Sur la variante alpine du GR20 à Bocca di l'Acellu : le versant Nord Le rendez-vous avec Olivier et Dumé est prévu à 08h30 sur la route du col de Bavedda à l'entrée de la piste menant à la confluence Canniccia/Renaghju au virage avant d'arriver à la MF d'Arza à la montée. J'arrive peu en dessous à l'heure dite et, bizarrement, je vois la voiture de Dumè me croiser dans le sens de la descente. Arrêt pour se concerter et rendez-vous au départ de la piste indiquée. Nous y laissons mon véhicule et partons à trois dans la voiture de Dumè rejoindre le col : c'est là que j'ai compris qu'on allait faire la rando dans le sens de la descente, ce qui ne m'arrangeait pas...

La météo est bonne et la température plus clémente que durant les canicules de juillet - début août. Sur la variante alpine du GR20  : ça coince chez les Géhéristes sur la dalle câblée ! Nous démarrons du col vers 09h00 en nous engageant sur la variante alpine du GR20 dont nous suivons une trace assez haute qui nous permet d'être à Bocca di l'Acellu à 09h25. Ensuite, c'est la montée vers Bocca di u Pargulu le long de laquelle nous dépassons quelques Géhéristes empêtrés dans la descente de la dalle câblée. 200m avant d'arriver au col, nous quittons les balises jaunes vers la droite en montant hors pistes, dans une végétation basse permettant une progression aisée, vers Bocca d'u Chjostru (ex - Collet des Belges pour Michel Fabrikant) atteint à 10h40.

La montée à Bocca d'u Chjostru

Bocca di l'Acellu : vers Bocca di u Pargulu et le chaînon de Pampalonu
Punta Bigornu depuis la variante alpine du GR20
La dalle "mythique" de la variante alpine du GR20
Punta di l'Acellu et di l'Arghjetu depuis la variante alpine du GR20
La roche percée caractéristique sous Bocca di u Pargulu sur la variante alpine du GR20
Arrivée à Bocca di u Chjostru (Collet des Belges)
Bocca di u Chjostru (Collet des Belges) : la voie de montée depuis la variante du GR20
Bocca di u Chjostru (Collet des Belges) : Punta di u Pargulu

Sur la variante alpine du GR20 à Bocca di l'Acellu : le versant Nord A partir d'ici, on rentre, en ce qui me concerne, dans l'inconnu, car je en connais pas du tout ce versant... Nous commençons par descendre le versant NE de Bocca d'u Chjostru, puis, plutôt que de continuer la descente du raide ravin qui descend vers l'Est le long de l'arête de Pampalonu entre Petra Sulana et Punta Gotcha, nous prolongeons notre azimut NE en une ligne de niveau sous les parois des Punta Longa et Alta en direction de l'arête de Punta di San Gio Agostinu séparant cet ensemble de ravins du ravin d'u Santu de l'autre côté. Deux dépressions marquent cette arête : nous rejoignons celle de droite (Est) par une petite montée qui nous amène sur les blocs rocheux de cette crête. Je ne sais si ce col possède un nom (?).
Il est 11h40, nous sommes à 1695m d'altitude et nous profitons de la vue sur les formidables ravins qui descendent dans le Pulischeddu : de beaux souvenirs de notre Giru di Vangoni de septembre 2014. Une belle occasion de prolonger cette contemplation que de décider de déjeûner à cet endroit. Dommage, comme d'habitude à Bavella, les nuages commencent à envahir les sommets environnants...

