Encore les vires de Scaffone et du Tafonatu W
Par PhE le mercredi 22 septembre 2010, 14:41 - Ravinisme - Lien permanent
Il faut sans doute commencer à prendre au sérieux ce que me prédisait cet accompagnateur calvais il y a quelques années, à savoir que la diffusion par Internet de topos de "randonnées" dans le Falasorma allait attirer des hordes de randonneurs (sic) dans le coin... Il s'avère, en effet, que les gens font la queue depuis quelque temps sur les vires de Scaffone et du Tafonatu face Ouest !!
Après nos nombreux passages sur ces vires (je dois en être personnellement à la demie-douzaine...), les passages répertoriés des frères Escuain et ceux non répertoriés des locaux de la vallée, cette fois-ci, ce sont deux "étrangers" à la vallée, deux Calvais, qui ont parcouru ces lieux en ce dernier mois d'août : Victor Gomis et Bruno Valtat, écumeurs du massif de Bonifatu et déjà connus sur le Blog par leur descente "végétale" du ravin de la Spusata pour effectuer la traversée Bonifatu - Falasorma par Bocca di Pittinaghja en juin 2010. Les 17, 18 et 19 août derniers, Victor et Bruno ont pratiquement accompli à l'envers notre trek de juillet 2008, mais en 2 jours et demi seulement, à l'exception du retour par Caprunale et Monte Estremu au lieu de la Lonca et d'Ota, notre point de départ de l'époque.
Voici donc quelques photos et quelques retours de ce périple : Monte Estremu - Bergerie de Saltare (1er bivouac) - Laoscella - Versant Scaffone - Andade a u Ponte - Vire du Tafonatu - Campu di Vetta (2ème bivouac) - Silvastriccia - Haute Lonca - Puscaghja - Caprunale - Monte Estremu...
Ce raid a été réalisé à deux personnes les 17, 18 et 19 août 2010, avec un départ de Monte Estremu dans l'après-midi du 17/08 et un premier bivouac à la bergerie de Saltare le même soir. Le lendemain 18/08, après un départ matinal vers 07h45, enchaînement Saltare - Laoscella - brèche Pinzu Scaffone - plate-forme Scaffone - vire d'Andade a u Ponte - traversée du ruisseau de Bocca a Rossu - vire Tafonatu face W - Campu di Vetta et bivouac à l'endroit traditionnel au bout de cette vire... Enfin, une troisième journée bien remplie, le 19/08, avec la remontée sur la crête Silvastriccia - Ghjarghjole par les aulnes de Silvastriccia, retour vers le GR20 au sommet de la vallée de la Haute Lonca et descente de la Haute Lonca jusqu'à Puscaghja. Et pour terminer la journée, redescente à Monte Estremu par Bocca Caprunale ! Deux journées et demi bien occupées pour une boucle pas commode, surtout pour des randonneurs ne connaissant pas trop ce massif...
Voici quelques éléments de retour de cette randonnée, écrits par Victor, concernant leurs impressions immédiates sur ce raid :
"Arrivés a Saltare dans l'après-midi du mardi 17 Août ...
Nous avons constaté quelques coups récents de sécateur sur le chemin : probablement faits par les chasseurs du Dimanche 15 Août.
Quelques mots sur un papier dans une des deux cantines de Saltare : un groupe d'allemands qui est passé le 6 Août.
Nous avons posé nos sacs et sommes partis en reconnaissance jusqu'à la cascade de Laoscella pour re-cairner et donner des coups de sécateur. Cela nous a fait avancer le lendemain avec les gros sacs.Vrai départ le Mercredi 18 Août à 7h45...
Passage de Laoscella sans problèmes. C'est à partir du collet coté 1431m qu'il faut rester vigilant et bien repérer l'objectif, Pinzu Scaffone 1711m et sa brèche !
Redoubler de vigilance à partir de cette brèche car, au N et NNW de Capu Scaffone, c'est le "no man's land" ! Est-ce que nous sommes sur le bon itinéraire ?? Question que ne se pose jamais le randonneur... Il allume le flairomètre à fond, laisse ses cartes et ses boussoles dans le sac et se laisse emporter par cette douce paresse, mi-perdu, mi-émerveillé, pour avancer dans un écran géant...
