EmoticonesJ'étais parti pour une balade tranquille en ce chaud jour d'août au cours de mes vacances estivales 2003, afin de me reposer de quelques galères des jours précédents en Haute Lonca, et, pour cela, l'objectif ciblé était le Capu a u Monte, trouvé dans le Guide des Montagnes corse de Fabrikant (Editions Didier-Richard 1993 - itinéraire n°1 p.27) : parcours facile côté F sup., moins de 600 m de dénivelé jusqu'au sommet, du sentier sur la plus grande partie du parcours et marqué sur la carte IGN, un beau belvédère sur la région environnante, ... tout semblait en faire une jolie randonnée de récupération ! Femme et enfants avaient encore une fois refusé de m'accompagner sur un objectif aussi obscur et préféré rester sur la côte et grimper sur la plage de Bussaglia... donc encore un solo !
Quelques indices dans le topo auraient pu me mettre la puce à l'oreille ("sentier plus ou moins discontinu", "vallon envahi de maquis", ...), surtout connaissant bien les litotes utilisées par Michel Fabrikant dans ses descriptions (celle de la falaise de Tondu dans le Filosorma m'avait déjà bien fait rigoler !), mais je n'y prêtais pas attention ce jour-là...

Emoticones 9 h 00 : Départ donc au pont de Vespaghju où un sentier était censé y démarrer. En fait, je n'y trouvais qu'un enclos à porcs dans un terrain délabré, sans aucune trace de sentier aux alentours ! Qu'importe, puisque la carte montrait d'autres départs de sentier, en particulier à la fontaine de Tombalu, et que, de toute manière, je voulais monter d'un côté et descendre de l'autre...
En route pour Tombalu donc, où bien évidemment il me fut impossible de localiser le sentier, ni cette "fontaine" dans le virage de la D84. Heureusement, un autochtone qui possédait un terrain juste après le virage en sortait à ce moment-là, après avoir garé sa voiture dans le minuscule emplacement en contrebas de sa propriété. A ma question sur le chemin partant de la "Fontaine", il me fit une réponse de Corso-Normand : "Oh, les sentiers par ici, vous savez ! Quant à la fontaine, je n'en ai jamais vu dans ce coin..."

Emoticones 09 h 30 : je découvris une trace à 10 m à droite de la propriété précédente, remontant le long d'un petit ruisseau évident et menant à la source en rive droite (Bravo pour les infos de l'indigène : la source était à 40 m de son terrain !). Quelques mètres plus haut, la trace obliqua franchement à droite au Sud en conformité avec le parcours sur la carte et devint tout à fait consistante, c'est à dire un vrai sentier. "Et bien voilà, seulement 30 mn pour trouver le départ de cette randonnée... Alleluïa !". J'atteignis rapidement un ruisseau et de l'autre côté de son gué... plus rien ! sauf un labyrinthe de traces diverses que je perdis un temps fou à explorer sans trouver de suite !

Emoticones 10 h 15 : troisième solution à essayer, chercher les sentiers, non indiqués dans le topo mais sur la carte IGN, partant parallèlement d'un point 577 entre le pont et la fontaine. Redescente donc et traversée vers le point en question où je passai trois quart d'heure à explorer en vain un versant surélévé au-dessus de la route, encombré de végétations et d'arbres divers et parsemé de traces variées relevant autant d'anciennes exploitations agro-rurales que de divagations diverses.

Emoticones 11 h 00 : légèrement énervé, je remontai au dernier point atteint du "sentier de Tombalu" pour tenter d'élucider le mystère de cette trace avortée. Nouvel échec, malgé une série d'explorations en spirale autour de son extrémité !

Emoticones 11 h 45 : super, j'étais de retour à ma voiture, écoeuré, trois heures après mon arrivée sur le terrain, sans avoir pu trouver la clé du mystère et en me demandant si je n'allais pas revenir à Piana. J'en profitais pour me restaurer rapidement et reprendre mes esprits : il ne serait pas dit que j'allais rentrer sans effectuer une nouvelle tentative avec emploi des grands moyens !

Aiguille SE du Capu a u Monte au-dessus de Campi SolcuEmoticones 12 h 15 : troisième essai sur le "sentier de la Fontaine de Tombalu". L'idée était de retrouver le "sentier de ronde" venant de Chidazzu (vers Marignana) qui devait être rejoint plus haut vers 690 m d'altitude (130 m environ au-dessus de la route), en me disant que, ce sentier étant en ligne de niveau, j'en trouverais aisément les traces... Donc montée directe dans le maquis (peu épais) à partir du dernier point atteint depuis Tombalu, décompte des ruisseaux traversés sur la carte, surveillance de l'altimètre avec alarme à 690 m, et yeux fixés sur le sol pour trouver des "restes de sentier". A 690 m d'altitude, je m'arrêtai et entrepris une exploration en ligne de niveau : rien, pas une trace fiable ! En revenant vers l'Est (Marignana) jusqu'à un ruisseau, je finis par remarquer une ruine de masure qui pouvait correspondre à un point indiqué sur la carte le long du sentier en question. Bingo ! Juste le long de cette ruine, on pouvait apercevoir une cinquantaine de mètres de traces horizontales permettant de penser avoir localisé le sentier. Demi-tour, donc, et marche horizontale dans l'autre sens à la même altitude en espérant retrouver le sentier plus loin. Ce qui arriva 500 m plus loin où des traces horizontales, ténues d'abord puis de plus en plus cohérentes, se mirent à me guider pour la suite du parcours. Après le franchissement d'une vieille clôture boisée, ce devint un vrai chemin (pour la région !) et j'arrivai un peu plus loin à un embranchement, aux abords d'une éminence rocheuse, avec une porte en bois ouvrant sur un autre sentier en descente à travers des restes d'exploitation agricole : "je l'essaierai au retour", pensai-je alors, et je poursuivis la partie horizontale qui me mena sans plus de problèmes aux bergeries (?) de Scampi Solcu, deux belles "casette", à l'aplomb de l'aiguille SE du Capu a u Monte