De Bocca u Chjostru au col sans nom

Descente du versant NE de Bocca di u Chjostru (Collet des Belges) avec les deux collets en face de nous
Dans la traversée sous Punta Alta : Bocca di u Chjostru (Collet des Belges) derrière nous
Dans la traversée sous Punta Alta : le col visé dans l'arête de Pta di San Gio Agostinu
En arrivant sous le col du chaînon de Pta di San Gio Agostinu
Arrivée au col du chaînon de Pta di San Gio Agostinu
Col du chaînon de Pta di San Gio Agostinu : Taula partie SE de Punta di u Furnellu

Descente dans les nuages vers le ravin du Santu : un bloc semblant posé en face de nous Re-démarrage vers 12h20 alors que nous sommes de plus en plus environnés par les nuées qui descendent jusqu'à notre hauteur. L'idée de Dumè est de descendre d'une centaine de mètres d'altitude vers le ravin du Santu avant de retrouver à droite (Est) un autre col (Bocca di Fermu ?) pour revenir dans le versant Sud de Punta di San Gio Agostinu. Pas de chance : nous descendons trop à droite et, quand nous essayons de traverser vers l'Est, nous nous heurtons à des difficultés rocheuses qui nous obligent à revenir sur nos pas. Dans l'autre sens, même punition : en revenant sur la gauche (Ouest), nous butons sur des obstacles qui nous obligent petit à petit à remonter ce que nous avons descendu. Enfin, nous arrivons à retrouver le bon couloir de descente et pouvons traverser vers 1570m d'altitude dans la forêt sous les rochers qui nous ont arrêtés... Arrivée à Bocca di Fermu vers 13h.
S'ensuit une descente compliquée de l'autre côté de ce col où il faut naviguer entre différents couloirs, éviter les ressauts et s'orienter de manière à rejoindre le "thalweg" (couloir assez étroit, pas très pentu et encombré de blocs) qui permet d'accéder sous les parois de Punta d'u Spechju.
Il est 13h45. Là encore, beau spectacle que ce "miroir" bordé d'une visière rocheuse surplombante qui nous domine, nimbé de brumes qui le rendent encore plus mystérieux. Chapeau aux grimpeurs qui viennent jusque dans ces lieux !!

Du col sans nom au pied d'U Spechju

Col du chaînon de Pta di San Gio Agostinu : départ pour la descente vers le ravin du Santu
Erreur d'itinéraire dans la descente vers le ravin du Santu
Traversée de retour à droite (Est) vers Bocca di Fermu après la descente vers le ravin du Santu
Arrivée au col (Bocca di Fermu ?) de retour à droite (Est) après la descente vers le ravin du Santu
Sous Punta d'U Spechju : le miroir et son surplomb faîtier

