Le Verghjellu par Scarsa a Deda (Olivier HESPEL)
Par PhE le vendredi 20 septembre 2013, 22:16 - Randonnée - Lien permanent
Comme suite des aventures d'Olivier, nous avons le droit cette fois-ci à une randonnée dans la vallée la moins fréquentée du Cortenais, le Verghellu (ou Verghjellu ?), avec encore un parcours très sauvage et aventureux que l'on ne trouve que sur le prolifique site consacré aux randonnées des vallées du Cortenais : Randonnées - Nature en Centre Corse.
La vallée du Verghellu est une oasis de tranquillité et de verdure comparée aux autres vallées qui l'encadrent, Tavignanu et Restonica au Nord, Manganellu et Vizzavona au Sud. C'est la plus boisée des vallées de la région et le cours très aquatique de la rivière offre un parcours aménagé de pêche à la truite. Elle permet en outre l'accès le plus direct et le plus rapide au refuge de Petra Piana et au Monte Ritondu par Bocca di Tribali. Enfin, les deux versants Nord et Sud de la rivière abritent les nombreux vestiges des activités pastorales d'autrefois avec des restes des chemins patrimoniaux qui permettent encore d'aider à traverser les pentes pour aller visiter vieilles bergeries ruinées, abris sous roches et cols de transhumance abandonnés.
C'est le versant Nord qu'Olivier nous propose de visiter ci-dessous, avec encore une fois de nombreuses anciennes bergeries au programme, Recciu, Campu a u Prete et Quercetu et le mystérieux passage de Bocca di Scarsa a Deda utilisé pour boucler ce parcours d'environ 6h, réservé encore une fois aux randonneurs expérimentés et habitués aux (non-)sentiers corses.
Vous pouvez consulter la carte sur la gauche de la page pour visualiser le tracé d'Olivier durant le parcours de cette boucle pastorale.
Voici une randonnée d'une journée, sympa, facile d'accès et de toute beauté. Bien sûr tout ne sera pas net et sans hésitation mais bon, qui est-on ? (et sur quel blog ?) et avec le tracé GPS joint et les commentaires, cela reste accessible au plus grand nombre de randonneurs. A noter qu'elle pourrait se pratiquer en toutes saisons à l'aide des équipements appropriés si, fortuitement, elle était entrecoupée de neige ou glace à relativement basse altitude : elle se déroule en effet à l'adret du massif du Cardu-Rotondu.
On se gare près du pont de Vaccherecciu (ce n'est pas les places qui manquent à la bergerie en bord de route), dans la vallée du Verghellu, celle qui débouche sur les ponts Eiffel-Bouygues qui enjambent le Vechju. On cherche tout près du pont en RG (à droite en montant) une sente au départ discrète. Puis, très vite, un beau sentier nous fait longer la rivière de Paratella. Il n'y a plus qu'à le suivre de façon évidente car il est très bien nettoyé (étant l'accès principal aux célèbres fontaines du Paradis, cela a dû beaucoup jouer dans son entretien). On traverse assez vite la rivière issue de Campu a u Prete (ruisseau de Scarsa a Deda) et, après quelques lacets, on arrive à un petit carrefour vers 930m. On peut alors choisir comme nous de faire un aller-retour en courbe de niveau vers les bergeries de Recciu planquées au bord RG de la Paratella dans la forêt. Elles sont en mauvais état et emmaquisées mais cependant remarquables par leurs restes de mur troglodytiques et leurs enclos.
De retour, on monte plein Nord jusqu'à re-traverser la rivière avec une impression de foncer droit vers des crêtes infranchissables et magnifiques à l'horizon, Spolettu, qui se franchiront, néanmoins, comme vous le verrez. Le parcours nous offrent des images de toute beauté avec devant nous et sur la gauche des obélisques naturels gigantesques et charismatiques et, derrière, une vue dominante (depuis déjà un moment) sur la vallée du Verghellu et sa star Sud, la Petra Facciata. Quelques virages dégagés nous permettent de bien voir la crête de Felicina-Cioti encore enneigée en cette saison (mai 2013).
Une montée rude avec de grands lacets dans le bois dense de laricii nous amène vers le plateau, pentu mais dégagé, des très belles bergeries de Campu a u Prete. Pause panorama idyllique. Un bivouac pour les feignants ? Sans problème, c'est une invitation !
Des cairns sur la droite nous amènent droit sur l'énorme moraine arborée qui va nous accompagner pendant presque 200 mètres de dénivelé. Le sentier se fait plus sale mais reste cairné. Vers 1540m, on laisse la trace principale à gauche se poursuivre vers le col (qui mène aux bergeries de Paratella, puis les fontaines du Paradis) pour couper à droite. Je pense en l'occurrence qu'une prolongation sur le fil de la moraine de quelques trentaines de mètres de dénivelé avant le changement de cap n'aurait pas été plus mal et aurait évité une descente pourrie dans le ravin du bas ; d'autant plus qu'après, une raide montée nous attend pour rejoindre l'itinéraire tracé par la carte.
