Le parcours depuis le Mela jusqu'à la brèche du Carciara

Remontée du Carciara : arrivée au canyon Partis en voiture de Sainte-Lucie avant 8h, nous arrivons à 08h05 au dernier parking avant le pont de Marion, et, comme d'habitude depuis le 15 juillet dernier, nous trouvons la barrière incendie fermée, empêchant de franchir le pont et de remonter en RG du Cavu. La solution de secours est connue, mais il faut un 4x4 : elle consiste à revenir à la citerne en amont du parking et à prendre la piste en RD du Cavu qui remonte vers le pont IGN300, puis à descendre au ruisseau de Sainte-Lucie par un embranchement à droite embrayant sur une portion de piste plutôt défoncée, surtout vers le bas. Nous nous garons vers le bas de cette piste à 08h25, descendons au ruisseau et, après l'avoir traversé, remontons sur l'autre versant pour atteindre le parking habituel de Mela/Lora à 08h45 (291m). Bilan : 30mn perdues pour ce nouveau plan de circulation 2012 qui n'apporte rien de positif et ne fait que priver les touristes habituels de places de parking supplémentaires sans les empêcher de remonter en amont du pont de Marion !
Descente au Mela à la vasque circulaire En démarrant le sentier de Mela, Laurent prend la tête et imprime un rythme de marche que je trouve trop rapide mais que je dois suivre à contre-cœur. Il me dira ensuite que c'était pour éviter au maximum la montée en basse altitude en pleine chaleur, mais je ne suis pas sûr qu'on ne l'ait pas payé plus tard... Les horaires habituels sont enfoncés : aire de pique-nique en 30mn au lieu de 45mn, descente dans le Mela à la hauteur de la grande vasque circulaire peu après le ruisseau de Vega Bianca en 40mn au lieu d'1h, arrivée à la brèche du Carciara à 10h15 (445m - 1h30), soit 1h30 au lieu de 2h/2h30 !! Pas de baignade à la vasque de la confluence Mela/Peralzone comme nous en avions pris l'habitude et tentative réussie de raccourci via la remontée sur 80m du ruisseau de Pinu Negru pour retrouver l'ancien chemin d'exploitation en RD du Carciara que j'avais démaquisé quelques jours plus tôt jusqu'à ce point. Le chemin nous évite les blocs et les divers obstacles des 400 derniers mètres sous la brèche pour nous emmener directement au point de traversée vers la RG dans la partie aval du canyon. Toute cette partie du sentier est restée bien marquée, dépourvue de toute végétation de type ronces et seulement entravée par les branches d'arbousiers plus ou moins morts qu'il avait fallu trancher. Une meilleure solution que la progression dans le lit du torrent !

Brèche du Carciara depuis le sentier du Mela

Vasque de la confluence Mela/Peralzone : pas de baignade pour Laurent cette fois-ci ! Remontée du Pino Negro vers Punta di Bonifacio : l'ancien chemin est un peu plus loin sur la D

Remontée du Carciara : l'entrée du canyon du Carciara Remontée du Carciara : l'ancien chemin en RD à son arrivée dans le canyon

De la brèche du Carciara à la confluence Frassiccia - Velacu

Canyon du Carciara : les parois en RD Après la traversée du torrent, nous retrouvons rapidement l'ancien chemin, mais en RG maintenant, et l'utilisons pour franchir le canyon jusqu'à son extrémité. Il permet par endroits de découvrir les parois du canyon des deux rives : incroyablement spectaculaires avec plus de 150m de hauteur en rochers ocres et gris profondément sculptés par les tafoni, elles proposent des voies d'escalade improbables. Laurent n'en croit pas ses yeux et se demande comme moi si des grimpeurs ont déjà eu l'opportunité de découvrir ces parois et d'y équiper des voies : il faudra d'ailleurs que je me renseigne auprès des milieux corses d'escalade...

