Le Turone par les bergeries de Bradani (Olivier HESPEL)
Par PhE le mardi 01 octobre 2013, 11:06 - Ravinisme - Lien permanent
Encore un article d'Olivier, qui nous propose cette fois un retour dans le massif de Popolasca mais avec un accès détourné en le rejoignant depuis le début de la vallée d'Ascu et les environs de Moltifao via une montée aux bergeries de Bradani et Bocca di a Scaffa. Tout cela pour terminer par l'ascension du Turone qui semble assez aisément accessible au randonneur moyen... quand il en trouve la voie normale !
Une belle occasion de visiter les alentours du ravin du Negrettu, de manière détournée malheureusement puisque le sentier ne le cotoie qu'au départ et n'y revient que pour le traverser avant d'arriver à Bradani. Ce ruisseau se descendait pourtant à une époque en canyoning, mais au prix de traversées de propriétés privées qui ont posé tellement de problèmes que les topos corses en ont tous abandonné la description et le déconseille... Cela explique aussi sans doute cette montée détournée aux bergeries qui évite elle aussi de passer de traverser ces mêmes propriétés !
Mais cela reste de toute manière une façon originale de pénétrer dans ce massif incroyable qu'Olivier compare à Bavella dont il a au minimum la similitude d'être parcouru de ravins gigantesques et colorés.
Vous pouvez consulter la carte sur la gauche de la page pour visualiser le tracé d'Olivier durant le parcours de cette approche et ascension du Turone.
Le secteur de Popolasca est vraiment un lieu particulier, espèce d'îlot géologique échoué dans un ensemble différent. Le pendant de Bavella, à l'opposé géographique de la Corse. Il s'agit comme pour lui de granit alcalin (ensemble U3 pour les géologues) même si la couleur et donc la composition diffèrent. En tout cas, comme lui, l'érosion y a créé des structures remarquables souvent comparables dans l'aspect et la splendeur. Le meilleur parcours pour en profiter pleinement reste à mon sens la traversée et la montée sur le col de Chjassu (Cf. « Grande boucle sauvage du massif de Popolasca par Vetta di Muru »).
Cette fois nous allons aborder la région par un endroit encore peu connu, de biais pourrait-on dire, par une entrée discrète et tenter sur le trajet d'aboutir à un sommet tout ce qu'il y a de plus central et représentatif, le Turone.
En effet le départ n'est plus sur la Giovelina, piève de Castiglione et Popolasca mais sur la commune de Moltifao, à quelques centaines de mètres du village des tortues. De la départementale qui mène à Ascu, repérer un départ de piste en plein champ au point coté 306. Suivre une mauvaise piste très dégradée (même avec un 4x4, c'est hard !) jusqu'à un virage à gauche à l’altitude 380 où d'imposants chortens immanquables vous invitent à suivre un bon sentier, du moins jusqu'à des ruines pastorales. Une fois arrivé, on monte d’abord par la droite puis l’on essaye tant bien que mal de suivre les cairns et les traces en gagnant rapidement de l'altitude. Ce n'est pas trop compliqué avec un peu d'attention, un GPS comme Jipi aide bien aussi au cas où on s'écarterait. Le maquis est bas et sec, peu d'ombre, on est encore assez bas et il fait rapidement chaud. On passe dans un bosquet très dense de buis (j'adore cette essence et je vais être très bien servi) où se cacherait une fontaine (Cf. carte IGN). Pas vu, pas entendu. A mon humble avis, y'a plus rien... Au mois d’Août rien d'étonnant, surtout que le réservoir en amont est un peu réduit. Prévoir donc pour les gros buveurs ou les retardataires, un stock d'eau conséquent car la prochaine opportunité ne sera pas avant deux heures du départ et encore elle ne doit pas être garantie chaque année.
On sort du tunnel de buis mais la végétation devient plus dense en chênes et arbousiers au fur et à mesure qu'on monte. Après quelques lacets raides, on termine les 500 mètres de montée par une petit plateau sympathique habillé de beaux chênes avec un point de vue panoramique qui embrasse tout l'est, et une dernière ascension sur un pierrier jusqu'à la passe charismatique en brèche de Porta à Paola. C'est rare d'avoir comme toponyme un prénom qui ne soit pas a priori un saint. A moins que ce ne soit une référence au grand Pasquale, ou une muse fatale... Cela mériterait une explication !