Tiens, un petit cairn qui a survécu au temps, aux sangliers, aux mouflons, aux grands oiseaux, à la neige et aux tempêtes. Bonjour aux quatre chèvres sauvages de Scaffone au dessus !
Bien entendu, on re-cairne à chaque fois qu'on est sûr de notre coup ! Tout en se ménageant, car on ne va pas cairner tous les dix mètres avec les gros sacs sur le dos. Il faudrait qu'on se mette tous d'accord pour faire des GROS cairns qui résistent au temps !
Plus de soucis après avoir passé la verticale Nord de Punta di Campo Razzino.
Arrivés au bivouac (sans crottes) de Campu di Vetta à 16h40, soit 7h55 depuis Saltare et quelques centaines de photos...
Vue sur les Alpes quelques minutes avant le somptueux coucher de soleil.Départ vers l'enfer vert à 9h00. Mouais, ..., les aulnes de e Ghiarghiole et Silvastriccia nous attendent. Pour une fois, ils sont tendres et pas très grands !! Y a-t-il un itinéraire officiel de l'Office de Tourisme ??? Un beau mouflon sans cornes se faufile devant nous. Jeune mâle ? Grande femelle ?
Les gouttes froides dans les aulnes nous rappellent qu'il y avait une perturbation de prévue... Les Vibram tiennent bien sur les petites aspérités des roches mouillées en évitant les aulnes...fô pas tomber...
Pas de soucis après la Silvastriccia... Cap sur la crête du GR20 et ses silhouettes de GRtistes. Longue descente dans le Lonca vers Puscaghja mais... pas de Dumé en vue !! Baignade rapide et on croise avant le Caprunale un troupeau de mi-randonneurs, mi-touristes qui descendent vers Puscaghja (Aitone via Cuccavera ?). Moins de ronces que d'habitude au Couvent de Santa Maria (je trouve de plus en plus de ruines !!!)
Arrivés à Monte Estremu vers 18h00 ; soit 9 heures depuis Campu di Vetta."
Beau parcours évidemment et un horaire particulièrement court !
Sinon, dans le genre "Séquence Emotion", on peut s'essayer au jeu des comparaisons entre les photos prises par nos deux compères et les nôtres, à des époques à peu près comparables :
- Comparaisons amusantes, avec les névés de la vire du Tafonatu :
Névé rabougri du couloir central du Tafonatu W
Névé de Campu di Vetta
- Comparaisons d'ambiance :
Bergeries de Laoscella
Bergeries de Scaffone
Extrémité S d'Andade a u Ponte
- Comparaisons de lieux :
Vire du Tafonatu W
Montée Silvastriccia contre descente couloir de Ghjarghjole
Commentaires complémentaires issus d'échanges avec Victor :
- La position de la bergerie de Saltare sur la carte que j'ai diffusée en fin d'article a étonné Victor puisque elle était éloignée de celle que l'IGN indique avec le point marqué "Grotte" ! L'explication est que j'avais noté dès 1986 une différence de 50m d'altitude (900m au lieu de 950m) pour la "vraie" bergerie par rapport à IGN et que cette erreur IGN a été depuis confirmée par les traces GPS que Georges (Welterlin) avait enregistrées dans les parages. La bergerie réelle est donc bien à 900m et en aval de la confluence Saltare/Laoscella...
- Victor rappelle que la jonction entre les deux vires, Scaffone et Tafonatu, par le ruisseau de Bocca a Rossu dans le sens décrit dans cet article apporte des complications d'orientation ! Lorsque l'on arrive au fond du ruisseau, après être descendu d'Andade a u Ponte, il faut résister à l'envie de continuer en ligne de niveau car on arrive ainsi à une partie infranchissable de l'arête qui borde la partie N de la face W du Capu Tafonatu (col baptisé "infranchissable" par mes soins lors de ma première montée par Tana di l'Orsu). Il faut au contraire remonter à la verticale le versant de cette arête, en revenant même vers l'amont du ruisseau, pour atteindre le col "franchissable', bien marqué par le seul arbre de cette crête...
