Raid des vires du Falasorma : Episode 3 - De Campu di Vetta à Monte Estremu
Par PhE le dimanche 12 août 2012, 18:35 - Ravinisme - Lien permanent
Troisième et dernier épisode de notre saga sur les trois grandes vires du Falasorma fin juin 2012 !
Après ce merveilleux bivouac de Campu di Vetta, on en était arrivé au dernier jour du raid avec le problème de la descente directe vers Monte Estremu qui n'est pas vraiment de la "randonnée", tout du moins par le parcours que je connaissais jusqu'ici via Tana di l'Orsu ! Cela avait été le sujet de la discussion de la veille au soir : allions nous descendre par l'itinéraire recommandé par Achille (Sanroma) qui consistait à quitter Campu di Vetta côté Silvastriccia puis à revenir à droite en descendant en bordure haute RG du Fangu et en le surplombant d'une cinquantaine de mètres, ou bien devait-on utiliser la seule descente connue par nous, via Tana di l'Orsu et sa falaise délicate ? L'examen de l'itinéraire RG du Fangu (cf. photo à gauche de cette page) depuis Campu di Vetta nous avait montré qu'il était aisé au début, puis qu'il se transformait en une sorte de vire qui devenait de plus en plus étroite et de plus en plus raide sans qu'on puisse en apercevoir la fin ! Cette vire nous avait semblé délicate vue d'en haut et nous avions préféré opter pour la descente connue...
C'était donc parti ce matin-là Vendredi 29 juin 2012 pour un retour par la vire du Tafonatu, un nouveau passage par le "col franchissable", puis la descente du ruisseau de Bocca a Rossa pour retrouver la falaise de l'amphithéâtre de Campu Razzinu et la trace cairnée ramenant à Tana di l'Orsu...
Rappel du parcours global du raid tel que nous l'avons finalement réalisé que l'on peut visualiser en cliquant sur la carte ci-contre à gauche. Dans la suite de l'article, vous retrouverez à chaque chapitre la carte du parcours de l'étape sur la gauche de la page.
Vendredi 29 juin 2012
De Campu di Vetta au ruisseau de Bocca a Rossa :
Difficile de ne pas se lever tôt à Campu di Vetta tant on a envie de profiter de l'environnement, du spectacle et de la météo toujours au beau fixe depuis notre départ ! Nous avons donc réussi à démarrer à 08h10, avec un lever vers 07h00, en reprenant nos pas d'hier sur cette vire pour aller rejoindre à nouveau le "col franchissable". Toujours pas de mouflons ce matin-là, alors que j'avais dérangé une harde de femelles avec leurs petits en 2009 à la même heure : pas de chance... Difficile aussi de ne pas s'arrêter au névé du couloir central pour essayer d'apercevoir le trou depuis la vire (on le voit !) et prendre une photo du couloir, quitte à perdre du temps pour la descente !
Nous arrivâmes tout de même ainsi au "col franchissable" juste avant 09h00... pour y reprendre les mêmes photos que la veille, mais on ne s'en lasse pas...
Pour la descente, nous avons emprunté là aussi le chemin de la montée de Jeudi pour rejoindre le même point de traversée du ruisseau de Bocca a Rossa, car c'est le plus pratique. Mais, là, nous avons quitté l'itinéraire de la veille pour continuer à descendre le ruisseau jusqu'à ce qu'il plonge dans le ravin vertical en haut du cirque de Tana di l'Orsu. Quelques démêlés avec aulnes et ronces, mais nous atteignîmes sans trop de mal les dalles terminales au-dessus de l'infléchissement de la pente du ruisseau. Il était 10h00...
Du ruisseau de Bocca a Rossa au départ de la trace cairnée de Tana di l'Orsu :
Il faut dire ici que le parcours que j'imposais à mes compagnons était une pure conception personnelle qui permet de raccorder au plus direct la fin de la trace cairnée et son "chorten" au ruisseau de Bocca a Rossa. J'avais donc inventé un passage consistant à traverser le couloir du "chorten", remonter sur la rive en face (RG), traverser les dalles rocheuses pentues qui lui font suite et remonter un petit col derrière qui aboutit au ruisseau. Ce chemin personnel, je ne l'avais fait qu'à la montée et jamais à la descente : mes descentes s'étaient toujours réalisées directement en venant de l'extrémité dallée de l'Andade a u Ponte, en prenant justement le couloir sous cette vire qui aboutit au "chorten".
