Randonnées estivales en juillet 2007 : 3) Cuscione et Cagna
Par PhE le samedi 29 septembre 2007, 23:59 - Randonnée - Lien permanent
Voici le troisième article consacré aux randonnées de cet été en Corse, avec la deuxième partie du séjour en juillet dernier prolongeant la première partie dans le Filosorma déjà racontée dans les articles précédents et le trek Laoscella/Scaffone. Cette fin de vacances devait se dérouler à partir d'un camp de base à Propriano (Pruprià), situé dans un hôtel en bord de mer, avec improvisation totale de nos randonnées sur place. Principe de base : on choisit un site de séjour et on réfléchit sur site à ce que l'on va faire.
En l'occurence, ce coup-ci, ce furent :
- Une randonnée culturelle à Cala di Conca par la piste "carrossable" venant de la D21, agrémentée des visites des sites préhistoriques d'Alo Bisuje, du menhir de Vacil Vecchju et du dolmen de Bizzicu Rossu
- Une randonnée littorale de Campumoru à Cala d'Arena que je connaissais déjà, mais pas Nicole
- Deux randonnées en boucle sur le plateau du Cuscione, une avec Nicole depuis le centre de ski de fond de Quenza et une en solo passant par le sommet de l'Alcudina que je n'avais pas encore réalisé
- Deux randonnées en Cagne, une avec Nicole de Bitalza à Bocca di Funtanella et une en solo de Vignalella à Apaseu
Ce sont les parcours sur le Cuscione et en Cagna qui seront relatés dans la suite de cet article...
0) Transfert à Pruprià (Propriano)
Avant de relater les itinéraires de randonnée, un petit mot sur notre transfert de Galeria à Pruprià avec passage au col de Vizzavona et un arrêt à la gare de Vizzavona où nous avons eu la chance de pouvoir apercevoir le nouvel autorail du CFC (Chemin de Fer Corse) en fonction depuis peu. Sur le plan technique (Cf. le site www.traincorse.net), ce nouvel autorail est un AMG 800 (constructeur CFD Bagnères - CONSTRUCTIONS FERROVIAIRES DE BAGNERES) qui sera livré à 12 exemplaires pour le réseau corse et est doté d'une motorisation de 880 KW (1200 CV) lui permettant d'atteindre 100 km/h en ligne droite et 83 km/h dans des pentes jusqu'à 30 %. Avec des rames de 104 places assises, les trains pourront accueillir plus de 200 voyageurs dans des conditions de confort nettement améliorées (baies vitrées panoramiques, climatisation, sièges confort, prises 220 V, tablettes, ambiance sonore et lumineuse, accueil fauteuil handicapé). La mise en service sera effectuée en 2008 et les essais sont en cours depuis le 2 juillet dernier.
"U Trinighellu" se modernise donc, mais cela ne l'empêchera pas d'être toujours aussi pittoresque à utiliser tout le long de son spectaculaire parcours insulaire !
1) Boucle Bucchinera - Punta di Tozzarella - Chiralbella sur le Cuscione
Retour sur cet étrange plateau du Cuscione en cet après-14-juillet 2007 pour improviser un itinéraire partant du centre de ski de fond de Quenza : il faut déjà atteindre en voiture le lieu-dit Bucchinera où se niche un refuge à 1466 m d'altitude. Une piste carrossable prolonge la route au-delà vers Bocca di e Croci et le centre de ski de fond de Quenza où l'on se gare. Ce centre est dorénavant désaffecté pour des raisons que j'ignore, mais qui, d'après Agnès de Bassetta, semblent tenir au fait que cette activité ne peut être rentable localement avec les conditions de sécurité imposées par les communes (pisteurs pour tracer, surveillance, secours, ...). Quand nous y arrivons, nous constatons qu'il sert de parasol aux vaches et chevaux du plateau qui y viennent chercher ombrage.
Nous démarrons à 10 h 45 en empruntant la piste évidente qui part vers le NE et nous emmène rapidement vers le Castellu d'Urnucciu, l'un des belvédères remarquables du Cuscione, et son "pianu" à son Nord, grande étendue plate de pozzines et pelouses gazonnées, squattée par chevaux et cochons. Etrange que ce plateau du Cuscione avec une absence de reliefs aussi rare en Corse et ses moutonnements ondulants, ses prairies et gazons, ses ruisselets : seules quelques pyramides rocheuses (les "montagnes-îles" d'André Rondeau - Recherches Géomorphologiques en Corse, 1961 - reprises par Alain Gauthier), aux pointes larges et envahies par des chaos de boules, tracent quelques repères dans ce paysage uniforme. Un paradis pour la course d'orientation !
