Trek autour de Chisa (François DESPAX)
Par PhE le lundi 22 janvier 2007, 12:12 - Randonnée + - Lien permanent
Un des (rares) contributeurs de la Rubrique Randonnée +, François Despax, nous propose dans cet article une boucle réalisée en trekking à partir de Chisa en juin 2002. Ce trek est typique de ce que l'on peut réaliser seul en Corse sauvage quand on a une bonne expérience de la randonnée d'orientation et suffisamment d'autonomie pour vivre 4 jours seul en montagne corse (malgré une partie du parcours sur le GR 20) ! Dans ce coin, il faut être prêt à improviser rapidement, même si on a bien préparé son affaire, compte tenu du caractère aléatoire de la praticabilité des "sentiers" du coin ou de ce que l'on croit être des "sentiers".
Le texte qui suit est de François, alors que les photos sont des photos personnelles en ce qui concerne les sentiers de l'Arinella et de la Luvana et des photos aimablement prêtés par Thierry Faivre de Ventiseri, administrateur du site corsica.fiumorbu : vous pourrez les voir dans leur totalité sur la galerie "Trek autour de Chisa". Dorénavant, vous trouverez aussi sur le site "Corse sauvage" la description de ce trek en version pratique, préparée là aussi par François.
Comment avais-je eu l’idée de randonner dans ce coin un peu excentré ? A l’automne précédent, j’avais emmené un ami qui brûlait de connaître le GR 20, et, pour nous tester l’un et l’autre, j’avais décidé que nous ferions la partie sud, de Conca à Vizzavona, ce qui évite, comme le note judicieusement un guide, d’avoir le soleil dans les yeux ; en fait de soleil, c’était plutôt mal parti, nous avions essuyé un gros orage à Bavella, et recueilli dans notre groupe deux Belges qui ressemblaient à des chiens mouillés ; vu le temps, je nous voyais mal faire d’une traite Asinao-Usciolu et j’avais donc choisi de partager l’étape avec une nuit à Bassetta. Le lendemain, miracle, le soleil brillait, et à la fin de la superbe montée vers la bocca de l’Agnone, nous débouchions sur un fantastique parterre de cèpes… Le moral était revenu !
A la bocca, j’eus une furieuse envie de suivre le sentier qui longeait de façon prometteuse la rive droite du ruisseau naissant ici : un coup d’œil sur la carte m’annonçait une sympathique descente le long d’un cours d’eau
pas trop encaissé, sur un chemin qui paraissait fort bien tracé, mais, évidemment, c’était incompatible avec le GR 20. Dans ces cas-là, on revient l’année d’après.
Mon programme était donc de reconnaître cette remontée du Travu, qui devient Arinella un peu plus en amont, et enfin ruisseau de l’Agnone. Je rêvais d’une étape Chisa-Bassetta, qui m’aurait permis dans la foulée une petite exploration du Cuscione. Mais, en Corse plus qu’ailleurs, la carte et le terrain ne font pas toujours bon ménage…
En fait, c’est plutôt de la base de Solenzara que j’ai effectué ma boucle. Débarqué de Bastia le matin, déposé par le car à Travu, je m’étais donné l’après-midi pour monter à Chisa ; je n’en eus pas besoin, une sympathique camionnette ayant eu pitié du sexagénaire au gros sac sur l’asphalte brûlant de l’heure de midi…Me voilà donc l’après-midi sur le sentier tant convoité.
Au début, tout alla bien : le sentier porté sur la carte existait, la bergerie de Purcaricciola aussi. Je décide d’aller me rafraîchir dans l’Arinella ; la rivière est facilement accessible par une sente qui y descend doucement, j’arrive à une passerelle (non portée sur la carte), traverse et là, première déception, constate que le sentier de la rive droite n’existe plus : cette passerelle débouchait sur un mur de maquis. Ne connaissant pas à l'époque le site Corse Sauvage et ses utiles conseils pour progresser dans ce genre de végétation, je fais demi-tour, non sans une petite, mais délicieuse trempette ; je remonte en rive gauche pour retrouver le sentier principal qui chemine plus haut, et entreprends son parcours vers l’ouest ; mais ça devenait de plus en plus serré, jusqu’à ce que le sentier, dont les ouvrages de soutènement sont encore visibles par endroits, disparaisse complètement, aux environs du ruisseau de Sapara. Pour la deuxième fois, je fais demi-tour et décide de me reposer d’une traversée et d’une journée fatigante par une bonne nuit à Chisa. La route directe de l’ouest est impraticable !
Le lendemain, je tente la montée en direction de l’Incudine par l’itinéraire 237 du guide Didier-Richard (DR) de 2000. Je n’en recopierai pas la description, concise et suffisamment précise, et, sur la carte Top 25, le sentier est bien tracé… jusqu’au franchissement de la Luvana, lieu idéal pour baignade et pique-nique ; après, le sentier est un peu plus incertain, il faut obliquer à droite (nord) pour monter, et surtout être bien vigilant à suivre les cairns.