Ce jour-là, j'eus un doute en me demandant par où il fallait passer car je ne reconnaissais pas le petit col rocheux de la montée. J'ai choisi de contourner par la gauche l'espèce de monticule rocheux en RD du ruisseau pour retrouver les dalles. Effectivement, de l'autre côté, je reconnus les dalles, sous un caractéristique ressaut rocheux marqué d'un pin, le couloir qui leur fait suite (masqué) et le chorten de l'autre côté du couloir. Mais, en continuant la traversée du contournement, je vis qu'on aboutissait dans une profonde échancrure montrant que nous n'étions pas sur le chemin emprunté à la montée et que cela pouvait s'avérer une impasse. Heureusement, une courte et facile escalade rocheuse nous sortit de l'échancrure et nous remit dans la direction des dalles en retrouvant le parcours habituel.
Pour la traversée des dalles, une fois encore, je dus constater qu'un passage aussi simple que cette adhérence sur une pente un peu raide (mais sèche, heureusement) pouvait poser bien des problèmes à des randonneurs aguerris certes, mais peu habitués aux subtilités de l'escalade en friction sur les pieds ! Bruno dans un premier temps, Eckard dans un second, eurent ainsi quelques soucis et frayeurs pour franchir les 20m délicats du passage, puis la descente malaisée dans le couloir où je les assurai d'en-dessous par une parade "aux fesses" après avoir récupéré leurs sacs... Pas mal de complications donc, avant de se retrouver tous les trois dans le couloir, mais sans avoir eu besoin de sortir la corde, ce qui aurait pris encore plus de temps. Même la remontée de l'autre versant du couloir, puis des 20m qui permettaient d'accéder à la vire à hauteur du chorten, ne se montrèrent pas très aisés. Nous nous sommes tout de même retrouvés "sains et saufs" sur le départ de la trace cairnée à 10h40.
La trace cairnée de Tana di l'Orsu dans la falaise :
A partir du "chorten", la trace commence par une interminable traversée vers l'W. Elle franchit une première brèche bien marquée par quelques grands laricii où nous avons fait une petite pause boisson, descend pour longer le pied du magnifique amphithéâtre de Campu Razzinu, visible jusque sur Google Earth, et reprend en ligne de niveau pour passer une deuxième brèche du même style que la première avec un laricio mort.
C'est après cette brèche que l'on devait trouver les cairns de descente dans la falaise et, effectivement, j'en voyais un plus bas, 20m en dessous de la sente bien marquée que nous étions en train de suivre. Malheureusement, une première descente vers le cairn montra 1°) qu'il était bien seul dans le coin 2°) qu'il n'y avait rien d'évident dessous pour poursuivre la descente. Je revins sur la trace au-dessus et la continuai encore sur une cinquantaine de mètres avec Bruno et Eckard sans trouver ni cairns, ni possibilité de descente sûre. Nous perdîmes beaucoup de temps à chercher, puis à revenir sur nos pas sans rien trouver de mieux et, alors que je m'apprêtais de guerre lasse à emprunter un couloir de descente à l'aveuglette, pensant que les cairns avaient été enlevés, j'eus l'idée de revenir sur nos pas beaucoup plus près de la brèche et de chercher par là. Et là, bingo ! Je reconnus un arbre mort qui est le vrai repère pour le début de la descente : il suffit de descendre 15/20m en dessous de lui pour trouver le début de l'éperon rocheux de la descente, bien marqué par des cairns sur sa crête ! Nous avions perdu près de 50mn à chercher ces cairns que ma mémoire avait conservés, mais que, abusé par le cairn initial, j'avais cherchés bien trop loin de la brèche...
C'est à seulement 11h45 que nous avons abordé le début de l'éperon rocheux. La descente de la falaise s'amorce donc sur la crête de cet éperon mais reste assez aisée avec une pente pas trop raide jusqu'à ce que la trace quitte l'éperon par la droite pour suivre une série de petits couloirs herbeux en zigzag. Ces couloirs se descendent assez facilement à l'exception de l'un d'eux pourtant, vers le milieu de la falaise, qui réserve un pas délicat avec une descente aboutissant sur une marche verticale d'un mètre de hauteur plongeant sur une sorte de rampe rocheuse inclinée vers la droite au-dessus d'un vide exposé de quelques mètres. A cet endroit, j'ai sorti la cordelette et ai fait descendre Bruno, puis Eckard, assurés d'en haut sur un genévrier pour leur éviter une chute potentiellement dangereuse. Curieusement, Bruno et Eckard, m'ont dit avoir eu ni problème, ni frayeur, dans ce passage pourtant bien dangereux. Il est vrai qu'assuré par la corde, le danger semble tout autre ! Après ce pas exposé, la série de couloirs herbeux reprend jusqu'au bas de la falaise, sans difficulté autre que de les suivre sans les perdre. Nous avons atteint le pied de la falaise vers 12h25.