Ci-contre, sur la gauche, la carte du Falasorma avec l'itinéraire de Victor et Bruno.
Commentaires
@Altre Cime :
Merci, Robert, d'avoir précisé vos réflexions concernant le sur-cairnage, le bivouac et, plus généralement, la dégradation du côté sauvage de la Corse !! :evil:
De mon côté, je n'ai pas autant que vous d'expérience sur le terrain pour pouvoir dire avec certitude si le sur-cairnage est lié plus à la manie de signaler son passage ou à la trouille de se perdre hors-piste, mais il est certain que la tendance à voir s'ériger des cairns partout, même sur les chemins balisés, avec cette inclination à en faire toujours plus gros, toujours plus voyants et même toujours plus artistiques, semble aller dans votre sens, à savoir que le narcissisme de certains randonneurs, ainsi que la stupidité qui lui est en général associée, n'ont l'un et l'autre aucune limite dans l'excès...
Quant à détruire les cairns en surnombre, je vous approuve totalement, même si je suis presque toujours incapable d'en faire autant de mon côté, faute de temps ou de condition physique suffisante dans ces lieux où j'ai du mal à tenir des horaires décents !! :-( En tout cas, si vous organisez des campagnes de "normalisation" de cairnage dans le Falasorma ou ailleurs, n'hésitez pas à me prévenir, j'en serai avec plaisir, même si c'est loin de Sainte-Lucie de Porto-Vecchio... L'inconvénient en contrepartie est que si certains s'arrogent le droit (la liberté) de "régulariser" ou "normaliser" des lignes de cairns, on va leur reprocher de s'arroger ce droit/liberté, de définir des règles par eux-mêmes sans avoir consulté les utilisateurs, etc... Et on rentre dans le monde de la législation et de la définition de règles et lois pour les cairns. :-/
Pour le bivouac, nous sommes bien d'accord. Sauf que le PNRC dit que le bivouac est interdit sur TOUT LE PARC et pas seulement sur le GR20 et que cela constitue une hérésie. Surtout quand certains gardiens, guides ou accompagnateurs prennent cela au pied de la lettre pour vous menacer lorsque vous parlez de bivouaquer à Campu di Vetta (altercation à Ciottulu di I Morri en juillet 2008). A moins d'être un tri-athlète d'exception, j'imagine mal faire certains parcours du Falasorma sans bivouaquer ! Et quant à y trouver un refuge, je cherche encore, sauf si la bergerie de Saltare se voit affublée d'un gardien...
Plus globalement, concernant la gestion du territoire du PNRC et des réserves naturelles en Corse, j'avais effectivement lu l'article récent de Corse-Matin qui diffusait les avertissements de l'UNESCO concernant Scandola et je conçois bien toutes les menaces qui pèsent sur l'île avec la pression touristique un peu partout (pas encore beaucoup en montagne, sauf autour du GR20) et les pressions financières sur le littoral. Difficile de dire avec certitude ce qu'il convient de faire pour gérer tout cela, mais je suis bien d'accord pour noter que le PNRC est en-dessous de tout sur ces sujets. D'ailleurs, je n'arrive pas à comprendre qu'il y ait autant de monde sur le GR20 avec obligation de coucher en refuge ou sous tente à côté, alors que ceux-ci sont devenus vétustes, avec des sanitaires effroyables (à l'Onda en 2009, il n'y avait plus de sanitaires pour l'enclos des tentes sous le refuge, soit environ 150 personnes), des portions de chemin polluées par les détritus et excréments des Géhéristes, etc...
En conclusion, merci de continuer à œuvrer pour que la Corse veille à conserver des sanctuaires de territoire sauvage avec préservation de la faune, végétation, patrimoine historique, etc... et à l'abri de foules touristiques incapables de les respecter et d'en goûter l'originalité ! 8-)
Il fallait lire, avec moins de fautes : " C'est notre droit le plus profond de ne pas l'accepter et de les démolir en nous prévalant du même droit que ceux qui se sont arrogés celui de les faire !"
Bonjour à tous,
Merci de vos commentaires suscités par mon post.