Dans le canyon du Carciara : les restes de l'ancien chemin en RG Canyon du Carciara : les parois en RG

Canyon du Carciara : les parois en RD

Le chemin s'interrompt un moment dans une zone de rochers au fond du ruisseau, pour reprendre un peu plus haut toujours en RG. Nous préférons continuer plus directement dans les blocs du lit du ruisseau, longeons le câble métallique que je connais déjà, reste de l'exploitation locale (téléphérique à bois ?) et arrivons à la grande double vasque qui marque la fin du canyon. Ici, on retrouve l'ancien chemin en RD où il poursuit encore sa course sur plus d'une centaine de mètres, alors que les cartes du Cadastre Napoléonien l'arrêtaient à l'entrée du canyon. Qui nous racontera l'histoire de ce chemin et de l'exploitation qu'il desservait ?

Canyon du Carciara : le sentier dallé à la sortie amont de la brèche en RG Canyon du Carciara : restes de câble métallique à la sortie amont de la brèche

La double vasque en amont de la brèche du Carciara La fin visible de l'ancien chemin d'exploitation en RD à l'amont de la brèche du Carciara

Après la double vasque d'où l'on a une vue superbe sur la brèche en aval, le lit du ruisseau se transforme en cours d'éboulis de roches peu aquatique. Il redevient ensuite plus étroit, aborde de nouvelles vasques, puis des cascades avant d'arriver à un nouveau et court rétrécissement rocheux, aisé à passer à l'exception d'un pas d'escalade humide pour franchir un ressaut de cascade.

Remontée du Carciara en amont du canyon : la partie en éboulis rocheux Remontée du Carciara en amont du canyon : nouveau rétrécissement rocheux (vue vers l'aval)

Remontée du Carciara en amont du canyon : la cascade avec le pas d'escalade humide Remontée du Carciara en amont du canyon : la cascade avec le pas d'escalade humide

Quelques minutes après, nous atteignons la confluence Frassiccia - Velacu (593m - 2h), d'où le Velacu apparaît beaucoup plus facile que la Frassiccia avec sa cascade initiale au contournement obligatoire ! Il est 10h45, soit 2 heures depuis le parking habituel Mela/Lora : à comparer aux horaires de mes deux précédents passages en ces lieux, 2h25 le 17/10/2011 et 2h30 le 07/07/2012. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on n'a pas chômé !

Confluence Frassiccia/Velacu : branche Frassiccia Confluence Frassiccia/Velacu : branche Velacu

Confluence Frassiccia/Velacu : la cascade au départ de la Frassiccia

La remontée du bas-Velacu

Canyon du Carciara : les parois en RD Une centaine de mètres à peine après avoir enfilé le début de la branche du Velacu, nous rencontrons à nouveau des restes de câble métallique descendant jusque dans le lit du torrent depuis des rochers de la RG : toujours le téléphérique qui venait donc du Velacu ? Cette première partie du bas-Velacu est aisée pour la progression et vasques et cascades se franchissent facilement. Une seule vasque fait exception en demandant un peu d'imagination pour trouver un contournement peu visible en RG. Un moment donné, Laurent tombe sur un mouflon qu'il surprend derrière un bloc qu'il finit d'escalader. Évidemment, la bestiole ne nous attend pas et s'enfuit tranquillement vers l'amont du ruisseau sans me laisser le temps de sortir l'appareil photo et juste de quoi reconnaître une belle femelle solitaire.
Et nous arrivons ainsi sans encombre à la confluence avec le ruisseau de Paliri (sans nom sur IGN, mais appelé Carcia ou Carciara sur les anciennes cartes) vers 11h.