Ce passage nous bascule sur un autre décor très différent, beaucoup plus boisé. Le reste de l'itinéraire va consister à franchir, sur le flanc Nord de la crête abrupte à notre gauche, en suivant les circonvolutions de son relief, la distance qui nous sépare du prochain point de passage, bocca Chjusura (Tiuzzura sur IGN, écrit maladroitement en phonétique, et qui signifie fermeture : logique), à quelques bornes de là (au moins quatre à vue de carte). Voilà pour l'objectif.
Plus facile à dire qu'à faire. Car les pertes de sentiers sont nombreuses, les fausses pistes aussi et cela va démarrer dès le début. Un conseil : « Jipissez-vous » (GPS), ça c'est le best et cela m'a corrigé le premier plantage, mais sinon, et c'est indispensable de toute façon, si vous n'avez plus de cairns (des vrais, pas des pierres isolées) depuis un moment, de sentes évidentes et que ça s'embroussaille sévère, revenez à un point sûr !! Bon, mais pas de panique, ce n’est pas si terrible et j'avoue que l'on s'est plutôt bien démerdé. Et Jipi ne fait pas tout, car un moment (Cf. carte de l'itinéraire), on s'écarte nettement du tracé de la carte, donc mieux vaut compter sur la logique du terrain que sur la position.
C'est en redescendant de la brèche qu'immédiatement nous nous retrouvons dans la confusion d'itinéraire. Et là, première erreur. Je choisis de continuer tout droit et pense voir un cairn sur un gros rocher. Arrivé sur place, rien de concret. C'est là que Jipi intervient et d'après notre situation sur la carte, on s'éloigne du sentier plus à gauche. Je fonce sans difficulté vers le sud et le rattrape.
Au retour, j’ai fait en sorte d'essayer de bien marquer à gauche le carrefour où je me suis trompé par des nombreux cairns : j'espère qu'ils seront encore là à l’avenir... Continuons.
Nous arrivons en quelques lacets tortueux au contournement de la Punta Perelli, plus clairsemée, puis nous enfonçons toujours plus dans une forêt plus dense de chênes verts vénérables avec de jolies vues sur le village d'Ascu et ses environs, ainsi que l'imposant Monte Padru au-dessus qui commence gentiment à se couvrir.
J'ai oublié de vous dire que la météo annonce un journée exécrable en ce mois d'Août 2013 avec des orages dans toute la Corse. Ce matin, d’Ajaccio cela avait l'air de péter derrière Vizzavona, ce qui n'était guère encourageant certes, et arrivé au col, miraculu !, grand bleu sur les montagnes. Tout allait bien. Corte nickel, le seul point noir, devinez quoi, le massif de Popolasca.
Les objectifs étaient donc revus à la baisse ce matin, mais pour l'instant à part quelques gros nuages à l'Ouest, rien de méchant. On est bien parti pour arriver aux bergeries de Bradani avant la pluie. Bel aperçu des crêtes du Traunatu plein Ouest et sa dent d'Ascu et du diable (carrée) pas encore couverts. Ça va tenir, je vous dis.
On gagne de l'altitude et la Punta Perelli, que l'on a contournée il y a peu, va rapetisser à vue d'œil tant par la distance que par l'altitude. Quant au terrain, il passe de zones bien nettes à suivre à des passages a priori refermés mais qui, avec un peu de foi et de repérages de cairns pas toujours évidents, nous permettent d'avancer sans trop se planter.
La randonnée s'éternise et l'effort de concentration de repérage donne l'impression de ne jamais s'approcher du col de Chjusura, ni même de la première fontaine. On s'alimente à un rare point d'eau issu d'un thalweg humide avec une paille (bien utile) et comme une bouffée de joie soudaine, la forêt se mue joliment en pinède et l'ambiance se transforme d'autant, moins austère. On arrive à la fontaine de Tripulata pratiquement à sec et on continue sans mal avec l'aide d'un tuyau noir interminable, passablement moche, qui nous accompagnera un long moment (c'était quoi le but premier ? Mystère, mais preuve que ce lieu est très prisé par quelques habitants mitoyens). Arrivée au col sous le point 1401, le lieu devient enchanteur. Le décorum est grandiose avec pour arrière plan la crête découpée de Cima Laggiaro et son prolongement à gauche vers Bocca Chjusura. Une vallée profonde à nos pied et, comble de bonheur pour moi, des fourrés denses de buis entre les pins larici.