S'il est vrai que l'expression "sur-cairnage" est quelque peu exagérée concernant les lieux cités, il n'en demeure pas moins que le changement est visible en 20 ans, jusqu'à la pose de peinture.
Où que l'on aille, il suffit d'ouvrir les yeux pour s'en rendre compte : il y a plus de cairns inutiles dans nos montagnes que de cairns qui ont réellement un sens : signaler la trace, l'entrée du goulet, la bonne brèche, etc... Trop peu nombreux sont les lieux où les cairns sont aussi discrets qu'efficaces.
Rencontrés au pied de la Paglia il y a 1 mois, 2 petits dont groupes dont un de 3 jeunes corses qui abandonnaient l'idée d'en gravir le sommet après avoir tourné en vain plus d'une heure de cairn en cairn.
Il y a 3 ans, j'avais "décairné" en partie la voie normale : au sommet d'une centaine de cairns trônait une feuille de PQ pour mieux marquer le passage.
L'année dernière, j'ai complètement décairné la vire classique du Tafunatu (côté bocca a i Mori): une trentaine de cairns sur tout juste une centaine de mètres : certains étaient en équilibre précaire au dessus du vide, près à chuter sur quelques randonneurs. Aussi inutiles que ridicules : quand on a pris pied sur la vire, il n'y a pas d'autre moyen que d'avancer ou de reculer!
Enfin, pour être au contact du publique au long de l'année, je persiste et signe : c'est une réalité que l'immense majorité des gens qui posent des cairns aujourd'hui répond à un simple besoin de signaler son passage plus qu'un itinéraire, comme "les chiens qui pissent au pied des lampadaires". Pour beaucoup, ça en devient même un jeu : le plus long, le plus fin, le plus en équilibre, le plus ceci...
C'est notre droit le plus profond de ne pas l'accepter et de les démolir en nous prévalant du même droit que celui de ceux qui se sont arroger de les faire !
La manie de vouloir à tout prix ajouter des cairns là où il n'en est nul besoin aboutit à des lignes de cairns zigzagant au gré de l'humeur de ceux qui les posent et enlevant ce côté "sauvage" qui nous est cher.
Lutter contre ça, c'est aussi lutter pour une pratique de la montagne qui la respecte en premier lieu et avant toute chose.
Le bivouac : il est interdit sur le GR20, cela peut aisément se comprendre tant cet itinéraire est sur-fréquenté aujourd'hui.
Pour le reste, à moins de marcher sans dormir je vois mal comment nous lancer dans quelque longue aventure !
Il n'y a aucune interdiction du PNRC* à contourner. Et pour moi qui compte les nuits à la belle étoile par milliers (je passe plus de nuits dehors que chez moi), ça fait parti de ma vie, de mon travail (j'ai été aussi muletier et bûcheron) et d'un quotidien naturel qui durera tant que mes jambes me porteront.
Et qui a ses règles : ne rien laisser rien, absolument rien, derrière soi.
Et je ne parle même pas de la dégradation des refuges, sanitaire et autre...
Bonne continuation sur tous les chemins !
En septembre 1987, quand avec Jean-Baptiste Battini j'ai fait pour la première fois le parcours Laoscella - Vire face Ouest du Tafunatu - Montestremu via la vire Andade a u Ponte, on ne trouvait que très peu de cairns dans ces parages. Si nous avons pu trouver le bon cheminement sur le versant de Scaffone sans trop de difficultés, à part quelques passages à travers les aulnes, c'était grâce aux indications sous forme d'un excellent croquis de Francis Simeoni, berger à Mansu, et quelques explications complémentaires à la brèche du Pinzu Scaffone où il nous avait quittés. Croquis qui m'a cruellement fait défaut (comme ma mémoire des lieux) vingt ans plus tard quand on a cherché le début de la vire Andade a u Ponte lors du premier trek de Corse sauvage ....
C'est vrai que le site d'Altre Cime est bien alléchant! Je laisse de côté les parcours de crête sportifs, mais les autres propositions sont bien tentantes. Dommage que mon calendrier de cette année soit déjà bourré. L'an prochain, peut-être, si le Bon Dieu maintient mes genoux en bon état...
