1er jour : Calasima - Bocca di Serra Pianella - Tighjettu

Paglia Orba : brèche du Sphinx, Face Est, Grande BarrièreNous nous retrouvons comme prévu, les Welterlin et moi-même, le soir du Dimanche 30 août au couvent de Calacuccia, point de gîte très connu de la région du Niolu mais que je fréquentais seulement pour la première fois. Soirée sympa dans un restaurant de Calacuccia et nuit reposante dans une chambre "single" du couvent !
Pensant pouvoir monter assez haut en voiture sur la piste "carrossable" qui part de Calasima pour aller aux bergeries de Ballone, nous n'étions partis que vers 7 h 15 de Calacuccia : las, le sentier ne s'avère carrossable pour ma berline que jusqu'à l'aire de parking située à 3 km de Calasima à 1170 m d'altitude, alors que je pensais (de mémoire !) monter presque jusqu'à Ballone (ne pas trop se fier à sa mémoire au-delà de 10 ans !). Nous démarrons de là à 7 h 35 et, sans trop nous concerter, grimpons rapidement aux bergeries de Ballone où nous arrivons à 8 h 30, en évitant le raccourci par la Grotte des Anges et le franchissement du Viru.
Nous empruntons ensuite le GR 20 jusqu'au premier ruisseau du ravin de la Paglia Orba que nous commençons à remonter en laissant les Géhéristes continuer vers Bocca di Foggiale.

Bergeries de Ballone Sur le GR 20 à la bifurcation pour le ravin de la Paglia Orba

Le cheminement est assez aisé bien que plusieurs lignes de cairns s'offrent à nous guider : nous suivons une des plus à gauche, restons entre les deux ruisseaux du ravin, laissons le lac de la Paglia Orba à notre gauche et franchissons la branche Ouest du ruisseau venant d'Astratella pour escalader plein Nord les pentes menant aux escarpements rocheux d'Astratella bordant le large couloir du ruisseau principal.

Après la remontée du ravin de la Paglia Orba, on vire plein Nord dans le ravin d'Astratella Depuis le ravin d'Astratella, la Paglia Orba : brèche du Sphinx, Face Est, Grande Barrière

Nous laissons une première vire peu évidente sur la gauche et continuons à remonter le couloir en ayant l'intention d'aller jusqu'en haut comme le suggèrent les deux topos connus sur le sujet ("Guide des Montagnes corses" de Michel Fabrikant et "Corse des sommets" d'Alain Gauthier) lorsqu'une large vire montant en oblique sous les premiers escarpements rocheux de la rive gauche attire mon attention. Elle n'est pas en haut du couloir, mais correspond bien aux escarpements d'Astratella et cela ne coûte rien d'aller y jeter un oeil ! La découverte d'un énorme cairn au départ de la vire semble indiquer que c'est la bonne et nous nous décidons à l'emprunter vers 10 h 30.
En dehors de quelques obstacles rocheux, la vire s'avère large et confortable et, après quelques dizaines de mètres, des cairns jalonnent régulièrement son parcours, nous encourageant à continuer. Elle nous emmène en montée oblique pendant environ 500 m avant de s'interrompre en vue d'un "ruisseau au lit bien entaillé" comme indiqué dans les topos.

Départ de “notre” vire vers 1750 m Départ de “notre” vire : Sophie et Georges

Confortable, “notre” vire de Serra Pianella !