Remontée du bas-Velacu : le câble métallique Remontée du bas-Velacu : vasque-cascade

Confluence Velacu/ruisseau de Paliri  : branche du ruisseau de Paliri sur la D Confluence Velacu/ruisseau de Paliri  : branche du Velacu sur la G

La suite du bas-Velacu n'est qu'un enchevêtrement de troncs et d'obstacles végétaux se superposant à de gros blocs rocheux. Ce résultat des tempêtes d'hiver nous oblige à un moment à quitter le lit du Velacu par la RG pour contourner tout ce fatras. Nous commençons à apercevoir les parois au-dessus de nous sur la D (RG) du ruisseau en reconnaissant Calanca Murata et Punta di Cumpuleddu à l'extrémité de la crête du Promontoire. Au point extrême que j'avais atteint en octobre 2011, nous voyons le départ de la partie raide du haut-Velacu 100m plus loin. Fin de remontée du bas-Velacu : restes de murets et de sentier ? C'est ici que j'avais retrouvé des restes de murets sur la RD montrant les derniers points d'exploitation du ruisseau (?).
Nous atteignons le départ du vrai ravin (700m - 2h55) en sortant complètement de la végétation à 11h25, soit moins de 3h après notre vrai départ du parking de Mela/Lora. Nous sommes à 700m d'altitude environ, avec encore plus de 600m de ravin raide à gravir...

Remontée du bas-Velacu : les obstacles des tempêtes d'hiver Remontée du bas-Velacu : le lit du ruisseau bien encombré

Remontée du bas-Velacu : Punta Cumpuleddu (?) et Calanca Murata

Fin de remontée du bas-Velacu : le ravin vers le Tafonu di u Cumpuleddu (Trou de la Bombe) Fin de remontée du bas-Velacu : sortie de la végétation en arrivant au départ de la partie raide du ravin

La remontée du haut-Velacu

La cascade de 30m

Remontée du haut-Velacu : contournement en RD de la cascade de 30m (Laurent) Nous sommes immédiatement dans l'ambiance avec une cascade verticale d'une trentaine de mètres de haut qui bouche l'entrée de la combe du ravin ! Depuis l'entrée de la combe, elle semble incontournable tant les rives des deux côtés sont escarpées et difficilement grimpables.
En pénétrant plus avant dans la combe, Laurent remarque à G (RD) une sorte de rampe oblique menant au sommet de la cascade. Si la rampe semble effectivement praticable, le mur d'accès vertical de 5/6m en bas a l'air beaucoup moins aisé. Nous essayons néanmoins, Laurent par une montée sur la G du mur puis une traversée hasardeuse pour rejoindre la rampe, moi-même sur la D du mur par des prises assez bonnes mais couvertes de poussière de rochers. Cette poussière recouvre l'ensemble de cette partie de la muraille et s'explique par un éboulement récent dont on aperçoit le départ juste au-dessus de nos têtes ! Emoticone
Un peu stressés par cette découverte, nous continuons à progresser sur la rampe quand Laurent est inexplicablement arrêté à la hauteur d'un buisson de ronces en bordure des dalles poussiéreuses inclinées. De là où je suis, 5m au-dessous de lui, le passage semble évident, mais il m'explique qu'il lui semble impossible de continuer car le pas d'adhérence est trop précaire sur ces dalles glissantes. Compte tenu de son niveau d'escalade et malgré ma perplexité, je ne discute pas sa décision et j'envisage avec beaucoup d'appréhension de redescendre le mur vertical. Je m'en sors pas trop mal grâce à la mémorisation des prises à la montée. Laurent me suit de la même manière et nous nous retrouvons à notre point de départ après avoir perdu une dizaine de minutes dans cette tentative avortée.
Je commence à me demander s'il ne va pas falloir faire demi-tour, mais Laurent, toujours lui, remarque alors que l'on peut atteindre la partie haute de la rampe en revenant presque à l'entrée de la combe et en utilisant une vire peu visible partant derrière un laricio. Aussitôt dit, aussitôt fait, et nous rejoignons rapidement la vire au prix de quelques pas d'escalade faciles, puis le haut de la rampe où une traversée sur les dalles encombrées des restes de l'éboulement nous demande pas mal d'attention. Ouf ! Nous voici en haut de la cascade (790m - 3h20) à 11h50, au creux d'une brèche profonde marquant la suite du ravin.

