Départ du sentier de l'Ancinu sur la D18 C'est le samedi 12/09 que nous nous décidons à aborder cette randonnée. Retrouvailles avec Olivier peu avant 08h00 à la gare de Corte où nous laissons ma voiture pour n'en garder qu'une seule et point de départ sur la D18 au Nord de Castirla, 750m après avoir traversé le ruisseau de l'Ancinu sur le pont IGN 430. Attention, ce n'est pas le départ du sentier indiqué sur la carte IGN au premier point 474, celui-ci n'existe plus, mais un départ un peu plus au Nord et non tracé sur la carte IGN, proche du deuxième point 474. Pour nous, c'est assez simple puisqu'Olivier a déjà effectué le début de cet itinéraire et connaît le départ du sentier...
Un abri-bergerie le long du sentier Le démarrage a lieu vers 08h20 sur un sentier assez bien tracé qui remonte ce versant en écharpe vers le SW jusqu'au premier col 800m plus loin à 590m d'altitude. Dés le départ, nous passons le long d'un abri-bergerie abrité au pied d'un beau rocher creusé de tafoni. Puis nous affrontons un entremêlement de sentes de chasseurs bien propice à nous désorienter, mais, finalement, la trace principale est assez facile à suivre jusqu'au col dans ce sens de la montée. La suite est plus ou moins en ligne de niveau à l'entrée du resserrement rocheux qui marque le début de la partie étroite du ruisseau avant d'atteindre le deuxième col juste avant la descente vers le lit de l'Ancinu. Cette descente s'effectue sur une partie de sentier magnifique avec des soutènements imposants qui montrent l'importance historique de ce chemin ! Pour aller où et faire quoi ? Transhumance, accès aux bergeries de Teghja ?

Au 1er col du sentier de l'Ancinu, en vue du resserrement rocheux

Le vieux chemin et ses soutènements après le 2ème col du sentier de l'Ancinu Le vieux chemin et ses soutènements après le 2ème col du sentier de l'Ancinu

Sur le chemin au-dessus des gorges étroites de l'Ancinu La descente au-dessus des gorges étroites de l'Ancinu est aisée au début car bien tracée et facile à suivre... Mais, à un moment, le cheminement s'interrompt brutalement et nous perdons une dizaine de minutes à traverser une zone de maquis pour retrouver le chemin un peu plus bas.
La partie éboulée du chemin de l'Ancinu Nous poursuivons la descente avec comme ultime problème un passage malaisé dans une zone où le chemin s'est effondré et a été colmaté avec un bricolage métal/bois aidant au franchissement et nous finissons par rejoindre le niveau du torrent à 09h00 vers 500/510m d'altitude.

La descente du vieux chemin après le 2ème col du sentier de l'Ancinu Arrivée du chemin au ruisseau de l'Ancinu

Vasques glauques et absence de courant dans l'Ancinu Torrent est d'ailleurs un mot mal adapté aux vasques glauques que nous découvrons et à l'absence totale de courant d'eau dans le lit du ruisseau ! L'aridité de l'Ancinu, presque complètement à sec, est la conséquence d'un hiver et d'un printemps peu arrosés et de la saison estivale habituelle. Cette année 2015 a presque atteint en Corse les records de sécheresse de l'année 2003...
Pour la suite, nous commençons par remonter intégralement dans le ruisseau en évitant difficilement vasques et surtout ronces qui prolifèrent le long de l'eau. Puis, après avoir franchi une première série de deux méandres du ruisseau, nous empruntons une sente en RD qui nous fait éviter la fin du deuxième méandre et cheminer sur un terrain un peu plus facile mais toujours encombré de ronces. Cette sente nous ramène vers 09h30 au ruisseau qu'elle traverse en nous faisant découvrir sur l'autre rive une trouée dans la végétation et un cairn signalant la bergerie de l'Ancinu, située à la confluence avec le ruisseau de Cassa.
Nous effectuons une visite rapide des ruines de la bergerie proches du ruisseau lorsque, au moment de repartir, Olivier remarque un muret élevé sur un replat perché au-dessus et en arrière du site de la bergerie. Nous nous promettons d'aller examiner au retour les vestiges correspondants...