Le pied de la falaise certes, mais pas la fin des difficultés, car à cet endroit nous étions encore une vingtaine de mètres au-dessus du ruisseau sur sa RD, le long d'une sorte de vire qui aboutit à un pin caractéristique. Je me souvenais qu'il y avait une petite désescalade derrière ce pin, mais je ne soupçonnais pas qu'elle allait nous poser autant de problèmes. Un petit ressaut rocheux de quelques mètres termine la vire et permet de rejoindre le lit du ruisseau. La désescalade de ce ressaut est "facilitée" par une petite rampe rocheuse inclinée qui se franchit sans prise de main nette et avec un petit pas d'adhérence en final. C'est un passage qu'un grimpeur moyen passe sans même s'en rendre compte. Mais pour Bruno, et Eckard qui passait en second, cela fut un gros morceau faute d'une bonne technique d'adhérence de base pour le maîtriser et avec l'appréhension du vide qui se creusait en-dessous. J'ai pu les assister vaguement en descendant quelque peu sous la rampe dans une sorte de cuvette terreuse, dernière possibilité de placement au-dessus d'un vide vertical d'une dizaine de mètres, et en orientant la position de leurs pieds qu'ils ne voyaient pas. Bref, une bonne séance d'initiation à la varappe, mais plus aisé à pratiquer à Bleau que dans les falaises du Falasorma ! Peut-être faudra-t-il réfléchir à trouver une autre voie, dans ce genre de situation, sans doute en passant par le lit du ruisseau dès le bas de la falaise.
Fin des difficultés à 12h50...
La trace cairnée de Tana di l'Orsu de la falaise au couvent de Santa Maria :
Si les difficultés d'escalade étaientt terminées, la "trace cairnée" n'était pas de tout repos ensuite pour atteindre le col 1150m de Tana di l'Orsu. Nous avons rejoint le lit du torrent que nous avons suivi en RD, mais avec beaucoup d'obstacles de végétation (ronces surtout), exaspérants à franchir. Après les difficultés de la matinée et la chaleur de ce milieu de journée, Eckard semblait avoir du mal à soutenir le rythme de la descente. Il accumulait les ennuis, cassant un bâton d'abord, l'autre ensuite, souffrant de la soif avec son stock d'eau épuisé et regrettant de ne pas avoir profité d'un ruissellement plus haut, ... J'ai eu beau lui dire que nous allions trouver de l'eau quelques minutes plus tard quand le ruisseau allait réapparaître, il a bien fallu s'arrêter un moment pour qu'il boive à ma gourde et se repose un peu ! Nous sommes repartis, Eckard ayant emprunté mes bâtons de marche, en trouvant évidemment la résurgence du ruisseau de Bocca a Rossa plus loin où nous prîmes le temps de remettre toutes nos gourdes à niveau. Plus de problème ensuite pour l'arrivée dans la forêt de Tana di l'Orsu puis au col 1150m où nous nous sommes arrêtés pour nous restaurer à 13h50. Quel lieu magnifique où l'on peut découvrir une vue somptueuse sur le Tafonatu à droite, le vallon de Tana di l'Orsu et sa forêt à gauche et le grand éperon rocheux qui sépare les deux ruisseaux au milieu.
Nous sommes allé prendre quelques photos sur l'éperon en nous dégageant des arbres : de là, nous avions une vue plongeante sur le Fangu, 200m plus bas, où le ruisseau de Bocca a Rossa se jette brutalement sous forme d'un canyon d'abord, puis d'une belle cascade verticale. L'occasion de regarder de plus près l'itinéraire d'Achille en RG du Fangu ! Et surprise, il semblait à peu près évident que cela passait sans problème depuis l'endroit où l'on perdait la trace de vue depuis Campu di Vetta : à part un étranglement rocheux lorsque la pente s'accentue, la suite s'avèrait simple et sans trop de végétation jusqu'à retrouver le Fangu en aval d'une belle cascade. Evidemment, il restait encore à descendre le Fangu jusqu'à son croisement avec la trace cairnée ! Voir ci-dessous les photos des lieux avec un estimation du parcours optimum...
