Boucle Chisa - Arinella - Luvana (Olivier Hespel)
Par PhE le vendredi 10 juin 2016, 23:38 - Ravinisme - Lien permanent
Pour cette fois-ci, un nouvel article d'Olivier décrivant une boucle que l'on devait faire ensemble récemment et que j'ai dû manquer pour cause de nouvelle crise de genou gauche. Ce parcours consistait à remonter l'Arinella depuis Chisa en essayant de pousser le plus loin possible sur cet ancien chemin de transhumance, malheureusement plus entretenu de nos jours et impraticable à partir de 200/300m avant d'arriver à la confluence Nord du ruisseau de Castellettu comme j'avais pu le constater en août 2004. Nous avions déjà discuté de cette idée d'essayer de remonter la suite du ruisseau jusqu'au Cuscionu en retrouvant le chemin de retour des canyoneurs du Monte Tignosu, puis de redescendre par Bocca di Broncu et le sentier équivalent le long de la Luvana pour réaliser une belle boucle sauvage autour de Chisa.
Le problème, c'est que la concurrence à "Corse sauvage", dénommée "Bigfoot" (alias "David Abadie", auteur de nombreuses explorations en Corse en dehors de ses errances en Islande), a frappé durant l'été 2015 en réalisant ce parcours en solo, ce qui nous avait conduit à essayer de le refaire rapidement derrière lui...
Heureusement, Olivier a réussi à trouver des co-équipiers pour l'accompagner durant le mois de mai 2016 et c'est son récit de cette "randonnée" que vous allez lire ci-dessous...
Pour suivre plus facilement les détails de l'article, vous trouverez ci-contre, à gauche, la carte de la région Ouest de Chisa donnant le tracé du parcours de la boucle partant de l'extrémiété de la piste de Chisa allant vers l'Arinella et revenant au pont de Bura.
Voilà un grand projet qui m’obsède depuis un moment et que je vais enfin réaliser, enfin, « on va essayer (me dis-je au départ) ». En intégrant les sentiers soi-disant existants sur la carte et la configuration de cet endroit exceptionnel de Chisà qui sans en donner nullement l’impression est aux portes du Cuscione, cela faisait un bon moment que le désir d’y établir un circuit de ses rivières par un itinéraire viable montait crescendo, sachant qu’un bon tiers du chemin avait disparu. A cause de cet arrêté municipal bizarre qui y interdit le canyoning, mais sans doute même auparavant, ce qui devait être certainement une voie d’accès importante de convois forestiers et de bergers a été perdu en amont de l’Arinella, nom donné au Travu avant que celui-ci rencontre la Luvana, autre grande rivière du secteur partant également du massif de l’Incudine mais dans sa partie orientalo-septentrionale. Mon premier objectif, hormis le challenge de réussir le projet, est quand même d’y croiser un maximum de cascades et de belles vasques, ce qui a été partiellement réalisé mais certes pas autant que ne pourrait le faire un canyoneur.
Renseigné que j’étais grâce et uniquement au blog ici présent, avec les textes de Philippe et de ses acolytes, les seuls à l’évoquer, le renfort fut apporté par le parcours effectué un an avant par un « fou » qui eut l’audace de le réaliser seul avec un certain nombre de galères qui lui sont familières. Il s’agit bien sûr de « Bigfoot » (David Abadie), auquel je voue une admiration toute respectueuse pour son courage et que je remercie profondément pour l’aide que son itinéraire m’a apporté. J’en reparlerai régulièrement durant ma modeste narration.
Bref nous voilà partis. Qui ? Francé le fidèle, son beau-frère François que je découvre et qui s’avérera un randonneur–machjaghjolu exceptionnel. Un grand absent, Philippe, trahi encore par ses genoux, usés par tant de treks difficiles. L’arrivée (du lendemain au mieux) est préparée en y laissant un véhicule. Nous prenons l’autre voiture, celle de Francé, et montons un maximum dans la partie haute occidentale de Chisà en espérant suivre la piste, qui domine le Travu de loin, le plus possible.