Nous nous laissons conduire par cette piste confortable jusqu'à la "route" provenant des bergeries de Cavallara et de Croce et prenons la branche montant vers la Punta di Tozzarella et son ancien observatoire. La faible pente et les lacets allongent considérablement le temps de trajet et je décide très vite de monter à vue directement vers la pointe, déchaînant ainsi "l'enthousiasme" de mon épouse qui m'accuse des pires maux à cause de son essouflement immédiat. Nous sommes à 12 h aux ruines de l'observatoire avec une vue panoramique magnifique sur l'ensemble du Cuscione et les crêtes de l'Alcudina.
Après une pause rapide, nous décidons de suivre la crête au Sud de Punta di Tozzarella menant à Bocca di Chiralba : j'espérais secrètement monter à l'Alcudina ! Cette crête est très jolie avec sa vue complète sur le plateau d'un côté et, en contraste de l'autre côté, le paysage découpé du vallon supérieur du ruisseau de Forcinchesi sous la molle arête de l'Alcudina. Bocca di Chiralba est atteinte à 13 h et je comprends assez vite qu'il n'est pas question de poursuivre vers le sommet. Comme il est encore un peu tôt pour déjeuner, je propose de descendre vers les bergeries de Chiralbella en diagonale par le vallon du ruisseau du Cuscione (et oui, le nom du plateau !) : cette proposition est accueillie avec moult soupçons par Nicole, mais la vue dégagée depuis le col lui laisse espoir, bien que l'on n'aperçoive pas les bergeries.
La descente lui pose tout de même pas mal de problèmes, tant le terrain est instable avec un maquis bas, a priori sympathique par rapport à l'habituelle végétation insulaire, mais masquant les rochers et les trous du terrain ! Malgré ces obstacles, nous atteignons vers 14 h les belles bergeries de Chiralbella, dont une casette est habitée à cette période, et nous nous installons en face d'elles sur des pozzines le long d'un ruiseau champêtre... Le confort de ce déjeuner redonne le moral à Nicole et même une féroce attaque des cochons locaux ne parvient pas à l'effrayer (25 ans de Corse, cela donne l'habitude de cotoyer ces animaux).
Pour le retour à Bucchinera, à 14 h 45, nous nous séparons car, cette fois-ci, ma femme n'accepte pas ma proposition de couper directement sous Castellu d'Urnucciu en passant un petit col et en traversant le Pianu d'Urnucciu le long de la face N : elle préfère rejoindre directement la piste en se prémunissant ainsi, dit-elle, contre mes habituelles "surprises". Pourtant, la traversée du petit col et du pianu, sous les regards habitués des chevaux et des porcins qui s'y prélassent, est un enchantement par cette journée ensoleillée et cette température idéale. Je me surprends même à m'allonger quinze minutes à bronzer sur la prairie en attendant l'arrivée de Nicole...
Ensuite, c'est le retour par la piste au centre de ski de fond qui nous voit revenir à la voiture vers 15 h 40
Pour résumer : une randonnée familiale "cool" (par beau temps) et qui peut aisément se faire sans préparation et en improvisant un parcours sur place. Compter au total 4 h à 4 h 30 pour faire la boucle telle que décrite ci-dessus. Attention tout de même à la météo, car ce plateau par brouillard peut devenir un piège pour les randonneurs ne sachant manier carte et boussole : inversement, pour ceux qui aiment cela, c'est une invitation à sortir des sentiers aux instruments (peu de pente, maquis bas fréquentable). Des paysages que l'on a rarement l'habitude de voir en Corse et une altitude (1600 m en moyenne) qui permet d'éviter la canicule même en été. La carte ci-contre vous donne le détail du parcours réalisé en juillet dernier, mais de multiples variantes sont imaginables.
Regardez quelques photos de ces lieux dans la Galerie U Cuscione et l'ensemble complet des photos de cette boucle pittoresque sur flickr en Boucle sur le Cuscione.