Alors ici, il convient de préciser que jusqu'à Scarsa à Deda, nous n'avons vu ni trace, ni cairn d'un sentier probablement complètement disparu aujourd'hui. Mais il suffit simplement de rester sur les 1600, de traverser la forêt éparse et de foncer droit sur ce qui apparaît très vite comme le passage évident de la crête perpendiculaire qui semble nous barrer la route.
On passe au pied d'un piton imposant par la gauche et on franchit véritablement l'entrée du fameux passage de Scarsa a Deda. Et là, comme par miracle, des cairns.
En suivant gentiment les circonvolutions du sentier bien tracé à nouveau et en contournant par la gauche un beau ravin, avec de superbes impressions au cœur de la beauté sauvage de nos montagnes, on se retrouve en quelques passages tranquilles à travers les rochers sur le col proprement dit.
Le déjeuner s'impose. Nous n’avons pas été vraiment rapides et avons mis 4 heures à arriver jusque là. Une de moins me parait raisonnablement faisable. Vous voyez, rien de violent. Le site est superbe, spectaculaire et presque accueillant malgré son aspect abrupt. Seulement, c'est peut-être maintenant que les difficultés éventuelles de parcours commencent.
La poursuite du passage nous invite à suivre de petites corniches sur la gauche en laissant un beau ravin à droite puis nous dominons une grande vallée rocheuse avec de belles barres en terrasse à gauche qui montent sur les flancs du Capizzolu au-dessus. En suivant tant bien que mal les rares cairns, on poursuit notre descente délicate vers l'Est-Nord-Est en traversant des oasis végétaux (Cf. Encart en bas d'article) surprenants par leur emplacement dans ces pentes presque exclusivement minérales. Les géologues trouveront également leur bonheur avec des rencontres nombreuses avec le fameux poudingue du Cardu. Belles vues sur le « Vivariais » et ses alentours Nord.
La pente se radoucit mais le parcours se fait envahir par de la végétation toujours plus drue. On croise par un heureux hasard un bel oriu pas loin de la jonction avec la rivière de Quercetu. Direction les bergeries éponymes 100 mètres plus bas. En RG, on y descend sur du terrain sale, mais cependant largement praticable, qui va nous donner un avant-goût de la suite.
Pause aux bergeries intégrées au rocher et, ma foi, bien mignonnes et on se prépare à la partie pas spécialement excitante du parcours.
A coups de descentes en oblique, on essaye de repérer péniblement des traces et des cairns, qui semblent disparaître assez vite après, en se faufilant dans de la bruyère et des fougères. En se conformant à la logique du parcours, nous finissons par revenir à la rivière de Quercetu en RG, franchissons un plateau toujours sale mais sans réelle difficulté et rencontrons bizarrement une délimitation grillagée qui va nous accompagner une bonne partie du reste de la descente. J'ai compris qu'il serait en rapport avec la réintroduction du cerf dans le secteur. Après avoir longé le grillage par la droite, nous nous enfonçons dans la forêt, franchissons quelques ruisseaux par des passages parfois glissants et ombragés et finissons par re-traverser le Quercetu peu avant d'arriver par un sentier correct sur la route où nous avions placé une première voiture. Une petite visite sur le Quercetu qui traverse la route avec de jolis méandres et la ronde se termine.
Conclusion : Cette randonnée pourrait se faire en sens inverse, comme ça on garderait le meilleur pour la fin et le repérage serait plus facile. Compter en tout entre cinq et six heures de parcours sans forcer.
L'intérêt : Bah, le mieux c'est de voir les photos. Il existe bien sûr la variante fontaine du Paradis que je connais déjà et qui est formidable. Coupler les deux en une journée me parait difficile, mais en deux jours et en laissant le sac aux bergeries de Campu a u Prete en vue d'un bivouac me semblerait un scénario astucieux.
Rappel de la carte de l'itinéraire d'Olivier sur la gauche de la page.
Commentaires
Si j'ai bien compris, Olivier a réalisé cet itinéraire sans même savoir qu'il était décrit sur le site Randonnées - Nature en Centre Corse !
Cela ne m'étonne pas trop, car ce site est peu connu... Et, encore une fois, la démonstration qu'un peu d'imagination et de travail sur la carte et Internet peut pallier à l'absence de topos ! :-)
Même si on trouve quasiment TOUT sur "Corse sauvage" (site et blog) ! ;-)