Capu di Vegnu (Olivier HESPEL)
Par PhE le dimanche 05 avril 2015, 19:45 - Randonnée - Lien permanent
Olivier m'a fourni cet article en me parlant de sa "trilogie" de Balagne avec Victor pour indiquer que cet article était le dernier des trois consacrés à leur périple d'Octobre 2014, après le Penne Rosse et Cima Caselle. Le terme "trilogie" me rappelant celle, célèbre en alpinisme, des trois grandes faces Nord alpines (Grandes Jorasses, Eiger et Cervin), je n'ai pu m'empêcher de faire une analogie avec cette série de courses, certes moins célèbre, qui pourrait être considérée comme une trilogie du ravinisme en Balagne !
L'ensemble de ces parcours en Balagne me semble surtout intéressant par leur diversité et leur originalité de lieux et de sites, alors que beaucoup de pratiquants doivent avoir l'impression qu'en Balagne (hors Filosorma, bien sûr !) la montagne et les sites sauvages ne se rencontrent que dans le massif de Bonifatu...
Moins difficile que les deux précédents, ce parcours reste en dehors du "Ravinisme" même s'il comporte beaucoup de hors-sentiers et quelques orientations délicates : à réserver quand même aux pratiquants suffisamment expérimentés !
Les photos sont toutes d'Olivier, dont l'appareil photo, cette fois-ci, avait mieux résisté que lors de la course de Cima Caselle...
Pour suivre plus facilement les détails de l'article, vous trouverez ci-contre, à gauche la carte avec le tracé du parcours de la boucle de Capu di Vegnu, via Capu Cardellu et Punta di Bonassa, qui est décrite, par Olivier lui-même, dans la suite de l'article ci-dessous.
Encore une randonnée peu connue, en tout cas des marcheurs non balanins, qui va consister à gravir une montagne qui ne paye pas de mine sur la carte mais qui se remarque de loin lorsque vous traversez notamment la micro-région du Marsulinu. C'est en effet une belle pyramide qui ferme ce secteur anciennement très agricole et qui termine en beauté l'axe Muvrella - Ceppu dans sa continuation vers la plaine : le Capu di Vegnu (1388m). J'avais demandé à Victor de m'y amener dès que possible et l'occasion s'est présenté en octobre 2014 à la suite de deux jours déjà bien remplis d'ascensions pittoresques. Son accès est possible par plusieurs endroits car elle rayonne de tous les côté. Il me propose un circuit à l'aller qu'il avait déjà effectué et moi je lui ai suggéré un itinéraire inédit au retour passant par le col de Bonassa. Autant vous dire qu'avant lui, on ne croisera pas grand monde.
Point de départ sur le terminus de la piste de Vespaghju qui part de la route qui mène à Bonifatu. Une faible partie se fera en voiture de tourisme mais très vite, vu son état, je préfère continuer à pied, même si la montée se révélera un peu fastidieuse. Tant pis. Après quelques longs lacets qui nous font prendre 300 mètres d'altitude, on atteint le terminus pour prendre aussitôt sur la droite un raccourci de chasseur que l'on devra toujours nettoyer à chaque passage tellement le maquis est dense. Les deux cents mètres raides rapidement franchis, on débouche sur un beau sentier historique, plus ou moins restauré, qui sera le point de jonction de notre boucle.
On prend à droite, de là s'ensuit une bonne heure de courbe de niveau à donner quelques coups de sécateurs ici et là, d'abord plein Nord puis vers l'Ouest, à parfois chercher un peu la suite, à nettoyer, en traversant haut maquis et forêt. Nous nous approchons doucement de la crête au-dessus qui s'abaisse et la jonction semble ne jamais arriver jusqu'à ce qu'enfin au lieu-dit Santore, on y débouche avec une vue panoramique pas dégueu qui donne sur Calvi, sa chaîne montagneuse qui mène à l'Argentella, la vallée profonde d'Amacu, sans parler de ce qui est derrière nous : la grande dorsale.