2) L'Alcudina en traversée par les crêtes
Le lendemain de la boucle précédente, qui nous avait fait éviter le sommet de l'Alcudina, je suis à nouveau sur les lieux, seul, pour pouvoir enfin gravir ce sommet de plus de 2000 m à la vue panoramique réputée. La route depuis Prupria (Propriano), puis la piste jusqu'aux bergeries de Cavallara est tellement longue que je ne peux démarrer cette randonnée qu'à 11 h du matin : la D428 jusqu'à la chapelle de San Petru est dans un état lamentable et on ne peut y rouler que lentement et, ensuite, la piste est encore vaguement carrossable jusqu'aux bergeries, mais il faut confiance en sa voiture et habileté.
Premier épisode comique : je tombe sur un jeune randonneur égaré, près des bergeries de Cavallara. Doublement "égaré", puisqu'il m'indique avoir perdu le GR 20 (?!?) et que, cherchant à le rejoindre, il n'a ni carte, ni topo, ni boussole, ni altimètre et ne sait ni d'où il vient (dernier refuge ?), ni où il va pour rejoindre le groupe de jeunes auquel il appartient (au refuge qui a brûlé récemment ?!?). Je lui montre la carte et comment rejoindre le GR 20 sous l'Alcudina par Bocca di Chiralba (trace désormais balisée en jaune vif !) : il sait quand même qu'il se dirige vers le Sud (!?!). Mais il me dit préférer consulter les habitants de la bergerie : sans doute pour cause de la faible confiance qu'il a en mes indications ou de leur trop grande complexité pour lui. Bel exemple de Géhériste autonome et inspiré : je me demande qui encadre ce groupe de jeunes et ce qu'on peut leur apprendre sur la progression en montagne, l'orientation, la carte, ... autre chose que la marche style moutons de Panurge. Je vous raconterai la fin de l'épisode plus loin !
Depuis Cavallara, il suffit de suivre vers la bergerie/refuge de Croce la piste qui prolonge celle parcourue en voiture pour trouver très vite des balises jaunes indiquant mener à l'Alcudina : il semble dorénavant que le nom Incudine ne soit plus utilisé et qu'Alcudina ait gagné ! Ces balises permettent de shunter les lacets de la piste menant à l'ancien observatoire de la Punta di Tozzarella par des sentes directes et de gagner ensuite la crête Tozzarella - Bocca di Chiralba aux environs du point IGN 1726 m. De là, la trace suit la crête déjà parcourue la veille jusqu'au col à 1743 m d'altitude, atteint peu après 12 h.
Les balises jaunes continuent à ponctuer la sente après Bocca di Chiralba et m'entraînent en plein versant W de l'Alcudina où le problème est d'éviter au mieux les nombreux bosquets d'aulnes. D'ailleurs, c'est la seule utilité du tracé jaune car la montée à vue est évidente, mais les balises permettent sans doute de gagner du temps dans ce slalom végétal permanent. La crête est atteinte sous le rocher de l'Enclume, au niveau du GR 20, vers 12 h 50 et le sommet dans la foulée à 13 h en suivant les balises rouges et blanches. Photos et déjeuner jusqu'à 13 h 45, avec, effectivement, un superbe panorama sur le Cuscione d'un côté et sur la crête Muvrareccia - Furnellu et les aiguilles de Bavella de l'autre !
Pour la descente, bien sûr, j'opte pour le retour par la crête Nord et les bergeries de Pedinielli afin d'avoir une vue différente de l'Alcudina. La descente sur l'arête jusqu'au col de Luana ne pose aucune problème et permet de vérifier que ce vallon Nord d'Asinao, en général parcouru depuis Tova, constitue une bien belle vallée : à noter d'ailleurs, je ne l'avais jamais remarqué auparavant, que les deux ruisseaux de part et d'autre du col d'Asinao portent le même nom, Asinao aussi (?). Juste avant le col, je remarque un randonneur à l'arrêt sur le bord du chemin et paraissant dans un état d'épuisement extrême : c'est mon jeune randonneur de Cavallara qui n'a pas pas voulu me suivre tout à l'heure et a préféré se renseigner chez les bergers. Et bien, il a gagné un retour par la piste de Cavallare pour retrouver le GR 20, certainement à l'endroit où il l'avait perdu : et maintenant, il commence à sentir le poids des kilomètres supplémentaires parcourus ! Je continue après m'être assuré qu'il pouvait récupérer et terminer jusqu'à Asinao (en espérant que ce soit bien là qu'il doit retrouver son groupe !). A Bocca di Luana, le GR 20 quitte l'arête et descend aux bergeries ruinées de Pedinielli, en passant tout d'abord près d'une source à l'orée de la forêt, puis aux ruines des bergeries réaménagées en aire de bivouac à disposition de la foule des pratiquants du GR 20... La suite de la descente se poursuit sous une très belle forêt (chênes-verts et hêtres ?) jusqu'à la traversée du Forcinchesi sur une passerelle style Spasimata ancienne version (planches de bois espacées, malencontreusement remplacées dorénavant par des planches métalliques nettement moins Indiana Jones !) et l'arrivée à la piste de Cavallare à 15 h 25.