On franchit donc le petit col et on change notre direction nettement vers le sud. Ne pas hésiter à descendre un peu pour rejoindre une ligne de cairns désordonnée (sinon suivre encore le long tuyau noir qui malheureusement à mon avis sera encore là). On arrive en se plantant un petit peu à l'aller mais sans conséquence sur le timing qui ma foi n'est pas si mauvais : on sera aux alentours de midi à la bergerie que l'on distingue en face. Une traversée de vallon qui n'est rien d'autre que celui du Negrettu, rivière qui descend jusqu'à la piste, annonce une descente raide mais courte, puis une remontée « sympathique ».
On redescend sèchement pour contourner un gendarme imposant de la crête, on croise un petit noir (sanglier) et on arrive doucement à l'un des affluents en amont du Negrettu qui vient directement du Traunatu, et après sa traversée et la fin du tuyau qui devait donc s'alimenter ici, on entame une remontée au Sud comme on peut, les cairns apparaissant et se perdant aussitôt dans ce terrain accidenté mais peu encombré (du moins d'aulnes).
On arrive donc à Bradani et là je tombe sur la bergerie la mieux équipée de Corse : je passe les détails de tous les rangements multiples et variés qui s’y trouvent, en tout cas on peut y coucher, s'y chauffer, même s'alimenter surtout si vous croyez à l'éternité des conserves. Le top, mais bien sûr pas question d'y mettre le désordre et d'y laisser ses déchets pour autant, et faudra boucher la cheminée sur le toit à notre départ pour éviter non seulement l'intrusion des rongeurs mais aussi de la neige et la pluie. Un robinet mobile a été aménagé par un tuyau provenant de la rivière sous Bocca Scaffa.
Le temps se couvre en tout cas. On a toute l'après midi devant nous mais on n’a pas encore décidé si on se lance ou pas à l'assaut du sommet phare des aiguilles de Popolasca : la montée semble raide et bourrée d'aulnes, le temps commence à menacer. Le mieux pour se décider c'est un apéro, des brochettes au feu de bois et du pinard… et je sais pas pourquoi, mais on en a prévu pour un bataillon du 2ème REP.
Tout ceci consommé avec une certaine joie, et les 14 heures arrivant allegro, nous avons la bougeotte et décidons de voir là-bas si nous y étions sans savoir encore jusqu’où. La grimpette post-prandiale fut dure et assez entravée par nos précieux végétaux de l'étage cryo-oro-méditerranéen. Nous optons pour la gauche après la traversée du ruisseau. Notre itinéraire n'est pas génial de confort mais nous permet d'accéder plus près du Turone, au-dessus de Bocca Scaffa. Le retour sous le col direct dans les aulnes en RG de la rivière se révélera meilleur, mais si vous espérez suivre une belle ligne de cairns vous en serez quand même pour vos frais.
Nous voilà donc au pied de la face Ouest du pic. Je suis imperturbablement mon idée de le contourner par le sud sans me poser de questions. Ce qui me fait monter facilement à un col qui domine le vallon de Terrivola et passer au Sud du massif vers la ligne de crête débonnaire qui part du sommet. Nous dominons à présent le redoutable couloir de Chjassu à l’Est (souvenirs !) et nous n'avons plus qu'à zigzaguer au plus facile plein Nord sur des pentes herbeuses et rocheuses mais sans difficultés vers le sommet évident.
Tranquille ! 1h30 depuis les bergeries, le plus long étant l’ascension au col... Le temps s'est maintenu avec même quelques éclaircies et le panorama se passe de commentaire.
En fait, une belle rando sportive sans être inaccessible consisterait tout simplement à monter de Castiglione par la voie normale, faire ce sommet facile mais spectaculaire et redescendre par Bradani si on est bien préparé et renseigné (en lisant cet article par exemple) et en s'amusant avec le manège des voitures.
Nous redescendons tranquilles, heureux de nos 1500 mètres de denivelé positif pour retourner dans notre vallée sauvage, accueillis par notre refuge stricto sensu bien sympa. On se régale du paysage au crépuscule après nous être bien « rebaffrés » de nos « brocho-merguo-chipolata » pour quinze, puis nous observons l'agilité digne de mouflons des chèvres ensauvagées sur les crêtes et passons une nuit sans se faire dévorer ; faut dire que j'ai épuisé la bombe insecticide qui restait, pensez à la remplacer au cas où.