Nous avons repris la descente vers 14h30 avec une trace largement améliorée ces dernières années : là où il fallait ramper sous la végétation en 2004, on a désormais une sente large de 2m entre les fougères arborescente aux environs du col. Cette partie devient vite extrêmement désagréable avec sa pente raide d'éboulis pourris dans lesquels il est difficile de garder son équilibre même avec des bâtons. C'est pour chacun de nous la partie la plus énervante de cette descente ! La suite avec la désescalade de la falaise en rocher désagrégé qui ramène à la traversée du Fangu est du même acabit et nous commençions à en avoir plein les bottes. Arrivée au Fangu à 15h45 et long (trop long pour mon goût !) arrêt-baignade pour Bruno et Eckard à la grande vasque qui marque cette traversée.
Re-démarrage à 16h10. La suite de la descente jusqu'au sentier de transhumance et au couvent de Santa Maria fut une formalité, comparée à ce que nous avions fait précédemment. Cette partie de la trace me sembla elle aussi bien améliorée par rapport à mes parcours précédents, à croire qu'il y a vraiment du passage sur cette sente, et pas que des chasseurs ! Il n'y avait même plus de problèmes dans les tronçons où je me plantais systématiquement auparavant... Nous rejoignîmes le couvent vers 17h20 sans incident, sauf que les troupes étaient bien entamées après tous ces efforts.
Du couvent de Santa Maria à Monte Estremu :
La fin de ce raid, du couvent à Monte Estremu, ne fût pas une promenade pour Bruno et moi-même et plutôt un calvaire pour Eckard qui était en bout de course ! Néanmoins, nous ne mîmes que 40mn à parcourir cette partie du sentier de transhumance, ce qui montre que nous ne amusions pas trop... Avec arrivée au village vers 18h.
Eckard et Bruno avaient choisi de réserver au gîte A Funtana au village, alors que je devais rentrer à Sainte-Lucie. Nous avons quand même pris le temps d'arroser au gîte la réussite de ce raid avec mes deux compagnons : ils n'avaient pas l'air de regretter le choix de la descente par Tana di l'Orsu malgré les nombreux obstacles de ce parcours, tant les problèmes que nous avions pu connaître avaient été compensés par la beauté des paysages de ce secteur de Tana di l'Orsu !
Conclusions :
Il est clair que nous avions sans doute fait le mauvais choix pour la descente en optant pour Tana di l'Orsu et que l'autre itinéraire, plus direct, plus court et plus simple hormis peut-être la partie finale dans le Fangu nous aurait évité cette galère. L'horaire que nous avons tenu, environ 9h au total (7h en décomptant les arrêts divers), n'est pas très bon, mais doit inclure plus de 45mn de recherches inutiles en haut de la falaise et un temps difficilement mesurable lié aux problèmes techniques d'escalade qu'ont connus Eckard et Bruno.
Après plus d'une demi-douzaine de passages sans problèmes par cette falaise, tous en solo sauf un accompagné, je pensais vraiment que le seul problème était le pas exposé en milieu de falaise. Il apparaît que beaucoup de randonneurs comme Eckard et Bruno ont des difficultés en escalade basique, principalement à cause de leur incompréhension de l'aspect technique de l'adhérence des pieds, comme j'avais déjà pu le mesurer avec Sophie et Georges Welterlin à la montée de Bocca di Serra Pianella en septembre 2009. A la lumière de ces exemples, même si cette superbe "trace cairnée" permettant d'admirer les ravins du Fangu, les pentes de Campu Razzinu et le Tafonatu, est abordable "à la limite" pour un randonneur, il faut recommander à ceux qui veulent l'affronter de bien prendre en compte la contrainte de disposer d'un minimum de bases de varappe pour ce faire !