Nous nous arrêtons assez vite avant le passage d’un gué de ruisseau, préférant sans doute à tort rester prudents avant que la piste ne devienne infréquentable, pas tellement pour cette voiture mais la mienne qui devra nous porter le lendemain. La suite révélera en fait un bon état de la piste et d’ailleurs nous y croiserons une berline (tiens donc, pas seuls ?) au terminus avant un barrage de rochers.
Auparavant, nous aurons laissé le chemin des bergeries de Purcaricciola sur la gauche (première différence avec Bigfoot) et la fontaine de Petralata et les aménagements d’un parcours de santé (??). On quitte la piste carrossable, mais le chemin qui suit reste large : cela va vite changer. Rapidement on s’enfonce dans la forêt et les trouées deviennent plus rares. On dépasse un carrefour avec un cairn qui propose la descente directe vers la passerelle singulière de l’Arinella dont la fonction existentielle reste à déterminer (peut-être un sentier qui longeait la crête de Taglia Mondu et menant directement au plateau du Broncu, sur lequel nous sommes censés nous rendre par des moyens autrement détournés). Mystère. En tout cas c’est par là que Bigfoot était remonté et avait rejoint notre chemin après son détour un peu malgré lui par les bergeries. Mon seul regret est alors de manquer des bras de rivières sympathiques mais le timing avant tout : pour une autre fois sans doute.
Quelques belles vues cependant de haut sur la rivière ainsi que sur cette fameuse passerelle toujours debout.
Je sais alors que les premières difficultés ne vont pas tarder et je me concentre sur les divers points de passage que j’ai plus ou moins programmés… Pinatu en main, je nettoie un peu le parcours de branches et bruyères qui ont souvent la mauvaise idée de pousser trop bas ou trop au milieu, mais, pour l’instant, le tracé est évident et les fondations sont nickels. On franchit la rivière de Valle Chiara et butons comme prévu sur celle de Sapara Albertu sans voir la suite.
François intervient déjà et donne un premier aperçu de sa logique de terrain. Nous trouvons assez vite la suite un peu en contrebas RD et rattrapons sans mal les nouveaux vestiges de sentier qui commencent sérieusement à se dissoudre. Heureusement que des traces de coupes bien utiles nous orienteront également, comme quoi ne jamais hésiter à frapper du pinatu pour vous et vos successeurs. Nous tombons alors dans une impasse de ronces et de salsepareilles mêlées et, plutôt que d’insister, nous contournons par le bas dans du sous-bois pénible labouré et François nous retrouve encore le chemin en remontant. Je décide alors par déontologie de revenir en arrière nettoyer le passage bloqué. J’ai fait ce que j’ai pu mais ne peux pas dire que l’ouverture y soit réalisée et puis je ne pouvais pas y laisser trop de temps et d’énergie, nous n’étions qu’au début de la galère. Effectivement, cette fois la trace s’efface complètement et c’est d’ailleurs là que Bigfoot a choisi de descendre directement à l’Arinella. Prise de décision ; je crois que François commence à réaliser dans quelle galère j’aime me fourrer mais semble déterminé sans jamais faillir. Sans doute qu’avec Francé ils en ont pas mal l’habitude dans leurs parties de chasse sportive. Beaucoup de choix s’offrent à nous et c’est sans doute ça le plus dur. Je commence sur une tracette à droite mais les beaux-frères préfèrent continuer en courbe de niveau. Je ne tarde pas à les suivre. Francé pose un « cairnoulle » pourri qui tiendra pas longtemps mais bon au moins pour assurer un retour éventuel. On défriche, on hésite et je zieute Jipi comme une voyante plongée dans sa boule pour rester sur le sentier désormais fantôme. Et le miracle advient. Cette fois, c’est moi qui fais le bon choix alors que nous approchons de la rive peu à peu. Je prends une direction à peu près nette à gauche plutôt que de monter et je finis par revoir des restes de fondations : cool ! Mais, il est vrai, nous ne sommes désormais plus sur l’ancien chemin si tant est que l'IGN ait raison, ce qui est une éventualité qui prête de plus en plus à caution. Nous sommes sur de belles dalles qui plongent dans l’eau à quelques mètres à gauche et comme je me doutais, le sentier s’est effondré. Mais que vois-je là ? Une main courante, non, incroyable, des humains arrivés ici ? Et y a pas trop longtemps au vu de certains tronçons de la corde pas trop usés.