L'itinéraire du retour ne posera pas plus de problèmes qu'à l'aller sauf peut-être sur la longue descente de la brèche vers la piste (je choisis néanmoins volontairement de bifurquer vers la rivière à la fin) et, au contraire, avant d'arriver à Porta à Paola, on a retrouvé le bon chemin qu'on avait raté au carrefour à l'aller (Cf. carte de l'itinéraire).
Bilan : Je suis surpris en fait par la relative facilité du parcours effectué, tant au niveau orientation jusqu'à Bradani - même si, avouons-le, Jipi is cool et que parfois des hésitations ont eu lieu sur des tronçons recouverts – qu'au niveau de l'accès au sommet du Turone. Je m’attendais à des passages en dalles... Bref que nenni, sauf si on veut faire du zèle. Évidemment, je ne parle que de l’accès sud, le reste c’est de l’escalade. En tout cas, une belle découverte à conseiller, d'après quelques sources, début juillet si on aime les lys oranges.
Rappel de la carte de l'itinéraire d'Olivier sur la gauche de la page.
Commentaires
@Sylvain Guillaumon :
Oui, je suis très partisan des sentiers de l'intérieur qui nous changent un peu des balades "incontournables" d'un côté et des parcours de haute montagne ultra-parcourus de l'autre...
Olivier et ses amis sont des spécialistes de parcours à objectif plus ou moins archéologique et d'itinéraire "à la carte", cad trouvé en examinant carte IGN, Google Earth et Géoportail photos aériennes : cela donne des trucs complètement originaux et insolites dont je me repais des photos !! 8-)
@PhE :
Il semble que ces sentiers, accessibles au plus grand nombre, rencontrent un succès croissant, comme on peut le lire sur cet article de Corse Matin, consultable sur le site de Jean-Claude Casanova : http://www.l-invitu.net/randos-bala... Naturellement, le public visé (notamment les familles) n’est pas le même que sur le GR20… encore que certains GRistes croisés ces dernières années me paraissaient davantage « taillés » pour les sentiers de pays que pour les randonnées en haute montagne !!!
@Sylvain Guillaumon :
C'est vrai qu'on a (un peu !) l'impression que les Corses (certains !) ont envie de remettre en état les chemins de leurs aïeux et que les plus convaincus vont même jusqu'à en créer de nouveaux !! ;-)
C'est d'ailleurs ce qui se passe par chez moi avec cette "associu" qui restaure et crée des chemins et s'intéresse au patrimoine ancien...
Est-ce que cela va intéresser les randonneurs qui viennent sur l'île et les sortir du GR20 ? A voir... LOL
@PhE :
Ce sera avec plaisir, d'autant que je ne connais pas du tout cette région ! En Balagne aussi, de gros efforts ont été faits pour nettoyer et baliser des sentiers, offrant un très grand choix de balades et de randonnées, aux locaux comme aux touristes. On peut ainsi passer d'un village à l'autre, grâce à ces sentiers de pays et non plus par la route, ce qui permet de redécouvrir tout un patrimoine parfois oublié (murs de pierres sèches, fours, bergeries) et de profiter de panoramas uniques sur la mer et la montagne ! Et les sentiers rouverts il y a quelques années, mais très peu ou pas du tout fréquentés depuis, collent bien à l'esprit "Corse Sauvage", il y en a donc pour tous les goûts !
Salut @Sylvain Guillaumon :
Merci pour toutestes infos sur le secteur et pour tes compliments sur l'association "A Punta Bunifazinca". N'hésite pas à venir parcourir nos nouveaux sentiers qui, même s'ils ne sont pas vraiment "Corse sauvage" n'en sont pas moins très originaux puisqu'aucun à part I Scarpi n'existait l'année dernière et qu'ils donnent une bonne idée de ce que peut faire une poignée de bénévoles acharnés en moins d'une année !! LOL
@PhE :
Philippe, pour aller dans ton sens, j’ai retrouvé ce descriptif de la randonnée par Pierre Martin, qui date d’août 2008 (http://www.martinpierre.fr/pages/tr...) : le cairnage semblait bien meilleur, à l’époque (8 ans déjà) !