La conclusion globale sur le raid : une réussite en final, alors que la première étape était vraiment une gageure et que la dernière opposait des obstacles pas très courants en randonnée. Nous avons toujours su maîtriser notre sujet quant à l'orientation et la recherche de l'itinéraire, et cela sans l'aide du GPS, sauf ponctuellement sur la "sente des chasseurs", mais cela ne nous a pas empêchés de perdre beaucoup de temps sur ce sujet. Sur le plan des horaires, difficile de porter un jugement tant les problèmes d'itinéraire du deuxième jour et les errements de parcours du deuxième et quatrième jour ont pesé dans la balance. Reste néanmoins que sur le plan physique, cela a été par moment un peu limite, avec la chaleur et le poids des sacs qui ne nous ont pas aidés et, comme prévu, la montée aux bergeries de Scaffone qui s'est avérée une galère dans un contexte de trek !
Pourtant, aucun d'entre nous n'a regretté ces épreuves puisque elles nous ont permis de vivre une belle semaine d'aventures dans le plus merveilleux et le plus sauvage théâtre naturel de Corse que nous n'hésitons pas à revenir affronter périodiquement...
Et pour terminer cette série d'articles, à nouveau le diaporama avec les photos relatives à l'ensemble de ce raid :
Commentaires
Salut @PhE,
Oui, c'est bien l'itinéraire que j'ai pris pour rejoindre la vire du Tafunatu, en continuant au-delà du Ghjarghjole et de la brèche que vous aviez empruntée en 2008 avec Georges et Eckard. Elle ne m'inspirait pas trop ! J'ai donc suivi les cairns pratiquement jusqu'à l'extrémité de la crête, pour entamer la descente, finalement très facile, jusqu'à Campu di Vetta. Contrairement aux indications d'Alain Gauthier dans "Corse des Sommets", on ne se frotte réellement aux aulnes qu'en un seul endroit (pendant 15-20 min, mais ça suffit !), il faut donc croire que l'itinéraire est devenu plus praticable que par le passé !
La flèche et les pierres badigeonnées se trouvent un peu avant de magnifiques sorbiers, dans le premier tiers de la descente. On se croirait sur le GR20... et, comme tu le dis, le parcours est évident, très bien cairné (c'est-à-dire intelligemment cairné, cf. la discussion avec Robert d'Altre Cime), donc, en plus d'être moche, ça n'a strictement aucun intérêt. Espérons que le concours de tags ne reprenne pas de sitôt dans ces lieux sublimes, sauvages, et qu'il faut, bien évidemment, respecter et ne pas "souiller"...
Salut @Sylvain :
Bravo pour ton périple (en solo ?) sur la vire du Tafonatu et autour du Capu ! ;-)
Tu as eu beaucoup de chances pour les mouflons : nous en avons déjà vu une harde sur la vire du Tafonatu, mais de l'ordre de la dizaine, femelles et petits. Sinon, des mâles isolés dans l'amphithéâtre de Campu Razzinu et sur la partie Ouest de l'Andade a u Ponte.
Je ne vois pas bien où sont placés les deux rochers badigeonnés à la peinture : ce sont peut-être les mêmes zouaves que ceux qui ont fait le tag de l'Andade a u Ponte... :-(
C'est au sommet de Silvastriccia au départ de la descente dans les aulnes ? :-? Si c'est là, c'est sûr que cela ne sert pas à grand chose pour orienter la descente (évidente !) ou la montée...
@caroline :
Je n'avais pas vu ton commentaire, aussi ma réponse est-elle un peu tardive...
Oui, c'est bien la même descente que nous avions faite en 2009 avec une petite variante en haut puisque nous l'avions faite en descendant depuis la fin (le début plutôt !) de la vire de l'Andade a u Ponte, alors qu'avec Eckard et Bruno nous l'avons faite en venant du Tafonatu. En fait, la descente correspondait plutôt à notre montée de 2009. 8-)
Bonsoir à tous,
Philippe, Eckard, Bruno, bravo pour cet exploit de taille, à la fois sur le plan physique et en terme d’orientation ! Les photos sont superbes, impressionnantes, et le récit détaillé et agréable à lire, toutefois je ne pense pas que des « hordes » de randonneurs vont emprunter de sitôt l’Andadonna et votre parcours du premier jour…
Il se trouve que j’étais la semaine dernière sur la vire du Tafunatu (juste avant que la météo ne se dégrade !), que j’ai rejointe depuis le Refuge de Ciuttulu di i Mori et l’itinéraire cairné de la Punta Silvastriccia (3h du refuge à Campu di Vetta). Malheureusement, là aussi, deux rochers ont été badigeonnés de peinture blanche, au début de la descente, avec même une flèche peinte sur une pierre, alors que l’orientation est évidente et que l’on aperçoit un cairn 2 ou 3 mètres plus bas… Et pourquoi ne pas rajouter des panneaux, tant qu’on y est ?