Des canyoneurs « illégaux » (ils ont bien raison !) sans doute.
Alors que le trajet de Bigfoot reste dans la rivière, je choisis en voyant quelques cairns de rester bien à l’intérieur de la rive et on rentre dans la forêt. Le sol est labouré et très vite nous apercevons des murs en haut que l’on rejoint aisément puis des aires à charbon, bigre. Un sentier, si si, que l’on ne va pas lâcher jusqu’à la première traversée de la journée. Je l’appelle alors le sentier des carbonari et il sera pas mal, vraiment pas mal, et nous accompagnera non seulement sur cette rive mais sur l’autre, et ça, ça sera vraiment du bonus.
En attendant, nous croisons encore des aires, montons un petit col avec un balisage orange résiduel (incroyable) et avant la redescente de ce chemin muré encore en bon état, un beau point de vue sur le tronçon de rivière que nous allons traverser. Je suis plein d’optimisme, même pas dix heures (partis à huit) mais ça va changer hélas. Le plus dur reste à faire…
Le chemin descend rapidement en épingle vers la rivière. C’est là où on se dit qu’il ne vaut mieux pas une trop grosse crue car la traversée sans être délicate demande une certaine attention.
Un coup d’œil nous donne la mesure de la difficulté de rester en RG et nous traversons, même si l’accueil n’est pas des plus chaleureux. Avec un peu de difficulté nous montons au-dessus de la berge pour rejoindre une éclaircie boisée fréquentable en corniche. On reste collé au-dessus de la rive quelques dizaines de mètre, mais faut se rendre à l’évidence : faudra monter.
C’est ce qu’on fait en contournant quelques barres et encore une belle surprise, la trace d’un beau chemin ancien. Avec le recul, je suis à peu près convaincu qu’il s’agit de la suite du chemin des carbonari. On le suit, étonné de sa conservation (passages récents ?), puis on prend une mauvaise décision, au lieu de monter, dans un tronçon confus. Bigfoot qui avait traversé au même endroit et suivi à peu près le même itinéraire jusqu’ici avait alors choisi l’option de monter sur un col de la crête au-dessus pour piquer droit de l’autre côté. Nous butons dans un collet surplombant une barre, pas d’issue. Mais, encore merci François, nous retrouvons le sentier 20m au-dessus en revenant un peu en arrière et cette fois essayons de ne pas le lâcher (ce qui va malheureusement être une erreur un peu plus tard). En tout cas, il est superbe et permet de contourner l’angle droit de la rivière par l’intérieur. Nous passons devant la confluence de Castelletu, puis d’Acqua Acelli, et nous nous retrouvons pile poil devant une magnifique cascade en entonnoir. Le top, et je suis alors plein d’enthousiasme.
Mais c’était compter sur une bien mauvaise inspiration qui voulait absolument me faire retraverser la rivière bien plus en amont que Bigfoot. On croise une chaîne suspendue de plusieurs kilos datant de l’antiquité (je plaisante, mais pas loin) puis un morceau de câble… Exploitation forestière ? Les chênes-verts et les frênes encombrants n’ont pas encore fait place réellement à la hêtraie tellement plus praticable. Notre obsession du sentier et ma décision médiocre nous font délaisser une descente facile à la rivière pour un contournement qui nous enfonce dans des yeuses en découvrant en effet des murs de fondations de chemins. Le parcours devient inconfortable, sale, avec une pente latérale toujours plus franche et garnie de barres jusqu’à arriver à un petit col.
La suite est encore plus austère, fermée. A l’aide de Jipi, on essaye de descendre lentement vers la rivière en s’emmêlant dans les branches qui vous percutent le visage, jusqu’en haut d’un couloir qui mène droit dans ce qui s’appelle désormais le Monte Tignosu. Je propose d’être volontaire pour y descendre sans le sac et l’appareil photo (quel con !). Trente mètres plus bas, je me retrouve au milieu d’un défilé certes charmant et sauvage mais sans aucune issue, ni en face (aucun moyen de traverser au moins dix mètres d’eau) avec falaises à la réception, ni en suivant la berge qui devient vite un cul-de-sac de part et d’autre.