Une fois franchie la bocca di Broncu (le col du Cerf), on se trouve sur une crête débonnaire, où il est facile de trouver le sentier qui conduit à la bergerie de Carpicciola ; bonne surprise, la bergerie, en principe ruinée sur IGN, avait été remise en état; autre bonne surprise, elle était ouverte, et, comme le ciel devenait menaçant, je renonçai à tester l’étanchéité de ma tente et décidai d’y passer la nuit, choix judicieux, car elle fut d’une merveilleuse tranquillité.
Mon idée de manœuvre devenait de parcourir un petit bout de GR 20 vers le nord, un autre de mare à mare centre vers l’est et de revenir à Chisa par la bocca di Juva. Rejoindre le « grand chemin » de là ou j’étais paraissait d’une simplicité désarmant, le sentier qui longeait Carpicciola étant censé sur la carte y conduire après un petit zig-zag et la traversée du ruisseau de Casamintellu aux environs de 1380 m ; hélas, ce tracé était du temps jadis, et in fine, il me fallut descendre le ru dévalant de la bergerie, et progresser à vue dans le nord-ouest : fort heureusement, le GR 20 se repère de loin grâce à la densité des marcheurs : moi qui n’avais pas rencontré âme qui vive depuis Chisa, j’eus droit à un Babel de salutations : buon giorno, guten Tag, hello, ola…. Je voulais aussi reconnaître un accès au Tignoso, non pas pour y faire du canyoning, mais comme sentier de pénétration vers la vallée de l’Arinella : en effet, la littérature des canyoneurs indique qu’une fois effectuée la descente du Tignoso, sauvagissime et hypersportive, il est possible de remonter par le sentier très évident sur IGN qui « longe » le torrent en rive gauche ; mais une fois de plus, la carte était trop optimiste, et je dus rebrousser chemin au bout d’un kilomètre : ami randonneur, tu n’imagines pas le nombre d’aller-retours que nécessite l’élaboration d’un circuit sauvage et praticable.
Les sentiers heureux n’ont pas d’histoire : cette partie du Coscione est agréable et reposante, avec ses sentes moussues, ses innombrables ruisselets et ses côtes alanguies. A la bocca de l’Agnone même tentative et même échec qu’auparavant pour tenter de trouver le passage vers l’Est ; et puis, je commençais à manquer un peu de temps. Saluant au passage quelques forestiers occupés à nettoyer les alentours du chemin, j’entrepris la montée vers la crête et le refuge d’Usciolu.
Le gardien des lieux a retapé la petite annexe en pierre située à 50 m de la bâtisse principale, qu’il a transformée en caverne d’Ali-Baba de randonneur, où ruissellent des cascades de barres céréales, de fromages corses, de couteaux Opinel, de compeeds, de fruits frais, de pain etc.., etc , le tout bien sûr à un prix GR 20, mais il faut aussi monter tout ça là-haut ! Elle est loin l’austérité d’antan, mais si cela permet aux randonneurs de ne pas être transformés en mulets, et aux gardiens d’arrondir leurs fins de mois, pourquoi pas ?
Nous ne sommes pas en pleine saison, et pourtant le refuge et ses abords sont noirs de monde et multicolores de bivouacs variés ; j’ai ma petite monoplace, il fait beau, et je décide donc de quitter l’autoroute pour un petit chemin de campagne, à savoir le sentier qui, après 500 mètres de GR, file en crête vers l’est : à la bocca di Bianca, je me trouve une petite plate-forme dominant le vallon de l’Arinella pour y dresser le bivouac : comme prévu, je passe une soirée et une nuit de Robinson.
Le lendemain, il me faut corser un peu le retour vers Chisa ; le vallon de l’Abatesco naissant me paraît prometteur, et j’entreprends la descente vers le gîte de Catastajo situé sur le mare a mare centre, non sans faire un petit crochet par la bergerie de Bianca pour quelques ablutions matinales ; le sentier descend assez raide, en jouant à cache-cache avec le torrent, mais vers la cote 900, il s’en approche suffisamment pour laisser découvrir un lieu de cascades et de piscines naturelles, un peu fraîches à mon goût pour un séjour prolongé, mais revigorantes compte tenu de la température extérieure.
Le site de Catastajo est ce qui reste d’une ancienne exploitation forestière, témoin d’un passé d’ambitions industrielles avortées comme on en trouve de temps en temps en Corse ; au moins l’usine a-t-elle été réaménagée en gîte sur cette portion du mare a mare qui traverse des endroits quasi-déserts ; j’admire la patronne qui doit effectuer la moindre course à Ghisonaccia, et qui parvient à garder le moral ; le temps de quelques emplettes pour mon pique-nique, et d’un Coca glacé accompagné de quelques échanges philosophiques, et me voilà reparti pour monter la bocca di Juva, avec halte casse-croûte et trempette au bord d’un ruisseau ombragé.
Sur le papier, la descente vers Chisa, le long de la Vedina Grossa, paraissait ne devoir être qu’une formalité fraîche et sympathique : hélas, le sentier pâtit plutôt de ce voisinage aquatique : les ronces foisonnent, les bestioles aussi, je peste contre le manque d’entretien d’un parcours pourtant signalé sur la carte ; après une heure et demi de bagarre épineuse, je suis furieusement content de retrouver Chisa, avec son tout neuf gîte d’étape, ouvert cette fois-ci, pour une soirée et une nuit ô combien calmes.