Le sentier semble se poursuivre, et je sais qu'avec ou sans on pourrait rejoindre (et inversement) la bocca di Marsulinu par un long trajet sur la crête. Mais l'objectif qui s'impose plein sud est tout autre : le Vegnu est majestueux malgré sa faible altitude. Nous quittons l'histoire pour trouver l'aventure (qui n'empêche pas l'un) dans la suite de la crête par le Cardellu en traversant des fourrés pas trop hargneux jusqu'à ce que l'on bifurque à un point précis de bascule à droite. On ne plonge pas complètement mais on essaie de garder une altitude identique en nous dirigeant vers une barre rocheuse qui semble comprendre quelques faiblesses que nous allons exploiter. Au loin, deux mouflons détalent rapidement.
Arrivés vers les barres, je choisis de rester en courbe de niveau et mon partenaire préfère contourner par le bas alors que nous nous trouvons au pied du massif cible. Le but est bien visible après l'épaule, il s'agit d'un magnifique et large (tout est relatif) ravin rocho-herbeux envahi de magnifiques bouquets d'ifs sur cent mètres d'altitude en plein dans la pénombre : cool.
Mon pari est gagné et sans trop d'acrobatie je rejoins l'étroit vallon magique alors que Victor se pointe par en-dessous. Donc, pour résumer, c'est étroit pour un vallon mais assez large pour un ravin, capisce ? Bref, la visite du jardin est fort sympa et, cette fois, mâles et femelles ifs se côtoient, ces dernières avec les belles baies rouges caractéristiques, mais à part ces beaux et vénérables spécimens, pas de traces de "jeuns"... Pourquoi, mystère...
La montée qui, sans la féérie de l'endroit, pourrait s'avérer fastidieuse se termine sur l'épaule sud du Vegnu, sur un joli plateau dégagé. Reste plus qu'à crapahuter sur les rochers et sans trop de mal en contournant par l'Est, on atteint l'apex. 360° garantis. Le temps cependant commence à se gâter. Ah !
Faudra pas trop traîner mais on décide quand même de s'orienter vers la bocca di Bonassa qui semble pas tout à côté vu d'ici.
Confiants mais prudents, on descend vite, mais un coup d'œil sur Jipi nous montre que l'on part trop à droite, on remonte un petit ressaut rocheux pour revenir sur la crête en s'assurant de bien distinguer celle de Bonassa de celle de Manganu. Et là, alléluia, une ligne de cairns se profile qui semble mener droit à l'objectif. Bon, je savais que ce n'était pas une zone inaccessible loin de là, mais pas si fréquentée. Sans aucune difficulté, nous suivons gentiment les repères dans ces crêtes assez tortueuses mais à la logique implacable et atteignons les premières ruines du col jusqu'à lui. On croise des randonneurs qui nous confirment le retour à la civilisation.
Plus qu'à descendre sur le bon sentier du Mare Monti, en croisant un dernier if qui se dresse seul et un peu caché au-dessus, trahi par des excréments de renard rempli de ses baies digérées, prendre à gauche sur le carrefour pour éviter de tomber sur l'itinéraire qui arrive directement sur la maison forestière de Bonifatu, pour arriver sur la bonne épingle (merci Jipi) qui marque le départ du sentier historique qui est le même que celui au-dessus de la piste. La boucle se boucle et on repart, sécateur en main, sur le chemin de montée et sa piste, non sans effectuer un raccourci qui me fait gagner cinq bonnes minutes en évitant un virage interminable.
Voilà une bonne petite rando de presque 1000 mètres, mine de rien, avec pas mal de trajet, effectué tranquillement en six heures environ, qui permet de visiter des coins originaux et de jouir de belvédères saisissants. Avis aux amateurs de ballades pas trop brutales.
Pour rappel, vous trouverez ci-contre, à gauche la carte avec le tracé du parcours de la boucle de Capu di Vegnu décrite dans l'article ci-dessus.
Commentaires
Oui, on peut partir de Mustella, mais la propriété et les parcelles autour sont bien clôturées et le stationnement sur la route pas top...
Le parking de Sta Lucia est lui désert (même si l'église elle-même n'a rien de patrimonial), et le chemin horizontal qui mène au ruisseau de Colombu m'apparait comme un vrai vestige de la vie rurale d'autrefois... J'aime bien et c'est l'affaire d'un quart d'heure.