Remontée du haut-Velacu : le départ de la partie raide du ravin avec la cascade de 30m Remontée du haut-Velacu : contournement en RD de la cascade de 30m

Remontée du haut-Velacu : contournement en RD de la cascade de 30m (Laurent) Remontée du haut-Velacu : le ravin au-dessus de la cascade de 30m

Les dalles noires

Remontée du haut-Velacu : le ravin au-dessus de la cascade de 30m La suite ressemble à un ravin plus traditionnel et nous commençons à imaginer que nous avons passé la plus grosse difficulté. Malheureusement, 5mn plus tard, nous arrivons à une zone du ravin dotée d'une conformation étrange : sur la gauche des dalles noires, humides et presque verticales, indiquent le ruisseau principal mais sont impraticables, et, dans le prolongement de la partie d'où nous venons, un ressaut rocheux de quelques mètres paraissant délicat à franchir. Il semble qu'il faille réaliser un contournement par la droite (RG) des dalles noires en escaladant le ressaut, puis revenir au mieux au-dessus des dalles dans le ravin au-dessus du coude qu'il fait à cet endroit.

Remontée du haut-Velacu : après la cascade de 30m, les dalles noires, le bloc rocheux et le boyau végétal au-dessus

Mais le ressaut s'avère corsé, avec comme seuls points faibles, sur la droite un petit surplomb surmonté d'un buisson de ronces coriaces, et sur la gauche un bloc proposant une belle adhérence exposée. C'est pourtant pour cette dernière solution que nous optons, les ronces empêchant tout tentative sérieuse à droite. J'essaie de grimper la marche en bas du bloc pour mettre les pieds sur les rotondités de la traversée en adhérence. Un petit coincement en fissure me le permet et je me retrouve à 3/4m du sol, jonché de rocailles peu avenantes pour les chevilles, à tenter les trois ou quatre pas de la traversée pour me sortir de ce mauvais pas. Finalement, avec les conseils de Laurent qui voient les prises d'en bas, je m'en tire somme toute facilement et franchit le passage pour atterrir dans une zone boisée et végétale où Laurent me rejoint bientôt.
Nous remontons le couloir d'éboulis qui fait suite en ne sachant trop où aller. J'aperçois bientôt une sorte de vire dans le mur de dalles à gauche qui pourrait permettre de rejoindre la partie du ravin au-dessus des dalles noires, mais Laurent me dit que les dalles sont trop raides à l'endroit où la vire les rejoint. Nous continuons donc la progression dans le couloir d'éboulis en zigzaguant entre les ronces et les branches mortes. J'espère pouvoir grimper encore une trentaine de mètres avant de pouvoir nous échapper sur la gauche pour revenir dans le ravin. Un boyau rocheux étroit permet de continuer la progressions, mais je suis arrêté par un ressaut, à hauteur de mes épaules, obstrué par un entrelacs de ronces à gauche et de branches d'arbousiers morts au-dessus. Après avoir pris le temps de casser toutes les branches, j'essaie de passer le ressaut en évitant les ronces, en vain. Sans prise de pied ferme, sans prise de main autre que les ronces ou les restes d'arbousiers morts, je suis quasi sûr de me prendre un but et de retomber du sommet du ressaut dans le boyau d'éboulis au-dessous. De plus, la suite est du même acabit, avec un nouveau ressaut végétalisé quelques mètres plus loin et aucune sortie assurée vers la gauche au-dessus ! Je renonce et redescends en me demandant bien comment sortir de ce mauvais pas. Laurent propose une tentative par la droite, mais c'est un couloir végétal du même genre et qui nous éloigne encore plus du ravin...
Nous redescendons donc d'une vingtaine de mètres et j'en profite pour essayer de rejoindre la vire entrevue antérieurement pendant que Laurent enfile son pantalon long, échaudé par la partie de ronces et de végétaux que nous venons de jouer. J'arrive à escalader la rambarde rocheuse verticale qui protège l'accès à la vire, la rejoins et la suis sur une vingtaine de mètres. En fait, elle arrive bien aux dalles qui ne sont pas si inclinées que cela et qui sont sèches sur la partie droite (RG) du ravin. Une petite escalade en adhérence facile me permet d'arriver à une plate-forme marquant la fin des difficultés (835m - 3h25) vers 12h10.

