Les pratiquants de la randonnée sportive et, en particulier, du "ravinisme" en Corse connaissent bien l'itinéraire du massif de Bavella qui a été baptisé "Giru di Vangoni" et qui est considéré comme le "must" de la pratique sur l'île !
Il consiste dans l'enchaînement des deux grands ravins de Bavella, Pulischellu et Purcaraccia, en les reliant par une traversée proche de la crête Furnellu - Muvrareccia des plus hauts sommets du massif. Habituellement parcouru dans le sens remontée du Pulischellu et descente de la Purcaraccia, ce parcours est long d'un peu plus de 10km avec plus de 1500m de dénivelé positive et négative et cumule les difficultés rencontrées sur les circuits hors pistes en Corse : remontée de ravins étroits avec nombreux ressauts infranchissables à contourner, plusieurs pas d'escalade ardus pour un randonneur, recherches de passages, problèmes d'orientation dans la liaison en traversée des deux ruisseaux, descentes raides dans terrains mixtes de blocs, éboulis, ronces et pentes terreuses,...
Son histoire est assez édifiante et remonte à une époque où les deux ravins méritaient bien de représenter symboliquement le "wilderness" corse puisque le Pulischellu n'avait a priori jamais été remonté (sauf dans sa partie très proche du pont sur la D268) avant les années 1970 et la Purcaraccia n'avait vu la visite de ses vasques et de son ravin aval que par des ouvriers italiens qui exploitaient le bois dès la fin du 19ème siècle à la confluence avec le ravin de Nura dans une "usine à bois" proche du point IGN 989m. La première exploration du Pulischellu date de septembre 1975 et est le fait d'une petite équipe de grimpeurs marseillais (Guy Allard, Ode et Jean-Philippe Bourley, Marlène et Marc Chabert, Jean-Marie Ricciardi, Jacqueline et Bernard Vaucher.) dont cinq d'entre eux conquérirent la Punta Pulischellu via l'arête de l'Ecureuil le 05/09/1975, tandis qu'une autre équipe continuait d'explorer le ravin. La suite de l'exploration de ce ravin continua à être poursuivie par ces mêmes grimpeurs, accompagnés par d'autres comme Bernard Bouscasse, Michel Charles, Jean Lefèvre et Jean-Paul Quilici, pour la conquête des autres parois de cette région reculée (A Taula, U Candellu, U Candellonu, Punta Pulischellu, Punta di a Calancona). Le Giru lui-même ne fut envisagé et réalisé qu'en août 1979 avec bivouac par Ode Bourley, Jacqueline et Bernard Vaucher et ne fut répété que 9 ans plus tard en août 1988 par Elisabeth de Bouard, Jacques Moliné et Francis Thibaudeau. A l'époque, les deux ravins étaient dépourvus de toute fréquentation, y compris à leurs extrémités, et ce n'est qu'à la fin des années 1990 avec la vogue des "piscines naturelles" que canyoneurs et "pataugeurs" sont venus s'agglutiner dans leurs vasques et cascades...
Ayant déjà parcouru plusieurs fois ces ruisseaux, le Pulischellu (4 fois en fait) depuis les années 1980 avec sortie vers Bocca di u Santu ou Bocca di Maru et la Purcaraccia (8 fois jusqu'à Punta Malanda et 1 fois jusqu'à la confluence Puracaraccia - Nura), il ne me manquait plus que la traversée entre les deux ruisseaux et la descente de la Purcaraccia supérieure pour terminer ce parcours. Néanmoins, je ne pus trouver l'opportunité de le faire et, depuis l'année dernière et les problèmes physiques, je craignais les risques associés à un parcours en solo ! Aussi fus-je bien content qu'Olivier me propose de le faire avec moi après la saison touristique, sachant qu'à plusieurs les risques étaient amoindris...
C'est donc les 13 et 14 septembre derniers que nous mîmes en route à trois pour ce périple, Olivier (Hespel), Victor (Gomis) et moi-même, après l'abandon du quatrième candidat, Francè, pour cause de problème de voiture :
- La reconnaissance préalable du bas du Pulischellu
- Jour 1 : La remontée du Pulischellu
- Le bivouac d'U Zordu
- Jour 2 : La traversée Pulischellu-Purcaraccia et la descente de la Purcaraccia
Pour suivre l'itinéraire du Giru, il vous suffit de consulter la carte sur la gauche de la page avec le parcours estimé en rouge et ma trace GPS prise depuis le ruisseau d'U Candelli en vert fluo avec les multiples aberrations qui rendent les GPS presque inutilisables en ravins ou à proximité de parois verticales...
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