Cela dit, le bivouac à Campu di Vetta, sous un ciel étoilé et au-dessus de la civilisation et de la Vallée du Fangu, est l’un des plus beaux qu’on puisse trouver en Corse, avec un confort 3 étoiles ! Le lendemain, je suis monté aux sommets du Capu Scaffone et du Capu Rossu, nouveau bivouac puis remontée (3h) à Ciuttulu où j’avais laissé une partie de mes affaires. Sinon, j’aurais bien continué vers l’Andade a u Ponte et Laoscella… Ce sera pour une prochaine fois !
Pour info, les névés avaient complètement fondu, mais, en contrepartie, j’ai aperçu, en 3 jours, une trentaine de mouflons, par petits groupes de 5/6, des femelles et des jeunes ! Jamais encore je n’en avais croisés autant !
Encore bravo et merci pour le récit du trek !
Bon week-end !
Sylvain
Bonjour Philippe!
Ton récit m'a rappelé bien des souvenirs( c'est bien la même descente que nous avons faite ensemble ou c'est encore un autre itinéraire ? ) .
J'espère qu'un jour tu m'amèneras de nouveau dans ces coins fabuleux, en faisant cette fois ci la fameuse andadonna et pourquoi pas la descente dans le lit du Fango .
Pour rester dans le sujet du Filosorma, nous étions le 14 Juillet à Puscaghia ( avec Coline 9 mois et demi _ autant l'initier tôt ) et Dumé m'a parlé d'un chemin qu'ils ( ? ) avaient réouvert et qui partait directement de Monte Estremo pour rejoindre Rostali ....
@Jean-Philippe :
Effectivement, il est conseillé de commencer par tester cet itinéraire à la montée ! Comme souvent, le parcours est plus facile à repérer du bas et, s'il y a un problème, c'est plus facile de redescendre que de remonter... ;-)
Une descente à l'aveuglette peut parfois vous amener dans des impasses très dangereuses dont on ne peut sortir qu'en rappel... si on a le matériel et la technique !
Merci Philippe pour ce récit, vos indications précises d'itinéraires et les photos. J'avais moi-même renoncé à m'engager dans la descente vers Tana di l'Orsu au départ de Campu Razzinu, en mai 2011, alors que les conditions météorologiques étaient épouvantables. Je pense d'ailleurs que je ferai votre itinéraire la prochaine fois à la montée pour ensuite partir sur la vire du Tafonatu et rejoindre la crête de Silvastriccia.
@Eckard :
Au sujet des problèmes d'épuisement, d'hypoglycémie et de soif en montagne, j'ai un souvenir marquant à ce sujet.
Début des années 80, nous sommes partis à deux grimper la face Sud de la Dent d'Orlu dans les Pyrénées Ariégeoises : côtée TD+ à l'époque (Les 100 plus belles des Pyrénées !), il fallait 10 à 12h pour la parcourir. Aussi avons nous bivouaqué la veille au soir au pied de la voie pour partir tôt. Nous y avons rencontré une cordée de 4 grimpeurs de Toulouse qui faisait la même voie mais en projetant de la faire en 2 jours en y bivouaquant !
Nous sommes partis à 6h du matin, nous avec 1,5l d'eau chacun, nos collègues avec 4l d'eau chacun et la tente ! Une journée caniculaire de fin juillet dans cette face Sud devait donner au moins 50°C au soleil sur les pentes ! A 10h du matin, nous n'avions fait qu'un tiers de la voie et n'avions plus d'eau. L'autre cordée avait épuisé son eau à la moitié de la voie. Le reste de l'escalade a été une galère totale puisque nous ne pouvions ni boire, ni manger (impossible d'avaler, gorge bloquée) et les efforts + la chaleur nous avaient épuisés. Arrivés au sommet vers 17h, nous avons cherché en vain un ruisseau ou une source. Obligés de descendre dans un épuisement total, nous nous sommes retrouvés à ne plus pouvoir rester debout et à descendre les pentes raides herbeuses de la voie normale sur les fesses. Nous avons trouvé un ruisseau vers 20h où nous avons plongé à plat ventre tous les six : j'ai dû boire 10l d'eau d'affilée...
