Le Capu Penne Rosse (Olivier HESPEL)
Par PhE le mercredi 31 décembre 2014, 14:59 - Ravinisme - Lien permanent
Pour boucler l'année 2014 (de justesse !), voici encore un article inspiré par Olivier, encore été très prolixe en cette année 2014, autour d'une de ses courses que vous allez découvrir sur cette page.
C'est durant un séjour de quelques jours à Calvi où il était parti rejoindre Victor pour goûter aux parcours de Balagne et de Bonifatu que les deux lascars ont pu réaliser cette randonnée en boucle avec un aller par la vallée de Meta di Filu, le sommet du Penne Rosse comme objectif principal et un retour par le GR20 au-dessus de Carrozzu ramenant au parking de l'Auberge de la Forêt.
Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que ce genre de "randonnée" est réservée à des pratiquants expérimentés et que la connaissance du massif y est un avantage non négligeable ! Elle est donc classée évidemment dans la rubrique "Ravinisme", même si le seul ravin remonté est celui de Meta di Filu...
Pour suivre plus facilement les détails de l'article, vous trouverez ci-contre, à gauche la carte avec le tracé du parcours de la boucle du Penne Rosse qui est décrite, par Olivier lui-même, dans la suite de l'article ci-dessous.
Superbe journée d'été indien qui s'annonce pour cette randonnée sportive, à n'en pas douter. Aujourd'hui et pendant encore 3 jours, exceptionnellement, je vais me laisser guider... Des fois, c'est reposant. Et ce par le spécialiste des lieux autour de Calvi, Victor Gomis. Je vais donc pouvoir me concentrer encore mieux sur le décor qui sera, à n'en pas douter, extatique. Le rythme imposé par mon guide va tester un peu mes performances.
Partis de Bonifatu, nous fonçons en direction de Spasimata par la variante classique du GR20. D'abord le kilomètre de piste, puis le sentier qui suit et qui longe la rivière de Lamitu. Un bon quart d'heure plus tard, au virage qui franchit la rivière Pettinaghja, et juste avant celle-ci, nous bifurquons sur un sentier bien ouvert à droite qui nous enfonce profondément dans la forêt encore méso-méditerranéenne (riche en arbousiers, chênes-verts et bruyères) et ce en douceur. Très vite après avoir traversé un reste de ce qui ressemble à un « compulu » (enclos à traire) impromptu à cet endroit, une nouvelle bifurcation à droite apparaît. Ne pas la prendre puisqu'elle mène au col de Pittinaghja et par delà le Ceppu etc....
On reste tout droit dans une atmosphère plus sauvage, et je m'attendais à une suite de parcours bien plus touffue mais c'était sans compter sur le boulot formidable de nettoyage de ses utilisateurs dont Victor lui-même, toujours un sécateur à la main. Dès la rivière de Pittanaghja traversée, je fus surpris par la qualité, relative certes, du chemin marqué d'histoire. Peu de risque de se perdre et des cairns sont en général placés là où des tronçons ont disparu. La montée s'accentue, la végétation devient supra-méditerranéenne, puis montagnarde (comprenez pins laricci très dominant, puis présence de sapins).
Au fur et à mesure de la grimpette, désormais soutenue, se dégage la vue sur les premiers pics impressionnants qui nous entourent (aiguilles de Bonifatu, crête de Petrinaccia), sortes de gardiens géants qui veillent sur la vallée et contrôlent son col au-dessus (en l'occurrence celui de Taïta). Tout en longeant la longue crête de Petrinaccia, en rive droite du lit sec de la rivière de Meta di Filu, on sort peu à peu de la forêt. Le terrain devient plus minéral au fur et à mesure que la pente s'accentue. Le cairnage semble s'interrompre, mais l'objectif est évident, le col au-dessus de nous, plein sud, alors que Petrinaccia fusionne avec l'axe Ceppu - Muvrella au niveau de Penne Rosse, le principal objectif de cette journée. A droite, entre le sommet de la Taïta et Meta di Filu, accessible par un ravin-dièdre, le col de Bocca di Filu que l'on laisse : on ne peut pas tout faire.
Après une dernière raide ascension rocheuse, on retrouve des cairns sous le col et le vent commence à forcir : cela ne va pas être évident de rester sur les crêtes, on verra bien. Après quelques derniers zigs et quelques zags, nous voilà arrivés. Vent fort mais qui disparaît dès qu'on descend en adret. Çà va, on n’aura pas chaud, c'est sûr et tant mieux, mais ce sera supportable malgré le vent frais (froid). Le ciel est si pur aujourd'hui que l'on aperçoit nettement la côte continentale et ses hauteurs au loin : impressionnant, alors qu'il n'y a même pas de neige !
