La Corse racontée aux enfants (2ème partie : l'adolescence)
Par PhE le lundi 06 avril 2009, 19:43 - General - Lien permanent
Comme promis et dans la continuité de l'article du mois dernier, voici la deuxième partie de la Corse racontée aux enfants : les vacances des enfants en Corse pendant leur période d'adolescence et les activités insulaires qui leur y étaient offertes !
Adolescence, dans la suite de cet article, se rapporte à la tranche d'âge de nos enfants depuis leurs 11/13 ans jusqu'à leurs 18/20 ans, fin de la période pendant laquelle ils accompagnaient encore nos séjours estivaux sur l'île. C'est donc la série des années 1993 - 2001 qui est utilisée pour donner des exemples de ce qui pouvait encore les intéresser durant cette période de leur enfance et des principales modifications que nous avons pu constater par rapport à la petite enfance relatée précédemment.
C'est aussi le temps des copains, copines, cousins, cousines, ... qu'ils nous ont convaincus d'emmener avec nous en Corse pour égayer leurs activités de vacances que les seuls parents ne suffisaient plus à accompagner...
La première particularité de cet âge et principale différence avec la tranche d'âge précédente est, en effet, ce besoin d'être accompagné de copain(s) (copines) avec qui ce partage de leurs activités estivales aidait à rendre leurs séjours encore plus agréables... et dignes d'être renouvelés les années suivantes ! A partir de 1993, donc, nous nous vîmes de plus en souvent partir non plus seulement à 4, mais à 5 ou 6 selon le nombre d'ami(e)s invité(e)s à renforcer la famille pendant nos séjours estivaux...
En ce qui concerne la nature des activités que les enfants étaient amenés à pratiquer en Corse, pas de différence fondamentale avec celles de leur enfance, en dehors du fait que les « plafoux » n'étaient plus vraiment de rigueur, que nous n'avions plus besoin de les porter sur le dos durant les randonnées et l'apparition du canyoning comme vraie nouvelle activité. Et l'on retrouve donc, à travers les exemples ci-dessous tirés de nos expériences insulaires, à peu près les mêmes types de loisirs sur Kalliste que ceux de l'article précédent :
Le gîte avec les adolescents
Après la longue période camping des années 1980 et du début de la décennie 1990, nous avons commencé petit à petit à nous embourgeoiser et à abandonner la tente pour la location, bungalow basique au départ, puis location confort ensuite. Ce n'était pas dû qu'à une simple amélioration de nos finances, mais surtout au fait que nos enfants en grandissant avaient de plus en plus besoin d'intimité, de chambre à eux, d'horaires différents des nôtres, de repas à part, etc... Bref, la pression de plus en plus intensive exercée pour éviter l'inconfort et les contraintes de promiscuité du camping nous poussa à changer de mode de gîte à partir de 1995. La touche finale fut l'année 1996, période où nous avons commencé à emmener des invités supplémentaires (en 1996, Claire, la cousine de Laurent et Cécile) et où nous passâmes à 5/6 personnes à loger au lieu de nous quatre habituellement... Le bungalow rudimentaire en bois au milieu des tentes de camping du démarrage s'est vite transformé en location multi-chambres, avec piscine et confort minimal, pour pouvoir permettre à la marmaille de jouer dans son coin le soir sans les parents , d'aller et revenir des boîtes et dancings locaux à toute heure de la nuit , de déjeûner et dîner de manière désynchronisée des horaires de repas des parents , etc... !
Les activités littorales
Comme lorsqu'ils étaient plus jeunes, le littoral corse est toujours resté une attraction pour les enfants adolescents, mais avec une différence notable : ce n'étaient plus seulement les plages et le sable qui en étaient les cibles, mais aussi les pointes et escarpement rocheux de la côte corse.
Du côté des plages, ils ont continué à garder les pratiques nautiques habituelles, aussi bien sur les plages de sables et de galets que dans les embouchures de fleuve et leurs cordons lagunaires...
Principale évolution : le goût de plus en plus prononcé pour les grosses vagues que l'on peut voir apparaître de temps en temps en Corse, principalement sur la côte Ouest, et les jeux aquatiques qu'elles permettent aux jeunes gens suffisamment solides pour en supporter les pressions, parfois limites, qu'elles provoquent en déferlant sur la grève !