Avant de revenir par la piste aux bergeries de Cavallara, je profite de mon avance sur l'horaire pour aller jeter un coup d'oeil sur l'approche du célèbre canyon du Tignosu que je n'ai jamais fait et qui démarre dans le coin : il me faut tout de même plus de 2 heures à vive allure pour continuer sur le GR 20 jusqu'à l'intersection avec la piste venant des bergeries d'Alluccia, puis parcourir le prolongement de cette piste jusqu'au ruisseau affluent du Lucianu vers le point IGN 1504 et faire la descente de ce ruisseau en retrouvant le Lucianu, puis le Monte Tignosu.
Retour à la piste de Cavallare à 17 h 30 et à la voiture à 17 h 50.
En synthèse : certainement pas un parcours grandiose que ce sommet de l'Alcudina, mais c'est LE sommet de plus de 2000 m du Sud de la Corse, ce qui, avec la facilité de son ascension, en explique sa renommée ! Un bon moyen de visiter le Cuscione tout de même et de jeter un coup d'oeil sur Asinao et les aiguilles Sud de Bavella. Compter environ 5 h 30 à 6 h (à allure et charge normales) pour réussir cette boucle dans la sérénité, sans l'approche du Tignosu.
La carte ci-contre vous donne le détail du parcours réalisé en juillet dernier, là encore sans la partie approche du Monte Tignosu.
Regardez quelques photos de ces lieux dans la Galerie L'Alcudina et l'ensemble complet des photos de cette boucle pittoresque sur flickr en L'Alcudina.
3) Bitalza - Bocca di Funtanella en Cagna
Bitalza : nous n'étions plus repassé à ce hameau de bergeries depuis 1991 (sauf un passage en solo en 2000) et l'occasion de séjourner dans le SW de l'île en cette fin de séjour de juillet 2007 nous donna l'opportunité d'y retourner pour faire le parcours classique jusqu'à Bocca di Funtanella que nous n'avions qu'approché alors en allant visiter les sommets de Capelu et Capellucciu avec les enfants.
La montée aux bergeries, par la piste qui démarre de la D59 au Sud du col de Bacinu, est plus facile que ce que je redoutais d'après mes souvenirs : c'est même une des pistes les plus roulantes de Corse. Cela nous permet de démarrer au parking de la chapelle Saint-Vincent-de-Paul à 11 h en commençant par visiter ce village remarquable pendant une demi-heure : une vingtaine de bergeries plus ou moins restaurées et utilisées comme résidences secondaires par les habitants du coin (Sotta), la chapelle et la Vierge près de la prairie sous les bergeries, la source locale, le four à pain, ... Assez semblable au hameau du col de Bavella... en plus tranquille !
Nous rattrapons le sentier menant au col d'Arjetu sur la crête au sommet du hameau vers 11 h 30. Il nous emmène au col en passant sur le versant N de la crête avec une belle vue sur la Punta di Cumpolelli et sa formidable arête NE qui va rejoindre le col de Bacinu. Au col d'Arjetu vers 12 h 15, l'ambiance change totalement et passe de la forêt bucolique à de la raide rocaille aride en montant vers le col de Morello sous les sommets alpins de Punta Furcuta (double sommet !) et du Capellu. Le sentier est bien tracé mais se dédouble en un endroit avec une trace passant en plein versant et une autre sur la crête au-dessus. Nous passons d'abord le col de Morello à 13 h 05 sur l'arête NE de Punta Furcuta, puis un deuxième col plus haut et surplombant la descente menant à Boca di Funtanella vers 13 h 15. Nous y déjeunons tranquillement dans un décor toujours aussi alpin et minéral, assez étonnant en Cagne, et à 13 h 50 je laisse Nicole à peindre des formes rocheuses spectaculaires sur place, pendant que je descends au col de Funtanella que j'atteins un peu après 14 h.
