Des nouvelles du front de Puscaghja !
Par PhE le lundi 07 juin 2010, 00:30 - General - Lien permanent
Dernières nouvelles de la résistance de Puscaghja :
- Ainsi qu'annoncé sur le site Corse sauvage, une manifestation de soutien à Dumé était prévue le Vendredi 4 juin 2010 à 15 h à Evisa.
Principalement initiée et organisée (si j'ai bien compris ?) par le Groupement Syndical des Professionnels Corses de la Randonnée et de l’Alpinisme, sous la houlette de Robert Cervoni, cette manifestation visait à rassembler le maximum de monde en faveur de Dumé, en particulier ceux qui comme lui essaient de vivre professionnellement (et difficilement !) des activités de la montagne corse... Difficile de dire quelle en fut l'affluence puisque je n'ai pu y participer, mais il semble bien qu'elle était du même ordre de grandeur que les 242 soutiens en cours enregistrés sur son blog au 6 juin 2010 - Premiers retours du PNRC dans Corse Matin du 5 juin 2010 avec les arguments de celui-ci développés par Jean-Marc Chiappini, directeur du PNRC, assisté de Christian Cesari, coordinateur des services, Jose Mortini, directeur général adjoint et Nicolas Rutily, membre du bureau du PNRC et maire d'Ortu...
Il faut bien dire que les explications données par le Parc me laissent sans voix, tant ils témoignent d'une absence complète de réflexion sur la nature des refuges dans le PNRC, la manière de les animer et de les faire vivre, les retours commerciaux à en attendre et leur schéma de mise en œuvre et d'implantation !!
Nous sommes quelques-uns à sillonner la montagne corse depuis des dizaines d'années en nous demandant comment on en est arrivé à cette situation ridicule d'une activité montagnarde corse ENTIEREMENT accaparée par le flux des touristes sur le GR 20 (environ 20.000 visiteurs par an si j'ai bien compris les chiffres ?), alors que le reste de la montagne corse est DESERTE, même en période estivale et y compris sur les sentiers annexes, MARE E MONTI et MARE A MARE : et bien, maintenant, nous avons la réponse, car il est évident qu'aucune réflexion n'est conduite sur un aménagement de l'activité touristique du PNRC en dehors du GR 20. Les deux seuls refuges du Parc hors GR 20, Sega et Puscaghja, ne sont donc que des "verrues" tolérées par des "politico-citadins" qui n'ont toujours pas imaginé d'autres débouchés (Merci Fabrikant !).
Les résultats de cette absence de réflexion à long terme sont bien visibles sur le terrain :
- Des contrées montagneuses complètement sauvages et abandonnées, sans sentiers, sans abris, sans points de ravitaillement : l'exemple le plus flagrant est évidemment celui du Falasorma et de la Haute Lonca où l'on retrouve justement cette "verrue" de Puscaghja...
- La "chasse" aux randonneurs hors GR 20 qui n'ont pas le droit de bivouaquer (Où est-ce qu'ils dorment alors, sans refuges ni abris ?), sont pris pour des extra-terrestres, sont mis à l'index lorsqu'il leur arrive de passer dans un refuge GR 20 et de dire qu'ils ne font pas ce sentier et sont considérés comme dénués d'intérêt commercial par le Parc
- Le je-m'en-foutisme de certains gardiens du GR 20, conforté par la politique du PNRC séparant "commercial" et "gardiennage-accueil" (Cela ressemble à une idée d'énarque... ou de polytechnicien ??) , comme si c'était vraiment LE problème de la montagne corse... Cette histoire de séparation accueil-commercial a déjà fait couler beaucoup d'encre l'année dernière et avait fait monter aux créneaux au moins deux autres gardiens de refuges, du GR 20 ceux-là, Pierre Griscelli et Francis Pantalacci, avec, en face, la même attitude de dilettantisme de la part du PNRC
- L'écœurement de ceux qui, comme Dumé, cherchent à promouvoir la vraie montagne corse, son patrimoine, sa faune, sa flore, son histoire, ses parcours, ses difficultés, ... , sans souci du concept marxiste (tendance Groucho !) de la séparation "accueil" et "commercial"
Évidemment, pour Corse sauvage, la politique conservatrice et sans innovation (depuis 30 ans) du PNRC est pain bénit : les adeptes des parcours sans sentiers ni abris s'y retrouvent pour y obtenir les informations leur permettant de pratiquer la Corse en évitant la queue sur le GR 20 et les prises-de-tête dans les refuges (on n'arrive même pas à y obtenir la météo), mais c'est un crève-cœur pour la Corse et l'essor de son activité touristique en montagne, ainsi que pour les Corses qui souhaitent encore Y vivre et EN vivre !
Réveillez-vous donc, Monsieur Chiappini et votre équipe , et regardez ce qui se passe sur le terrain ! Ne vous rendez-vous pas compte que c'est justement avec la généralisation de refuges-pilotes comme Puscaghja dans l'ensemble des vallées corses actuellement délaissées par les randonneurs que vous aurez une petite chance de désencombrer le GR 20, à bout de souffle et d'idées, de rééquilibrer les flux vers d'autres parcours, d'utiliser les montagnards corses locaux encore présents et dévoués à leur vallée pour la promouvoir et la faire connaître aux touristes ? En ce qui concerne Puscaghja, croyez-vous que s'il y a autant de monde qui y monte (même si c'est dix fois moins que sur n'importe quel refuge du GR 20), c'est simplement pour le plaisir de se taper 5 heures de marche dans un coin pas possible en sachant qu'il y a du "commercial" et de l'"accueil" au bout de la route ? J'en connais beaucoup qui n'y viennent QUE pour le gardien, mais sans doute parce qu'il cumule tout bêtement les qualités nécessaires à l'"accueil" et au "gardiennage" et aussi à la réussite du partage de sa connaissance et de son plaisir des lieux...
Quant aux autres arguments trouvés dans l'article joint, ils sont désespérants de vacuité : comment croire qu'il y ait un problème administratif de durée de travail (4 ou 6 mois) alors qu'il est évident que ce n'est qu'un problème financier et une réflexion sur comment commencer à faire vivre un refuge hors GR 20 et celui qui le gère avec ? Et que dire de cette formule du "commerçant" travaillant quatre mois à Puscaghja ? Remplacez Dumé à Puscaghja et vous n'aurez plus trop longtemps à vous poser la question de savoir si c'est un "commerçant" ou un "G.O. d'accueil" qu'il vous faut pour ce refuge !
Les autres inventions du Parc, à savoir l'informatisation des réservations et la création de "chalets commerciaux" à côté des refuges, sont à mon humble avis de bien vaines tentatives, coûteuses en plus, pour améliorer toujours le même circuit (le GR 20) qui aurait plus besoin d'une réfection des locaux en place que de ces billevesées (installez des c... correctes à l'Onda et on reparlera de l'informatisation !)...
Pour le reste, on a bien noté que Dumé n'avait pas été tout à fait pris au dépourvu, mais il n'empêche que le Parc est en train d'essayer de modifier son contrat de travail antérieur sans avoir même vérifié la viabilité pratique de la proposition qui lui a été faite, ni les conséquences de son éviction...
Faites donc un effort pour poursuivre les discussions avec Dumé, imaginer un arrangement convenable et éviter de vous asseoir sur la perte d'un des derniers refuges sympathiques de Corse, où l'on se sent bien, même si l'on ne sait pas très bien où est le "commerce" et où est l'"accueil" !
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