« À la sortie du camping, prendre la route vers la droite sur 300 m et tourner à gauche sur la piste dont l’embranchement se trouve en face d’une maison (306 m). La piste traverse une forêt de chênes verts. À la cote 410, laisser la piste et prendre dans le maquis à droite (pas évident au départ) un sentier qui s’élève en pente de plus en plus prononcée. Heureusement, le parcours est jalonné de nombreux cairns. Au fur et à mesure que nous nous élevons, le paysage s’agrandit, entre autres sur le village de Moltifao de l’autre côté de la vallée mais bien au-delà vers le N et l’E. Cela fait 2h que nous marchons alors que nous passons sous un chêne majestueux ; l’endroit est idéal pour un pique-nique à l’ombre… Un premier col entre deux aiguilles rocheuses se présente à nous, puis une courte descente précédant une abrupte remontée permettant de franchir la crête de la Punta Perelli. Le sentier devient plus confus mais toujours bien balisé de cairns (merci aux bergers…). Il louvoie à flanc de coteau, laissant parfois entrevoir quelques aspects de la vallée d’Asco en contrebas et toujours l’omniprésent Monte Padro. Petits Poucets, ne perdons pas de vue notre fil conducteur : la série de cairns ! Si par mégarde nous nous égarons, force est de revenir sur nos pas puis chercher dans les futaies un peu au-dessus les marques que l’on a omises de noter. Une seule bifurcation à 1035 m peut induire en erreur. Celle-ci se trouve au niveau d’un gros rognon rocheux : il n’y a plus de cairns si l’on emprunte la mauvaise direction. On rebrousse chemin et on rejoint le sommet du gros rognon, notre sentier passe juste derrière… De collet en collet, nous arrivons à la Fontaine de Trupilata (2h, eau jusqu’au milieu de l’été) peu avant le passage de la Bocca Tiuzura (30mn) duquel on aperçoit de l’autre côté du vallon la bergerie tant espérée. On descend dans le vallon toujours en suivant les cairns et, après être passé au sommet d’un gros amas rocheux (ne pas essayer de le contourner en suivant le long de la rivière), on arrive sur une partie dégagée que l’on traverse pour atteindre la bergerie de Bradani (1h15). Nuit sous tente à proximité de la bergerie (couchage pour 4 à 6 personnes à l’intérieur). Eau à 150m vers l’amont dans le torrent qui descend de la Bocca a la Scaffa ».
À lire ses propos, j’ai l’impression que Quentin n’avait pas vraiment envie de remercier qui que ce soit ! Et moi non plus, d'ailleurs... Les sentiers vivent, meurent, leur tracé peut évoluer dans le temps, certains sont même ressuscités grâce à l'énergie de volontaires armés de débroussailleuses, balisés, entretenus et ainsi de nouveau fréquentés (coup de chapeau à ton association, au passage) !
@SQFP :
Après ton exploration du secteur de l’Argentella et de Crovani, je ne pensais pas que tu comptais t’engager dans cette randonnée galère ! Fin juin, avec la forte chaleur de ces derniers jours et un printemps aussi sec, je ne suis pas surpris d’apprendre que la Fontaine de Trupilata ne coulait plus : on sait à quoi s’attendre pour cet été… Il est tout à fait possible que la randonnée dans le sens de la montée soit moins paumatoire ; pour ma part, il y a 3 ans, le principal point noir se situait aux abords de la fontaine, la suite ne m’a pas posé de gros problèmes, surtout que, étant à sec (comme la fontaine) et la nuit approchant, j’étais pressé de rallier Tizzarella ! Malgré tout, par endroits, j’ai dû chercher mon itinéraire, revenir sur mes pas, m’énerver (un peu, mais moins qu’à Trupilata), à cause d’un cairnage épisodique. Je compte retourner prochainement dans ce secteur et poursuivre jusqu’à Vetta di Muro. Avec le plein d’eau pour la journée et la rude montée initiale jusqu’à la Punta Perelli, il vaudra mieux partir de bonne heure : à suivre !
D’accord avec toi, Philippe : en accentuant la 2nde syllabe, ça me semble assez juste ! Sauf que, tout content de moi, je m’étais appliqué à prononcer correctement (pensais-je) le nom de ces bergeries en discutant avec un habitant de Castiglione… qui m’a repris de volée : non, lui le prononçait « à la française », Bra-Da-Ni ! En parlant d’un même site (sommet, lac, village, bergeries), on a parfois du mal à se comprendre ! Déjà que se repérer au fin fond des montagnes corses n’est pas une sinécure…
@SQFP :
Effectivement, "Bradani" doit se prononcer "Brawane" en Haute-Corse : je ne dirai rien sur la prononciation par chez moi car je n'y comprend rien !! LOL
Cela serait sympa que cette bergerie soit encore utilisable... et que les utilisateurs la laissent en bon état bien sûr... :evil:
Merci pour ces infos bien utiles. 8-)
D'après un berger croisé à Tizzarella et qui cherchait une chèvre égarée, la bergerie de "Braouane" aurait dû être ouverte (= fermée mais clé dispo à côté). Sauf que j'ai fouiné partout pendant un bon quart d'heure et rien trouvé, hormis quelques lézards et outils de cuisine... Quelqu'un de mieux dégourdi aura sans doute plus de chance ;-)
Vu les décalages incessants entre tracés IGN et traces GPS dans tout le secteur, mon seul usage a été d'enregistrer les positions des sources pour le site Refuges Info...