J'en profite pour aller explorer les traces cairnées menant vers la partie Ouest de la Cagne, dont une que je connais pour l'avoir utilisée depuis Apaseu : mais ce coin est assez compliqué et je n'ai pas vraiment le temps d'en faire le tour. J'arrive quand même, en explorant des cairns allant encore dans la direction d'Apaseu, à un bec rocheux surplombant les replats de Corbu e Tempesta, où je repère quelques vaches. Mais je fais vite demi-tour, ayant promis à mon épouse de la rejoindre vers 15 h, ce qui sera fait...
Nous amorçons la descente vers 15 h 20 et le retour se fait par le même chemin, en empruntant l'autre trace dans le versant Morello - Arjetu pour rejoindre le col d'Arjetu.
A l'arrivée sur Bitalza, nous contournons les bergeries par la droite afin de pouvoir prendre des photos depuis le NW et visiter cette partie du hameau : c'est là que nous voyons les deux seules maisonnettes habitées en cette journée de juillet où nous n'avons pas rencontré d'autres âmes qui vivent dans cette région isolée.
En conclusion : un parcours alpin et sauvage qui dénote un peu dans cette région en faisant découvrir les seules parois susceptibles de fournir des voies d'escalade en Cagne (Punta Furcuta et Capellu) dans des versants vraiment raides et un décor rocheux sidéral. Bien sûr, le hameau de Bitalza à lui seul justifie le détour en cet endroit et constitue un des plus beaux sites de bergeries en Corse.
Pour les horaires de cet aller/retour : 2h à 2h30 pour aller de Bitalza à Bocca di Funtanella et 1h40 à 2h pour le retour.
La carte ci-contre vous donne le détail du parcours réalisé en juillet dernier et la possibilité de continuer la traversée de la Cagne au-delà du col de Funtanella sur les deux principales lignes de cairns tracées : préférer dans ce cas celle passant par Apaseu, un peu mieux tracé et moins complexe, à celle de la combe au N de Malpaseu dont une partie de l'itinéraire demande prudence et expérience.
Regardez les photos du parcours dans la Galerie Bitalza - Funtanella et l'ensemble complet des photos sur flickr en Bitalza - Bocca di Funtanella.
4) Vignalella - Apaseu en Cagna
Une petite visite au Nord de la région de Cagne, maintenant, qu'on a peu l'habitude de fréquenter puisque les principaux accès au massif sont au Sud. L'idée, pour mon compte, était de faire le point sur les accès à la Cagne partant de Vignalella afin de mettre à jour les informations de Charles (Pujos), dernièrement indiquées sur ce Blog, avec un chemin "paumatoire" vers Bocca di Funtanella et une trace vers Apaseu.
Arrivée à 10 h 10 au village où je me renseigne sur le départ du sentier, pas évident, auprès d'un habitant qui m'informe aimablement mais me dit douter que je puisse facilement utiliser le sentier compte tenu d'une tempête récente qui a courbé les branches en travers ! Cela commence bien... Et ça continue de même, puisque ce départ se fait à travers des propriétés privées en poussant ou escaladant des portes clôturées, que le sentier est ensuite envahi sur 100 m par 20 cm d'eau et une boue immonde dans laquelle je dois mettre les pieds et qu'il se perd à la fin de telle sorte que j'ai toutes les peines du monde à le retrouver enfin vers la piste qu'il traverse plus haut.
Pendant un bon moment, c'est un vrai sentier, mais, très vite, les choses se compliquent avec, comme annoncé par mon Corse de Vignalella, une accumulation d'obstacles :
- Transformation du sentier en trace cairnée avec des cairns assez erratiques
- Ramification avec de multiples sentes invitant à sortir de la trace principale
- A partir de 430 m d'altitude, obstruction des branches des arbres courbés et défeuillés par la dernière tempête, obligeant à des séquences de reptation (heureusement limitées)
Evidemment, je me fais prendre au piège et me retrouve à explorer en vain pendant 20 mn une bifurcation envahie par des branches horizontales pour m'apercevoir que j'avais quitté la bonne trace 50 m plus bas ! Conclusion, quand cela devient trop mauvais, c'est que l'on n'est plus sur la bonne trace !
Ensuite, les branches se remettent à la verticalité vers 650 m et me laissent tranquilles, mais, lorsque j'atteins à 11 h le replat noté 667 m sur IGN, catastrophe : impossible de trouver la suite du chemin vers Bocca di Funtanella... Une trace est vite découverte sur la droite, mais, orientée vers le SW, il semble évident que ce soit celle d'Apaseu. Je cherche en vain pendant 45 mn une trace à gauche pouvant mener vers le col de Funtanella...
