Raid des 4 sommets Conca - Sari
Par PhE le jeudi 04 juin 2015, 13:58 - Randonnée - Lien permanent
De retour en Corse depuis mi-avril, peu d'occasions m'avaient été offertes de cultiver ma forme, entre actions diverses pour l'association "A Punta Bunifazinca" et travaux obligatoires dans la maison pour cause de tempêtes d'hiver et d'accidents domestiques... En outre, avec la température fraîche de ce début de printemps, une bonne "crève" m'avait mis à plat quelques jours avant le départ du raid que m'avait proposé Olivier quelque temps auparavant : Conca - Sari via les bergeries de Capeddu et le sentier historique reliant ces bergeries à Sari qui a été considéré un temps comme une variante du GR20 pour rejoindre Sulinzara au lieu de Conca. C'est donc un peu méfiant sur ma condition physique que je retrouvai Olivier et Francè chez moi Jeudi soir du 23 avril dernier pour pouvoir partir de Conca au plus tôt le lendemain matin, avec une voiture qu'ils avaient laissée au monastère ND de l'Assunta Gloriosa sur la piste forestière Sari - Canedda.
Le parcours standard (que j'avais déjà réalisé deux fois à partir du massif de San Martinu) étant considéré comme trop simple par Olivier, celui-ci avait dans l'idée de le "corser" en l'agrémentant des escalades de quelques sommets voisins : Punta d'Ortu au-dessus de Conca, Punta Balardia et Punta Batarchjone le long de la crête du Renosu et Punta di u Castellacciu en rive gauche du vallon de Mulinelle.
Difficile de faire tout cela dans la journée et cette randonnée est devenue un raid à réaliser en deux jours, les Vendredi 24 et Samedi 25 avril 2015...
- Jour 1 - Vendredi 24/04/2015 : Conca - Bergeries de Renosu
- Jour 2 - Samedi 2(/04/2015 : Bergeries de Renosu - Monastère ND d'Assunta Gloriosa
Pour suivre plus facilement les détails de l'article, vous trouverez ci-dessous, de gauche à droite dans l'ordre du trajet réalisé, les trois cartes avec le tracé des parcours entre Conca, les bergeries de Capeddu, les bergeries de Renosu, le Castellacciu et le monastère de Sari.
Jour 1 - Vendredi 24/04/2015 : Conca - Bergeries de Renosu
Départ matinal (pour moi !) à 07h45 à Conca depuis le panneau de démarrage du GR20 sur lequel il y avait bien longtemps que je n'étais allé... La montée à Bocca d'Usciolu se fait par un temps bien ensoleillé et sans nuage et nous y arrivons vers 08h20 pour prendre la sente à droite qui part plein Est sur la crête de Punta d'Ortu. Sentier bien tracé, cairns ensuite dans les couloirs de montée de la pointe et nous gagnons rapidement le sommet au-dessus de la croix à 09h00, avant d'aller la photographier (sans intérêt !). Belles vues panoramiques depuis le sommet sur Conca et le ravin de Casale...
Nous rejoignons Bocca d'Usciolu à 09h40 et remontons le GR20 dans la foulée jusqu'aux bergeries de Capeddu. Longue montée fastideuse et monontone dans ce vallon du ruisseau de Punta Pinzuta qu'on ne peut que recommander aux Géhéristes d'éviter par l'une des deux variantes possibles : le parcours Capeddu - Sari que nous allons faire, bien plus varié et joli, ou le massif de San Martinu par le ruisseau de Niffru (le vrai, pas celui de l'IGN qui s'est trompé de nom) et la piste du réservoir de Radichella pour rejoindre Taddu Russu.
Nous traversons, sans nous arrêter, les bergeries de Capeddu vers 11h40 en obliquant sur le sentier de Sari pour refaire le plein d'eau à la source proche. Après la source, comme d'habitude, une partie sale, cahotique et paumatoire pour rejoindre le col 883, qui mériterait une "operata" de réhabilitation de la part de la commune de Conca sur laquelle se situe le trajet jusqu'à Bocca di Renosu pratiquement jamais entretenu (clin d'oeil à la municipalité pour qu'elle fasse comme Sari sur sa partie après Bocca di Renosu). Après une pause-déjeuner à proximité du col 883m, nous entamons ensuite une belle portion avec les deux cols (883 et 910m) et le piton rocheux qui les séparent, avant de commencer le contournement de Punta Balardia par le versant NW.