Les ruines de la bergerie de l'Ancinu sur le replat en bordure du ruisseau Les ruines de la bergerie de l'Ancinu sur le replat en bordure du ruisseau

Le replat de la bergerie de l'Ancinu, l'enclos-murets perché et Punta a Corniaccia

Et c'est reparti au bout d'une vingtaine de minutes pour la suite de la remontée du ruisseau ! A nouveau de manière intégrale le long du cours d'eau, nous entamons une longue marche, fastidieuse et malcommode, qui nous conduit en 50mn dans le premier méandre d'une nouvelle série du ruisseau annoncée par le spectacle d'une belle arête rocheuse, découpée par de nombreuses aiguilles, qui descend depuis Punta a Corniaccia jusqu'à l'Ancinu. Beaucoup d'obstacles rocheux, en général facilement franchissables, et de portions maquisées (les ronces !) rendent la progression sur cette partie lente et pénible, surtout dans ce fouillis végétal en l'absence de vues dégagées.

Remontée de l'Ancinu entre la bergerie et la vasque-cascade contournée en RD Remontée de l'Ancinu entre la bergerie et la vasque-cascade contournée en RD

Arrivée au méandre de l'Ancinu en vue de l'arête rocheuse descendant de Punta a Corniaccia

Nous ne trouvons pas de raccourci et devons suivre le ruisseau le long des deux virages qui contournent la base de l'arête rocheuse. Le lit du ruisseau se dégage un peu de sa végétation avec la vue au-dessus de lui qui se fait plus ouverte et le lit devient plus rocheux avec des ressauts de plus en plus imposants. La fin du deuxième méandre est marquée par un long bief rocheux amenant à une grande vasque-cascade (quasi sèche) qui s'avère être une impasse.
La crête de Bocca Fuatella depuis le col au passage de l'arête dans le contournement RD de la vasque-cascade de l'Ancinu C'est le premier contournement obligatoire que nous devons effectuer, par la rive droite sur près de 300m en coupant la fin du méandre et en franchissant l'arête qui le découpe pour retrouver le ruisseau plus loin dans une portion joliment forestière. Cela nous change un peu de l'uniformité de la partie précédant les méandres, surtout avec la pente raide et dangereuse, mélangée de terre et de rochers, qu'il faut gravir en début de contournement... Dans mes souvenirs d'ailleurs, à l'aller, nous avons même commencé par erreur ce contournement par l'autre rive (la gauche), avant de nous retrouver au-dessus de la cascade à devoir continuer en rive droite : au retour, nous resterons intégralement sur cette rive, sans traverser le ruisseau avant la fin de la vasque !

Le bief rocheux menant à la vasque-cascade contournée en RD La vasque-cascade contournée en RD

La pente raide du contournement en RD de la vasque-cascade

400m plus loin, nous arrivons à une nouvelle grande vasque dans laquelle aboutit une sorte de toboggan rocheux infranchissable sans escalade. Nous comprenons que nous sommes arrivés à la partie finale du canyon de Meriu, même si celui-ci s'arrête géographiquement à sa confluence avec le Frassellu un peu en amont.

La vasque arrivée du toboggan du Meriu (photo Olivier Hespel)

Il est 11h45 et nous espérons visiter le bas du canyon bien que nous n'ayons pas le temps de le remonter entièrement vu le délai de retour au parking. Pour cela, deux solutions : 1°) contourner le toboggan par la RD avec une pente facile mais bien encombrée d'arbres et maquis, 2°) contourner par la RG avec un versant raide mais rocheux et avec peu de végétation. A l'examen de la carte, il est évident que la première solution est la bonne pour aller visiter l'ensemble du canyon et parce qu'elle permet d'approcher Bocca Fuatella. C'est d'ailleurs celle-là qu'envisage d'abord Olivier avant que je lui propose la deuxième qui peut nous permettre, selon moi, de reprendre pied dans le canyon après l'escalade initiale.
Impossible de revenir sur notre gauche pour reprendre pied dans le canyon Et c'est parti par cette rive gauche, avec une escalade de couloirs rocheux raides mais sans obstacles difficiles. Par contre, impossible de revenir à gauche dans le canyon bordé par une paroi quasi-verticale que nous contournons petit à petit par le haut pour arriver jusqu'à la hauteur du virage à droite (en descendant) que fait le Meriu à cet endroit. Une vache dans le versant RD du canyon de Meriu (photo Olivier Hespel) Belles vues sur le versant d'en face avec la crête bien végétale sous Bocca Fuatella et les pentes raides et rocheuses du canyon. On y voit même une vache qui a dû arriver par Bocca Fuatella (?)...