En désespoir de cause, je continue la trace d'Apaseu qui s'avère, au début du moins, être un bon sentier cairné et visiblement utilisé pour monter des troupeaux là-haut puisque la sente est fortement marquée par le piétinement d'animaux. Puis, plus haut vers 900 m lorsqu'elle atteint des barres rocheuses et se perd en les remontant avec des cairns pour seuls repères, elle devient très délicate à suivre et seule une attention de tous les instants permet de continuer (en commençant à craindre la descente !). Pourtant, j'arrive tout de même tant bien que mal à sortir vers 1100 m de cette forêt touffue, que ce "sentier" n'a pratiquement pas quittée depuis le début, en vue d'une crête au sommet de laquelle on peut enfin apercevoir les pelouses en pente douce d'Apaseu. Arrivée au plateau d'Apaseu en face des bergeries à 14 h.
Déjeuner sur les pozzines par cette magnifique journée jusqu'à 15 h et début de la descente vers Vignalella qui s'avérera finalement moins périlleuse qu'imaginée, malgré une sortie de route dans la traversée du Canalseccu (le bien nommé en été !), rattrapée en explorant finement les rives de ce ruisseau. Bien entendu, après avoir rejoint le replat 667 m où j'avais en vain cherché la trace vers le col de Funtanella, je retrouve son départ 50 m plus bas en altitude par une sente qui ne semble pas meilleure que celle d'Apaseu. A noter que le ruisseau de Funtanella qui descend du col du même nom et que l'on rejoint pour la deuxième fois vers 410 m est bien alimenté en eau mi-juillet (cette année-là en tout cas...) et permet un rafraîchissement bienvenu, même après ce parcours à l'ombre durant pratiquement tout l'itinéraire. Arrivée à Vignalella à 16 h 50.
En synthèse : confirmation des informations de Charles Pujos, avec non pas deux sentiers mais deux traces montant vers la Cagne depuis Vignalella. L'une va vers Bocca di Funtanella, mais, ne l'ayant pas parcourue, je ne peux garantir qu'elle soit praticable jusqu'au bout bien qu'indiquée sur la carte IGN, l'autre mène à Apaseu par une trace de transhumance, non marquée sur la carte IGN, délicate à suivre sur la totalité du parcours mais réalisable avec un peu d'attention. Malgré tout, cette montée à Apaseu est de toute beauté, lorsque l'on fait abstraction des problèmes d'itinéraire, et l'arrivée à ce superbe plateau vous récompense des efforts de la montée en vous ménageant le spectacle d'un des plus beaux sites de Corse avec ses pelouses irisées, ses ruisselets limpides, ses pozzines rafraîchissantes, ses sapinières primaires, ses chaos de blocs cyclopéens, ses bergeries romantiques, ... La carte ci-contre vous donne le détail du parcours, avec un bémol tout de même pour la trace d'Apaseu à partir du replat 667 m car la couverture végétale permanente empêche des relevés GPS normaux avec ma montre : je n'ai donc pu obtenir que deux points, captés lors d'arrêts dans des petites clairières, avant la sortie finale de la forêt sous la crête d'Apaseu. D'où le tracé approximatif indiqué sur la carte ! Quant aux horaires, il faut sans doute tabler en standard sur 3 h 30 à 4 h de montée et 2 h 30 à 3 h de descente.
Côté photos, même sanction que pour les points GPS faute d'avoir emporté l'appareil photo oublié à la voiture... Pas de Galerie photos donc, mais vous pouvez revoir celles de la randonnée de mai 2007 à Apaseu sur flickr en Naseu - Bocca di Funtanella.
Commentaires
Charles, ça tombe bien ! Je serai en Corse avec Thérèse du 28 octobre au 4 novembre, en espérant d'y trouver l'été indien, comme en 2005. On pourrait réunir nos forces pour trouver les lunettes de soleil de Philippe et ta patte d'ours. Tiens-moi au courant, tu as mon adresse e-mail.
OK, vu ; cela étant, le WE s'annonce mitigé en Corse et il n'est pas impossible que je file donc... vers les picos de europa (anticyclone côté atlantique...) ! Mais rassure-toi, je dois y aller avant l'arrivée de la neige (vers toussaint sinon...).
