Deux itinéraires en Bavella et Cuscionu
Par PhE le lundi 01 février 2010, 12:04 - Randonnée - Lien permanent
Nous sommes déjà en 2010 et je n'ai pu encore boucler les compte-rendus des principales courses réalisées durant l'année 2009 !
C'est enfin chose faite avec cet article qui va clore les parcours 2009 en relatant les deux derniers itinéraires intéressants réalisés l'année dernière, l'un dans le massif de Bavella, plutôt du style archéologique, et l'autre au Sud du plateau du Cuscione, plutôt du style bucolique :
,Boucle Castellucciu/Castellu d'Urnucciu avec visite du départ du canyon de la Vacca :
Voici une petite boucle sympathique et peu fréquentée (mis à part le sentier d'accès à la Vacca), bien que souvent décrite dans les topos. Elle a déjà fait l'objet d'un de mes parcours en solo en juin dernier et a été relatée sur le Blog en "Balades diverses en vallées du Cavu et de l'Osu et A Cagna" à l'époque. Il semble tout de même intéressant d'en reparler en racontant une autre réalisation, cette fois-ci avec la participation de François (Despax), en octobre dernier dans des conditions nettement moins estivales !
En cette deuxième semaine d'octobre 2009, le beau temps, qui présidait jusque-là au séjour de François à Sainte-Lucie, s'était subitement dégradé pour prendre un aspect bien inquiétant avec menaces d'averses pluvieuses se manifestant dès notre départ en voiture vers Bavella ce matin-là ! A peine la voiture garée dans l'immense parking désert de la route du col de Bavella, 300 m après le virage marquant le départ du sentier d'accès au canyon de la Vacca, une belle averse s'abattit sur nous alors que nous nous préparions. Après quelques hésitations, nous décidâmes vers 10 h 30 de partir quand même, après avoir enfilé nos pèlerines, dans l'espoir d'une accalmie rapide.
Et miracle, cette accalmie eut lieu, vingt à vingt-cinq minutes plus tard, avant même d'atteindre le Castellu : malheureusement, tout était détrempé, roche comme végétation, ne facilitant pas la marche dans les traces végétales... Si la montée à la vire du Castellu fût aisée, une petite exploration du départ de la vire jusqu'au petit mur à escalader nous montra que la suite pourrait s'avérer dangereuse dans ces conditions aquatiques. Nous préférâmes donc faire demi-tour et commencer par le Castellucciu dont l'accès est moins sujet aux conditions d'adhérence du moment.
L'approche par Bocca d'Ornella et la montée de la face Nord du Castellucciu d'Urnucciu se firent sans accrocs et nous parvînmes au sommet vers 11 h 25 avec un temps beaucoup plus dégagé qu'à notre départ du parking et une évolution météo paraissant favorable à nos objectifs. Le sommet du Castellucciu est un excellent belvédère panoramique permettant des vues magnifiques sur le Castellu tout proche avec sa vire, ses ruines et son sommet, l'arrivée du canyon de la Vacca qu'il surplombe et l'extrémité E du massif des Ferriate juste en face. Néanmoins, tout était toujours trempé et, pour espérer passer la vire du Castellu dans des conditions moins humides, nous décidâmes de prendre notre temps pour des photos et un déjeuner précoce sur ce sommet !
Nous ne reprîmes le chemin de la descente que vers 12 h 10 et, sans nous presser, nous sommes remontés jusqu'au démarrage de la vire du Castellu d'Urnucciu, au niveau de l'abri-bergerie aménagé sous le surplomb du départ, atteint vers 12 h 35. Même si les conditions s'étaient nettement améliorées par rapport à la fin de matinée, la vire était toujours très humide par endroit. Elle commençait néanmoins à comporter suffisamment de zones sèches pour progresser sans trop d'adrénaline !! Ainsi, la progression sur la vire se fit sans trop de problèmes, même si l'escalade du petit mur, encore mouillé à l'abri du soleil et du vent, demanda beaucoup d'attention...