Franchement, je ne pense pas que les randonneurs se donnent le mal d'ériger des cairns pour marquer leur territoire, comme les chiens, mais plutôt, comme le dit Philippe, pour jalonner une voie de retour potentielle dans un terrain compliqué: le problème, c'est qu'ils ne les enlèvent pas, soit qu'ils repassent ailleurs, soit qu'ils ont la flemme de débâtir. Ceci dit, une bonne ligne de cairns, judicieusement disposée, peut être une aide précieuse, et c'est un mode de mémorisation des sentiers utilisé depuis des siècles. Combien de fois dans mes randos ai-je rendu un hommage intérieur aux bâtisseurs de cairns! Par exemple, récemment, dans la traversée du Cuscione, cela nous a permis de suivre une bonne sente et d'éviter ainsi la banale traversée sur piste. Par ailleurs une bonne ligne de cairns fixe le cheminement d'un sentier et évite d'aller divaguer n'importe où. On ne peut pas condamner les cairns sous prétexte de leur inflation! Ceci dit, je comprend que des vrais amoureux de la montagne sauvage éructent devant des marquages anarchiques inesthétiques ou indiscrets...
En complément du commentaire précédent :
Je n'avais pas regardé le site Internet d'Altre Cime depuis un bout de temps et je constate qu'il a été refondu avec succès et agrémenté de photos magnifiques...
Bravo ! :-)
@Altre Cime :
Bonjour Robert,
Nous aurions presque pu nous croiser sur l'Andade a u Ponte et Campu Razzinu, puisque je reviens moi aussi d'un raid de 4 jours à trois personnes dans ce coin du Falasorma :
Mardi 25 juin : montée à la prise d'eau de la Cavicchia pour bivouac 1
Mercredi 26 juin : parcours de la trace de chasseurs vers Bocca Laggera, traversée de la vire de l'Andadonna et bergeries de Scaffone pour bivouac 2
Jeudi 27 juin : traversée de la vire de l'Andade a u Ponte (Scaffone- Campu Razzinu) et du Tafonatu W jusqu'à Campu di Vetta pour bivouac 3
Vendredi 28 juin : retraversée de la vire du Tafonatu W, descente du ruisseau de Bocca a Rossa pour retrouver la trace cairnée de Tana di l'Orsu et la descendre avec retour à Monte Estremu.
Quelques commentaires relatifs à ce raid :
Pour rejoindre les propos de Robert, je m'associe à lui dans ses regrets de voir le balisage sauvage et incontrôlé se généraliser sur l'ensemble des sentiers et hors-sentiers corses, mais je pense qu'il faut quand même rester optimiste car certains coins restent toujours à l'écart (comme le Haut Cavu par chez moi) et que ce n'est rien comparé à d'autres massifs montagneux continentaux. Mais le caractère sauvage de la montagne corse est ce qui en fait son originalité et son attractivité (pour certains !). Pour le versant Scaffone, j'espère que ce n'est pas le fait que j'ai mis un topo de la traversée Laoscella - Tafonatu sur mon site et quelques articles du Blog sur les vires de la région qui ont attiré des imbéciles à sur-cairner ces lieux et à peindre ces tags sur les rochers car je vais alors m'en mordre les doigts. Nous avions été avertis par Victor Gomis dans cet article que les cairns avaient proliféré dans ce versant Scaffone, croyant que c'était nous qui les avions mis. Personnellement, je ne cairne quasiment jamais sauf à quelques endroits douteux pour retour arrière éventuel (style montée directe aux bergeries de Scaffone où j'ai dû mettre 2 cairns), mais je n'ai pas le courage de Robert pour en venir à décairner l'existant en surproduction !
Alors est-ce que le sur-cairnage est lié à la propension humaine à marquer son territoire ou bien à la trouille qu'ont certains sur ces terrains complexes de ne pouvoir faire retour arrière ? Je ne saurais trancher mais ne peux que constater les dégâts amenant parfois à des erreurs de parcours même quand on l'a déjà réalisé, tant les lignes de cairns erronées sont fréquentes.
