Départ sur la piste d'Argazavu : le chemin de Fumicosa/Samulaghja à gaucheTemps médiocre pour la Corse en cette saison avec un ciel complètement couvert et chargé de nuages noirs assez bas, mais laissant heureusement les sommets locaux dégagés, et un vent qui s'annonce infernal si l'on en croit les prévisions météo du jour : 100/120 km/h sur les crêtes en montagne !
Carte de la crête Samulaghja - Quercitella avec la trace de la boucle parcourueLa carte ci-contre à gauche vous permettra de suivre le tracé de la randonnée que nous avons réalisée, avec en rouge la partie hors-sentiers. Elle s'affiche à la taille de votre écran quand vous cliquez dessus (affichage Highslide JS), mais vous pouvez encore l'agrandir en cliquant sur l'icône Contrôle pour agrandir en taille réelle en haut et à droite...
Le début de la randonnée emprunte le sentier dit "de Samulaghja", balisé grossièrement en bleu "flashy" très peu discret et menant d'abord au réservoir 1052m, puis, après avoir traversé la piste carrossable, au captage d'Argazavu dans le fond du ruisseau de Velacu. Mes compagnons de route marchent à bonne allure : il faut dire qu'il fait assez frais et qu'il vaut mieux ne pas mollir... Après le captage, voici le sentier de Samulaghja en ligne de niveau qui nous emmène au "2ème ruisseau Fabrikant" après avoir longé les parois de Manzaghja, désormais dévolues à de sympathiques voies d'escalade de fort niveau. C'est le moment de quitter le sentier à gauche, en suivant l'indication d'un cairn bien visible, pour monter vers Bocca di Fumicosa ou le bas des parois de Punta Samulaghja. Gérard me laisse mener la montée et je me dirige au jugé selon une trace entre Fumicosa et Samulaghja, en bifurquant à gauche vers le haut pour atteindre directement le col en haut du ravin de Frassiccia.

Crête Samulagjhja-Quercitella par beau temps

Bocca di Fumicosa : l'impressionnante face W de Punta di Ferru Bocca di Fumicosa : départ du ravin de Frassiccia, Campanile Sainte-Lucie, Paliri, ...

Il est 10h12... Le temps est toujours aussi sombre et le vent très violent au col nous empêche d'y faire une pause et nous pousse à poursuivre sous Punta di Ferru en empruntant une trace cairnée se dirigeant vers le Sud. Cette trace, que je connais déjà, emmène sans problème au col Nord de Samulaghja vers 1400m. Il est clair que nous aurions pu atteindre le couloir de montée à ce col beaucoup plus directement sans passer par Bocca di Fumicosa, mais je suis tellement habitué à passer au col ! Les fortes rafales de vent dans le dos nous ont aidés durant toute la montée et la fraîcheur est toujours aussi vive. Là encore, nous ne nous arrêtons pas et suivons Gérard qui monte au-dessus du col vers les parois rocheuses de Punta Samulaghja pour traverser au plus direct vers Bocca Cilindinu. Il monte d'ailleurs trop haut puisque nous nous voyons contraints de redescendre une vingtaine de mètres pour rejoindre le col en question vers 10h45. Fin de la partie connue en ce qui me concerne...
Ensuite deux couloirs montent au Sud du col vers la pointe 1447m : c'est le couloir de droite qu'il faut prendre, puis franchir au sommet un petit verrou rocheux sur la gauche pour rester ensuite sur le fil de l'arête le long de failles rocheuses ressemblant fortement à celles de la crête des Terrasses. Une petite descente dans la foulée et c'est l'arrivée dans une belle clairière bordée de sapins sous lesquels nous découvrons un abri de murets qu'on imagine difficilement utile pour des bergers en ce bout du monde.

Couloir W de Bocca Cilindinu Sur la crête vers la pointe 1447m : Punta Samulaghja et Tafonata di Paliri

Sur la crête après la pointe 1447m : la clairière à bivouac Versant Est de la crête : le littoral vers Pinarellu et les vallons du Haut Cavu

Il nous faut ensuite moins de 10 minutes pour rejoindre d'abord le col N de Punta di Quercitella, puis, en empruntant le versant Est, un deuxième col entre le sommet Nord et une aiguille secondaire, le "col Nord bis". Il est 11h25 et, pour la première fois depuis le départ, nous nous autorisons une pause de 5mn en réfléchissant à la montée au sommet. Il faut dire que nous sommes enfin à l'abri du vent et que celui-ci avait été particulièrement gênant sur la crête...
De ce petit col, la face Est de la pointe Nord de Quercitella est bien visible et dévoile des possibilités de montée relativement aisée.