Plus qu’à remonter et prendre une décision. J’avais cru pouvoir gravir la pente en face vers le point 1252 : dans mes rêves !
François propose de continuer vers la crête direction Lattonaccia mais je l'en dissuade rapidement en lui démontrant la difficulté du terrain. On opte pour le retour pour rejoindre le tracé de Bigfoot qui décidément interviendra souvent par procuration durant la rando. Je commence à être fatigué et mon moral s’est pris un coup. Grâce à Jipi, on retrouve la bifurcation et on décide donc de foncer vers la rivière. Mais ce n’est pas encore gagné et, même si le terrain s’est adouci, la traversée s’annonce plus que merdique. Je regarde le tracé Bigfoot et j’ai l’impression qu’il opte d’abord par une remontée sur la même rive qui n’est pas des plus propres mais on arrive à entrevoir un passage en traversée au milieu de blocs aquatiques. Un passage nous oblige même à se « désaquer », mais nous arrivons enfin sur l’autre rive, légèrement inquiets de la suite.
Ma foi, pas trop mal et même assez tranquille jusqu’à la confluence avec l’Agnone pas très loin. Là, pas question de reproduire la galère de notre mentor qui s’est fourvoyé vers le haut en suivant je ne sais pas trop pourquoi l’Agnone et en galérant bien comme il faut. On traverse l’Agnone sans difficulté, remontons par sa RD puis, dès que l’occasion se présente, essayons de rejoindre le plateau au-dessus tout ceci dans de la végétation dense mais franchissable.
Les hêtres commencent enfin à s’imposer et j’avoue commencer à être soulagé même si on n’est pas totalement sorti d’affaire mais, c’est clair, le pire est désormais derrière nous.
Avant de quitter l’Agnone, on y admire une belle chute au milieu de la forêt puis, pour l’instant et sans aucun indice à part Jipi, on essaye de louvoyer à travers les bruyères mauvaises et les arbres plus cléments pour rester sur le tracé de la carte. On entend une bagarre de sangliers pas loin (j’ai des spécialistes à mes côtés) et on n’aura pas fini d’en voir. La pente raidit et on arrive dans le ravin humide mais ouvert qui monte au col près de 1252 (le si convoité). On choisit de rester sur le fil du ruisseau contrairement au « sentier »IGN avant de le quitter par la droite et, après une montée interminable, car les organismes commencent à fatiguer, nous arrivons au col.
Et j’en suis tellement content que je propose une pause-déjeuner. Il doit être aux alentours de 13 heures bien sonnées. Bien sûr j’ai pas faim, mais une petite clope bien arrosée (d’eau, entre autres) n'est pas de refus. Et, comble de joie, des premiers cairns alignés ont fait leur apparition et vont nous accompagner désormais un bon moment. L’endroit est enchanteur avec la couverture forestière exclusivement de hêtres, puis une vue bien dégagé au pied du Monte Lattone et un aperçu du refuge d’Usciolu, et mériterait une petite exploration. Mais j’avoue que je commence à être pressé d’arriver surtout que je sais que l’on en a pas vraiment terminé, loin s’en faut.
On repart le cœur léger mais les jambes lourdes (nos sacs pèsent bien leur douze kilos… trop, beaucoup trop à manger comme d’hab). On suit le sentier, oui n’ayons pas peur des mots surtout après ce qu’on a traversé, bien cairné qui quitte l’herbe pour la forêt mais qui finit par se perdre. Je suis persuadé qu’on a été distrait tant les cairns étaient présents. Malgré la rigueur de la pente, ça passe à peu près partout. On passe juste au-dessus du col 1387, puis, après une petite montée sauvage un peu raide, on rejoint le plateau, puis un grand espace brûlé récemment au-dessus de la rivière de Lucianu.