Sur “notre” vire de Serra Pianella Fin de “notre” vire avec la brèche du Sphinx et l'arête SE de Paglia Orba en perspective

Nous remontons aisément ce ruisseau jusqu'à un ressaut rocheux pouvant être apparenté au "couloir rocheux très caractéristiques (gradins)" mentionné par Fabrikant, sauf que les gradins sont un peu plus verticaux qu'attendus dans une randonnée ! Je pense néanmoins avoir aperçu un passage facile pour franchir le ressaut en utilisant une courte vire horizontale en RG du "couloir". Je franchis effectivement la vire aisément, tout en prévenant mes équipiers qu'ils auront peut-être des difficultés à cet endroit du fait de sa configuration en pile d'assiettes inclinées qu'il faut franchir en adhérence sans prises de mains... Mon pressentiment est confirmé lorsque Georges et Sophie essayent le passage et le trouve un peu trop rebutant pour des non-grimpeurs.
Nous sommes un peu interloqués, car les topos n'indiquent pas de difficulté spéciale dans ce cheminement et nous nous demandons si nous sommes dans la bonne voie. Du coup, je pars faire une reconnaissance de la suite du parcours pour vérifier que l'on aboutit bien au Pas des Bergères en haut du couloir : un peu d'escalade facile permet de franchir le reste du ressaut rocheux et, ensuite, le couloir rocheux redevenu débonnaire amène effectivement à un col sur la gauche d'où l'on aperçoit la crête de la Grande Barrière et le col de Serra Pianella. Rassuré, je redescends pour indiquer aux Welterlin que ce passage n'est pas une impasse et qu'on peut continuer.
Mais, pour franchir l'obstacle de la dalle, encore faut-il que je puisse les assurer et ce n'est pas la corde qui pose problème (je l'ai !) mais le point d'assurage : je ne trouve rien pouvant accueillir sangle ou friends (et oui, je suis équipé !) sur ces tuiles granitiques qui constituent le ressaut. Au bout d'une longue recherche, je trouve enfin un vague bourrelet rocheux pour servir de point d'accrochage à une cordelette : cela ne sera efficace qu'à la verticale, donc pour le passage de la dalle inclinée, mais pas pour la petite escalade à la sortie, mais impossible de trouver mieux. Au “pseudo” Pas des Bergères : Capu Ucellu et crête de la Grande Barrière C'est suffisant en tout cas pour Sophie et Georges qui peuvent ainsi mesurer que la difficulté de ce passage est essentiellement psychologique ! La suite de l'escalade du ressaut n'est que formalité et nous nous retrouvons tous vers 13 h au "pseudo" Pas des Bergères que j'ai reconnu antérieurement : en gros, 1 h 30 de perdu entre la reconnaissance du couloir, l'installation de l'assurage et le franchissement du ressaut...

Arrivée au “pseudo” Pas des Bergères : Brèche du Sphinx et face Est Paglia Orba

Au “pseudo” Pas des Bergères : Deux Soeurs et Pointe Lejosne, col de Sierra Pianella, col intermédiaire Au “pseudo” Pas des Bergères : le couloir de montée en bas à droite et le “vrai” Pas des bergères surplombant la cuvette herbeuse dans l'axe !

La suite de l'itinéraire s'avère encore problématique. On devrait descendre de 80 m dans une cuvette herbeuse alors que la suite se présente sous forme de dalles moyennement inclinées à franchir en ligne de niveau ou même en montée oblique. Arrivée au Pas intermédiaire : Sophie et Georges terminant le couloir de montée J'opte pour la ligne de niveau, arrive à un autre couloir rocheux qui me semble évitable mais dans lequel je redescends pour me conformer aux instructions du topo même si la cuvette herbeuse indiquée ne me semble pas conforme au terrain. La remontée du couloir est facile et nous arrivons à ce que je crois être le petit col sans nom indiqué sur le schéma de Fabrikant après le Pas des Bergères. De toute manière, nous ne nous posons plus de questions puisque nous sommes en vue de Bocca di Serra Pianella que nous atteignons à 13 h 50, en haut de la combe d'éboulis jaunes indiquée dans tous les guides.