Merci, Charles,
Pour localiser le col 1150 m (en dehors de l'altitude), pas très compliqué : c'est une sorte de crête entre, au SW la pente de la trace cairnée que l'on remonte dans les éboulis et sous la forêt et, à l'E une petite pente de 30/50 m au-dessus du départ d'un canyon vertical franchissant l'unique fracture dans l'épine rocheuse séparant Tana di l'Orsu du Fangu : ce canyon se jette verticalement 150/200 m plus bas dans le Fangu et est marqué sur la carte IGN (seul ruisseau DANS l'épine rocheuse). La trace contourne ce départ de canyon par la gauche en ligne de niveau et arrive au gros rocher cité avec ses branches mortes posées en balustrade devant. C'est là que j'ai déjeuné avec vue superbe sur le Tafonatu et le Fangu. J'ai appelé cela un col du fait de l'existence de cette petite crête entre Tana di l'Orsu et le canyon, mais la pente continue au-dessus le long du ravin-lit du torrent qui se termine dans ce canyon.
Bonne chasse à l'ours, mais je parie plus sur le mouflon à l'arrivée...
J'espère bien retrouver tes lunettes (ainsi qu'une patte d'ours) ; cela ne rendra que plus palpitant cette quête qui eût été probablement vaine sans ton concours et ta distraction ! Seul problème, pour l'instant, je ne vois pas bien où se situe ton fameux col 1150...
Dans le même registre, je signale que cet été, au sommet de la Malanda (Bavella), mon copain Walter a perdu son petit sac-à-dos, emporté par une bourrasque de vent dans la face est du sommet (de mon côté, le poids de mes appareils photos m'a épargné pareil malheur, mais c'était moins une...). Si jamais l'un d'entre vous passe par là-haut, il y a quelques euros à récupérer...
Tiens, pendant que j'y pense Charles, si tu parcoures la trace cairnée de Tana di l'Orsu : au col 1150, tu as une chance de trouver mes lunettes de soleil que j'ai sans doute laissées Vendredi 21/09 après déjeuner devant le gros rocher noir avec les branches mortes !!
Il y a aussi l'article sur mon séjour en juillet à Galeria :
- Randonnées estivales en juillet 2007 : Région du Filosorma (Point 4)
Complément pour Tana di l'Orsu :
J'ai aussi mis à jour les rubriques du site :
- Ravins du Fangu
- La vire de Scaffone
Bonjour,
Je vois que Charles cherche encore des aventures en Corse (remonter à l'Uomu di Cagna par le vallon de Spartanu !)
La jonction Pianottoli - Naseu via les bergeries de Pastricciola paraît effectivement une bonne idée et l'occasion de faire un sentier qui rejoint ce magnifique canyon du Vivaggiu que j'ai dû faire 4 à 5 fois avec des débits très irréguliers en été et de bons souvenirs (lire Le Chien du Vivaggiu et Les canyo-niqueurs)
Pas de problèmes donc pour moi en ce qui concerne une participation à un trek dans ce coin-là, François : à discuter en début d'année prochaine...
Pour Tana di l'Orsu, Charles, tu dois avoir toutes mes dernières photos sur la trace et la montée à Campu Razzinu en Tana di l'Orsu et en Vires du Tafonatu et de Scaffone
La trace est de plus en plus marquée et on n'a plus à ramper sous les arbustes au col 1150 m (qui doit être d'ailleurs plutôt à 1130 m !). A la descente il y a 3 semaines, j'ai essayé d'explorer la RD du vallon dans la forêt mais je n'ai trouvé aucune trace et j'en ai eu marre de me frayer un chemin dans ces végétaux... Je ne sais pas ce que tu cherches comme traces de l'ours, mais je ne vois que les rochers au col pour servir de "tanière".
Quant à la Spusata, je n'y suis pas retourné depuis juillet 2006 et je t'avais donné toutes mes infos à l'époque, reprises ensuite sur le blog dans Punta di a Spusata
Je t'aurai bien accompagné mais, avec ma semaine de septembre et les deux autres séjours en Corse de cette année, il ne me reste plus beaucoup de congés 2007 et octobre est un mois de forte activité professionnelle pour moi.
Moi, ça me dirait bien en 2008 de réaliser ce trek (Campomoro- Porto-Vecchio ou éventuellement Bavella), soit début juillet si nous voulons le faire en troupe, soit plus tôt, en profitant des RTT de ceux qui bossent (j'ai honte à dire que je n'ai pas de problème de ce côté-là...). Cela serait moins physique que Tania de l'Orsu, mais c'est un coin de Corse que je ne connais pas, et qui me paraît sauvage et varié. Qui serait fana?