Je choisis de descendre et de la traverser en restant plus ou moins en courbe de niveau, contrairement à Bigfoot qui avait choisi de se jeter directement sur le fleuve nommé désormais Casamintellu. Je pense qu’il avait raison. En restant à distance, je me retrouve à monter trop, puis à être obligé de faire une descente désagréable dans les genévriers nains, trompé encore une fois par le tracé IGN. Nous voilà pour la dernière remontée et traversée de la journée.
Petite pause encore et, par contre, je vois le temps menacer de plus en plus. Hum, pas prévu ça, mais dans le secteur pas besoin que cela le soit.
On traverse sans trop de mal, je laisse tomber l’espoir d’un reliquat de sentier, on croise un sanglier, puis on fonce dans la hêtraie alors que la pluie va se mettre à tomber deux fois et qu’un orage lointain gronde. Merde. Faudra pas trop tarder si on ne veut pas monter la tente trempée et avec le matos également. Sans l’avoir réellement formulé, j’ai espoir que l’ancien complexe de bergeries de Carpicciola, étape de ce soir, nous ait réservé une surprise agréable. En effet, j’ai parcouru un bouquin chez Philippe qui parlait de bergeries équipées de Casamintellu et, comme il n‘y a pas de trace de bergeries de ce nom sur la carte, ne serait-ce pas celle-ci ? Sait-on jamais ?
On sort de la forêt après un raccourci raide, puis on change la trajectoire vers le Nord sur un plateau d’altitude où les hêtres sont désormais épars et torturés.
Les premières ruines sont en vue, puis, très vite, une belle maison au toit ondulé et une belle porte apparaît. Prions. Elle est ouverte et équipée. Hourra !
Fin de la première étape et dans mon esprit, des difficultés. Il n’est même pas 17 heures. Le lendemain allait être du gâteau désormais, il suffisait de franchir le col de Broncu que je connaissais et foncer tout droit vers la Luvana et rattraper le beau sentier muletier dont je connaissais l’arrivée. Du gâteau, je vous dis. Si j’avais su… j’aurais mal dormi.
Tel ne fut pas le cas heureusement ce soir là, mais j’ai déchanté le lendemain, une bonne galère nous attendait. Merci IGN.
Encore un sanglier la veille, puis un renard le lendemain. Le bestiaire s’étoffe. On fait un peu le ménage, rebouche la cheminée et c’est parti pour un retour annoncé tranquille. Le col large est franchi et on redescend doucement en suivant de nombreux cairns et en croisant deux mouflons a priori esseulés même si on entend pas très loin des bêlements qui peuvent provenir du reste du troupeau.
Ils prennent la pose, génial, puis on reprend la descente vers la forêt de hêtre. Les traces disparaissent, les cairns aussi… bizarre. Bon, on s’enfonce d’abord dans une végétation peu boisée puis ça commence à s’étoffer. C’est alors qu’on croise les vestiges du chemin muletier, preuve de la jonction historique entre la Luvana et le Broncu. On le suit comme on peut puis il se perd vraiment vers la fin.
Je suis le tracé de Bigfoot qui part vers les bruyères à droite. Au début, c’est pas mal en déronçant un peu, mais ça semble se boucher. Connaissant le courage de notre personnage et n’ayant pas le même, on choisit d’éviter tout ça par le ravin de gauche que l’on descend comme on peut et qui nous amène directement sur la fameuse épave d’avion près de la rivière, du moins ce qu’il en reste. Il était rouge, ça c’est sûr et je remarque à quel point la carlingue semble fragile. Cela laisse sceptique quant à la solidité de ces engins là (un avion de tourisme, pas un 747).
C’est là où les ennuis commencent en nous prenant au dépourvu. Le sentier de la carte propose de récupérer le chemin plus en amont et Bigfoot est parti plus en aval, peut-être pour visiter les jolies berges de la rivière, que sais-je ? Mais je comprends bientôt qu’il n’en est rien et qu’il a voulu, comme nous, tout simplement trouver en face un point de départ du chemin. Et cercu, cercu, au moins vingt minutes à trouver des restes de sentier, à monter sur des buttes pourries menant quelque part ou cachant espièglement un départ. Nunda. On prend alors l’option Bigfoot. Fallait se rendre à l’évidence, le sentier de la carte n’existait pas. On refranchit la Luvana en RG, on la longe, puis on tombe sur un abri rigolo et rassurant. Ya eu de la vie humaine récemment. Puis on traverse, contourne la pente pourrie pleine de bruyères à droite (devant une belle cascade à gauche) et essayons de monter sans pouvoir les éviter juste après un cairn totalement isolé posé sur un rocher.