Remontée du haut-Velacu : les dalles noires et le ressaut-bloc après la cascade de 30m (Laurent) Remontée du haut-Velacu : au-dessus des dalles noires rejointes par la vire horizontale

Laurent rejoint la plate-forme quelques minutes plus tard et nous continuons à remonter le ravin maintenant largement ouvert et où l'eau coule encore abondamment pour la saison. D'ailleurs un peu plus haut, nous rencontrons un gros spit de rappel de canyoning montrant que certains ont essayé cette descente plus directement que nous à la montée ! Ce canyoning ne doit pas être fait souvent et je ne l'ai pas trouvé référencé dans la base canyons de descente-canyon.com : ce qui montre qu'il est resté confidentiel et peu digne d'intérêt.
Plus haut, le ravin amorce un virage à 90° à gauche (WSW) et commence à rentrer dans une partie végétale avec une conformation complètement différente (880m - 3h35).

Remontée du haut-Velacu : suite du ravin au-dessus des dalles noires

Remontée du haut-Velacu : spit et anneau de canyoning à la fin des grandes dalles Remontée du haut-Velacu : le virage à gauche (WSW) au-dessus des grandes dalles

La partie forestière

Remontée du haut-Velacu : le ravin affluent descendant de la crête de Calanca Murata Après le virage, nous entamons maintenant une montée toujours aussi raide, mais dans un lit en auge étroit, encombré de gros blocs rocheux et couvert d'un toit de branches de laricii et de chênes-verts. Juste avant de rentrer dans ce tronçon végétal, nous avons le temps d'apercevoir au-dessus de nous, à gauche la Punta di Cumpuleddu, partie avancée de l'arête E du Promontoire, avec le sommet du Campanile de Sainte-Lucie à ses côtés, et à droite la muraille imposante de la paroi SE de Calanca Murata cachant plus haut le "trou" du Cumpuleddu. Nous nous arrêtons sur des blocs à 12h20 pour déjeuner en contemplant ce magnifique paysage et avec de quoi faire de l'eau dans le ruisseau...

Remontée du haut-Velacu : en vue de Punta Cumpuleddu et du Campanile Sainte-Lucie, le ravin dans la partie forestière

Reprise de la partie vers 12h50 avec un ravin toujours aussi raide et une progression qui commence à devenir épuisante. En effet, à la pente viennent se rajouter pas mal d'obstacles : escalades de blocs, enjambements de troncs, traversées de ronces, ... qui, s'ils ne posent pas de gros problèmes, finissent par user les organismes. Nous passons la confluence avec un ravin descendant du col de la crête de Calanca Murata entre Punta San Petru et Punta Erbajola, lui aussi arrosé, et revenons dans le ravin du Velacu sous un couvert bien dense. Derrière nous, une vue splendide sur les escarpements de la crête Calanca Murata - Paliri dans une trouée de végétation. Il nous faut une trentaine de minutes pour parcourir cette partie forestière avant que le couvert végétal s'éclaircisse... En sortant de cette forêt (1000m - 4h05), nous avons l'impression que les obstacles de la course sont derrière nous : la suite allait nous démontrer le contraire !

Remontée du haut-Velacu : dans la partie forestière, vue vers les escarpements de la crête Calanca Murata -  Paliri Remontée du haut-Velacu : fin de la partie forestière, vue vers l'amont (Laurent)

La partie finale avec le bloc coincé

Remontée du haut-Velacu : sous le Tafonu du Cumpuleddu après le bloc coincé Il est 13h20 et nous pensons arriver rapidement au col en haut du ravin, mais cela n'en finit pas de monter avec une partie qui devient encore plus raide. Nous sommes tout de même en vue du "trou" du Cumpuleddu que nous apercevons à droite dans la paroi de Calanca Murata. Nous entendons même les voix des touristes qui y sont grimpés. D'ailleurs nos épouses y sont arrivées puisque j'entends Nicole qui nous appelle. Nous lui répondons et elle comprend que nous allons bientôt la rejoindre. Pourtant, cela se complique, car le ravin se referme encore et offre des obstacles plus importants. Un premier ressaut assez difficile nous épuise encore un peu plus, mais ce n'est rien par rapport à la suite...