Contournement du toboggan du Meriu par la RG Le virage à droite du Meriu vu depuis le contournement en RG Une vache dans le versant RD du canyon de Meriu (photo Olivier Hespel)

Le canyon de Meriu sous nos pieds (photo Olivier Hespel)

Inutile d'aller plus loin, car la rive que nous avons choisie est le plus long cheminement pour contourner le virage du canyon. Vers 12h20, nous faisons demi-tour et redescendons éperons et couloirs parcourus à la montée pour retrouver notre vasque-toboggan 20mn plus tard et entamer une pause-déjeuner bien méritée... Vers 13h, nous prenons le chemin du retour en redescendant l'Ancinu en sens inverse.
C'est sans peine et plus facilement qu'à l'aller que nous effectuons le contournement de la vasque-cascade des deux méandres de l'Ancinu et la descente au-dessus du bief qui la prolonge.

Le bief après la vasque-cascade de l'Ancinu franchi en RD Dans la fin des deux méandres de l'Ancinu

Passés les méandres, je me fais larguer par Olivier, comme d'habitude dans les descentes, et, bientôt, je ne l'aperçois même plus devant moi. Pas d'inquiétude sur cet itinéraire sans surprise, on se retrouvera plus bas à la bergerie que nous nous étions promis de visiter au retour.
Mais, alors qu'à la montée nous avions intégralement suivi le lit du ruisseau, dans ce sens de la descente, voilà que je trouve deux sentes sur les rives, gauche d'abord puis droite ensuite, qui me permettent moins de temps et d'efforts. La dernière de ces sentes me ramène au ruisseau juste avant la bergerie que je retrouve sans aucun problème vers 14h50 : sauf celui de ne pas retrouver Olivier à cet endroit et le doute de l'avoir dépassé en empruntant mes sentes-raccourcis ! Après quelques appels qui ne résonnent pas loin dans ce ravin, j'essaie mon téléphone qui ne donne rien en appel vocal mais qui parvient à envoyer un SMS à mon coéquipier à 14h55. Réponse SMS d'Olivier qui répond qu'il me rejoint à la bergerie. Du coup, je pense qu'il est en amont de moi, que je l'ai dépassé et qu'il m'a attendu en vain. Mais 15 minutes plus tard, toujours aucun Olivier à l'horizon. Un nouveau SMS m'apprend qu'il a raté la bergerie, puis demande à quelle altitude elle est. Encore quelques minutes sans rien, puis des appels que je crois d'abord venir de l'amont, puis de l'aval où j'aperçois enfin Olivier remontant le ruisseau dans ma direction. Il avait effectivement raté la bergerie et s'était retrouvé très en aval avant de faire demi-tour. Presque 40 mn de temps perdu à se chercher dans un canyon imperdable... Et apprendre à nos dépens que hurler en canyon ne sert pas à grand chose pour communiquer !
L'enclos-murets perché au-dessus de la bergerie de l'Ancinu Reste à faire la visite de l'enclos-murets aperçu à la montée : un enclos et des restes de construction assez impressionnants pour un coin aussi paumé ! De plus, nous avons la surprise de découvrir le départ d'au moins deux chemins, l'un montant plein Nord vers un improbable itinéraire en direction d'Alzatu ou Castiglione (fontaine de Paduli), l'autre constituant sans doute un chemin de parcours en RG de l'Ancinu et prolongeant peut-être le chemin historique pris à l'aller depuis la D18 (?). Pas le temps d'explorer ces deux chemins à proposer à d'autres randonneurs qui pourraient les préférer à la suite de la remontée de l'Ancinu...

Visite de l'enclos-murets perché au-dessus de la bergerie de l'Ancinu Visite de l'enclos-murets perché au-dessus de la bergerie de l'Ancinu

Nous reprenons la descente du ruisseau à 15h50 en reprenant la trace en RD déjà trouvée à l'aller, dont le départ est juste en face de la bergerie. 300m plus loin , cette trace rejoint directement le méandre suivant vers 560m d'altitude. Un autre abri-bergerie dans la descente de l'Ancinu le long de la sente en RD Comme à l'aller, le méandre est traversé à l'intérieur, mais, cette fois-ci, au lieu de rester en RG du ruisseau, nous trouvons une une nouvelle trace en RD avec une sente qui devient vite quasiment un chemin, nous fait longer un autre abri-bergerie et nous permet de rejoindre au plus court le point du ruisseau où nous sommes arrivés à la montée par le chemin historique descendant de la D18. Nous aurions dû trouver cette suite à l'aller si nous avions bien examiné la rive en face de nous en arrivant à l'Ancinu au gros cairn dans le ruisseau !