(Pendant une longue pause à Porta A Paola, sont passés deux pigeons ramiers qui se pourchassaient en piqué dans l'embrasure, façon Top Gun : impressionnant 8-O)
Effectivement, ça laisse rêveur (cauchemar plutôt). Sur ma trace GPS, je peux cependant vous assurer surtout au retour que le sentier a été bien suivi (sauf peut-être la toute dernière partie de pente avant la piste mais sans poser de problème). Donc en cas de doute, reportez vous dessus et calez le votre. D'ailleurs tellement bien que j'aurai bien aimé trouver ces fameuses bergeries près de Tripulata ;-) dont je ne connaissais alors pas l'existence. Je pense y retourner mais ce qui me refroidis vraiment c'est la fermeture des bergeries !
@SQFP :
Merci pour toutes ces infos qui nous donnent un état actualisé de ces parcours autour de Bradani (dorénavant fermé et inutilisable pour le bivouac si j'ai bien tout suivi !)... :-(
C'est bien avec ce genre de compte-rendu que l'on se rend compte de la variabilité extrême de l'état des itinéraires en Corse où une promenade une année peut se révéler une galère l'année suivante selon les divers paramètres locaux (entretien pistes/sentiers, tempêtes d'hiver, bouleversements locaux, travaux, ...). Et d'où l'intérêt du Blog et du Site Corse sauvage par le biais duquel l'état des itinéraires peut être remonté par les utilisateurs pratiquants !! ;-)
J'ai fait la descente Scaffa - Tizzarella il y a 2 jours, et je confirme la description de Sylvain :
- quasi pas de difficulté pour descendre vers Bradani dans l'aulnaie, des boulevards ont été ouverts (par endroits un vrai travail de bûcheronage...) et le couvert des aulnes reste de toute façon assez lâche ;
- passés les buis de Bocca Chjusura, trajet plutôt évident grâce à du rubalise et au fameux tuyau - mais fontaine de Trupilata réduite à une flaque bourbeuse, l'été commence mal !
- par contre la suite est effectivement une horreur, le cairnage est très médiocre (positionnement en dépit du bon sens et/ou fréquence inversement proportionnelle à leur utilité...) pour ne pas user de termes plus malpolis. Et ça empire encore autour de Punta Perelli puis dans la descente de Paola... Le fond de carte IGN aide peu, en raison du relief chahuté. Seule solution en cas de doute, essayer chaque possibilité pendant quelques instants jusqu'à retomber - ou pas - sur un cairn. Que de Sueur et temps perdus, par 34°C et la gourde vide l'angoisse et la haine montent vite...
Seule consolation, la miraculeuse source (des ruissellements sortant d'une zone de faille...) en contrebas de Paola. Elle aussi délicate à trouver si l'on suit bêtement les rares cairns visibles ; indice : repérer dès que possible les "touffes" des châtaigniers, ces bestioles aimant bien avoir leurs racines humides.
Une chouette promenade en descente, variée, pour amateurs de botanique et de géologie, mais qui demande un peu de préparation nerveuse... :-C
Salut Patrick,
Je suis d'accord avec toi, malheureusement, même après avoir rebroussé chemin jusqu'à la fontaine, impossible de repérer le moindre sentier ! Je me souviens d'une vache et de 2/3 veaux qui pataugeaient dans une zone légèrement boueuse, autour de la fontaine ; de mon exploration des lieux, d’une bonne demi-heure, pour tenter de trouver cette fameuse trace qui m’aiderait à gagner Tizzarella ; de mon retour aux bergeries et de ma perplexité quant à la suite de ma randonnée !
La prochaine fois, je réaliserai ce parcours de toute beauté dans l’autre sens, afin de mieux comprendre mon erreur ! Reste que, malgré tout, la vue plongeante sur le Vallon de Negrettu valait le détour… La descente pour rattraper le bon itinéraire, un peu moins !
A prestu !
Sylvain
@Sylvain :
Slt Sylvain..