Remontée du haut-Velacu : en vue du trou du Tafonu Remontée du haut-Velacu : un des ressauts franchis sous le trou du Tafonu

Nous blêmissons en voyant l'obstacle suivant à la verticale sous le "tafonu" : un énorme bloc coincé obstrue la totalité du ravin, encadré par des parois infranchissables ! Sur le coup, nous sommes écœurés à l'idée que nous risquons d'avoir à redescendre si près du but et le moral est au plus bas... En regardant de plus près, pas moyen de contourner le bloc par les murs latéraux, verticaux ou surplombants, mais, en entrant dans la grotte formée par le surplomb du bloc, nous entrevoyons une possibilité d'escalade constituée d'une traversée depuis le fond de la grotte vers le bloc permettant d'atteindre son socle et des prises pour se hisser en haut. Risquée vue d'en bas, mais c'est la seule solution !
C'est Laurent qui se colle à la tentative, débarrassé de son sac et muni de la cordelette d'escalade en 7mm et des quelques sangles et coinceurs que nous avons emportés : pas de quoi assurer un premier de cordée, mais le second assurément. Finalement, il passe sans souci et installe un relais sur le tronc de l'arbuste qui coiffe le bloc. Après le hissage des sacs, j'escalade à mon tour, plus difficilement que lui en ratant une prise de pied sur le bloc, et arrive à sortir tant bien que mal sans avoir eu besoin de la corde (1230m - 4h55). Il est 14h10.

Remontée du haut-Velacu : arrivée sous le bloc coincé (Laurent) Remontée du haut-Velacu : depuis le sommet du bloc coincé, le ravin vers l'aval

La partie visible du haut du ravin de Velacu depuis le Tafonu di u Cumpuleddu

Cette fois-ci, nous espérons en avoir fini et, effectivement, l'ambiance du ravin devient plus accueillante avec une pente restant toujours raide mais sans ressaut important à franchir. Nous rencontrons une quantité incroyable de casquettes, bobs, chapeaux divers,... Après avoir imaginé que cette partie du ravin était visitée depuis le haut, je comprends rapidement mon erreur quand Laurent me dit que tout ce fatras a dû être perdu par les touristes depuis le "trou" juste au-dessus de nous !
Dix minutes après le sommet du bloc coincé, nous arrivons en bas du raide couloir à droite (NE) menant directement au Tafonu di u Cumpuleddu en évitant le col du sommet du ravin. Nous voyons Nicole et Anna en haut du couloir qui commencent à nous mitrailler avec leurs appareils photos.

Remontée du haut-Velacu : partie finale du ravin sous le trou du Tafonu Remontée du haut-Velacu : couloir final d'arrivée au Tafonu avec les épouses en haut

Arrivée au "Tafonu"

Tafonu di u Cumpuleddu : Laurent Il ne nous reste plus qu'à escalader ce couloir, bien raide malgré tout, sous les vivats de la foule en délire, en essayant de garder bonne contenance, fraîcheur et forme physique, dans le genre "C'est tous les jours qu'on fait cela !" avant de rejoindre la civilisation sous le "trou" (1320m - 5h15) à 14h30.
C'est étonnant comme cette randonnée du Tafonu di u Cumpuleddu est devenue la tarte à la crème locale, dans le même genre que celle du lac de Melu à la Restonica. Les randonneurs (pseudo-randonneurs ?) se succèdent en une file ininterrompue entre le trou et la brèche au-dessous, avec embouteillage à la brèche où il y a désormais deux passages : l'ancien super patiné et un autre juste au-dessus plus fréquemment utilisé maintenant. Le retour au col de Bavedda se déroule au milieu d'une foule bigarrée allant du touriste en tongs (et oui, j'en ai vu et ce n'est pas une légende, mais ceux-là n'atteignent pas le "trou") à l'alpiniste suréquipé. Difficile pour Laurent et moi de croire que l'on était au fin fond du monde moins d'une heure auparavant !