Arrivée à Bocca di Sierra Pianella avec une éclaircie dans le versant Filosorma

Déception au col, le versant Filosorma abritant notre couloir de descente est complètement pris dans la seule brume de toute l'île alors que partout ailleurs les nuages sont quasiment absents ! Et le temps passé pour déjeuner et prendre des photos jusqu'à 14 h 40 n'y changera rien : ce versant Ouest de la Grande Barrière reste désespérément embrumé... Georges et moi nous concertons sur la suite de l'expédition : ni lui, ni moi ne nous sentons de tenter cette descente, réputée délicate et que nous ne connaissons pas, dans ces conditions de visibilité. On ne voit rien, en face de nous, du versant Capu Rossu-Scaffone, dont nous espérions repérer le couloir de montée, et le début de notre descente n'est visible que sur les cinquante premiers mètres. La journée est déjà bien avancée, multipliant les risques de bivouac improvisé durant la descente pour cause d'erreur d'itinéraire avant d'arriver à Laoscella. Nous décidons donc de revenir sur nos pas et Georges me propose comme solution de remplacement d'aller grimper la Punta Minuta qu'il n'a jamais faite. Nous en avions discuté la veille lorsque je lui avais indiqué que cela avait été ma première course improvisée en solo en Corse à mon arrivée sur l'île en 1983, mais par un itinéraire pour le moins original depuis Haut-Asco en passant le Cirque de la Solitude jusqu'à Bocca Minuta puis en escaladant l'arête SW jusqu'au sommet. J'avais refait ce même parcours avec un copain en 1991 et l'avait trouvé superbe : cette fois-ci, l'itinéraire serait plus logique depuis le refuge de Tighjettu !

Bocca di Sierra Pianella : Grande Barrière vers le N et Capu Ucellu Bocca di Sierra Pianella : les parois de la Pointe Lejosne

En route pour la descente, donc ! En pestant contre les descriptions foireuses des topos de Fabrikant et Gauthier, nous reprenons à l'envers l'itinéraire de montée que nous améliorons en évitant 1°) le couloir du pas intermédiaire via un parcours direct en oblique sur les dalles granitiques 2°) la vire à la cordelette en utilisant une traversée vers l'Est par une autre vire inclinée, plus aisée, dans le haut du couloir. Plus aisée mais pas encore suffisamment pour que Georges et Sophie passent sans encombre... Après avoir descendu les dalles derrière cette vire et exploré longuement les moyens de contourner le ressaut rocheux de la montée, je trouvais enfin un couloir herbeux longeant une arête secondaire du Capu Ucellu (en fait, celle du "vrai" Pas des Bergères !) et aboutissant exactement à la fin de notre vire herbeuse de montée. Ce couloir nous aurait fait gagner 1 h 30 à la montée ! Peut-être pas, car après avoir appelé les Welterlin pour qu'ils me rejoignent, je me rends compte qu'ils n'arrivent pas non plus à passer cette deuxième vire inclinée. Ce n'est qu'en remontant jusqu'à ce passage et en montrant à Sophie comment s'y prendre que la partie délicate est finalement franchie sans faire de nouveau appel à la corde... La descente de la vire finale se déroule sans anicroche jusqu'à 16 h 30 environ et nous poursuivons par la descente du vallon d'Astratella dont nous franchissons l'affluent Ouest exactement au même endroit que le matin. Mais, ce coup-ci, nous décidons de faire un détour par le "lac de la Paglia Orba" tout proche. Lac de la Paglia Orba Celui-ci s'avère être plutôt une mare qu'un lac et nous y rencontrons un groupe de jeunes corses préparant leur bivouac avant leur course de demain, plus alpine que la nôtre puisque, démarrant à Bocca di Serra Pianella, elle parcoure la Grande Barrière jusqu'à la Paglia Orba escaladée par la voie Finch.
La suite, c'est le retour au GR 20 par une variante depuis le "lac", les bergeries de Ballone, finalement utilisées comme refuge par beaucoup de Géhéristes et l'arrivée au refuge de Tighjettu vers 19 h 30. Nous y sommes bien contents d'éviter la cohue à l'intérieur en utilisant tente pour Sophie et Georges et bivouac en duvet pour ce qui me concerne !