Hors pleine saison, faut pas rêver, le responsable de la via ferrata fut introuvable le lendemain matin, peccatu !, je me remets donc en chemin pour gagner, en un jour et demi, Travu et l’arrêt du bus pour Bastia, par la voie du sud,
c’est-à-dire la bocca di Cateri et Solaro : la moyenne ne s’annonçait pas démente, j’avais le temps de flâner, et je commençai par discuter une bonne heure avec un sage, assis tranquillement au bord de la route, qui avait envie de parler, ça tombait bien, moi aussi !
Le sentier n’est visiblement pas très fréquenté, mais c’est une autoroute par rapport à celui d’hier descendant de la bocca di Juva ; je ne peux m’empêcher de remarquer qu’il est jalonné complètement à contretemps, avec des marques abondantes là où c’est évident, et inexistantes dans les endroits difficiles, comme par exemple le village ruiné de Cipitosa ; les abords du ruisseau éponyme sont propices au bivouac, l’eau y est chaude et abondante, je plante donc là ma tente pour une soirée de vrai repos, dans une Corse réellement sauvage…et délaissée des randonneurs. La montée vers Solaro le lendemain et la descente vers la N 198 ont moins d’intérêt, mais il faut bien rentrer, n’est-ce-pas ?
Pour paraphraser un titre célèbre, j’ai touché du doigt « le GR 20 et le désert corse », car enfin, en dehors du « fra i monti », je n’ai pas rencontré un seul randonneur, en cinq jours de marche ! Non, la surfréquentation ne menace pas les chemins d’écoliers de l’Ile de Beauté : d’où l’intérêt d’un site comme celui qui a la bonté d’héberger mes discours ! On voit aussi qu’il existe, à partir des tracés existants, de nombreuses combinaisons pour bâtir des treks originaux : disposant de plus de temps, j’aurais pu baguenauder dans le Cuscione en couchant à Bassetta, ou bien rejoindre Bavella par Asinao, etc., etc., l’important étant de savoir quels sentiers sont praticables : je doute que celui qui relie la Bocca di Juva à Chisa le reste longtemps ! Mais encourager le Parc à en ouvrir de nouveaux n’est réaliste que s’ils sont effectivement empruntés. Ceci étant, le jalonnement n’est généralement pas à la hauteur des efforts consentis pour la remise en état ou l’entretien : dommage , car beaucoup de coins superbes restent à découvrir !
Histoires belges :
J’ai évoqué en début de récit, la rencontre de deux randonneurs belges lors d’un précédent GR 20 sud : nous arrivions au col de Bavella, trempés comme des soupes, et moi de fort méchante humeur, ayant réussi à attraper en une seule étape une mégaampoule au talon ; arrivant au dortoir je tombe sur un marcheur éploré : parti avec son ami en direction d’Asinao, surpris par l’orage, il avait rebroussé chemin alors que l’autre continuait, et il craignait de devoir poursuivre tout seul…Je troquai son ralliement à notre groupe contre une énorme double peau à la taille de mon ampoule, une sorte de compeed à la puissance 10, qu’il avait dénichée dans sa trousse médicale.
Le lendemain nous gagnâmes Asinao par le GR du bas, hélas- les aiguilles étaient complètement prises et la variante alpine rendue de ce fait périlleuse- et retrouvâmes le « fugueur », qui avait d’ailleurs failli faire demi-tour sans s’en rendre compte dans la tourmente, mais qu’un couple de Bretons avait remis dans la bonne direction. Ragaillardi par cette journée à nous attendre, André -c’était son nom- avait décidé de partir le lendemain au petit matin pour gagner Usciolu ; moi, vu le temps et l’état de la troupe, je m’étais verrouillé sur une étape à Bassetta, et nous pouvions donc décoller à une heure raisonnable ; Daniel (c’était mon Belge) avait opté pour faire équipe avec nous.
Le lendemain, partis une bonne heure plus tard qu’André, nous le rattrapâmes aux trois-quarts de la montée vers l’Incudine : le malheureux avait démarré trop fort et présumé de ces forces. Du coup, il ne nous quitta plus, et c’est ainsi que nous ressoudâmes l’amitié entre les deux Belges.
Ils étaient d’une discrétion tombale sur leurs activités. J’avais fini par pressentir l’horrible réalité, qu’ils m’avouèrent à la fin de la rando : ils étaient fonctionnaires du fisc belge…
Commentaires
@david :
Normalement, si les arrêtés de Chisa sont toujours les mêmes qu'à la fin des années 90, c'est uniquement le canyoning qui est interdit dans les ruisseaux de la Luvana et de l'Arinella. ;-)
Donc, il ne faut pas se faire prendre en combi (cela m'est arrivé en 1999 !) ou avec de l'équipement canyon. Sauf que le ruisseau de Monte Tignosu est un affluent supérieur de l'Arinella qui, lui, est permis (c'est l'un des plus durs de Corse !) puisqu'il est sur la commune de Zicavu !! LOL Et les canyoneurs le font donc en venant du Cuscionu et en y remontant... Certains descendent quand même jusqu'à Chisa, mais je ne pense pas qu'ils se fassent prendre, quoique certains élus corses du coin soient assez chatouilleux !! :evil:
Pour la randonnée, ce n'est guère mieux : pas interdite, mais sur deux foutus chemins absolument pas entretenus. La Luvana, cela va encore et on peut atteindre Bocca di Broncu et le Cuscionu (difficilement !), mais le sentier de l'Arinella était complètement impraticable à ma dernière tentative dans les années 2000 et ce vieux sentier traditionnel de transhumance vers le Cuscionu est entravé par le maquis bien avant d'atteindre le Tignosu...
je fais du "up" sur ce vieux fil de commentaires.