Mais c'est sur les escarpements rocheux que nous avons vu apparaître de nouveaux jeux grâce à l'adrénaline engendrée par l'escalade des rochers de granite au-dessus de l'eau et, surtout, celle des sauts que l'on peut se permettre depuis ceux-ci... Et nous avons passé pas mal de temps à reconnaître et explorer les parties rocheuses du littoral pour pouvoir leur trouver des coins propices à ces nouvelles pratiques, moins bien indiqués que les plages touristiques sableuses habituelles !
Les activités en montagne : la randonnée
Emmener les enfants adolescents marcher en montagne n'est pas obligatoirement plus aisé que le faire au stade de leur petite enfance, sauf que le portage n'est plus nécessaire ! Néanmoins, ce sont d'autres difficultés qui prévalent, la plus exaspérante étant celle des inégalités notoires existant entre les enfants (mais c'est pareil avec les adultes !) pour l'aptitude à la marche : nous avons ainsi connu les extrêmes, entre la copine qui ne peut marcher plus de 40 minutes et ceux qui acceptaient les galères où je les emmenais du type Poliscellu et Saltare... Il s'agissait donc d'adapter les parcours au niveau du maillon le plus faible du groupe et parfois d'accepter de limiter son itinéraire à la montée au lac de Melu comme nous avons dû le faire une fois par exemple. La solution était souvent d'organiser deux groupes ou plus, avec un tronc commun simple pour tous et une variante plus difficile réservée à « l'élite » !
C'est ainsi que nous avons expérimenté la marche avec groupe d'ados, de compétence variable, dans tous un tas de situations diverses et variées :
- Les parcours tranquilles et sans difficultés, sur sentiers (Punta di l'Uriente, Bocca di Caprunale, ...) :
- Les parcours extrêmes en groupe très limité à deux ou trois (ravin de la Solitude, Monte Saltare, ...) :
- Les galères climatiques en groupe... rares en Corse ! (Paglia Orba, Bocca d'Asinao, ...) :
Les activités en montagne : les vasques
Après les visites des lacs et des premiers ruisseaux dans les années 80, nous avons nous aussi sacrifié à la mode du « patauging », advenue dans les années 90, consistant à rechercher systématiquement la baignade (et la « bronzade » !) en rivière lors de nos périples à l'intérieur du pays. Il faut dire que la Corse estivale est franchement propice à ce genre de loisir et qu'il est difficile, encore plus avec des adolescents, de résister à l'attraction des vasques lumineuses des torrents locaux, à leur température à peine inférieure à celle de la mer à basse altitude et aux incroyables paysages dans lesquels on les trouve...
Nous avons commencé en trouvant et explorant par nous-mêmes les stupéfiants canyons du Puliscellu et du Purcaraccia au début des années 90, à une époque où seuls quelques initiés les fréquentaient, et pas pour la baignade car les vasques n'étaient pas leurs seuls attraits. Très vite, ils devinrent tellement parcourus au milieu des années 90 que nous avons cherché d'autres centres d'intérêt du même type : ce que nous avons trouvé avec la parution du Guide IGN 1995, remarquable ouvrage coordonné et majoritairement rédigé par Charles Pujos et quelques-uns de ses congénères explorateurs corses de l'époque. Ce fut le premier topo-guide à aborder les activités en rivière corse avec la balade aquatique et le canyoning, alors qu'il n'existait aucun ouvrage sur ces sujets à ce moment-là.
Nous en avons largement profité pour découvrir tout un ensemble de ruisseaux corses en balade aquatique d'abord, en canyoning ensuite et, finalement, nous avons réalisé en quelques années avec les enfants TOUS les parcours aquatiques de ce guide, à l'exception du canyon de la Piscia di Ghjallu ! Pour les balades aquatiques : du ruisseau de Favone au Fiumicelli, en passant par le Tavignanu, le Poggio, l'Aïtone, la Lonca, le Travu, ... nous avons écumé toutes les marches aquatiques faciles de ce guide. En cumulant ces balades de la journée avec des visites de vasques, cherchées et trouvées le long des autres ruisseaux, au gré de nos marches à pied ou de nos parcours automobiles (ah, les joies du « patauging » tout proche de la route !), nous avons pu accumuler un palmarès considérable de vasques corses et d'activités qu'elles permettent, essentiellement, les sauts et la descente de toboggans...