En effet tu as dévié de ton chemin au moment même ou tu as franchi la fontaine asséchée de trupilata pour monter légèrement vers un superbe ensemble de bergeries et un terre-plein dégagé..
Il faut constamment descendre et emprunter le chemin cairné dés la fontaine afin d'éviter comme tu l'as fait se retrouver dans le Vallon de Negrettu qui n'est pas très exploitable.
A bientôt sur le plus bel endroit du monde
@olihulk :
Petit conseil pour être tenu au courant des évolutions d'un site Web : s'abonner aux fils RSS ou Atom des listes contenant les évolutions du site quand celui-ci le permet. Ces fils RSS/Atom sont des adresses de flux d'informations tenus à jour automatiquement avec, par exemple, les derniers articles, les derniers commentaires, etc...
Pour "Corse sauvage" (blog et site), les adresses principales sont données sur CHAQUE page :
Ensuite, pour être informé, il faut LIRE ces flux et regarder les nouveautés et pour cela il faut un lecteur de flux : il en existe une flopée !
Personnellement, j'utilise Netvibes qui me permet sur une page spéciale de mettre les flux de TOUS les sites que je suis en permanence (sans avoir à les consulter tant qu'il n'y a rien de nouveau) avec les nouveautés indiquées en noir, les anciennes infos en gris...
Cliquer sur l'image pour agrandir :
Salut Messieurs. A mois de m'excuser de ne répondre que maintenant mais je suis pas vraiment averti lorsque des commentaires arrivent sur le blog et je ne m'y rend qu'à l'occasion.
Merci Sylvain pour tes encouragements. Et tu n'as pas manqué de piquer ma curiosité avec cet ensemble de bergeries à côté de la fontaine. Je n'arrive pas à les distinguer sur satellite mais je verrais ça plus précisément.
Pour Olivier,
Visiblement, quelques problèmes techniques sur le Blog (que je n'avais pas découverts !) sont venus empêcher Sylvain de poster son commentaire plus tôt. Sinon, cela aurait fait un moment qu'on l'aurait vu, mais il s'était perdu dans les méandres d'une validation de commentaires que je n'avais pourtant pas voulue !! :-(
@Sylvain :
C'est bien l'un des objectifs de ce blog que de pouvoir échanger de nouveaux parcours ou des informations sur des parcours peu connus et peu fréquentés...
C'est vrai qu'avec les randonnées d'Olivier on évolue assez loin du "mythique plus dur sentier d'Europe" (du monde ?)... LOL
PS : comme indiqué par Olivier, l’ascension du Turone par sa face Sud-Est est étonnamment facile (nombreux cairns, aucun passage exposé), et ne demande qu’une quarantaine de minutes depuis la Grotte de Scaffa. Panorama exceptionnel au sommet : meilleure lumière le matin pour la Cima a i Mori et la Dent d’Ascu, l’après-midi pour les Pinzi a i Giuelli et la Punta Cavallare.
Bonjour Philippe et Olivier,
Merci pour ce compte-rendu très détaillé… et conforme à mes propres souvenirs, puisque j’ai réalisé le même parcours, cet été (le 15 août), entre le Col de Scaffa et Tizzarella, après avoir gravi le Turone quelques jours plus tôt ! J’ai rejoint la Grotte de Scaffa par l’itinéraire classique depuis Castiglione, avec détour par les Bergeries d’Alsatu (site enchanteur), gravi la Cima a i Mori et donc le Turone et, après un orage dantesque le 14 (grêle, pluies diluviennes, coups de tonnerre comme je n’en ai jamais entendu), me suis engagé dans la longue descente vers la Vallée de l’Ascu, par les Bergeries de Bradani.
La veille, une fois l’orage terminé, j’ai tenté de deviner le départ d’une sente cairnée au Col de Scaffa, plongeant sur ces bergeries que l’on domine tout de même de plus de 300 mètres ! En fait, deux cairns émergeant à peine au-dessus des aulnes donnent une indication sommaire, et c’est parti ! La suite est plus simple qu’il n’y paraît, en veillant à rester en rive gauche du ruisseau (On peut être tenté de le traverser, à un moment) : que ce soit la bonne sente (rares cairns) ou des passages ouverts dans les aulnes par les chèvres ou les mouflons, on perd vite de l’altitude, jusqu’aux Bergeries de Bradani. La descente, qui se poursuit jusqu’au Negrettu, est assez « pourrie » : peu de cairns, pentes très raides, des éboulis et, dans mon cas, un terrain détrempé et donc glissant suite au déluge de la veille, attention à la chute ! Comme indiqué par Olivier, on rencontre, au niveau du Negrettu, le fameux tuyau noir qui va nous accompagner pour la suite de l’itinéraire : au moins, dans l’immédiat, l’orientation ne posera plus de problème !