Objectif Capu Taïta. On descend légèrement sur la face sud du massif en s’orientant vers l’Ouest. On constate que, malgré la propreté du terrain peu encombré mais rocailleux, ce n’est pas tous les jours que des curieux gambadent dans le secteur. Victor nous dirige vers un pin mort isolé, en courbe de niveau. C’est là qu’il faut repérer vingt mètres avant de le rejoindre un accès sur la droite qui monte en direction d’un couloir dominée sur sa gauche par une petite arche. Nous avons humblement cairné le passage, mais cela tiendra-t-il et il faudra quand même bien avancer vers le trou pour croiser nos marques. On dépasse ce dernier, puis, par une petite succession de montées courtes, on repère un étroit passage à droite avec un petit pas manu porté pour le franchir. Un dernier couloir raide, puis le sommet apparaît, large mais torturé. Une belle pente semble accéder vers le col de Meta di Filu mais rien ne garantit l’absence de mauvaise surprise avant d’y accéder et ce n’est pas totalement à côté.
L’endroit est tellement chaotique qu’il nous faut chercher la bonne descente pour le retour. Le goulet repéré, le doute est levé et le retour se fera un peu plus haut que l’aller vers le faîte de la crête, preuve que ça ne sert à rien de trop descendre.
Après avoir repris les sacs au col, on continue vers l’Est en basculant légèrement sur l’ubac. De nombreux cairns nous guident mais, de toute manière, il faut rester sur le fil de la crête, ni trop à droite, ni à gauche. Après quelques couloirs et corniches, l’arête se rétrécit au fur et à mesure que nous gagnons en altitude. Le parcours devient plus engagé et on domine la vallée de la montée de façon impressionnante.
Un passage aérien nécessitant quelques précautions d’adhérence franchi, nous arrivons sur le bombé sommital tout en longueur. Le point culminant conquis et le paysage admiré nous convenons d’aller sur l’adret nous restaurer à l’abri du vent.
La descente préconisée par Victor ne se fera pas au Nord ni même sur le fil de l’arête, des brèches très découpées la rendant impossible. Je le suis donc à l’adret et sans aucune indication en descendant dans des couloirs casse-gueule, sans visibilité réelle de l’objectif mais sachant qu’il se trouve plus à l’Est au col (1900m environ) qui sépare les deux sommets de la Penne Rosse. Nous finissons par y arriver grâce à sa connaissance du terrain. Retenons qu’on a perdu presque cent mètres depuis le sommet et qu’on n'est jamais resté très loin des barres de la crête.
De là, la descente dans le grand cirque Nord ne pose pas de problème particulier, si ce n’est son inconfort. D’ici, la Punta Petrinaccia semble accessible, beaucoup plus que de l’autre côté, c’est certain. Nous longeons l’épaule de droite en NE jusqu’à un large col duquel nous surprenons quelques femelles mouflons apeurées, puis nous descendons vers une combe herbeuse qu’a désertée notre dernier ovin et la traversons sans changer de cap pour aboutir sur le GR20 provenant du lac de la Muvrella.
Nous le suivons en aval jusqu’à la passerelle, constatant la sécheresse de la rivière qui le longe, coupons sous le refuge de Carozzu par un raccourci cairné, le retrouvons, posons notre postérieur à la fontaine de Spasimata pour enfin croiser pour la première fois depuis ce matin un couple d’animaux du genre humain. La deuxième passerelle franchie bien après, nous reprenons la variante du GR20 pour boucler la boucle en rejoignant le carrefour de ce matin. L’arrivée à la voiture se fera tout à l’ombre (depuis qu’on a rejoint le GR pratiquement) moins d’une heure après.
Bilan : 1600 mètres environ de dénivelé positif, une balade, et 7h40 d'horaire (on n’a pas traîné). Mais cela ne m’a pas semblé si difficile, en tout cas en matière d’orientation et de terrain, mais c'était avec un bon guide, certes...
Pour rappel, vous trouverez ci-contre, à gauche la carte avec le tracé du parcours de la boucle du Penne Rosse décrite dans l'article ci-dessus.
Commentaires
Pour avoir fait les deux, je dirai que le tour complet du Ceppu est plus difficile. Peut-être moins exposé (mais c'est pas non plus le Capu Larghia, loin s'en faut) mais orientation et trajet plus tortueux.
@Sylvain : Je te dirai l'horaire pour mon compte quand je l'aurai parcouru...
Compte tenu de mes essais dans le coin, je serai largement plus lent !
@PhE : Ah... Pour moi, c'est au moins le double !
@Sylvain :
Cela semble effectivement un peu plus long et compliqué encore que le tour du Ceppu que notre ami Victor arrive pourtant à boucler en pas loin de 6h, si ma mémoire est bonne... :-)
Superbe randonnée en boucle, qui me rappelle un peu le circuit du Ceppu (longueur, dénivelé, difficultés d’orientation), mais avec la montée au sommet, depuis Bocca di Taïta, qui me semble, par endroits, délicate et exposée (d’ailleurs classé petites difficultés par Fabrikant) !