Ce fut ensuite une succession de montées et descentes sous la tête rocheuse sommitale, franchies sans problème particulier jusqu'à atteindre la plate-forme surplombant la Vacca avec une très belle vue sur l'amont du canyon au-delà de l'arrivée du sentier de descente. Après ces obstacles, la vire oblique franchement vers l'Est et devient presque horizontale tout en se rétrécissant nettement en laissant apparaître un vide vertigineux au-dessus du canyon sur la droite. Mais la progression est facile jusqu'à l'obstacle principal de cette vire : un éboulement du sentier historique ayant fait place à une faille rocheuse dans laquelle on doit d'abord légèrement descendre (facile) avant de remonter sur le reste très étroit de la vire rocheuse. Ce petit pas d'escalade est maintenant simplifié par une courte chaîne accrochée à un spit qui facilite la manœuvre de la montée. Si l'on parcoure la vire dans l'autre sens, il est clair que le franchissement de ce pas en descente semble un peu plus difficile. Une corde pourrait même s'avérer utile pour aider au passage de randonneurs mal à l'aise ! Pour nous, ce pas se fit sans mal avec la seule assistance de mes bras en parade pour assurer le début du passage de François.
Ensuite, la vire reste quasi-horizontale et ne présente plus aucun obstacle jusqu'à son extrémité Est : c'est là qu'on trouve le point faible de la paroi sommitale par lequel on peut rejoindre le sommet via une voie non recommandée aux non grimpeurs, car même si la montée semble simple, la descente peut s'avérer délicate, surtout dans les conditions humides que nous connaissions... Nous ne nous y risquâmes point (j'avais déjà fait le sommet en juin) et continuâmes la vire plein Nord dans la foulée jusqu'aux ruines médiévales, clou de cette boucle, où nous arrivâmes vers 12 h 50.
Nous prîmes le temps, sous le soleil revenu en force, de visiter complètement les trois étages de ces ruines de la "forteresse de Roccataglia", recensée comme le fief du seigneur Arrigo della Rocca qui s'opposa à la domination génoise en Corse au XIVème siècle. Construite dans les replis des énormes tavoni creusés dans le surplomb sommital Est du Castellu, elle est constituée d'au moins quatre salles étagées dont la visite demande un minimum d'expérience de grimpeur, même si l'accès à l'ultime salle la plus élevée est dorénavant facilitée par une corde d'assurance laissée en place. Cette corde est toute récente puisqu'elle n'existait pas à ma visite précédente de juin 2009 ! A moins qu'elle ne soit placée que pour la saison estivale...
La fin de la vire est une formalité puisqu'elle se poursuit sans encombre, toujours plein Nord après les ruines, face à la paroi SW du Castellucciu. Elle est en légère descente d'abord jusqu'à la sente de retour, puis en pente plus raide jusqu'à l'intersection avec le sentier de la Vacca. Nous fûmes de retour à cette intersection vers 13 h 15.
De là, il est facile de revenir au parking en une demi-heure environ, mais, compte tenu de l'heure, nous préférâmes profiter de cette incursion dans ce massif pour aller visiter la Vacca et les environs du départ du canyon. Le sentier pour descendre est raide, bien marqué au début mais plus chaotique et complexe vers la fin de la descente aux abords du torrent. Après avoir rejoint la Vacca, une courte marche plein Sud en RD du ruisseau permet d'atteindre le début du virage à gauche (Est) et le départ du canyon où nous arrivâmes à 13 h 45.
Le site est superbe : succession de grandes vasques somptueuses avec toboggans et plongeoirs, surplomb des parois du Castellu au-dessus de nos têtes, couloir de départ du canyon en enfilade vers le Castellucciu, ... C'est aussi l'endroit où démarre le superbe Grand Ravin Nord des Ferriate dont le couloir part au Sud de ce même lieu.
Après de longues baignades dans les vasques, bien sympathiques pour un 9 octobre avec une eau à 17°C, nous reprîmes le même chemin vers 14 h 35 avec la remontée du sentier d'accès à la Vacca et un retour au parking en moins d'une heure à 15 h 25. Une belle promenade d'une demi-journée, avec un final bien mérité, sous un éclairage féérique, après une si mauvaise entame en début de journée !