N'oubliant pas que notre raid prévoit de faire le sommet de Punta Balardia, nous surveillons le maquis qui nous sépare des parois rocheuses, trop dense pour pouvoir être traversé facilement. Un peu plus loin, vers le centre du chaînon rocheux qui constitue en fait cette "pointe" qui n'en est pas une mais plusieurs, le maquis s'ouvre sur une raide pente d'éboulis avec une possibilité de montée vers les rochers. Une traversée à droite en oblique nous amène en vue du seul couloir rocheux commode, bien que très raide, qui nous permet de rejoindre une brèche rocheuse entre deux sommets possibles. Au hasard, nous prenons celui de gauche avec une escalade malcommode dans des fissures-cheminées encombrées de végétation qui nous permettent de gagner péniblement le sommet vers 13h35. Enfin, sommet est un bien grand mot, car nous sommes entourés d'autres pointes pratiquement à la même altitude... Pas de cairn visible sur toutes ces aiguilles !
Après une descente par le même chemin, nous reprenons le sentier de Sari en dessous des éboulis et arrivons à l'extrémité NE du chaînon de Balardia en vue de Punta Batarchjone dont nous sommes séparés par une dépression où se situe le col 881m : belle vue sur la pointe où nous entrevoyons une possibilité de montée par un couloir bien végétal dans sa face W.
Après la descente dans la dépression et la traversée du col, le sentier contourne Punta Batarchjone par son versant W et nous cherchons le couloir de montée entrevu plus haut. Le maquis bouche absolument toute vue et tout accès et je ne suis pas franchement enthousiaste à l'idée d'essayer de le franchir pour accéder à la pointe. Cela ne gêne absolument pas Olivier et Francè qui entament une montée dans une forêt de chênes-verts, pins, arbousiers, ... mais aussi ronces, salsepareilles (redoutables cette année !), ...
Nous retrouvons le couloir au pied de ressauts rocheux qui en bordent l'accès et le remontons sur sa rive droite jusqu'à une brèche herbeuse sauvage au pied d'une belle muraille avec une cheminée verticale menant au sommet Ouest de la pointe. De l'autre côté, l'accès semble plus facile et une vire herbeuse oblique nous emmène dans un autre couloir herbeux avec montée aisée au sommet Est de Punta Batarchjone, marqué d'une balise géodésique. Belle vue sur l'ensemble de la région et sur le sommet W, évité lors de la montée. Il est 14h45...
Retour à la brèche pour la descente, mais là, Olivier, toujour aussi entêté sur ses cibles sommitales, nous entraîne dans une tentative pas évidente d'escalade du sommet Ouest. En redescendant 50m sous la brèche, un couloir raid,e barré d'une dalle rocheuse de 2/3m, semble offrir une voie d'accès. Vers le sommet du couloir, la voie devient compliquée : une vire à gauche amène à traverser l'arête rocheuse qui la domine et à surplomber de l'autre côté un couloir abrupt dont le franchissement de ce côté est risqué. Heureusement, l'arête débouche sur une cheminée inclinée dont la remontée, sous et sur des blocs coincés, permet d'escalader le sommet en spirale. Arrivée à 15h10... Des cairns sur toutes les pointes du coin, la nôtre comme les voisines ! Bizarre qu'il y ait autant de fadas qui s'amusent à chercher à accéder à ces aiguilles dont aucune ne semble être le vrai sommet, car en regardant le sommet Est (ou central ?) que nous avons gravi auparavant, il est évident que c'est celui-là le plus élevé.
La suite du parcours nous conduit sur la crête de Renosu, juste après avoir contemplé les aiguilles de Punta Tanella en tête du (redoutable) ravin de Ghjallicu, où cela devient vraiment de la randonnée avec du terrain plat et une trace plus large et moins encombrée. C'est une sorte de slalom entre blocs granitiques de toutes formes, végétations basses ensoleillées et pinèdes ombragées... Et nous voici à Bocca di Renosu à 16h10 avec un sentier entretenu par Sari et un démaquisage sur 3m de large !
L'idée d'Olivier est d'aller chercher un lieu de bivouac aux bergeries de Renosu en quittant provisoirement le sentier de Sari pour emprunter à gauche, vers le Nord, celui conduisant à ce petit hameau. Le problème est l'approvisionnement en eau, car il ne semble rien y avoir de nos jours comme source ou fontaine au hameau. Nous sommes donc obligés de descendre le long du ruisseau de Cateraccia sur près de 50m de dénivelé pour trouver un point d'eau accessible et se ravitailler : comme, de plus, le sentier est pourri et ne semble d'ailleurs pas dépasser le point où nous avons pris l'eau (contrairement aux indications de la carte IGN), la remontée est particulièrement ch... en cette fin de journée fatigante...