Pour moi, le meilleur moment de cette randonnée, c’est l’arrivée à Bocca Chjusura (que j’écrirai correctement, dorénavant, merci Olivier !), lieu idéal pour pique-niquer et profiter du paysage qui s’ouvre vers l’Ouest et le Nord, des magnifiques laricci qui peuplent les rives pourtant encaissées et inhospitalières du vallon, et du coup d’œil sur la Punta Cavallare et le parcours suivi depuis le Col de Scaffa… le tout, bercé par le murmure du Negrettu !
Lors de mon passage mi-août, hélas, la Fontaine de Trupilata était à sec… malgré un printemps pluvieux et un été orageux ! C’est là que j’ai perdu l’itinéraire, en suivant un bon sentier qui remontait légèrement vers un superbe ensemble de bergeries et un terre-plein dégagé où de gros sacs de toile blanche étaient entreposés, signe que ces lieux pourtant isolés étaient fréquentés… ou l’avaient été autrefois ? Après avoir exploré les environs, rebroussé chemin et finalement perdu beaucoup de temps, avec des réserves en eau qui s’amenuisaient, j’ai continué mon chemin « au jugé » (pas de GPS à mon secours), dans une forêt de pins très propre, pour aboutir à quelques barres rocheuses dominant, de manière vertigineuse, le Vallon de Negrettu. De là, descente plein Nord, facile au début puis dans une forêt de chênes verts et leur cortège de poussière… Avec le sommet de la Punta Perelli à l’horizon, j’ai réussi à retrouver la sente cairnée, pour la reperdre aussitôt : le parcours peut vite devenir piégeux ! Dernière péripétie avant de boucler la randonnée en 2 heures environ et de retrouver la piste qui démarre au village de tortues de Tizzarella. La fontaine mentionnée sur IGN, au-dessus de cette piste, existe bien, elle ne coulait qu’un filet mi-août, mais elle ne se trouve pas sur le sentier proprement dit : pour l’atteindre, il faut faire un léger détour en empruntant une « variante » - de plus en plus nombreuses, à mesure que l’on approche de la piste, le dédale pouvant vite devenir confus !
Enfin, deux derniers commentaires sur cette randonnée, que je referai avec plaisir, mais dans le sens de la montée, notamment pour comprendre mon erreur à la Fontaine de Trupilata (ainsi écrite sur IGN) :
1. En redescendant de la Cima a i Mori, j’ai croisé un couple de Castiglione qui s’en allait « prendre les eaux » à Vetta di Muru : en discutant, le monsieur m’a recommandé, une autre fois, de monter à Scaffa par un itinéraire dont il avait recairné les premières pentes, l’hiver précédent, et qui démarrait de la Chapelle San Salvadore, près de Bocca a l’Aghialle, à mi-chemin entre Popolasca et Castiglione. Il m’a expliqué que ce parcours était magnifique et accessible à n’importe quel bon randonneur (pas de passage exposé), et qu’il permettait de pénétrer au cœur des Aiguilles de Popolasca, la montée par le Vallon de Terrivola ne faisant que les contourner. J’ai tout de suite fait le rapprochement avec l’itinéraire décrit par Olivier sur le blog… Voilà une nouvelle occasion de repartir randonner dans ce massif sauvage et méconnu ? Pour information, l’habitant de Castiglione connaissait la descente sur Bradani depuis le Col de Scaffa, mais ignorait que le « sentier » se poursuivait vers la Punta Perelli et Tizzarella.
2. Le lendemain, à l’épicerie de Moltifao, j’ai discuté avec un habitant qui connaissait bien le secteur et qui avait, lui-même, connu quelques difficultés d’orientation sur ce parcours, à une saison (fin octobre) où les nuits tombent vite et peuvent être fraîches !
Pour conclure, merci à Olivier de rendre accessibles ces informations précieuses sur des itinéraires de randonnées splendides mais confidentiels, et à Philippe de tenir ce blog, qui représente une mine d’or !
Bonne semaine !
Sylvain
Des hypothèses d'explication par Olivier de certains toponymes que l'on retrouve dans cet article :