Cima Caselle (Olivier HESPEL)
Par PhE le jeudi 19 mars 2015, 10:21 - Ravinisme - Lien permanent
Il reste heureusement à Olivier tout un stock de randonnées à raconter, y compris sur l'année 2014, pouvant faire l'objet d'articles sur ce blog : il faut dire qu'il est rare que les parcours de cet individu ne soient pas du style "Corse sauvage" !
Cette fois-ci, dans la foulée et la lignée de l'article précédent concernant le Capu Penne Rosse et son séjour en Balagne avec Victor (Gomis), il nous relate le parcours d'un itinéraire extrêmement peu fréquenté, autour d'une cime qui peut s'atteindre depuis Felicetu ou Zilia : Cima Caselle ou Cima di Casellu est un sommet peu connu de la longue arête du versant Nord des vallées de Melaghja - Tartagine, plus connue pour d'autres cibles décrites dans les guides (San Parteo, Monte Grossu, Capu a u Dente).
Il est, bien sûr, dans la même veine que l'itinéraire précédent (Capu Penne Rosse) et, même s'il ne comporte pas d'obstacles techniques importants, il reste réservé à la catégorie des pratiquants expérimentés capables de suivre des tracés hors sentiers avec les compétences d'orientation correspondantes !
Quant aux photos de cet article, il semble que la plupart proviennent de Victor, puisque, comme il le raconte, l'appareil photo d'Olivier était en rade...
Pour suivre plus facilement les détails de l'article, vous trouverez ci-contre, à gauche la carte avec le tracé du parcours de la boucle de Cima di Casellu qui est décrite, par Olivier lui-même, dans la suite de l'article ci-dessous.
Objectif de cette journée du 24 octobre 2014 : Cima di Casellu, à partir de Zilia, avec une montée directe de plus de 1300 mètres dans le ravin de Tribiatoghju, Teghja en aval ! Ça va jouer fin ! Le tout pratiquement en free land, peu ou pas de sentiers évidents, faudra suivre la voie des bêtes.
On démarre avec Victor de la piste de Bigaloghju qui monte directement du centre du village. Arrivés avant son extrémité, à un coude, on prend la tangente qui nous amène sur un reste de sentier mi-chemin patrimonial, mi-sente de chasseurs. C'est au travers de trouées pas toujours visibles et profondes qu'on gagne en altitude (vive le sécateur, mais, si par malheur la fréquentation chute pendant trop longtemps, seul le bull pourra nous faire avancer) avec des obstacles récurrents qui nous obligent à franchir des talus désagréables, ronçonneux et piquants.
De rive en rive, de boue en sable, de zones arborées en zones buissonneuses, peu à peu nous finissons par quitter le maquis luxuriant et hostile pour arriver en des terrains plus ras, mais également plus pentus. Nous montons vite, car le dénivelé est sans pitié, sans temps mort ni plateaux intermédiaires. Nous voyons depuis le départ l'objectif, mais intégrons néanmoins l'espace qui nous en sépare, car, même à un bon rythme, la distance semble s'allonger. Frôlant et traversant des lits de rivières qui, en cette saison, sont vides mais gagneraient à être visités au printemps, nous atteignons le cœur du cirque de Melaghja. Plusieurs couloirs nous dominent et un joli if solitaire nous attire ; alors mâle ou femelle ? A priori pas de baies, un mâle sans doute. S'il est seul, la reproduction va être compromise et, preuve, aucune pousse aux alentours. Qu'est-ce qu'on attend pour replanter ces arbres majestueux !!!
Nous continuons vers la gauche et choisissons de prendre au milieu du cirque un haut couloir vers la gauche. Je sais où nous sommes : Jipi, mon Gps, est en forme contrairement à mon appareil photo en convalescence, cause chute malheureuse dans l'eau du ruisseau en bas, mais mon camarade Victor aurait voulu la vraie bocca di Melaghja, bien plus à droite. Peu importe, on gravit sans problème la crête qui suit qui n'est autre que la pointe sud de Casellu, et on rejoindra Melaghja en suivant. Je crois que, de toute la montée, c'est le seul moment où on aperçoit enfin le soleil, c'est à dire le sommet, tellement le terrain est encaissé, raide et ombragé le matin.