Arrivée par le couloir du Tafonu : remontée du couloir sous les vivats de la foule en délire Arrivée par le couloir du Tafonu : les vainqueurs

etour à la civilisation au col de Bavella

Conclusion :

Remontée du haut-Velacu : depuis le sommet du bloc coincé, la faille à G et le ravin vers la crête Calanca Murata - Paliri Ce ravin de Velacu est le must du Haut-Cavu ! Il est presque aussi spectaculaire que ces célèbres confrères de Bavella, Polischellu et Purcaraccia, mais est certainement plus difficile encore à remonter, avec, en outre, de très intéressantes curiosités dans sa partie basse avec le canyon et les vestiges de l'exploitation (du bois ?) dans le Carciara.

Ses caractéristiques techniques, en ne prenant en compte que la partie ravin depuis la descente au Mela à la vasque circulaire jusqu'au Tafonu :

  • Long de 4620m, de 392m à 1340m d'altitude, il propose environ 1150m de dénivelé positif pour 200m de dénivelé négatif
  • Temps de parcours d'environ 5h30, auquel il faut rajouter 1h de marche d'approche sur sentier entre le parking de Mela/Lora et le point de descente au Mela. Notre horaire personnel a été de 4h30 pour le ravin lui-même et de 45mn pour l'approche, mais avec marche rapide et bonne connaissance préalable du parcours
  • Il est clair que cet itinéraire peut être réalisé en 1h de moins par des ravinistes le connaissant déjà et en condition physique, car beaucoup de temps a été perdu dans la recherche des franchissements et contournements

La brèche du Carciara constitue à elle seule un objectif majeur de randonnée avec sa forme spectaculaire, ses parois fantastiques, les restes de l'ancien chemin menant de Conca au canyon, les vestiges métalliques de l'exploitation qui y était pratiquée et les vasques somptueuses en aval. Au-delà, le Carciara et la partie basse du Velacu se remontent plutôt aisément quand on est habitué à ce type d'exercice, en tous cas sans obstacle notable. Par contre, le ravin final à partir de la cascade de 30m est clairement réservé à des randonneurs plutôt 'avertis en matière d'escalade. Si le contournement de la cascade peut se faire sans véritable pas d'escalade, les conditions dans lesquelles nous l'avons effectué sous l'éboulement et avec la poussière et les débris qui recouvraient le moindre bout de rocher, le rendaient particulièrement délicat dans la partie finale. Les trois autres passages-clés, le bloc rocheux, la vire des dalles noires et surtout le bloc coincé, demandent de vrais qualités de grimpeurs au niveau III et concentration et calme en passages exposés.
Bref, ce n'est pas pour tout le monde et je vous l'aurai dit une fois pour toutes ! Néanmoins, ce n'est pas un parcours d'alpinisme et il n'y a aucune difficulté d'orientation et pour cause...
S'il me semble difficile et épuisant de le pratiquer en aller-retour (parcours de plus de 10h pour mon niveau, mais c'est ce que j'avais fait au Finicione), sachez qu'avec une bonne condition physique (de tri-athlète ?), Charles Pujos l'a remonté intégralement comme nous, puis a enchaîné avec la Crête des Terrasses jusqu'à Bocca di Fumicosa et est redescendu à son point de départ par le ravin de Frassiccia. Tout cela, dans la journée ? Voir son commentaire sur ce Blog où il nous avait écrit cela discrètement...

Carte du Haut-Cavu et de Bavella avec les ravins de Mela, Carciara et Velacu Vous pouvez re-consulter sur la gauche de la page la carte de la partie de la Haute Vallée du Cavu contenant les ravins parcourus lors de la course décrite dans cet article.

Enfin, ci-dessous, le diaporama avec les photos provenant de ce parcours ainsi que d'explorations antérieures :

Diaporama "Ravin de Velacu intégral"