Sous Punta d'U Spechju, départ de la traversée infernale C'est ici que commence la partie galère de notre randonnée ! Jusqu'ici, c'était déjà de la descente très raide mais sans obstacle important de végétation. Mais nous entamons maintenant une traversée longeant le pied des parois de la partie du chaînon de San Gio Agostino allant d'U Spechju à Punta Rossa. Un examen trop rapide du tracé que nous avait envoyé Dumè ne m'avait pas permis de comprendre cette longue traversée à réaliser avant de redescendre vers la route du col de Bavedda. Il faut dire que descendre directement l'un des affluents des ruisseaux Quercitella et Canniccia ne semble pas non plus un parcours de tout repos : l'approche directe des grimpeurs pour les voies d'U Spechju et de Punta di Quercitella emprunte le canyon de Canniccia au prix de nombreux obstacles effrayants (un verrou de deux blocs coincés franchi par une corde fixe à droite, un 2ème verrou franchi par une sente cairnée à droite, un 3ème verrou franchi par une cheminée à droite avec 25m en 4b et corde fixe, contournement d'une barre par la droite sous U Spechju, ...). Pour nous, c'est d'abord une remontée proche du ruisseau pour tenter de trouver un départ vers la droite (NE) pas trop entravé par la végétation. Dumè mène la danse (il est censé connaître le parcours !) et nous conduit dans cette "traversée infernale" en démarrant dans une vague trouée végétale. Celle-ci s'avère vite une impasse et nous voici obligés de progresser au hasard en courbant de force les branches des taillis qui nous entravent (le pinatu n'est pas suffisant pour le nombre...) et en entamant une descente en écharpe d'une centaine de mètres d'altitude dans cette jungle, au gré des trouées et obstacles rencontrés. J'en ai plein le nez, mes lunettes voltigent sans arrêt entraînées par les branches et les jurons d'exaspération fusent de toute part. Punta di Quercitella et son pilier à droite (Est) de Punta di u Spechju On arrive ainsi sous le pilier Sud de Punta di Quercitella qui abrite trois belles voies d'escalade datant de 2001 à 2008. La lecture de la première approche de ce pilier (Pierre Clarac) me consolera un peu. Ils ont mis plus de 5h pour arriver au pied du pilier alors qu'ils voulaient aller à Punta Rossa et n'ont pu grimper tant ils étaient épuisés. Pour réussir cette voie de 350m (Resistenza), ils ont refait cette montée tous les deux jours ensuite en laissant le matériel sur place et en avançant de 2/3 longueurs par jour. Cela fait plaisir de constater que d'autres ont souffert dans ce coin...
Après le passage sous le pilier, nous rejoignons exactement le pied des parois. Désormais, les ronces déjà présentes auparavant se font encore plus fréquentes et plus denses. A un moment, tentant une traversée un peu en dessous de Dumè et Olivier, je suis pris dans un entrelacs dont je n'arrive pas à me sortir, suis obligé de faire demi-tour et de remonter vers les soubassements rocheux en perdant 5mn sur mes partenaires. Je les rejoins au début de la descente dans un affluent de la Canniccia en bas de laquelle Dumè est obligé de tracer une tranchée de plusieurs dizaines de mètres dans une haie de ronces large et profonde. De l'autre côté, remontée raide et encombrée de végétation, sous une magnifique muraille rocheuse verticale, jusqu'au col sous le point noté 1325m sur IGN.
Surprise, ce col abrite des murets dont on se demande quels dingues ont pu les construire ici et pour quelle raison... Il est 15h10 et cela fait déjà 1h30 que nous avons entamé la traversée !

D'U Spechju au col sous le point IGN 1325

La traversée infernale sous les parois contreforts de Pta di San Gio Agostinu : le début dans les bruyères et les ronces
La traversée infernale sous les parois contreforts de Pta di San Gio Agostinu : la rampe de descente au ruisseau de Canniccia avec les ronces en bas
La traversée infernale sous les parois contreforts de Pta di San Gio Agostinu : la paroi au-dessus de nos têtes
La traversée infernale sous les parois contreforts de Pta di San Gio Agostinu : au col sous le point 1325m avec son muret

Au col  sous le point 1325m, la belle paroi sous laquelle nous avons traversé En face, vers le NE, un autre col à peu près à la même altitude constitue notre cible suivante. Evidemment, cela nécessite une nouvelle montée - descente épuisante qui s'avère heureusement moins dénuée d'obstacles végétaux que la précédente. En outre, dans la remontée avant de rejoindre le col, nous sommes amenés à longer une magnifique arche rocheuse qui, à elle seule, vaut le détour.
Arrivée au col 1209m à 15h30...

En versant N du col 1209 m : l'entrée de la grotte visitée Dumè se souvenait d'une belle grotte située en RG du ravin suivant qui rejoint plus bas le Pulischeddu en longeant les contreforts Est de Punta di Calancona. Je crois l'apercevoir (en fait un énorme tafonu dans la paroi qui n'est pas la grotte) et nous décidons avec Olivier d'aller la visiter. Un aller et retour d'une vingtaine de minutes nous permet de descendre le ravin, de trouver une première anfractuosité décevante, puis, plus bas, la grotte en question qui semble abandonnée de tous. Retour au col à 15h50.