L'une des 2 bergeries de Campi Solcu vers 720 m  L'autre bergerie de Campi Solcu vers 720 m

Emoticones 13 h 20 : Après une bonne pause aux "casette" et quelques photos, nouveau départ, confiant, pour affronter la suite du parcours qui ne pouvait être qu'un apaisement après l'énervante montée précédente ! Après les bergeries, le sentier, bien tracé, continuait droit vers l'Ouest jusqu'à... Bocca di Femina Morta, le col au Sud sur les crêtes de Marignana, vers où il desservait une vielle mine de fer... mais où je n'allais pas ! Hé oui, il fallait quitter ce sentier et franchir le ravin de Campi Solcu, "envahi de maquis", vers le point IGN 759.

Emoticones 13 h 45 : Le franchissement de ce ravin de Campi Solcu s'annonçait "épineux", vu que le maquis qui l'envahissait est un impénétrable mur de végétation de 5 à 6 mètres de haut, épaisse et composée de l'entrelacement de tous ces merveilleux buissons et arbustes corses que sont les chênes-verts, arbousiers, lentisques, cistes, ...
Entrée du tunnel du Campi SolcuAucun moyen d'y pénétrer de plus de quelques mètres sans être rapidement bloqué dans sa progression et devoir ramper ! Je ne suis pas adepte du yoga ou de techniques équivalentes permettant de retrouver le "zen", mais parfois, comme ce jour-là, je le regrette ! Résistant à la confusion commençant à envahir mon esprit et à la tentation de changer de cible ("Finalement, Bocca di Femina Morta, ce n'est pas si mal !"), je réfléchis alors que la seule solution était de trouver le passage par où les rares randonneurs suivant Fabrikant était passé : ce n'était tout de même pas une première. Je remontai donc tout le ravin à la lisière du maquis en cherchant la moindre trace de pénétration et en quinze minutes environ j'en trouvais une, un peu plus haut que prévu à mon altimètre, mais peu éloignée du sentier, avec une magnifique entrée de tunnel sous maquis bas.

Le tunnel de végétation montant à Bocca di a PertusellaEmoticones 14 h 00 : l'entrée précédente découverte faisait accéder à un diabolique tunnel de végétation, étroit et bas, mais suffisamment agencé pour permettre une progression relativement aisée dans une semi-obscurité d'ambiance ! Il suivait le lit d'un petit affluent du Campi Solcu (à moins que ce ne soit ce ruisseau lui-même : en Corse on ne sait jamais, les noms changeant à chaque noeud hydrographique) et remontait vers le col de Pertusella sans essayer de sortir du maquis sur l'autre rive ! C'est donc 600 à 700 mètres de tunnel que je dus parcourir jusqu'au moment où le cours du ruisseau partait sur la gauche et où l'on trouvait une vague sortie sur la rive gauche, cinquante mètres sous Bocca di a Pertusella. Les premiers mètres enfin dégagés d'à peu près toute végétation !

Les derniers mètres à découvert en sortant du tunnel de végétation en arrivant à Bocca a PertusellaEmoticonesL'aiguille SE 1049 m du Capu a u Monte depuis Bocca a Pertusella 14 h 30 : arrivée au col pour découvrir une vue magnifique sur la face Est du Capu d'Ortu, l'arête Nord du Capu a u Monte menant à son sommet arrondi et peu esthétique à droite du col et l'aiguille rocheuse sur l'arête SE du Capu, belle pointe évidente dont je fis aussitôt mon objectif.

Face Est du Capu d'Ortu depuis Bocca a Pertusella

Dans la montée vers l'aiguille SE 1049 m  du Capu a u Monte depuis Bocca a PertusellaEmoticones 15 h 20 : arrivée au sommet de l'aiguille 1049 m, au prix de combats supplémentaires contre les nombreux bosquets de maquis denses qui encombraient le versant rive gauche du Campi Solcu. Non, ce n'était pas une première, car un superbe cairn agrémentait ce sommet, montrant que d'autres, comme moi, avaient préféré escalader ce sommet plutôt que le Capu lui-même (ou bien ils s'étaient trompés ?). Magnifiques vues sur la région, malheureusement mal rendues ultérieurement à cause d'une pellicule de mauvaise qualité...

Du sommet de l'aiguille SE 1049 m : le cairn et Bocca a Femina Morta

Emoticones 16 h 00 : je commençai la descente en reprenant les traces de montée en sens inverse jusqu'à l'embranchement du sentier de descente croisé à la montée à la "porte en bois". Ce sentier, assez bien tracé sauf sur la fin où il disparaît presque, me mena rapidement à l'enclos à cochons du pont de Vespaghju où j'avais cherché vainement à monter au départ et où j'arrivai vers 17 h 30.

Pour ceux que ce parcours intéresse, la carte du coin avec les deux sentiers de montée/descente que j'ai utilisés :

Carte du parcours du Capu a u Monte

Informations pratiques:

  • En supposant que vous trouviez sans hésiter le cheminement, le temps normal de montée me semblerait être de 2 h 30 en partant par Tombalu et 2 h depuis Vespaghju
  • Le temps normal de descente est de 1 h 30
  • Pour une journée complète, cette randonnée peut être utilement associée à la montée à Bocca di Femina Morta indiquée dans la description ci-dessus
  • Ne pas oublier que les conditions du terrain peuvent avoir été sensiblement modifiées (ou même bouleversées !) depuis la date de mon passage (août 2002)...