Pour la fréquentation : sans doute des chasseurs, pas mal de vaches et de chèvres dans le haut. Mais j'y suis monté 4 fois sans jamais rencontrer personne : ça va sans doute changer grâce à ce post !.
A noter : le Capu di Vegnu a fière allure depuis la plage de la Ricciniccia, ce qui permet de nager en se refaisant l'itinéraire : mare e monti !
J'ai un tracé de l'itinéraire sur un extrait d'IGN. Je vous le passe si c'est utile.
@Olivier :
OK pour cet itinéraire qui semble bien sympa et peu fréquenté !
Pourquoi ne pas partir directement de Mustella, lieu-dit desservi par une route ? La route est privée ? Ou obstruée par des propriétés privées ?
Le parcours semble suffisamment simple pour qu'il n'y ait pas besoin de le compléter d'une carte du secteur avec le tracé ! :-)
Le Capu di Vegnu pour randonneurs à la condition physique lambda
Accès : se garer sur le parking de l’église de Sta Lucia, sur la petite route de Prezzuna qui part sur la D en montant à la Bocca di Marsulinu depuis Galeria.
Itinéraire : du parking, monter au mieux droit dans la pente pour rejoindre 30m plus haut, dans une forêt dense, des ruines et un chemin transversal. Le prendre vers la G (N). Il traverse à flanc pour rejoindre le vallon du ruisseau de Colombu que l’on traverse pour rejoindre l’arrière d’une propriété au lieu-dit A Mustella.
Aller jusqu’à la porte grillagée pour prendre en sens inverse une trace, en amont d’une clôture, qui s’engage (E) à flanc dans le vallon. Il y a plusieurs traces (avec des tuyaux de captage d’eau : prendre plutôt les traces du haut. Après 10’ environ, quitter alors la trace qui continue dans l’axe de la vallée pour emprunter celle part nettement à main G (NW), en montant sur le versant : c’est cette trace qui va remonter le vallon assez haut sur sa RD alors que les autres descendent vers le ruisseau et se perdent. Après 1h, on rejoint néanmoins le fond du ruisseau que l’on traverse. Ne pas hésiter à poser des cairns à partir de là pour faciliter la redescente. La trace zigzague un peu en RG, puis part plus nettement en traversée sur la D, dans une forêt de chênes et de châtaigniers. Au sortir de cette forêt, la trace repart sur la G dans une végétation plus basse. Elle traverse au moins deux champs de fougères et se rapproche du ruisseau au niveau d’un bosquet de grands arbres sous lesquels se trouve une cabane de chasseurs. Remonter sous les arbres en restant en RG, puis, quand les arbres laissent place à un mélange maquis et fougères, passer en RD pour rejoindre un éboulis rocheux grisâtre que l’on pourra remonter plus facilement. On rejoint alors la ligne de crête qui limite au N le vallon du Colombu. De la crête, on peut rejoindre facilement le sommet du Santu di Partu, à travers quelques rochers brisés. Suivre plus ou moins la crête ou les plateaux de fougères et d’épineux à main D jusqu’au pied du Capu di Vegnu. Une large vire ascendante de G à D permet de rejoindre l’arête sommitale à D du sommet, puis par quelques rochers faciles le sommet.
Descente par le même itinéraire
@Sylvain :
Olivier et Victor ont effectivement une condition physique bien au-dessus de celle du randonneur lambda ! Et, aussi, bien au-dessus de la mienne... :-/
Voilà un autre sommet qui m’attire depuis un moment ! Il a fière allure depuis Calvi et rappelle un peu le San Parteo, par sa forme de pyramide excentrée par rapport aux sommets plus élevés et connus (Monte Grossu dans un cas, Ceppu dans l’autre). Le compte-rendu me confirme l’accès a priori simple car cairné depuis Bocca di Bonassa ! Le panorama côté mer et côté montagne est sensationnel (Baie de Calvi, Golfe de Galeria, Paglia Orba et Capu Tafunatu, Massif de Bonifatu, Monte Grossu…), par contre il faut une sacrée santé pour enchaîner sur 3 jours les ascensions du Capu Penne Rosse, de la Cima Caselle et du Capu di Vegnu !