Après quelques énervements et impatiences rentrés de part et d’autre, on finit par sortir du merdier et tomber sur un plateau salvateur. Ah… Il est sale, labouré mais dégagé. On tombe non seulement sur des cairns (des ruines d’exploitation aussi avec une espèce de canal), mais aussi des résidus de balisage. Sans blague ! On les suit tant bien que mal et lentement le sentier se confirme et prend une forme acceptable avant d’arriver à un coude pour former le chemin muletier, un peu encombré mais immanquable.
La suite sera longue et assez fastidieuse car les ouvertures vers la rivière sont rares. Encore une main courante pittoresque, puis un détour que je connais vers un beau tronçon aquatique et le hameau et son oriu de Sapara Altagna et nous voilà rendus. Eccu. Tout début d’après midi.
Pari réussi même avec une pointe de regret sur les accès trop rares aux deux rivières qui me donnent envie de deux choses. Une, nettoyer et rendre plus accessible le haut de l’Arinella et le terminus de la Luvana et Deux, prendre du temps pour explorer à divers endroits les lits respectifs de ces deux rivières de montagne exceptionnelles.
Rappel ci-contre, à gauche, de la carte de la région Ouest de Chisa donnant le tracé du parcours de la boucle partant de l'extrémité de la piste de Chisa allant vers l'Arinella et revenant au pont de Bura.
Commentaires
Bon, à mon prochain passage je mets un cairn...
J'ai étudié la trace. La difficulté n'était pas l'accès à la rivière, nous l'avons effectué sans problème et la trace dans la bruyère empreinté aussi par bigfoot nous l'avons vue mais un peu envahie de ronces. On a préféré le ravin à mon avis à bon escient. Par contre, je me souviens avoir parcouru toute la rive droite minutieusement avec mes camarades (donc que je sois bourré, c'est une chose mais trois personnes quand même) et on a vu absolument aucun point de départ. Mais en tout cas bravo.( C'est pas que notre propre itinéraire soit mauvais mais il n'est pas indiqué).
Ca reste une information très intéressante. Merci pour les suivants.
@Gerard :
Merci pour ces infos !
Comme quoi, même des randonneurs expérimentés et acharnés, comme Olivier et ses coéquipiers, peuvent avoir du mal à retrouver un chemin plus tout à fait fréquenté de nos jours et que la chance joue aussi dans ces cas-là !! :-)
A mon avis, ils ont eu de la malchance dans la fin de la descente en se lançant sur une trace annexe au lieu de rester sur la trace principale : cela arrive souvent... ;-(
Bonjour à tous,
Nous avons fait le 29 mai la descente du col de Bronco sur Chisa (on aurait pu se retrouver à Carpicciola où nous avons passé la nuit).
Pas de problème pour trouver le chemin.
Si je compare ma trace (http://www23.zippyshare.com/v/ih3U1...) avec celle d'Olivier, je note qu'un peu avant d'arriver à la rivière, vers la cote 1000, le sentier part carrément sur la droite, dans la bruyère, pour contourner un rocher. Il revient ensuite jusqu'à une espèce de campement et là on rejoint la rivière. Il repart en face en contournant un rocher par la droite, et se laisse suivre facilement jusqu'au sous-bois de hêtres où on peut se laisser guider par un vieux balisage et quelques cairn, pour arriver au chemin muletier.