Col Nord bis de  Punta di Quercitella : versant E de montée

Mes camarades ne sont tout d'abord pas très enthousiastes pour essayer l'escalade, mais, finalement, ils se laissent tenter. Nous empruntons un couloir couché, mi-herbeux mi-rocheux, sur la droite de la face de montée. Contrairement à ma montée de l'année dernière, je reste dans le couloir jusqu'à son arrivée sur la crête, la franchit, passe en versant Ouest, puis revient en versant Est par une belle brèche rocheuse, 50m plus au Sud. Là, nous retrouvons la vire sommitale que j'avais atteinte plus directement en 2011. Le début est facile, mais, très vite, elle devient plus impressionnante et entame la confiance de mes camarades. Finalement, en cherchant un peu, je trouve une solution plus facile en contournant par la droite un petit ressaut rocheux et le reste de la troupe consent à venir me rejoindre. La vire continue, facile et presque horizontale, vers le Sud. Elle est interrompue sur quelques mètres par une cassure rocheuse nécessitant une petite gymnastique, puis aboutit au versant Nord de la pointe. Il n'y a plus qu'à monter les 30m faciles qui nous séparent du sommet et de sa croix que nous atteignons à 11h50. Soit moins de 3h pour la partie aller de la randonnée...

Punta di Quercitella : le sommet pour trois des aventuriers Punta di Quercitella : le sommet pour trois des aventuriers - mais pas les mêmes

Col Nord bis de  Punta di Quercitella : pause pour les aventuriers de Quercitella Pour le retour, nous envisageons de prendre la trace directe qui rejoint le sentier de Samulaghja en oblique dans le versant Ouest, sans reprendre la crête au retour. Après des tentatives pour essayer de traverser vers le col Sud, puis pour descendre directement en versant W depuis la brèche rocheuse, avec des voies pas évidentes et demandant de l'escalade, nous revenons finalement à notre point de départ au col Nord bis vers 12h20 et nous prenons une petite demie-heure pour nous restaurer... Et me faire restaurer pour mon compte, car j'ai oublié de prendre sandwich et fruits en partant !

Nous entamons ensuite le retour en repassant au col N, puis en descendant le raide couloir boisé de son versant W. Il s'avère rapidement que ce versant a été complètement bouleversé par les tempêtes de cet hiver : les laricii et les sapins ont littéralement explosé avec des débris de bois de toutes formes et tailles partout en travers de la descente. Cette descente, qui s'incurve bientôt en oblique sur la droite et même en ligne de niveau, ressemble à une épreuve de haies et d'orientation. Il n'y a quasiment aucune trace ou cairn et la connaissance qu'en a Gérard, ainsi que la trace GPS de son parcours précédent, nous aident bien pour trouver les deux épaulements par lesquels il faut impérativement transiter, faute de se retrouver dans une galère, puis pour atterrir pile sur la fin du sentier de Samulaghja en trouvant enfin une vague trace et quelques cairns vers l'arrivée. Il est 13h50 quand nous revenons à la bifurcation Fumicosa/Samulaghja sur ce sentier, terminant ainsi la boucle entamée 4h plus tôt...

Dans la descente du versant W : en sous-bois pourris par les tempêtes d'hiver Dans la descente du versant W : un des épaulements obligatoires à trouver

Retour au sentier de Bocca di Fumicosa : la crête Samulaghja - Quercitella Retour ensuite au parking par le chemin de l'aller en 50mn. Fin de la partie sportive de la journée avec descente à Zonza et bières obligatoires du retour de course ! Emoticone

En conclusion : une très jolie course, pas très exigeante physiquement (un peu plus de 5h selon le trajet indiqué, 800m de dénivelé effectif), très sauvage, car même les grimpeurs sont rares dans ce coin, et offrant un magnifique parcours de crête dotée de la vue sur le Haut Cavu et la mer d'un côté et la partie Sud de Bavella de l'autre durant le cheminement entre les nombreux éperons, pointes et aiguilles qui la parsèment. Cette région Sud de Bavella avec les deux crêtes, Terrasses et Samulaghja-Castellucciu, est la plus calme et la plus oubliée par les touristes, même au plus fort de la période estivale. A recommander aux amoureux de courses sauvages qui ne doivent pas oublier qu'elle se déroule majoritairement hors sentiers, même si ceux-ci ont existé historiquement tout au long de cette arête...

Et pour terminer cet article le diaporama avec les photos relatives à cette journée :

Diaporama "Punta di Quercitella par le Nord"