J'avais calculé un petit tour bien sympathique corsant une proposition de Charles pour rejoindre l'Alcudina depuis Chisa (autant dire suicidaire donc :-/ ).
En cherchant des infos complémentaires dans la Bible (Baillebeul), je lis donc que les parcours supérieurs de l'Arinella et de la Luvana sont interdits.
Ah ben mince alors!!!
Sans chercher à comprendre les raisons sans doutes bien évidemment compréhensibles de cet arrêté, je me demande comment qu'y font pour attraper les fauteurs, une fois qu'ils sont dans la jungle à plus d'un km du pont...
C'est dommage, parce que j'y voyais un joyeux patauging à l'aller dans l'un et un autre au retour de l'Alcudina.
Je vais chercher d'autres options... (tu peux me faire confiance) ;-)
@ulysse2b :
Bonsoir,
Parisien expatrié pour des raisons inavouables en Corse-du-Sud et concepteur du site Web et du Blog "Corse sauvage", je vous remercie de ce commentaire élogieux sur mes élucubrations ravinistiques :!:
Blague à part, pourquoi avez-vous attaché ce commentaire à ce vieil (janvier 2007) article sur le Trek autour de Chisa, alors que vous êtes originaire du Niolu et faites allusion au Filosorma : vous auriez pu utiliser les nombreux articles sur cette région que nous avons produits, dont le dernier qui est l'article en cours sur la montée aux bergeries de Scaffone par l'Andadonna du 23/09/2009. Vous avez sans doute fait une mauvaise manipulation pour arriver sur cet article...
Dans tous les cas, bienvenue sur ce Blog où vous trouverez effectivement pas mal d'infos sur les alentours de Barghjana et Monte Estremu : le prochain article (que j'essaie d'écrire en ce moment) sera d'ailleurs un complément à l'article sur la vire de l'Andadonna qui complétera informations et photos autour des "vires du Filosorma" :-)
En ce qui concerne les points que vous évoquez :
N'hésitez pas à me contacter directement par messagerie si vous désirez continuer cet échange autrement que par le Blog.
Cordialement
Corse expatrié pour des raisons professionnelles dans les yvelines je viens de visiter ce site et je tire mon chapeau à ou aux concepteurs ...c'est du tres bon boulot
natif du niolo et residant occasionnel (deux à trois mois par an) de la vallée du fango j'ai particulierement apprecié la rubrique ravinisme
neveux du bar des amis je suis en terrain tres connu ..encore au mois d'aout dernier j'ai pu confirmé l'etat des chemins parcourus
l'acces au refuge de puscaghjia par le col de caprunale est de plus en plus degradé
le chemin de "l'enfer vert"est dans un tel etat que j'ai du faire demi tour peu apres la traversée de la taïta
le seul acces qui n'est pas changé ses derniers temps c'est celui de la bergerie de saltare car tres frequenté en periode estivale par les gens du coin
merci pour ce moment agréable passé a parcourir ces pages que des bons souvenir qui me sont revenus ...
Sarkozy avait proposé un référendum pour supprimer les 2 départements ; on sait ce qu'il en est advenu... Bastia et la Haute-Corse n'ont pas voulou devenir les vassaux d'Ajaccio et de la Corse du Sud. Sans doute aurait-il fallu imaginer une capitale tournante, pour rassuer les deux camps ! Comme pour Bruxelles et Strasbourg, toutes deux capitales de l'Europe !!!
Ni ce problème, ni aucun autre important ; par exemple, pour ne pas trop s'éloigner du sujet du blog, faut-il, pour 200 000 habitants, un département 20A, un autre 20B, et une région Corse? Sans parler des communes de 50 âmes...
Quiconque travaille dans le secteur public aujourd'hui réalise tous les jours qu'il sert un système d'une extrême complexité, donc d'une extrême inefficacité. Quelqu'un a-t-il entendu ce problème évoqué lors de la campagne électorale, entre bravitude et ministère de l'identité nationale ?
Effectivement, un coup d'oeil au site du consrvatore du littoral montre que ce n'est pas simple; je cite:
"Ces espaces naturels sont gérés par l'association Finocchiarola - Pointe du Cap Corse, regroupant les communes d'Ersa, Centuri et Rogliano et l'association des amis du Parc naturel régional de la Corse.
Un agent permanent, renforcé par du personnel saisonnier, est présent sur les sites et veille à leur entretien, leur surveillance, à l'accueil des visiteurs et au suivi du milieu naturel et des espèces remarquables.