Amicalement
l'enfer de Monte tignosu... le reste, c'est compliqué mais avec de la patience, on finit par s'en sortir.
je déteste la bruyère (depuis un certain tour dans le massif de Ferriate)... en fait je déteste aussi indifféremment arbousiers, chênes verts et hêtres). en fait surtout les hêtres qui cachent tout, même si c'est moins touffu.
quand je reviens... pas tout de suite. je retourne cet été en Islande puis en Irlande (en famille) pour prendre un peu le frais.
j'ai eu trop chaud l'an dernier... et trop froid l'année d'avant et ainsi de suite (oui tout ça n'a pas de sens mais j'assume :-) ).
mais j'ai un petit projet cet automne, la meilleure saison pour ce genre de sortie lors du we du 11/11 (surtout en fin d'automne en période de pluies diluviennes).
un raid dans tous les sens du terme.
avion nice calvi... taxi jusqu'à bonifatu en fin d'après midi...
un tour dans le massif (genre Ceppu et plongeon dans le falasorma)...
et rentrer en courant à l'aéroport, le tout en 3 jours flash éclair sans temps mort.
j'en ai touché deux mots à Franck... Il réfléchit longuement LOL après avoir lu le trajet sur le carte.
Je ne sais pas si Philippe t'en a parlé mais j'ai continué à explorer Popolasca dernièrement (Bradani).
Je suis par contre très curieux de vos infos sur la remontée du Logoniello.
Alors, dans l'ordre. La descente avec les soubassements ça va. C'est effectivement lorsqu'on arrive à la rivière que ça devient gonflant ; on a pas eu le courage comme toi de bouffer de la bruyère (je sais que tu adores ça), on a contourné par la gauche dans un ravin. Oui, ce maudit départ de sentier retour inscrit sur IGN qu'on ne trouve que bien plus bas, m'a bien fait caguer.
La traversée Tignosu, me suis bien planté, tu l'as vu. Après une fois arrivé à la confluence avec l'Agnone-Lattone, on s'est pas gourré. Le plus dur était fait.
Comparer les deux traces ? C'est fait. J'avais ta trace sur le GPS. Bah oui, pas con, même si on a su éviter quelques pièges et pas d'autres.
C'est quand que tu viens nous rendre visite un peu ? Si tu veux j'ai des bons plans dans ton secteur préféré de Popolasca !
Disons que le bidule ne me sert qu'en track back au cas où je suis vraiment paumé.
Philippe ne le dit pas mais c'est lui qui m'a orienté vers cette jungle en me disant combien c'était intéressant.
Je n'étais pas du tout préparé à ce parcours. Ne l'avais que survolé de loin sur les cartes. Une totale impro donc sans préparation gps préalable possible (que je n'aurais pas faite de toutes façons ;) ).
Tu n'as pas aimé la descente du col de Broncu dans cette hêtraie qui a tout recouvert?
les soubassements qu'on voit sous les feuilles rappellent l'importance du sentier.
Et pour retrouver sur l'autre rive un truc qui fait croire que peut être bientôt on va sortir de l'enfer mais que non c'est que des chausse-trappes et que vraiment y'en a marre de ce fichu maquis, et que tu te dis mais qu'est que je fous là depuis deux jours? :)
Et la confluence de Monte Tignoso? t'avais pas envie d'appeler le 112? :)
Et vous avez échappé au piège du sentier du bas au départ de Chisa.
C'était pas trop mal en bas, voire même un peu mieux que pas trop mal :)
Mais la remontée sous les bergeries... Euh... tu vois le passage ronces salsepareille? et bien à côté du bonheur...
Bon, on compare bientôt le deux traces.
David
Salut David.
Je suis pas aussi convaincu que toi. Jipi m'a sorti du merdier un paquet de fois. Un merdier dans lequel d'ailleurs je ne serai jamais rentré sans. Mais j'avoue que cela peut nuire peut-être un peu à l'inspiration même si fondamentalement cela ne l'empêche pas. Il faut les deux, je crois. Il y a des avantages et des pièges dans les deux cas.
Mais j'admire ton côté old school ceci dit, même si je n'envie pas certaines de tes galères en tout cas elles me permettent d'en profiter !!!lol
Amitiés.
C'est pas facile, hein? :-)
Dès que j'aurai le temps je transmettrai le texte de mon trajet à Philippe pour comparer. Mais ça date de l'an dernier, j'ai perdu la mémoire des petits détails.
Au moins je suis convaincu que la non utilisation du gps est la meilleure arme pour trouver les passages dans le maquis.
Il y'a plus de place à l'inspiration et l'initiative ;-)
à+
David