Pour les enfants adolescents, cela a remplacé les « plafoux » de leur enfance et a largement aidé à ce qu'ils continuent à nous accompagner en montagne lorsqu'ils savaient que les vasques étaient une des cibles de la journée. Et quand ils pratiquaient en groupe avec leurs copains/copines, cousins/cousines, c'était vraiment le pied !
Les activités en montagne : l'escalade
Dans les années 1990, nous avons eu la chance de poursuivre cette activité, encore plus intensément qu'à l'époque de l'initiation de Laurent dans les années 1980. La principale différence fut que, très vite, de premier de cordée au départ, je devins second, puisque Laurent me dépassa en technique et virtuosité dès l'âge de 10 ans : j'en fus réduit à la recherche des itinéraires, pour laquelle j'étais nettement plus doué que lui, afin de m'éviter de grimper dans du 7 là où l'on ne devait pas dépasser le 6b !
Ce fut là aussi, comme pour les vasques, un excellent moyen de visiter des lieux magiques de l'île tout en profitant d'une des activités les plus emblématiques de la géologie locale... et de ses différentes déclinaisons insulaires puisque la Corse y permet toutes les pratiques, des voies montagne aux blocs, sur tous les types de rochers ou presque.
- Les voies montagne, principalement en granite :
Voici quelques exemples ci-dessous d'escalade de voies de type montagne réussies en Corse, avec Laurent et parfois son copain Xavier, un de ses copains Bleausards, dans des coins aussi divers que l'Ospédale, Bavella, Piana, Ascu, Carozzu et Paglia Orba/Tafonatu. Beaucoup de ces voies montagne en Corse arrivent à vous procurer un maximum d'adrénaline puisqu'elles peuvent cumuler toutes les difficultés de l'environnement naturel local : approche et retour compliqués, difficultés d'orientation diverses, maquis de type jungle épineuse, escalade déroutante sur granite lisse ou indéchiffrable, insectes amateurs de grimpeurs, cascades aux endroits où il ne faut pas, absence d'eau quand il en faudrait, ...
- La falaise-école, sur granite ou calcaire :
Nous avons exploré la plupart des falaises corses connues de l'époque, principalement celles proches du littoral qui nous permettaient de passer une demi-journée à faire de l'escalade d'école en plus de l'autre demi-journée consacrée aux plaisirs du littoral, plage ou randonnée côtière. Les deux principales connues sur la côte Est dans le secteur proche de Bavella étaient Punta Calcina (Conca) et le Monte Santu (Sari) et nous y avons fait toutes les voies de l'époque.
Toutes ces falaises-écoles offraient aussi l'avantage inestimable de pouvoir y emmener tout notre groupe, même les petits, car l'équipement en place et l'installation de moulinettes permettaient d'y faire grimper tout le monde, du débutant à l'expert !
- Le bloc, comme à Bleau mais sur granite :
De nombreux parcours de blocs sont dorénavant possibles sur l'île, même si nous avons essentiellement pratiqué sur le premier site chronologiquement connu de Punta di Capineru près de Pianottoli-Caldarellu et sur des blocs en bord de plage comme à Bussaglia, Porto et Galeria. Pour des Bleausards comme nous l'étions, Laurent, Xavier et moi-même, il est certain que nous n'aurions manqué pour rien au monde le site de Punta di Capineru qui, dans un cadre marin magnifique avec possibilités de baignades multiples, offre un chaos de blocs granitiques curieusement pourvus en silex protubérants et trous laissés par la disparition de ces mêmes silex : contrairement à beaucoup de blocs granitiques littoraux, en général complètement lisses et dépourvus de prises, ceux-ci permettent donc une escalade variée dans un décor sympathique dont nous avons largement profité.