Malheureusement, comme pour tout balisage, le cairnage se doit d'être construit selon certaines règles, du genre une seule trace et pas de variante, une taille de cairns moyenne, un placement tous les 30 à 100 m selon configuration du terrain, etc... 5 lignes de cairns à des altitudes différant de moins de 10m, 4 ou 5 cairns de suite sur 5m, et, inversement, pas de cairn du tout aux endroits clés, comme j'ai pu le voir hier dans une boucle Malpaseu - Apaseu en Cagna, sont absolument à proscrire ! Tout cela est une question d'intelligence et de bon sens dont malheureusement certains semblent bien dépourvus !
Pour en terminer, encore une fois bravo à Altre Cime de continuer à oser proposer des circuits de ce genre sur un marché de la randonnée où la facilité est d'aller sur les sentiers ultra-balisés et fréquentés comme le GR20. Ce ne doit pas être facile de trouver des clients suffisamment motivés et entrainés pour réaliser ce genre d'itinéraires qui n'ont qu'un lointain rapport avec la "randonnée".
A ce sujet, d'ailleurs, je me demande comment Altre Cime contourne la règlementation du PNRC en matière d'interdiction de bivouac que nous nous sommes fait vertement reprocher en 2008 à Ciottulu di I Mori !! 8-)
Bonjour,
Je reviens d'un circuit sur l'Andadone a u Ponte (entre autre) avec 4 clients.
De nouveaux cairns ont poussé et, honte à ceux qui l'on mise, de la peinture blanche à fait son apparition depuis 2008. Deux tristes individus aux initiales de AM / JP, ou AP / JM je ne sais plus, on souillé à la peinture l'un des endroits le plus sauvage de tout la Corse, le plus émouvant, le plus vierge. Nous en avions déjà enlevé quelques traces l'année dernière.
J'espère qu'ils liront ce blog : Se vo vi ricunoscite, site dui bauloni di quelli pudenti. Vergogna a voi, site piu consumadori di paisaghju chi innamurati di e nostre muntagne.
S'ils ne sont pas corses, je traduis : Vous êtes 2 gros imbéciles. Honte à vous, vous êtes plus des consommateurs de paysage que des amoureux de nos montagnes.
Les nouveaux cairns inutiles mis sur ce parcours m'ont, pour la première fois en 20 ans, induit en erreur à 2 reprises : j'étais bien moins attentif au paysage alors que d'habitude je le "lis".
Une partie de ces cairns inutiles a été détruite, je m'y suis pris trop tard pour tous les enlever. Ce sera fait lors d'un prochain passage spécialement organisé à cet effet.
La prolifération des topos, la mode du "sur-cairnage", l'abandon par le PNRC de la gestion du territoire font que tout un chacun s'autorise ce dont il a envie. Il n'est plus aujourd'hui un seul massif corse qui échappe au balisage sauvage à la peinture, que ce soit du fait des randonneurs, des organisateurs d'évènements sportifs (les organisateurs de courses en montagne détiennent à ce jour la palme du dégueulis de peinture), voir même certains organisateurs de rando venus d'ailleurs balisant un circuit pour leurs accompagnateurs.
Nous avions timidement commencé à effacer ce que nous pouvions effacer et à détruire nombre de cairns posés de ci de là non pas pour signaler un itinéraire mais pour signifier "je suis passé moi aussi", comme les chiens qui pissent au pied des lampadaires. Ces cairns n'ont d'autre signification.
Pour info, même la voie normale du Capu Tafunatu vient de subir à la peinture jaune les outrages de quelques pingouins qui n'ont pas hésité à mettre plusieurs pitons pour assurer leurs pas sur la vire du col (alors qu'il est très facile de la sécuriser avec des ancrages naturels, ce que nous faisons pour nos clients depuis des années sans y laisser aucune trace). Pauvre minables pseudos montagnards qui s'arrogent le droit de polluer un passage emprunté sans artifice depuis plus d'1 siècle.
La peinture sera effacée et les pitons enlevés.
Le but de ces actions n'est pas "d’empêcher" qui que ce soit d'aller en montagne, mais de rendre chacun acteur de ce qu'il fait et non pas simple spectateur suivant des lignes de peinture ou de cairns pour se diriger. La montagne est un tout.