Je pars qqs jours en Corse dans huit jours, pour régler son compte une fois pour toutes à divers coins évoqués dans ce bloc : sposata et tana di l'orsu, notamment ; si qq'un est intéressé ou a des tuyaux, je suis tjs preneur
Salut à tous,
Pas de renseignement précis de mon côté, si ce n'est que la trace passe près d'une antenne (pour la sécurité de l'aéroport de Figari) dont la vision m'avait énervé la dernière fois que je suis passé par là, en plein hiver (quelle idée de dénaturer un lieu aussi sauvage...) ; cela dit, je retourne probablement dans le coin dans huit jours (ainsi qu'à la tana di l'orsu et à la sposata !!!) ; je pourrai alors rafraîchir mes souvenirs...
Liaison mer-Cagna : qqs précisions sur les options possibles que j'ai tentées ces dernières années avec divers succès :
1/ rejoindre Giannuccio depuis la bocca di Roccapina, par la punta di valanincu ; il y a 4 ans, le sentier IGN était impraticable (on m'avait prétendu le contraire... ; il devait être rouvert...)
2/ j'ai également tenté de monter à l'uomo di cagna, sans passer par giannuccio, depuis monacia d'aullene, en passant par le vallon de Spartano ; mauvaise trace en rive gauche pendant 1 h 30, puis plus rien !
3/ le plus simple est donc de passer par pianottoli et de monter aux bergeries de naseo, soit via san gavino (pistes rurales de liaison) soit plus directement par les bergeries ruinées de Pastricciola ; en février 2005, sentier large et fraîchement démaquisé à partir du point coté 100 sur IGN ; puis sente très embroussaillée à partir de Pastricciola (mais malgré tout pas trop difficile à suivre, une fois que l'on trouve son départ...)
Cela étant, les choses bougent pas mal dans ce secteur (il y a qqs années j'avais rejoint facilement Pastricciola en redescendant à VTT de Naseo sur San Gavino - le chemin final, utilisé par les canyonnistes - dont moi, qui fis la première de ce torrent il y a 20 ans ! - était encore bon même après le franchissement du Vivaggio).
Si d'autres personnes connaissent le coin, je reste intéressé par leurs commentaires sur l'état de ces traces et de ces non-traces...
Bonsoir Charles,
Content de te voir de retour !
Tu as raison pour ton dernier livre et ses treks en Corse du Sud, mais je n'ai pas encore eu le temps de me le mettre en tête complètement...
Puisque tu connais bien la traversée de la Cagne, pourrais-tu me donner des infos sur le 2ème itinéraire entre Uovacce et Funtanella, pas celui d'Apaseu mais l'autre (Malpaseu ?) ?
Je n'ai pas encore trouvé le départ des lignes de cairns, aussi bien depuis la plaine Ovacce que depuis Funtanella...
Bonsoir,
Je signale que cette traversée (optimisée car je connais le coin presque par coeur) est décrite assez précisément dans mon guide sur les treks en Corse (étapes vers Tizzano, Roccapinia, Pianottoli, plaine de Cagna, Cartalavonu...)...
Oui, François, cette idée d'un trek Campomoro - Porto Vecchio, combinant randonnées littorales "sauvages" et "traces cairnées" de la traversée de la Cagne est une idée intéressante !
La partie littorale de Campomoro à Figari est décrite entièrement sur le site et il faut réfléchir à l'endroit où s'arrêter pour rejoindre Giannuccio, sans doute le meilleur endroit pour démarrer la traversée de la Cagne. De là, Bocca di Tonnari, la trace vers la plaine d'Uovacce, Apaseu et Bocca di Funtanella : tout cela est aussi décrit en détail. Reste ensuite à parcourir la ligne de crête de Punta di Compolelli au col de Bacinu : ce n'est sans doute pas une mince affaire et c'est la seule partie que je ne connais pas. Reste la fin de parcours vers Porto Vecchio, beaucoup moins sauvage...
Toujours impeccables tes descriptions de balades: celle du Coscione me rappelle l'étape Jallicu-Bassetta, où nous avions également été importunés par des cochons gloutons; ta rencontre du géhériste paumé montre qu'effectivement, tout le monde n'est pas mûr pour "Corse sauvage"!
En ce qui concerne Bitalza-Funtanella, c'est une pièce intéressante du puzzle "traversée de la montagne de Cagna", que je ne désespère pas de réaliser un jour, si possible en y joignant la rando littorale à partir de Campomoro, donc un trek Campomora-Porto-Vecchio...à méditer.