Arrivée aux bergeries à 16h35 pour découvrir, ce que l'on ne savait pas, que l'une d'elles a été restaurée et peut servir d'abri pour la nuit, même si elle est plutôt sale et malodorante !
Fin de soirée à se reposer ou, pour certains, à aménager une sente permettant de monter à un petit promontoire, entouré d'autres bergeries ruinées, d'où l'on a une vue superbe sur Bavella.
Jour 2 - Samedi 2(/04/2015 : Bergeries de Renosu - Monastère ND d'Assunta Gloriosa
Départ sans trop se presser à 08h00 des bergeries de Renosu, non sans avoir pris le temps d'aller faire quelques photos matinales depuis le "panoramique"...
Aujourd'hui, l'objectif est de relier le monastère de Bethléem par le sentier traditionnel en faisant un détour par le sommet de Punta di u Castellacciu en rive gauche du ruisseau de Mulinelle pour aller visiter les vestiges médiévaus situés au sommet. Malheureusement, la météo de la journée sera moins clémente que celle d'hier avec un ciel plus ou moins voilé qui assombrira la plupart des photos...
En partant, on s'était dit que ce n'était pas la peine de ravitailler en eau au Cateraccia car il nous en restait suffisamment, mais, malheureusement, en reprenant en sens inverse le sentier des bergeries vers le col, je me trompe en suivant naturellement la branche du sentier qui descend au point d'eau (embranchement peu visible) et, lorsque nous en aperçevons, nous nous trouvons tellement bas qu'il est plus simple d'en profiter pour faire le plein d'eau à nouveau. Et deuxième aller-retour avec les 50m de dénivelé pour de l'eau...
Après Bocca di Renosu, longue descente vers Bocca d'Alzeta Longa sur un sentier de 3m de large, fraîchement démaquisé et débarrassé des troncs couchés qui l'avaient envahi les années précédentes au sortir des tempêtes d'hiver. Nous profitons du petit promontoire rocheux qui domine le col pour faire des photos du vallon de Mulinelle et de la pointe à escalader... Il est 08h45.
Ensuite, une descente assez raide vers le Mulinelle durant laquelle je propose à Olivier de rejoindre le fond du vallon en rattrapant l'horrible sentier de captage, tout proche, qui a été tracé au bulldozer il y a quelques années. Mais il préfère continuer sur le sentier traditionnel en espérant pouvoir descendre dans le vallon au plus court par une sente marquée sur IGN après Punta Belliche. Nous continuons donc en contrebas du versant Ouest de la crête de Belliche sur une partie de sentier qui n'est pas la plus belle, car souvent sous couverture végétale empêchant la vue des paysages environnants. De temps en temps, tout de même, nous pouvons jeter un coup d'œil au vallon et apercevoir les raides parois de la face Est de la Punta di u Castellacciu.
Puis, c'est l'arrivée sur la crête de Belliche à 09h50 où l'on retrouve une bonne piste qui contourne Punta Belliche par la droite (Est) et où j'arrive à convaincre Olivier de ne pas essayer de tenter l'ascension de cette pointe rocheuse, peu avenante et d'accès malaisé...
Nous arrivons bientôt à la sente qui devrait nous permettre de descendre rapidement dans le Mulinelle. Son départ existe bien mais semble réduit à accéder à quelques postes de chasse encore utilisés par les chasseurs locaux et elle n'existe plus après une centaine de mètres !
Il nous faut du courage pour entamer et réaliser la jonction avec le sentier de départ vers le Castellacciu depuis la piste du Mulinelle : pas loin de 4km de piste inintéressante, d'abord en direction du monastère, puis en revenant sur nos pas sur la piste du Mulinelle. Nous n'arrivons à la sente des chasseurs du Castellacciu que vers 11h00, un peu excédés par ce long détour imprévu. La sente est toujours aussi bien tracée qu'en 2011 et nous amène au col Sud du Castellacciu à 11h35.
Pour monter au sommet, nous utilisons la voie directe dans les dalles en pleine face SSW, avec un petit crochet à droite vers le chapeau sommital pour trouver un ressaut facile à escalader et atteindre le sommet. Le plateau sommital est toujours aussi bucolique et permet une belle vue panoramique avec des vestiges de tour, d'enceintes, de citerne, etc... déjà décrits dans l'article publié lors de ma première visite en 2011 avec Dumè Martinetti ou dans l'article ultérieur sur une troisième visite en hiver.