Chacun a le droit de ne pas être d'accord avec ce que nous disons. Nous non plus nous ne sommes pas d'accord avec ceux qui pensent le contraire ! Et de la même manière que certains se sentent investis d'une "mission signalétique" et agissent en conséquence en détruisant ce que nous avons de vierge, nous agirons nous aussi en conséquence.
Plus qu'ailleurs, lorsque nous allons en montagne, que ce soit dans des lieux sauvages ou des lieux fréquentés, nous nous devons de ne laisser aucune trace de notre passage. C'est tellement une évidence pour nous qu'il nous apparaît surprenant de devoir le dire. C'est à ce prix que nous pourrons laisser dernières nous ce que nous avons eu la chance de découvrir.
Fidèle à notre philosophie, sous l'impulsion d'Altre Cime et avec l'ensemble des professionnels locaux, divers journées seront organisées pour nettoyer nos montagnes de tout ce dégueulis laissé par des montagnards-bidochons incapables de respecter les lieux qui les accueillent.
Salutations fraternels aux montagnards respectueux.
L'équipe d'Altre Cime
Salut @Victor :
Zut, je n'avais pas vu ce commentaire et je viens de vous envoyer un mail pour vous signaler cette fête pas loin de chez vous !
Dommage de ne pouvoir s'y rencontrer... ;-(
A+
Pas de chance , je serais pas là .
Bon fête a Dume e i Falasorminchi.
Ci-dessous l'affiche pour "La Grande Fête des Bergers et des Gens de Montagne" avec son image et la possibilité de la télécharger en pdf :
Salut @Dumè :
Bien content d'avoir de tes nouvelles et de voir que ton blog évolue rapidement. Tu arrives donc bien à apprivoiser les nouvelles technologies :-? LOL
Les bivouacs à Campu di Vetta sont toujours des instants extraordinaires et des conditions météo particulières peuvent les transformer en "ambiance fin du monde" :!:
Pour la fiesta à Barghjana le 9/10, je vais essayer de venir si je n'ai pas d'empêchements d'ici là...
Je mets en clair l'adresse directe pour la page concernant "La Grande Fête des Bergers et des Gens de Montagne" 8-)
Une seconde horde est passée quelques jours plus tard, le 26 précisément. Magnifique bivouac brumeux à campu di vetta.. Ambiance fin du monde. J'ai commencé à mettre quelques photos sur le blog mais pas le temps de faire un vrai article. La FÊTE DES BERGERS ET DES GENS DE MONTAGNE que j'organise à barghjana le 9 octobre absorbe tout mon temps (voir infos sur mon blog dumepuscaghja). J'espère que beaucoup des passionnés viendront ! .. Dumè de puscaghja
Salut @François :
Oui, cette remontée est située dans le versant Silvastriccia, à l'W du couloir que nous avons emprunté pour descendre de Ghjarghjole ! Cette partie correspond à la région que nous étions allés reconnaître avec Daniel Le Crapahuteur et que nous avions jugée trop détournée. C'est, à mon avis, environ 45 mn plus long que par Ghjarghjole, mais cela évite d'avoir à chercher le franchissement des deux ressauts rocheux de Ghjarghjole où l'on peut perdre beaucoup de temps... Seuls les aulnes peuvent poser problèmes, mais, visiblement, Victor laisse entendre que cela passe partout assez aisément !
En ce qui concerne les cairns : ils ont dû rafraîchir ceux menant vers la vire (traces horizontales), mais certainement pas ôté ceux menant vers la crête qu'Eckard avait explorés sans résultat en 2007... Ceux-la correspondent certainement aux traces d'un des deux passages directs par la crête Scaffone - Campu Razzinu (?).
J'espère que ton séjour dans les Landes s'est bien passé ?
Chapeau, je me sens bien petit devant la performance!
Philippe, me trompè-je, ou bien leur remontée sur Silvastriccia se situe-t-elle nettement à l'W de notre descente vers la vire?
En tous cas, merci à cette sympathique "horde" d'avoir rafraîchi les cairns de cette superbe balade.