Je n'ai jamais connu de telles situations depuis en randonnée, mais c'est vrai qu'en escalade l'effort est tellement plus intense que la soif arrive beaucoup plus vite, alors que l'on emporte beaucoup moins d'eau.
J'ai vraiment eu l'impression d'être près de mourir de soif dans cette descente avec incapacité de m'alimenter ensuite pendant 24h et perte de poids de 5kg dans la journée !! 8-O
@Eckard :
Salut Eckard,
Des soucis de ligne Internet/téléphone depuis 4 jours ont fait que je n'ai pas vu ton commentaire avant ce matin. Une demande de changement d'opérateur (Free au lieu d'Orange à Sainte-Lucie !) a fait apparaître un problème de ligne peut-être lié aux manipulations France Télécom. Bref, j'ai la Freebox, mais plus de ligne : pas la peine de m'appeler sur mon fixe en ce moment, utilise plutôt le portable ! Pour Internet, je suis branché temporairement sur l'Internet de mon voisin...
Pour le raid, effectivement, cela m'a confirmé que les passages proches de l'escalade en randonnée sportive peuvent être sources de pas mal d'ennuis et de temps perdu. En outre, les réactions des pratiquants confrontés à ces obstacles peuvent être complètement imprévisibles et différer totalement des uns aux autres, depuis la panique totale ou même l'impossibilité d'essayer le pas (je viens d'expérimenter le cas en emmenant quelqu'un récemment à la brèche du Carciara où il a même fallu marcher dans l'eau pour ne pas escalader les rives ! ;-) ) jusqu'à l'appréhension du vide et les problèmes techniques qui rendent le franchissement plus difficile et plus long...
Il est tout de même intéressant de noter que, dans ce type de terrain, ce genre d'obstacle est le plus souvent évitable et qu'il est rare que l'on ne trouve pas un chemin plus simple et avec des obstacles plus faciles : on n'est tout de même pas dans des voies de varappe. Cela a été le cas avec Sophie et Georges à Serra Pianella où nous avons trouvé à la descente une voie plus aisée et évitant (presque !) tous les passages d'adhérence rocheuse ! Cela est sans doute aussi le cas dans cette falaise où il doit y avoir des moyens plus faciles de monter ou de descendre. Le problème est que l'on n'a pas toujours le temps de les chercher, et surtout de les trouver, sans compromettre ou bouleverser les horaires du parcours ! C'est pourquoi souvent je préfère passer par des parcours connus, même délicats, plutôt que d'entreprendre des explorations hasardeuses à la recherche de chemins plus aisés et plus sûrs. 8-)
Quant aux autres occasions d'aller dans le Falasorma, il nous reste un paquet de parcours à essayer, en commençant par cette voie de la RG du Fangu que nous n'avons pas voulu entreprendre cette fois-ci :reyes:
Merci, Philippe, pour ces récits exhaustifs de ce raid qui reliait quelques coins parmi les plus beaux et les plus sauvages (et les moins accessibles) du Falasorma !
Et un grand remerciement aussi pour nous avoir guidé sans casse à travers le labyrinthe de cette falaise au-dessus de Tana a l'Orsu, au dernier jour.
Un commentaire à propos du passage exposé dans cette falaise :
la difficulté pour nous ne venait pas d'un manque de technique de base mais de l'appréhension devant le vide. Sans le vide de 10 ou 15 m au-dessous je te fais ce passage en adhérence les yeux fermés, mais avec le vide, sans corde et sans réelle prise pour les mains je n'avance et ne bouge plus comme je le ferais normalement (relis "Premier de cordée" de Frison-Roche à ce sujet). Par contre, à l'endroit un peu au-dessus où tu nous avais encordés, je n'avais pas du tout cette appréhension, mais je comprends que tu as employé la corde par un souci pour notre sécurité.
D'ailleurs, j'ai fini la deuxième partie de la descente bien entamé, avec un genou de plus en plus douloureux et raidi, incapable de suivre votre allure, même sur le dernier tronçon plat, en hypoglycémie et sans eau la dernière heure et incapable d'avaler le moindre biscuit.
Mais je ne regrette rien, c'était sans doute la dernière occasion pour moi de faire ce magnifique raid qui restera dans mes souvenirs une des plus belles randonnées parmi toutes celles que j'ai faites en montagne corse.