Le départ du chemin non trouvé à l'aller en RD de l'Ancinu et prolongeant le vieux chemin historique Traversée de l'Ancinu vers le vieux chemin de remontée en RG marquée par un gros cairn

Il est 16h10 quand nous entamons la fin de la randonnée en remontant le vieux chemin jusqu'au premier col, puis en effectuant la traversée vers le deuxième col avec les derniers soutènements. Enfin, c'est la redescente vers la D18 au cours de laquelle j'ai eu quelque peine à deviner le bon itinéraire au milieu des multiples sentes qui emberlificotent ce versant. Retour à la voiture à 16h45...

Sur le chemin de remontée de l'Ancinu : la zone éboulée et bricolée Sur le chemin de remontée de l'Ancinu : les soutènements menant au 1er col Sur le chemin de remontée de l'Ancinu : le chemin et les soutènements vers le 2ème col

En conclusion : une belle remontée de ruisseau, moins difficile que beaucoup d'autres en Corse, combinant le parcours d'un bel ancien chemin de transhumance et la visite de vestiges de bergeries avec une balade aquatique (en temps normal !) où seule la végétation peut poser problème...
A l'approche de la fin du canyon de Meriu, les difficultés rocheuses commencent à se faire sentir et il faut se méfier un peu du contournement obligatoire en rive droite avant d'atteindre la vasque-toboggan. L'aller-retour complet avec une visite de la partie basse du canyon de Meriu est assez long (7/8 heures ?) et demande tout de même des pratiquants entraînés et avertis, même si on peut considérer cet itinéraire comme du ravinisme facile.

Compléments sur le canyon de Meriu : ce canyon est peu connu et peu fréquenté. Décrit dans le seul topo de Franck Jourdan, Corse Canyons, il n'est même pas indiqué dans la base de canyons de Corse de Descente-Canyon. Il reste une course sauvage et technique, à faire plutôt au printemps (sec souvent l'été) avec 3h d'approche (depuis les bergeries de Santa Regina via le sentier des bergeries de Liccioghja), 4 ou 5h de descente selon que l'on s'arrête au Frassellu ou à notre vasque-toboggan et 1h30/2h de retour aux bergeries de Santa Regina via Bocca Fuatella. Pour le canyoning, il est évident que cette approche aller-retour est bien plus pratique que de monter ou de redescendre par l'Ancinu et il ne faut donc pas s'étonner de ne voir AUCUN canyoneur dans ce ruisseau...
Carte de la région Sud de Popolasca et Nord de la vallée du Golu avec la crête de Bocca Fuatella et les ruisseaux de Meriu et Ancinu : en bleu le parcours A/R depuis Santa Regina et la fin de la remontée de l'Ancinu Bien entendu, après le parcours décrit dans cet article, Olivier ne pouvait résister à l'envie d'aller voir de plus près et plus en amont le canyon de Meriu que nous n'avions que frôlé. Il m'avait proposé de l'accompagner fin septembre, mais je n'avais pas pu et il y est retourné avec Francè en suivant l'itinéraire d'accès préconisé ci-dessus par le topo Corse Canyons (voir son parcours, ainsi que la fin de notre parcours précédent, sur la carte ci-contre à gauche).

Deux de ses photos caractéristiques de la partie explorée du canyon de Meriu :

Cascade à sec du canyon de Meriu (photo Olivier Hespel) Cascade à sec du canyon de Meriu (photo Olivier Hespel)

Carte des ruisseaux d'Ancinu et Meriu dans la région Sud de Popolasca avec le parcours de la remontée du 12/09/2015 Rappel ci-contre à gauche, de la carte avec le tracé du parcours en aller-retour depuis la D18 et la partie du contournement du canyon de Meriu.

Voir les photos dans le diaporama ci-dessous qui illustre bien l'ambiance végétale et peu aquatique du ruisseau :

Diaporama "Remontée de l'Ancinu jusqu'au canyon de Meriu"