Le spectacle est pas mal (blasé grave, le gars…) et j'apprécie particulièrement la face Est côté Giu(n)ssani de l'ensemble, beaucoup plus docile avec de larges prairies entrecoupées de pins laricci clairsemés et une face nord du monte Grossu assez charismatique. Un court repas et on repart en direction du bon col de Melaghja.
On replonge alors droit à l’Ouest dans la combe de la montée mais, très vite, on longe sur la droite en direction du col bien visible qui lie le massif de Caselle à la crête Ouest qui sépare Zilia de Muro.
On rejoint des premières traces de sentiers et même des restes de chemin historique, puis, après le col, avec beaucoup d’attention, on suit des traces cairnées qui s’améliorent en descendant en traversée gauche jusqu’à un autre col qui domine le grand bassin qui fût agricole au-dessus de l’axe Muro - Felicetu. On emprunte le vallon de Serchjalone par un plongeon raide en lacet toujours sur le sentier œuvré.
Puis je décide de faire un « léger détour » vers le Nord-Ouest en courbe de niveau dans du maquis peu hospitalier de bruyères basses, surtout dans le franchissement des talwegs vers le Monte al Pratu, avant de descendre relativement facilement sur la maison du bandit de Falconaghja, prétexte de ces instants de difficultés. Étonnamment, à cette altitude, nous faisons décamper un grand mâle mouflon venu en solitaire se repaître des lieux.
Une fois visitées ces ruines insolites encastrées dans la roche, on repart de Falconaghja plein Ouest en suivant essentiellement de bonnes pistes, en coupant aux bons endroits sans jamais galérer dans la machja.
Du col de Foata, il suffit de descendre directement par un sentier balisé jusqu’au plein cœur de Zilia. Certes, on aurait pu rejoindre Foata directement depuis le vallon de Serchjalone, mais pourquoi faire simple ?
Voilà un long parcours original (7 heures), très beau, surtout au retour, qui mériterait une saison plus fleurie ou humide et éventuellement un autre itinéraire pour le passage avant Falconaghja, le soi-disant repère du bandit, qui était relativement pénible, mais l’aventure se paye parfois de désagréments, Philippe en sait quelque chose ainsi que tous les randonneurs insulaires (dignes de ce nom serait un peu élitiste !).
Pour rappel, vous trouverez ci-contre, à gauche la carte avec le tracé du parcours de la boucle de Cima di Casellu décrite dans l'article ci-dessus.
Commentaires
@Sylvain :
Je ne connais pas trop ce coin, mais, effectivement, le versant Ghjunsani a l'air plus accueillant...
C’est la première fois de ma vie que j’aperçois un if de cette taille, en croiser un sur ces pentes inhospitalières relève presque du miracle ! En tout cas, pour moi, cela justifie de prendre le départ de cette randonnée, même sur un sentier sale… Merci pour ce compte-rendu, car je n’imaginais pas non plus possible d’atteindre directement la Cima Caselle depuis Zilia (avec toutes les réserves mentionnées par Olivier : orientation, dénivelé, végétation). J’ai toujours pour projet de parcourir la ligne de crêtes reliant le San Parteo au Monte Grossu, et permettant donc de visiter au passage la Cima Caselle : j’y viendrai, un jour ! Les pentes versant Giunssani, parsemées de pins laricci, semblent plutôt accueillantes… Sinon, quelle lumière et quelle visibilité (On distingue parfaitement le Cap Corse, sur les photos) : l’automne est décidément une belle période pour la randonnée !
En lisant le récit de cette randonnée dans cet article, ainsi que celui d'un article précédent sur le Capu Penne Rosse, on ne peut que regretter de n'avoir pu participer à ce petit séjour en Balagne !! :-/
Victor est sans doute un des meilleurs connaisseurs de tous ces parcours sauvages du Nord-Ouest de la Corse...