La protection et la valorisation du patrimoine naturel de ce territoire est menée en partenariat avec le Conservatoire du littoral, le Ministère de l'Environnement (Diren Corse), le Conseil Général de la Haute-Corse et l'Office de l'Environnement de la Corse.
L'Agence pour la gestion des espaces naturels de la Corse (Agenc) assure la cooordination des aménagements ainsi que l'animation et le suivi administratif de la structure de gestion."
On voit qu'il existe donc:
-une direction de l'environnement (Diren) pour la Corse,
-un Office de l'environnement pour la Corse,
-une Agence pour la gestion des espaces naturels de la Corse, chargée ".....de l'animation et du suivi administratif de la structure de gestion", laquelle structure possède 1 permanent!
Bref les fromages corses sont les meilleurs du monde...
Précisions intéressantes, François, mais qui ne s'appliquent peut-être pas partout en Corse, en particulier sur le littoral acquis par le Conservatoire du littoral.
Ainsi, en Cap Corse, j'avais compris que la gestion de la Pointe extrême du Cap Corse avait été confiée à une association, l'Association Finocchiarola-Pointe du Cap Corse (Conservatoire du littoral), qui en assurait donc l'entretien (sites, sentiers, ... ?).
Toujours compliqué en France de savoir qui fait quoi !
Quelques petites précisions sur cette question de responsabilité de sentiers; je m'appuie sur l'exemple du Var, mais ce doit être un peu partout la même chose.
Dans chaque départeùent, il existe un CDRP (comité départemental de randonnée pédestre), chargé de la gestion des sentiers dont il est responsable; ces sentiers sont inscrits dans un PDIPR (plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée); ils comprennent:
-les sentiers de Grande Randonnée (GR), comme le GR 20 en Corse, jalonnés blanc et rouge,
-les GR de Pays ,jalonnés généralement jaunes et rouge (pas toujours, certains présidents de conseils généraux ont leurs idées sur les couleurs à adopter),
-les autres sentiers départementaux, jalonnés jaune.
Le cheminement, balisage et l'entretien courant des GR est confié par le CDRP à la FFR (fédération française de randonnée, ex FFRP), qui, elle-même, "sous-traite" balisage et entretien courant aux diverses associations de randonneurs existant dans le département, et organise d'ailleurs à cet effet des stages de formation de balisage.
Les sentiers figurant au PDIPR, autres que les GR, sont balisés et entretenus par les agents départementaux, qui assurent également le gros entretien des GR.
A côté de cela, il existe des sentiers ouverts par les communes, jalonnés de façon plus ou moins fantaisiste, mais qui peuvent avoir leur intérêt, notamment patrimonial.
L'application à la Corse de ce beau schéma est un peu particulier, compte tenu de l'existence du PNRC. Il est vraisemblable que le Parc a la haute main (par délégation des Conseils Généraux) sur tous les sentiers "d'intérêt départemental" qui le traversent, à savoir le GR 20 , les Mare a Mare et les Mare e Monti (par exemple, les dépliants "sentiers de pays" portent le cachet du Parc); comme l'indique Philippe, les communes ne sont pas riches, et celles qui sont incluses dans le périmètre du Parc sont trop heureuses de lui laisser la gestion de leurs sentiers; bien sûr, il y a des communes en dehors du Parc, par exemple Piana qui diffuse son propre dépliant sur les sentiers balisés des Calenche. Peut-être en est-il de même pour celles du Cap Corse, mais je ne les connais pas.
Si l'on veut être "une force de proposition" dans ce domaine, mieux vaut, à mon avis, entrer dans une association, et pénétrer le système par la FFR de chacun des départements de Corse. A titre d'info, une lettre que j'avais envoyée en 2004 à chacun des départements ( tous les deux étaient concernés par le sujet de ma lettre) a reçu une réponse du 20A, d'un "bureau programmation" de la "Direction de l'environnement"; les références de la réponse portaient, entre autres, la mention "PDIPR", preuve qu'il en existe bien un en Corse.
Mais évidemment, une telle démarche n'a de chance de succès que si elle est effectuée par un insulaire opiniâtre...
Bien d'accord avec vous, JL 2B, et votre démarche : le PNRC ne peut tout et c'est aux utilisateurs (et pas seulement locaux) de se prendre par la main, de démaquiser, d'entretenir, de baliser, etc... Le problème est qu'il est difficile de ne laisser que des démarches individuelles dans ce genre d'entreprise et qu'il faut un relais collectif (communes, associations, clubs, ... ?) pour pouvoir fédérer des initiatives. Or, en Corse, je n'en vois pas trop : les communes me semblent frileuses, telle Mansu dans le Filosorma qui me faisait savoir par l'Office du Tourisme que les sentiers du coin restaient volontairement "en l'état" pour éviter la sur-fréquentation (????) alors que je m'étais proposé pour l'entretien, et quant aux associations et clubs, j'en connais personnellement peu (Corse canyons, par exemple, pour les voies accès/retour des canyons corses).
Si vous avez des noms et des coordonnées, c'est avec plaisir que j'assurerai la promotion et la publicité sur site et blog "Corse sauvage" de toutes ces bonnes volontés...