Lac de la Paglia Orba sous la face Est

Descente de Sierra Pianella : fin de vire pour Sophie et Georges Arrivée au refuge de Tighjettu sur le GR 20

Je suis revenu de cette course avec la conviction que les topo-guides qui décrivaient cet itinéraire étaient totalement à côté de la plaque et je me demandais comment Michel Fabrikant et Alain Gauthier avaient bien pu être aussi peu précis dans leur relation ! Si je n'avais pas été accompagné, je n'aurais même pas trop été interloqué par cette bizarrerie, mais, là, j'étais bien conscient que nous n'avions pas suivi le parcours "normal" et que j'avais emmené Sophie et Georges dans des exercices de style en dehors des standards habituels de la randonnée, même si nous avions trouvé un itinéraire plus simple à la descente...
Néanmoins, dans les semaines qui suivirent, j'allais vite oublier cet incident mystérieux, pris par d'autres cibles et problèmes. Et c'est Georges et Eckard (qui était déjà monté deux fois à Serra Pianella) qui m'ont ramené à ce "mystère" inexpliqué début novembre dernier via une courriel-conférence à trois où ils m'ont fourni la clé de nos errements : cf. ci-dessous la partie "Compléments" de l'article ! Emoticones

2ème jour : Tighjettu - Bocca Minuta - Punta Minuta arête S/SW - Calasima

Georges au sommet Sud de la Punta Minuta et devant “sa” Paglia Orba Réveil vers 7 h le lendemain, Mardi 1er septembre, permettant d'éviter la ruée matinale habituelle des Géhéristes en proie à leur perpétuelle manie de faire la course pour atteindre les premiers le refuge suivant ! Emoticones. Le beau temps est encore de mise, mais nous nous apercevrons plus tard que le versant Filosorma de la Grande Barrière, que nous avions décidé de ne pas descendre hier, est encore la seule partie du massif dans les nuages comme la veille... Les sacs sont bien plus légers que la veille puisque nous faisons la course en aller-retour depuis le refuge, et donc sans tentes, duvets, couverts, ...
Après un départ vers 8 h, le tronçon de GR 20 qui nous amène à Bocca Minuta est bouclé à 9 h 30 après avoir emprunté "naturellement" (en fait, sans nous en rendre compte !) les raccourcis directs par les dalles. Le CIrque de la Solitude (I Cascitoni ? E Cascettoni ?) est dans une complète pénombre et pourtant déjà encombré par la multitude des Géhéristes Nord-Sud descendant du Col Perdu, contredisant logiquement tous les sites sur le GR 20 qui recommandent de partir tôt pour cette étape : c'est évidemment l'inverse qu'il faut faire et même y aller l'après-midi afin de n'y rencontrer personne sauf le soleil ! A moins que vous ne préfériez suivre ma recommandation d'éviter totalement le GR 20 et de vous égarer en Corse sauvage !

Refuge de Tighjettu au petit matin Bocca Minuta : le sommet de la Punta Minuta 340 m plus haut

Bocca Minuta : Cirque de la Solitude (I Cascetoni) et Col Perdu (Bocca Tumaginesca) en face

Quant à nous, après la pause photos et contemplation, nous tournons le dos à tout ce "cirque" et nous dirigeons plein Est vers un petit col d'éboulis bien visible sur l'arête Sud de la Punta Minuta, à laquelle l'arête SW (sur laquelle se trouve Bocca Minuta) se rattache peu avant d'arriver au dôme final du sommet. J'arrive à 10 h à ce col et, le temps que Georges et Sophie me rejoignent, me fait examiner sous toutes les coutures par un groupe de mouflons curieux, posté un peu plus haut sur le fil de l'arête que nous allons aborder. C'est finalement Sophie qui les fera fuir en arrivant, non sans nous laisser le temps d'en prendre quelques clichés...