Après avoir passé une quinzaine de minutes à visiter le site, nous entamons la descente par la voie de la face SSE, au moyen d'une vire oblique herbeuse sympathique qu'il faut quitter sur la gauche pour éviter le ressaut qui en barre le bas. Pas de difficulté, même si elle est bien aérienne, mais son inconvénient est d'être moins directe que la voie de montée puisqu'il faut revenir à droite en bas de la face pour contourner la faille qui nous sépare du col Sud et revenir traverser le maquis.
Arrivés à 12h25 au col Sud, nous sommes de retour à la cabane de chasseurs à l'entrée de la sente vers 12h40 et prenons beaucoup de temps pour une pause-déjeuner bien méritée.
Fin de partie avec le retour à pied par la piste jusqu'au monastère, atteint à 14h30, où nous attend la voiture, laissée par Olivier et Francè, qui nous permet le retour à Sainte-Lucie.
En conclusion : le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Olivier s'est bien arrangé pour rendre très originale cette traversée Conca - Sari des plus traditionnelles, en l'agrémentant de ces ascensions improbables qui en modifient complètement la difficulté. Le parcours standard est de toute manière très intéressant et varié avec des vues sur les ravins de Conca (Casale), des ravins peu connus de Bavella (Ghjallicu et Ghjallichellu), le haut vallon de Favone, des bergeries historiques comme celles de Capeddu et de Renosu, et ces éminences rocheuses remarquables (Balardia, Batarchjone, Belliche, Castellacciu)... A recommander pour tous ceux qui en ont assez du GR20 entre Conca et Paliri et, là, on ne risque pas de rencontrer grand monde, même en pleine période estivale !
Nota : j'ai indiqué partout dans cet article le nom IGN Punta di u CastellAcciu, mais il est clair que c'est une faut d'orthographe de l'Institut et que le nom bien orthographié doit être Punta di u CastellUcciu...
Rappel ci-dessous des trois cartes avec le tracé des parcours entre Conca, les bergeries de Capeddu, les bergeries de Renosu, le Castellacciu et le monastère de Sari.
Voir les photos de ce raid sur deux jours dans le diaporama ci-dessous :
Commentaires
@david :
Ouais, 4 jours de cortisone sans effet !! :-(
C'est sûr que tous ces coins de moyenne montagne corse regorgent de trucs incroyables à faire et à découvrir !! Il suffit de jeter un oeil aux albums d'Olivier, qui en est spécialiste, pour s'en rendre compte...
et ben... même la cortisone?
Quoi que tant qu'on peut éviter et que la gêne est supportable, c'est sans doute mieux d'éviter.
Et pourquoi d'abord que la Jallicu, alors qu'avec un peu d'imagination et une nuit de bivouac, on peut tranquillement en faire 5, sans trop de traversées désagréables entre les ruisseaux?
Oui c'est un projet pour cet été mais classé non prioritaire. Ce serait juste pour meubler en phase de récupération après le grand projet de Bavella qui me tient à coeur (celui qui ne marche pas en principe).
Pour en revenir à votre tour. Toute cette région est vraiment riche de coins vraiment sympas, même à une altitude généralement peu propice aux merveilles de ce genre.
@david :
Heu, le Ghjallicu ? De ce que l'on a vu depuis là-haut, c'est pas engageant pour ceux qui n'aiment pas le maquis ! :-)
En ce moment, j'ai un peu une indigestion de maquis avec allergie retrouvée (la dernière en 2010), toux avec grosses quintes, yeux larmoyants, nez qui coule comme une fontaine... Pour l'instant, aucun traitement ne me fait quoi que ce soit.
Mais Olivier et ses copains ne refuseront certainement pas une proposition aussi accrocheuse...
Tu pensais essayer cela pendant ton séjour du mois d'août prochain ? :-?
Salut Philippe
Après le bref échange qu'on avait eu après ton passage dans ce secteur, voici maintenant les photos qui m'éclairent un peu sur les difficultés locales.
Je ne crois pas que Frank aurait aimé ;-)
Profitant de vos expériences et errements tu m'as donné quelques idées de boucle dans les ruisseaux locaux (que je garde secrètes avant tentative, je ne relate que les succès :) )
Je me demandais par contre si les ruisseaux à ces altitudes modestes sont bien en eau au coeur de l'été.
Ca te tenterait pas un essai dans Jallicu (je conserve la syntaxe du continent)?