D'ailleurs, il serait bon que les utilisateurs touristes (saisonniers) s'y mettent aussi, mais c'est peut-être beaucoup demander quand on voit le peu de participants aux blogs et forums sur la question !
je suis corse et adepte des "sentiers" que vous décrivez: la recherche et la découverte de la corse qu'on oublie!
Il est vrai que de nombreux sentiers d'antan se sont fermés et d'autres disparaîtrons, si les nouveaux usagers des montagnes n'en prennent pas conscience. La corse de l'intérieur s'est vidée de ses habitants; alors il me semble, en tout cas c'est ma démarche,que c'est à nous randonneurs, chasseurs ou bergers d'en assurer la perennité.Depuis 3 ans, à chaque rando, nous nous armons d'un sécateur et participons à notre manière au maintien des sentiers... pour les autres! Le PNRC ne peut pas tout, et c'est tant mieux!
En réponse à François, pour aller de Bastelica à Tasso :
* le + simple = le stop jusq'ua plateau d'Ese (la dernière fois, en juin, je me suis fait larguer 3 km avant et j'ai visé la MF de Punta Niella, après un plogeon au fond de la vallée
* le plus court, faute de voiture = la piste du col de Ciano, le col d'Arusula, la punta Malvesa...
* le + beau = les Pozzi (via Vitalaca ou Mezzaniva selon le temps et la forme disponibles), puis coucher à Foce d'Astra ou Vizziluga après un magnifique parcours de crête (Monte Giovanni, Cuperchiata...).
Ces options seront précisées dans mon guide des treks (à paraître en avril ou mai ; publicité désintéressée, puisque je compte bien l'offrir à François et à Philippe, compte tenu de leurs efforts méritoires au profit de la Corse et de la randonnée !!!)
@ + Charles
Bon, j'abandonne la philosophie et je reviens aux sentiers: comment as-tu fait, Charles, pour relier d'une part Bocognano à Bastelica, d'autre part Bastelica au refuge de Vizziluga : la piste qui prend au col de Ciano? Mais alors, ce dut être passablement longuet. J'avais hésité lors de mon GR 20 bis, à passer par là pour gagner Bastelica (nous marchions du sud vers le nord), mais ne voyant pas de cheminement évident, j'avais finalement opté pour le col d'Arusula. De Bastelica à Bocognano, comme nous étions pressés, j'avais honteusement triché en nous faisant déposer au col de Scalella et en descendant par la route...
Ah bon, tu me remontes le moral !
C'est vrai que je n'ai pas monté ce(s) site(s) spécialement pour être payé en retour par un afflux de visiteurs assoiffés de nouveautés "Corse Nature", mais uniquement parce que j'avais amassé une collection d'infos, de photos et de coups de coeur sur ce p... de pays avec l'opportunité (imprévue) d'une grande tranche de temps libre pour en consacrer un peu à mettre tout cela en ligne !
Comme tu le dis, nous serons largement payés en retour au minimum par nos échanges d'informations entre nous et par le montage de parcours amicaux communs... Et peut-être arriverons-nous à attirer quelques candidats à ces types d'activités !
Serait-ce la crise de milieu de vie (CMV) du site? bien que je pense qu'il est loin d'être arrivé à maturité!
Mon association de marcheurs toulonnais compte environ 500 membres, dont une petite moitié pratique; il y a une quinzaine de chefs d'excursions, dont là aussi une petite moitié aime bien sortir des sentiers battus; les autres font toujours les mêmes randos, et le peuple suit comme un sympathique troupeau; le randonneur moyen est en général assez sportif, mais il est "pépère" dans sa tête, il a horreur de se perdre, il ne sait pas lire une carte et il n'aime pas "se prendre la tête" pour bâtir un circuit; ajoute à celà la judiciarisation galopante de notre société, et tu comprendras que même les accompagnateurs diplômés ne veulent prendre aucun risque. D'où la nécessité d'élaborer des documents qui indiquent clairement les cheminements, et les solutions d'hébergement, si possible pas trop exotiques. C'est vrai que c'est un travail ingrat (je n'oublie pas la version "utilitaire" de mon trek de Chisa),mais je ne vois pas d'autre solution.
Regarde les sites corses, on trouve:
-ceux de Carole Guelfucci, mais ils sont tous consacrés au GR 20,
-celui de Georges, mais il en est à la fois le grand reporter, et le rédacteur en chef, et il n'a pas la facilité d'échanges de ton blog,
-le forum de la montagne corse, mais ce sont toujours les mêmes qui se font plaisir en commentant (en corse, pour rendre les échanges encore plus confidentiels) leurs dernières photos; à part les apports du Pinzutu, il n'y a pas grand chose à en tirer pour les sentiers sauvages,
-le tien, mais les rédacteurs bénévoles sont peu nombreux, ce qui se comprend, car la description d'un circuit demande rigueur, concision et clarté, donc finalement du temps: ceci étant, je pense que ton site est unique en son genre et qu'il finira bien par créer une saine émulation.
Je n'en vois pas d'autre, sauf quelques informations glanées ça et là dans des compte-rendus de sorties, en particulier du CAF.