Au col d'éboulis de l'arête S de Punta Minuta avec Bocca Minuta en face Au col d'éboulis de l'arête S de la Punta Minuta : mouflons femelles sur l'arête

Au col d'éboulis de l'arête S de la Punta Minuta : mouflons femelles sur l'arête

Nous attaquons le début de l'arête dont je n'ai plus de souvenirs précis à l'exception de son profil de randonnée aérienne et d'un "pas" d'escalade dans la montée du dôme final où j'avais sorti la corde pour assurer mon copain 17 ans plus tôt ! Et c'est bien ce que nous découvrons... La large épaule du départ fait petit à petit place à une ligne d'arête de plus en plus effilée et de plus en plus vertigineuse... à tel point que l'ambiance en vient à impressionner Sophie qui nous fait part de son intention de s'arrêter ! Après l'avoir convaincu de continuer en laissant son sac sur place, nous reprenons l'escalade, toujours aussi facile mais toujours plus aérienne au fur et à mesure du rétrécissement du fil de l'arête à l'approche de la confluence avec l'arête SW et du dôme sommital. Finalement, Sophie capitule devant une traversée un peu exposée et nous ne parvenons pas à lui redonner suffisamment de confiance pour continuer : je n'insiste d'ailleurs pas trop, sachant par expérience qu'il ne sert à rien de la presser quelqu'un de continuer s'il n'en tire aucun plaisir... Du coup, Georges lui laisse son sac et nous ne conservons que le mien avec en supplément appareil photo et GPS de Georges.
Le parcours est loin d'être terminé... Georges et moi achevons la partie effilée de l'arête en surplombant de 500 m le fond du Cirque de la Solitude dans une ambiance vertigineuse inhabituelle pour de la randonnée ! Nous butons enfin sur le dôme final parcouru par plusieurs couloirs de montée parmi lesquels nous empruntons le plus évident vers la gauche. Une petite cheminée inclinée malcommode et nous sommes au "pas" d'escalade, conforme à mes souvenirs (pour une fois !). La cordelette est sortie et, après l'escalade des 5/6 m du petit ressaut, j'installe un relais pour assurer la progression de Georges : celui-ci s'en sort sans problèmes mais ne semble pas trop rassuré pour la descente. Je laisse la corde en place pour faciliter le retour et reprends l'ascension du couloir sinueux qui nous amène au sommet à 11 h 30. Photos pour Georges... Exploration de la voie normale de montée depuis Bocca Rossa pour moi... Cette arête Est me semble plus facile, mais beaucoup moins intéressante et spectaculaire que l'arête que nous venons de parcourir.

Arête S de la Punta Minuta : sur la partie large de l'arête Arête S de la Punta Minuta : en montant vers la partie effilée

Sur l'arête SW/S de la Punta Minuta : Calasima depuis la partie vertigineuse Sous le sommet de Punta Minuta : on surplombe I Cascitoni de 400 m !

Deux évènements insolites pendant notre séjour au sommet :

  • Un mouflon, remontant tranquillement le couloir terminal de la face W, nous aperçoit au sommet à quelques mètres de nous et, surpris et terrifié, fait un demi-tour immédiat et une descente kamikaze sur les dalles du couloir (on se demande s'il n'est pas tombé en atterrissant au milieu des Géhéristes de la Solitude Emoticones
  • Un hélicoptère nous survole et vient se poser pendant quelques minutes en vol stationnaire en-dessous de nous et au-dessus de la Solitude : nous avons cru que c'était pour hélitreuiller un accidenté du GR 20 (ou le mouflon ?), mais ce n'était pas le cas (photos ? vidéo ?) Emoticones

