis allé la mi septembre jusqu'a l'oriu de Grussettu lors de nos vacances en Corse, nous êtions 6 personnes (retraités) de ma famille venant de Bretagne et de Lorraine, amateurs de patrimoine et de beaux sites, nous avons fait une belle marche depuis Serragia, le chemin sur la crête et vers Monacia est très joli et bien entretenu, l'oriu est superbe dans son environnement assez sauvage, Ce fut un petit moment d'émotion pour moi qui avait préparé cette "expédition" plusieurs mois à l'avance et aussi pour ceux qui m'accompagnaient. Cela restera un des beaux moments de notre voyage dont nous ne gardons par ailleurs que de très bons souvenirs.C'était notre 2ème voyage en Corse, espérons qu'il y en aura d'autres
Cordialement , Yves
@Yvlec :
Et oui, les documents papiers sur les orii sont rares et les documents Internet très incomplets, en particulier en ce qui concerne l'accès et l'itinéraire.
Personnellement, je prends le parti de ne rien cacher et donne emplacement exact et itinéraire, mais nombre de gens ou d'associations en Corse (I Monacci à Monaccia d'Aullène) font l'inverse et croient nécessaires de cacher les orii et d'empêcher les visites non accompagnées par eux. C'est le même problème en pire pour les sites archéologiques : les archéologues ont une trouille intense des "chasseurs de trésor" qui pillent et abîment les sites.
Je crois qu'il est illusoire de vouloir cacher ces sites dont on parvient de toute manière à connaître existence, accès et itinéraire par le bouche à oreille si le site est un tant soit peu intéressant... J'ai connu le même problème avec 1°) les sites d'escalade que certains grimpeurs voulaient se réserver 2°) les itinéraires de randonnée que certains marcheurs pensent réservés à une élité digne de les mériter, etc... Tous les efforts pour cacher ou réserver voies d'escalade et itinéraires de randonnée se sont avérés vains et sont dorénavant abandonnés. Au contraire, la diffusion et la publicité pour de multiples sites et itinéraires évitent la saturation de certains trop connus, type le GR20 en Corse...
Le site et le blog "Corse sauvage" vont évidemment à l'encontre de de genre d'attitude et sont faits pour divulguer et partager toutes ces merveilles naturelles ou érigées par l'homme... et tant pis pour ceux qui veulent se les réserver ou élire ceux qui les méritent !! :evil:
Tres intéressant, on en parle trop peu dans les sites consacrés au tourisme.
Bien pour notre voyage en Corse en septembre
@François :
Barbara Furtuna ! ;-)
Très alléchant, voilà quelques sujets originaux de balades de printemps. Et ces ruines de chapelle sont bien belles aussi, surtout avec le fond musical "Tota pulchra es Maria" de Barba Fortuna....
Excellent. Ravi de recevoir d'autres itinéraires d'orii et tant pis pour les cachotiers.
Bon boulot, comme d'hab.