Du col sous le point IGN 1325 au col 1209m

Au col sous le point 1325m :  le col 1209m ciblé en face
Entre cols 1325m et 1209m : remontée vers le col 1209m
En versant N du col 1209 m : l'intérieur de la grotte visitée
Entre cols 1325m et 1209m : l'arche remarquable
Au col 1209m : pointes des contreforts Est de Punta di A Calancona

Pointes des contreforts Est de Punta di A Calancona Après ce col, nous trouvons rapidement une ligne de cairns qui fait quitter le ravin par la droite (Est) et qui amorce une descente vers la partie basse du ruisseau de Canniccia : sans doute les cairns de montée des grimpeurs aux voies de la Punta Rossa.
Jusque là, les genoux ne m'avaient pas fait trop souffrir, peut-être parce que les obstacles empêchaient d'y penser et qu'on avait fait encore peu de dénivelé. Mais, à partir d'ici, après la traversée infernale, c'est la "descente infernale"... Si le début n'est pas trop raide, les cairns emmènent ensuite le long d'une arête rocheuse instable, avant de descendre une pente abrupte bien maquisée. C'est une espèce de sente à 40/50° d'inclinaison moyenne, creusée par les grimpeurs au milieu de la végétation. Sente est un bien grand mot, puisque le tracé est pleine pente quasiment sans virage et est en permanence entravé de dalles ou blocs rocheux demandant à être descendus sur les fesses ou en désescalade. 600m de dénivelé (de 1200 à 600m d'altitude) dans ces conditions achèvent mes deux genoux et j'ai le plus grand mal à atteindre le ruisseau vers 17h20, loin derrière mes deux équipiers qui m'avaient largué dés le départ. Encore quelques descentes de blocs dans le ruisseau, puis la piste qui ramène à la route du col où nous retrouvons ma voiture vers 17h30.
La bière au col de Bavella est un moment bien agréable après cette randonnée exceptionnelle à de nombreux titres !

La descente du col 1209m à la Canniccia

Pointes des contreforts Est de Punta di A Calancona
Les aiguilles du Pulischeddu et leurs sommets dans les nuages

Commentaires : Un parcours hors normes avec des caractéristiques techniques déjà bien spectaculaires (environ 9km entre 1730m et 580m, 1200m de dénivelé positif et 1840m de dénivelé négatif), mais doté en outre de nombreux obstacles objectifs tant par ses passages proches de l'escalade que par une bonne partie de son tracé dans une végétation exaspérante. Evidemment, il est difficile de recommander cet itinéraire aux randonneurs standards, tant il s'éloigne des canons de l'activité : pas la peine d'aller s'y frotter si on n'a jamais vu autre chose que le GR20. Ici pas de balise, pas de trace de sentier, au mieux des cairns. Il faut s'orienter sans arrêt pour ne pas se fourvoyer. Il faut "tester" des passages et ne pas hésiter à rebrousser chemin quand on est empêché pour aller en retrouver un autre. Ce qui est le plus amusant dans cet itinéraire, c'est que l'on a l'occasion de bien vérifier la différence qui existe entre le GR20 (et la variante alpine est déjà considérée comme difficile) et une trace de type, puisqu'on parcourt les deux à la suite !
Merci à Dumè de nous avoir emmenés dans ces lieux, même si la description qu'il en avait donnée auparavant était largement sous-estimée par rapport à ce que l'on a vécu...

Nota : Pour les familiers de la toponymie insulaire, l'arche et la grotte visitées dans les alentours du col 1209m sont dénommées respectivement "Arcu di Pampalona" et "Sapara di Pampalona". Cela tend à confirmer le fait que ce secteur était appelé "Pampalona" et que la Punta di San Gio Agostinu devait plutôt être nommée Punta di Pampalona !

Carte de Bavella avec le secteur Pampalonu - San Gio Agostinu - Punta Rossa et le tracé du parcours réalisé le 20/08/2017 Rappel sur la carte à gauche de la page de notre parcours de cette journée du 20 août 2017.

Diaporama "Découverte Bavedda - Pampalonu - Spechju - Canniccia"

Découverte Bavedda - Pampalonu - Spechju - Canniccia

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