Sommet de la Punta Minuta : la Grande Barrière vers Paglia Orba et Tafonatu

Au moment de redescendre, Georges se rend compte qu'il ne retrouve plus son GPS : malgré de multiples recherches autour du sommet, nous ne le retrouvons pas et entamons la descente en espérant le retrouver dans le sac conservé par Sophie. Pas de soucis particuliers dans la descente, sauf à retrouver son chemin dans le dôme sommital car le couloir sinueux est vraiment... sinueux... et la corde laissée sur place nous aura finalement servi aussi de balise de retour avant de re-servir à l'assurage de Georges pour la désescalade du ressaut. Dans la descente de l'arête SW/S de la Punta Minuta Nous retrouvons Sophie un peu plus bas, ainsi que le GPS de Georges qui était resté dans mon sac, le sac de Sophie encore un peu plus bas et le col d'éboulis à 2300 m de nouveau vers 13 h. Et là, pause déjeuner bien méritée pour nous, dans la solitude absolue de cette arête Sud, alors que nous parviennent depuis Bocca Minuta, en face de nous, les bruits du déjeuner d'une cohorte de Géhéristes retardataires...

Nous nous séparons après le déjeuner : Sophie et Georges continuent sur deux jours dans la région et moi-même dois regagner mes pénates de Sainte-Lucie. Nous nous donnons rendez-vous chez moi en fin de semaine afin de leur ouvrir les portes du mystérieux massif d'A Cagna, la montagne la plus au Sud de l'île. Il ne me reste plus qu'à redescendre pour rejoindre ma voiture au parking de la piste de Calasima. Ce qui est fait de 13 h 50 à 16 h 30, via Tighjettu, Ballone et la Grotte des Anges, le temps de quelques photos du versant Serra Pianella de la Grande Barrière et pour boucler en beauté ces deux magnifiques journées de montagne corse !

Retour à Tighjettu : vue vers le Capu Tighjettu Grotte des Anges : l'entrée de la grotte

• Compléments :

Au retour de ces deux jours, il subsistait tout de même pas mal de doutes concernant le parcours du premier jour et quelques conclusions à tirer des évènements de la deuxième journée. Les doutes sur la première journée ayant été levés par les analyses de Georges et Eckard, ainsi qu'indiqué précédemment au cours de cet article, il apparaît intéressant de préciser tout cela ci-dessous :

  • Montée à Serra Pianella :
    • L'explication de la non-conformité de notre parcours aux descriptions des guides en cours (Fabrikant/Gauthier) : après l'hypothèse d'un mauvais couloir de montée dans le "ruisseau entaillé", il devint vite évident qu'en fait nous avions pris une autre vire que celle des topos ! Et alors, tout s'explique : le ressaut rocheux trop vertical dans le "ruisseau entaillé" (qui n'est pas le bon...), la dalle trop exposée pour de simples randonneurs (qui n'auraient pas dû la franchir...), l'absence de redescente de 50/80 m et de cuvette herbeuse derrière le Pas des Bergères (le "pseudo" qui était en fait un "faux"), etc... Emoticones
    • Les autres arguments : la photo de ce qui est vraisemblablement le "vrai" Pas des Bergères, avec son couloir et sa cuvette herbeuse, que j'ai prise (Cf. plus haut dans cet article) depuis le "pseudo", la vue de Google Earth (Cf. ci-dessous) avec notre trace GPS (tracé en bleu) et les deux autres vires parallèles 50 et 100 m au-dessus de la nôtre dont la plus haute amène sans obstacle au Pas des Bergères repéré sur la photo (tracé en rouge), les souvenirs d'Eckard concernant le Pas des Bergères, etc...Emoticones
    • La cause principale de notre erreur a été la présence du cairn à l'entrée de la vire sans lequel nous aurions continué à monter dans le couloir d'Astratella et le jalonnement constant de cairns tout au long de notre parcours : cela démontre une fois de plus les doutes que l'on se doit d'avoir en présence de cairns et la démonstration qu'ils ne garantissent en rien la validité d'un itinéraire, ni même l'absence d'impasse... Emoticones
    • Cette erreur aurait tout de même été facilement évité sur les descriptions de l'itinéraire avaient mentionné l'ALTITUDE de la vire ! Ni Fabrikant, qui pourtant l'indique souvent, ni Alain Gauthier, ne la mentionnent... et c'est bien dommage... Pour info, la vire que nous avons prise démarre à 1.750 m, celle au-dessus à 1.830 m et la dernière vire (la bonne selon nous, à confirmer) à 1.870 m (altitudes Google Earth).
    • Quelques photos ci-dessous avec la vue Google Earth et les tracés sur les photos du versant Serra Pianella prises depuis la Grotte des Anges (en bleu notre trace GPS, en rouge le tracé déduit des topos)