Les activités en montagne : le canyoning
Avant 1995, nous avions déjà fait quelques brèves incursions hasardeuses dans le domaine du canyoning : en 1990, le canyon de la Richiusa où nous avaient entraînés quelques amis qui avaient découvert ce canyon par le biais de jeunes locaux qui s'y hasardaient à une époque où l'on ne parlait même pas de canyons en Corse (?) et, en 1993, le canyon de la Vacca grâce à un topo de Quilici qui le répertoriait en randonnée Aller-Retour jusqu'au dernier rappel. Nous avions d'ailleurs réussi cette randonnée Aller-Retour avec Laurent sans nous mouiller d'un poil (essayez de le faire et vous verrez que ce n'est pas si facile !), mais cela nous avait semblé suffisamment facile que nous ayions eu envie de le terminer en allant jusqu'au pont de Calzatoju (et oui, je ne sais même pas si la sente de retour actuelle existait à l'époque !) deux jours plus tard.
Cette initiation au canyoning s'est faite dans la plus pure tradition de l'alpinisme : aucun matériel spécifique de canyoning, pas de casque, corde et baudrier d'escalade, sac de montagne pas étanche, tee-shirt et short de randonnée, aucune connaissance technique de la descente de cascades et de bief avec fort débit. Autant dire que ce n'est pas ce que recommandent les manuels de canyoning de nos jours ! Et nous avons poursuivi avec les mêmes équipements et les mêmes techniques alpines dans les années 1995, sur la base des maigres informations données dans le Guide IGN 1995 qui nous ont permis de descendre les canyons qu'il répertoriait à l'époque : la Ruda, le Dardu, l'intégrale de la Richiusa, la gorge d'Olcani, Petra Pinzuta, le Baraci, le Vivaggiu, le Lama, la Luvana, l'Arinella, ... Les trois derniers canyons sont d'ailleurs interdits depuis l'époque, pour des raisons que je ne me suis toujours pas expliquées (?).
Pour les adolescents un peu sportifs, cette activité s'est révélée être un must qui les a toujours enchantés, sans doute à cause du côté ludique (fun ?) que l'on y trouve, du moins tant que les parcours ne sont pas trop fréquentés : essayez aujourd'hui de réaliser la Vacca et vous aurez une idée de ce qu'est la sur-ffréquentation de certains canyons connus en France (Sierra de Guarra, ...) quand c'est une file ininterrompue de groupes de pratiquants qui défilent du matin au soir pendant la période estivale. Mais, jusqu'à la fin des années 1990, les canyons corses, même Richiusa et Vacca, étaient peu fréquentés, certains pas du tout (Vivaggiu, I Macini, par exemple), et constituaient de belles aventures pour le petit groupe de « jeunes » que nous étions.
- Conclusions
Après les délices de la découverte facile des activités nature sur l'île au stade de la petite enfance et de l'initiation à leur pratique, la Corse a continué son pouvoir d'attraction sur nos enfants au stade ultérieur de l'adolescence. Cumulant les avantages déjà maintes fois soulignés de la proximité et diversité des environnements mer/montagne sur une surface restreinte permettant d'enchaîner aisément les parcours et un climat idyllique pour la pratique intensive de ces activités, l'île leur a permis de continuer et développer ces mêmes loisirs. Et, avec le temps, ces loisirs ont évolué dans un contexte plus seulement limité à la famille, mais aussi en petit groupe d'amis et partenaires, avec l'ambiance d'émulation et de concurrence associées et le piment supplémentaire que cela pouvait procurer.
Commentaires
Bonjour, Et bien, pour ce Week-end, vous ne pourrez pas jouer avec le Blog, car je vais fermer commentaires et rétroliens pendant l'opération technique qui va consister à migrer le Blog de la version 1.2.8 de Dotclear à la version 2.1.5 : le passage de la version 1 à la version 2 est assez compliqué car il y a un véritable changement d'outillage technique entre les deux et pas seulement un changement de niveau...
Donc, à moi les export/import de bases de données MySQL, les modifications de CSS, les récupérations d'articles et d'images du blog actuel, etc...
Vous en saurez plus dans le prochain article qui sera écrit sur la nouvelle version du Blog "Corse sauvage" semaine prochaine, ... si tout va bien !