Enfin si nous arrivons à monter quelques treks amicaux de découvertes, nous serons d'une certaine façon payés de nos efforts. Haut les coeurs!
Tu as sans doute raison, François, de montrer un peu de pessimisme sur l'avenir de la randonnée (et d'autres activités un peu fatigantes...) en montagne corse et, effectivement, des sites comme les miens ne sont vraiment attractifs que pour quelques marginaux (?) (comme Charles et toi qui monopolisez les commentaires de ce blog) interessés par les parcours sauvages...
J'avais peu mesuré jusqu'à présent le panurgisme des randonneurs puisque ne les fréquentant pas ou peu sur mes parcours corses (où il n'y jamais personne !), mais des discussions au refuge de Manganu cette année avec des Géhéristes à qui j'expliquais ma pratique m'ont bien éclairé : "Comment, vous allez sur des sentiers sans balisage, en solo, sans personne sur les chemins ?", "Vous n'avez pas peur de remonter des ravins sans sentiers ?", "Etes-vous totalement inconscient des problèmes de sécurité en montagne (sic) ?", ...
Evidemment, si les principes de sécurité en montagne obligent à ne faire que des randos parcourues par au moins mille personnes/jour et avec des chaînes d'assurage tous les 5 m (type lac de Melo), il vaut mieux éviter la Corse en général, ainsi que les treks isolés et le hors-piste en particulier ! Et, en Corse, même les randonnées littorales sont peu parcourues, malgré l'absence de dangers, de difficultés, mais pas d'isolement : ce qu'il faut aux randonneurs, c'est une autoroute avec 4/5 heures de marche maximum par jour, une assistance GPS automatisée, le GSM avec couverture généralisée en montagne, un hôtel 3 étoiles à chaque étape mais pas cher et un hélicoptère pour aller les chercher s'ils ont un pépin (vécu dans la Vacca pour une foulure - mais c'était du canyoning !).
Très bien, je vais vais faire une ré-ingénierie de mon site et le transformer en :
corse-pépère.com
Beaucoup de questions, les amis, et un brin de morosité...
-non, je n'ai pas dénombré les associations de randonneurs corses; je me suis appuyé, peut-être à tort, sur ce qui existe dans le Var, où le Comité départemental de randonnée pédestre (qui a un autre nom maintenant que j'ai oublié), en accord avec la FFRP, confie le balisage de certaines portions de GR à diverses associations de randonneurs, nombreuses dans la région toulonnaise, il est vrai nettement plus peuplée que l'ensemble de la Corse. Il y a même des stages de balisages organisés...
-sur l'intérêt du balisage, pas d'accord avec toi, Philippe; je suis peut-être plan-plan, mais j'apprécie qu'un balisage discret me conforte sur mon sentier: bien sûr, on peut s'appuyer sur la carte, mais pas un randonneur sur dix ne sait la lire! Et puis il y a des endroits, par exemple les calanques de Marseille, où il faut balisage et carte . Evidemment, s'il faut choisir entre remise en état de sentier et balisage, je te comprends, mais généralement, la question ne se pose pas en ces termes; par exemple, le sentier qui monte de la Lonca à Casa Infurcata a été remis en état ces dernières années: et bien, même avec une carte, j'ai eu du mal à trouver son départ.
-la randonnée sauvage a-t-elle un avenir? Il est vrai qu'on n'échappe pas à des modes (cf GR 20) et à des problèmes de confort, le randonneur retraité (qui constitue, je pense, les deux tiers des effectifs) aimant ses aises et n'étant pas toujours fana dormir sur une plaque de mousse. Ceux qui aiment découvrir des circuits nouveaux sont rares, voire rarissimes (au passage, merci à Philippe pour ses sites, mais même là, on voit que la mayonnaise a du mal à prendre). Je pense qu'une solution intermédiaire est la rédaction de topo-guides, genre mare a mare ou mare e monti, proposant sentiers et hébergements. Chisa s'est offert un gîte superbe (aux étagères près): c'est un peu dommage de mal l'exploiter en laissant le village très enclavé.
Fondamentalement, la Corse souffre de son dépeuplement et de sa relative pauvreté, qui l'empêche de financer toute nos bonnes idées...
Là, Charles, tu abordes un sujet très épineux, qui est celui de la fréquentation des chemins corses (ou d'autres régions d'ailleurs), des causes du ciblage restreint de cette fréquentation sur l'île (GR20, Restonica, certaines parties de Bavella, ...) et des remèdes à proposer.
Le Blog et le site "Corse sauvage" sont une modeste contribution à faire connaître en Corse d'autres sites que le GR20 et le lac de Melu (1500 personnes par jour en été et une via ferrata installée dorénavant sur le sentier paraît-il !), mais cela ne saurait en aucun cas être LA réponse à la sous-fréquentation d'autres régions.
Et on court le risque de se mordre la queue à attendre que la fréquentation des randonneurs permettent d'ouvrir des sentiers dans des régions où ils se perdent (les sentiers !), alors que justement les randonneurs attendent peut-être l'ouverture de ces sentiers pour y aller !!