Versant complet de Sierra Pianella vu via Google Earth
En bleu : parcours A/R du 30/08/09 (trace GPS)
En rouge : parcours normal (?)

Versant complet de Sierra Pianella vu de la Grotte des Anges Partie Ucellu du versant de Sierra Pianella vue de la Grotte des Anges Partie centrale du versant de Sierra Pianella vue de la Grotte des Anges

  • L'arête S/SW de Punta Minuta :
    • Cette course est intégrée sur le site Web "Corse sauvage" en rubrique Randonnée avec la dénomination "arête SW" et la seule mention du pas d'escalade (noté en III) comme difficulté Emoticones
    • Formellement, il ne s'agit pas de l'arête SW, mais de l'arête S : l'arête SW est celle qui part de Bocca Minuta et présente moins d'intérêt alpin, alors que le col d'éboulis se situe sur l'arête Sud. Les deux arêtes se rejoignent à proximité du dôme sommital et constituent une face dans laquelle on trouve des traces de montée (cairns) Emoticones
    • Compte tenu des difficultés que peuvent avoir des randonneurs non-grimpeurs et peu habitués au vide, même avec une forte expérience de la randonnée hors sentier, il apparaît que des avertissements plus précis doivent être apportés : elle sera donc prochainement déclassée en rubrique Ravinisme, même s'il s'agit d'une arête, agrémentée de plusieurs avertissements concernant la proximité du vide et verra le déclassement du pas d'escalade en II+ (et non III, car le passage est doté de multiples prise de mains et de pieds), mais en indiquant bien qu'il n'est pas recommandé de tomber à cet endroit et que la corde est conseillée ! Emoticones
    • Et, enfin, cette course doit être VIVEMENT RECOMMANDEE comme un des plus beaux itinéraires de Corse accessibles aux randonneurs aptes à surmonter la peur du vide ! S'il n'y avait pas le petit pas d'escalade, la corde ne serait même pas nécessaire et elle pourrait être considérée comme une vraie randonnée du vertige hors sentier avec des atouts majeurs : fréquentation quasi nulle, accès aisé côté Niolu (moins, côté Ascu), spectacle grandiose de la Grande Barrière entre Punta Minuta et Paglia Orba, "gaz" permanent de la face W de la Punta Minuta surplombant la Solitude sur une bonne partie de la trace, parcours d'arête varié incluant couloirs, dalles, fil de crête étroit et enfin quizz d'orientation et de mémoire dans les derniers couloirs sommitaux ! Elle mériterait d'ailleurs plus de photos aux endroits les plus grandioses, mais ce sont ceux où l'on n'a pas le temps ou l'opportunité de sortir l'appareil... Emoticones

Carte de la partie Nord-Ouest du Niolu avec la trace des deux joursEn complément pratique, vous trouverez ci-joint le tracé des deux itinéraires parcourus (ERRONE, donc, en ce qui concerne Serra Pianella) sur la carte de la partie NW du Niolu. Les parties bleues sont les parties sur sentier alors que les rouges sont hors sentiers, à l'exception d'une petite partie du GR 20 depuis Ballone jusqu'au départ du ravin de la Paglia Orba qui est restée en rouge. Ces tracés sont les traces des relévés GPS de Georges au cours de ces deux journées : complètes, puisque finalement le GPS était resté dans mon sac et nous avait bien accompagné au sommet de Punta Minuta...

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