En conclusion : un parcours court mais méritant le détour que cette visite des deux aiguilles d'Urnucciu avec un itinéraire très varié (sommet, vire, col, montées, descentes, escalades, ...) et l'originalité apportée par la visite des ruines incroyablement nichées en ces lieux. La visite de la Vacca, beaucoup plus fréquentée que les aiguilles en été, complète agréablement le tableau en permettant un rafraîchissement dans les eaux du ruisseau dans le cadre de paysages extraordinaires. Attention à la vire du Castellu : même si elle ne nécessite pas obligatoirement un guide, comme l'indique l'entrefilet de Corse-Matin du 04-08-09, elle demande un pied alpin et pas mal d'attention pour la parcourir sans anicroche (corde utile pour un groupe), surtout lorsque les conditions sont à la pluie comme celles décrites ci-dessus...
Compter environ 3 h pour la seule boucle des aiguilles d'Urnucciu (sans le sommet du Castellu) et rajouter 1 h pour l'aller-retour à la Vacca. Consulter la carte ci-contre à droite pour obtenir l'itinéraire complet de cette boucle et de sa variante.
Punta di A Bambiola et Punta di A Menta Morta :
Voici un itinéraire peu connu, trouvé dans le "Guide Cuscionu-Bavedda du PNRC", que nous avons eu l'occasion d'expérimenter, François et moi, début octobre 2009. Impossible de connaître le vrai toponyme de la pointe principale visitée au cours de ce parcours : Punta di A Bambiola selon le PNRC (Alain Gauthier en l'occurence) adopté ci-dessous, Punta di Bambiolu ou Punta Marcurinacciu selon la carte IGN ? Nous l'avons parcouru selon la description donnée par le PNRC, en boucle depuis Veta (petit hameau au Nord de Quenza) en passant par Punta di A Bambiola, Punta di A Menta Morta et la butte 1586 m qui lui fait suite, puis en revenant par le sentier descendant des bergeries de Chiralbella dans la vallée du ruisseau de San Petru.
Le Jeudi 8 octobre 2009, après plus d'une heure et demi de voiture depuis Sainte-Lucie, nous atteignîmes le petit hameau de Veta, terminus d'une piste montant de Quenza et passant par le hameau à peine plus important de Cantoli. Le départ n'est pas compliqué puisqu'il suffit de continuer le sentier au bout de la piste (attention à ne pas rentrer dans une propriété privée !) pour démarrer, ce que nous fîmes à 9 h 35. Le sentier en question amène en 200 m au sentier balisé en points bleus venant de Quenza et de la piste du réservoir : il n'y a qu'à le suivre sur la droite pour monter vers la crête de Prunu qui se profile au-dessus du hameau. Nous suivîmes facilement ce sentier, avec vues sur la pyramide de blocs de la Punta di A Bambiola et les aiguilles de Bavella, jusqu'aux abords de la crête. Peu avant cette crête, un cairn-chorten indique bien la suite de la sente bleue vers la droite alors que le sentier principal continue vers les bergeries de Chiralbella.
Le sentier devient plutôt trace cairnée et monte sur la crête de Prunu, vers le Nord d'abord, puis le NE rapidement, en serpentant entre les éminences rocheuses. Une traversée dans un versant Sud bien végétal nous emmena ensuite jusqu'à atteindre les sources des Tre Funtane, nichées dans des buissons mêlés de fougères et genêts. Bizarrement bien aquatiques, ces sources ! On se demande d'où vient cette eau ?
Après une petite grimpette au-dessus des sources, la trace atteint un petit plateau en face d'un chaos rocheux à l'W de la Punta di A Bambiola. Ce jour-là, le sommet du chaos était colonisé par des bestioles en lesquelles je sus reconnaître des chèvres, sans les confondre comme d'habitude avec des mouflons ! Il faut dire que les mouflons ne pullulent pas dans cette région et que j'ai appris à faire la différence entre ces espèces depuis 2007 et un certain quiproquo dans la falaise de Tana di l'Orsu...
Ensuite, un court cheminement de la trace s'efforce d'éviter des buissons de ronces étonnants en ces lieux et amène à un deuxième replat sous la face W de la Punta di A Bambiola. Il faut quitter la trace balisée bleue pour monter au sommet en escaladant les pentes raides parsemées de blocs et de dalles rocheuses de cette face, jusqu'à arriver au sommet bifide de la pointe : le sommet N est le plus intéressant à escalader car il permet de contempler le Cuscione au Nord et la crête de Bavella à l'Ouest. Un magnifique sorbier des oiseleurs, coincé dans une fissure sommitale, égaye ce sommet pittoresque où nous sommes arrivés vers 11 h 10.
Nous redescendîmes de la pointe par son versant N avant de retrouver la trace cairnée discontinue, toujours erratiquement balisée de bleu, qui continue vers le N en suivant la crête. Elle chemine d'un versant à l'autre en se dirigeant vers le sommet suivant, Punta di A Menta Morta. La végétation, très variée jusque-là, fait place à une plantation quasi exclusivement composée de genêts de Lobel, plante épineuse agressive mais, heureusement, pas assez haute sur cette crête pour gêner la progression ou même nécessiter le port obligatoire du pantalon...
Ensuite, la trace contourne Punta di A Menta Morta par la droite avant d'arriver devant la butte 1586 m, marquée sur IGN, qu'Alain Gauthier conseille de gravir pour admirer la suite du Cuscione et la crête de Bavedda. Nous gravîmes sa pente Sud pour atteindre son sommet à 12 h 15. Le spectacle était effectivement de qualité et nous en avons profité pour faire la pause-déjeuner et prendre des photos sur ce sommet.
Vers 12 h 55, la suite a consisté à descendre la butte versant NW pour retrouver le ruisseau suivant, sans nom sur IGN mais dernier affluent du ruisseau de Menta, et le descendre RD au début, RG ensuite, dans une végétation de buissons bas entrelacés qui donnait l'impression de marcher dans de la neige, des crevasses en plus ! Au bout de 40 minutes, nous retrouvâmes le sentier provenant des bergeries de Chiralbella et ramenant à Quenza et atteignîmes les bergeries ruinées d'Arja Talesa, nichées au sein d'une végétation redevenue variée et lumineuse de ses couleurs automnales...
Le sentier continue à longer le ruisseau, qui est devenu celui de San Petru, entre 50 et 100 m au-dessus de son lit. Les couleurs du paysage devenaient de plus en plus belles au fur et à mesure de notre descente, lorsque nous remarquâmes une belle cascade en contrebas suggérant des vasques accueillantes que nous nous empressâmes de rejoindre au prix d'une raide descente mi-rocheuse mi-herbeuse. Le beau temps incitait à la baignade et nous fîmes une tentative, infructueuse pour mon compte, mais réussie pour François même s'il n'y resta pas longtemps. Ma montre plongée dans la vasque indiquait 13°C ! Même avec une température extérieure de l'ordre de 25°C, le bain est impossible en ce qui me concerne...
La suite du retour ne fût qu'une longue promenade en descente douce, passant par la bergerie encore active d'A Finosa, puis retrouvant le sentier emprunté le matin pour nous ramener à Veta où nous retrouvâmes la voiture à 16 h.
En conclusion : une belle boucle en des lieux peu parcourus par les randonneurs, avec là encore un parcours bien varié entre crête et blocs de l'aller, descente de ruisseau sans sentier et vallée bucolique du San Petru, qui fait visiter une partie méconnue du Cuscionu. La végétation est une vraie surprise ! Si vous voulez savoir ce qu'est l'épine-vinette et le genêt de Lobel, c'est là qu'il faut aller, mais la variété des arbres, buissons, plantes et fleurs rencontrés est tout à fait étonnante, même pour un béotien sur ce sujet comme moi. Un maquis très original que je n'ai pas vu par ailleurs et auquel l'approche de l'automne ajoute encore un peu de charme...
L'horaire de ce parcours depuis Veta est d'environ 1 h 40 pour le sommet de Punta di A Bambiola, 2 h 45 pour la butte 1586 m et 2 h 20 pour le retour par la vallée du San Petru, soit une boucle d'environ 5 h de marche en tout. Rajouter une heure si vous êtes chargés... Consulter la carte ci-contre à droite pour obtenir l'itinéraire complet de cet itinéraire.
Derniers commentaires