Je ne sais malheureusement pas répondre aux questions précédentes, mais il est évident que si les gens du Filosorma (exemple extrême) ne se prennent pas un peu par la main pour remettre en état un certain nombre de leurs accès, ils ne risquent pas de voir du monde dans leur région : pour mon plus grand bonheur d'ailleurs... Mais, comme tu le dis, comment avoir une dynamique communale ou micro-régionale avec peu de monde et pas d'argent ?
Bonsoir,
Je ne sais pas où François a vu "les nombreuses ascensions de randonneurs corses" ! Il me semble qu'en Corse, comme ailleurs, le mouvement associatif peine à exister et à peser dans le débat public ; compte tenu du kilométrage impressionnant de sentiers, cela ne suffit pas (heureusement, sans doute, qu'il y a encore des chasseurs pour faire, gratis, un boulot de semi-nettoyage)...
La dynamique communale ou inter-communale est également relative, s'agissant de communes rarement riches, qui n'ont que les moyens d'investir (80 % ou + de subvention) et pas ceux d'entretenir...
J'assiste au même problème en Espagne (je vous conseille au passage mon bouquin sur les plus + beaux sentiers des sierras et canyons d'Aragon !!!) : des milliers de chemins balisés, retournant l'un après l'autre à l'état de sente embroussaillée, et bien trop peu de pratiquants. Au-delà des discours lénifiants sur la rando, soi-disante première activité sportive en France (ou en Europe), il y a un nombre ridicule de gens qui la pratiquent réellement en itinérance et qui ont envie (par exemple) d'aller se perdre dans la campagne de Chisa ; il n'y en a que pour les sites qu'il faut avoir fait (Restonica, Bavella...) et encore dans les parties les plus proches du parking...
Je pense tout de même que la remise en état du sentier de l'Arinella ne serait pas un luxe, même si celui de la Luvana est encore en état : il permettrait de pénétrer cette vallée majeure et de monter directement sur les crêtes de l'Usciolu.
D'accord avec toi, Charles, sur les "sentiers d'initiés" : j'en ai pratiqué pas mal qui étaient uniquement conçus pour les locaux.
Principes de base : démaquisage succinct sur tout le parcours et entrée du sentier camouflée et pas du tout démaquisée, soit 50 m à se faire en hors piste au départ.
Quelques exemples pour ma part : le sentier du Purcaraccia jusqu'en 1995 (entrée camouflée dans le virage par un gros taillis, pas de démaquisage sur les 50 premiers mètres, mais après le sentier était bien meilleur qu'aujourd'hui), la trace de la Spusata que j'ai prise pour remonter le ravin du Tagliu (sente de chasseurs ?), le sentier de Tana di l'Orsu depuis la piste du pont des Rocce (il faut le trouver le sentier !), d'innombrables traces en Cagna (mais pourquoi les rendre aussi discrètes ?), ...
En ce qui concerne le balisage, je suis personnellement contre, car soit cela ne sert à rien (un seul sentier bien tracé), soit cela sert en l'absence de sentier (et dans ce cas, je préfère que l'on entretienne le sentier), soit cela sert parce qu'il y a trop de sentiers (et dans ce cas le balisage surcharge : il n'y a qu'à regarder la carte !) .
Mais, bon, cela se discute !
Quand j'ai effectué ce trek (juin 2002), on m'avait dit en effet que le maire de Chisa travaillait au Parc; du coup, je m'étais fendu d'une belle lettre pour lui faire part d'un certain nombre de choses (notamment du besoin d'étagères de rangement dans les chambrées de son gîte tout neuf), et de l'intérêt d'une liaison directe Chisa-Agnone; je l'avais aussi interrogé sur un projet de mare e monti sud dont j'avais entendu parler. Bien sûr, je ne reçus ni réponse, ni accusé de réception; depuis, le Parc a fait quelques progrès dans sa politique de communication...
Ceci étant, je suis d'accord avec toi sur le fait que la pénétrante par la haute Luvana est suffisante; si déjà les sentiers surlignés en rouge sur IGN étaient en état et correctement balisés, ce serait énorme; côté balisage d'ailleurs, le Parc semble avoir quelques difficultés, et je me demande pourquoi il ne les confie pas par convention aux nombreuses associations de randonneurs qui doivent exister en Corse. Qui trop embrasse ...
A l'époque, le maire de Chisa travaillait au parc ; je ne sais pas si c'est encore le cas, mais j'ai bien senti qu'il y avait un fort consensus local pour ne pas rendre accessible la haute vallée de l'Arinella. La sente en rive gauche était alors "assez péniblement" praticable et plutôt décourageante à suivre (j'avais fini par remonter le long du cours d'eau puis à tirer droit pour rejoindre les crêtes d'Usciolu, afin de m'extraire de ce piège de broussailles) ; mais elle devait alors être parcourue de temps à autre par les chasseurs ou pêcheurs autorisés du coin (vêtus d'une ramure !)... Il est un art en Corse qui est de maintenir en état de vagues et anciennes sentes, propres à satisfaire une demande locale spécialisée mais propre à décourager les attentes touristiques les + classiques. Après tout, ce n'est pas forcément une technique plus idiote qu'une autre...
L'hiver dernier, en montant au capu di u Locu depuis Muna (secteur de la Sposata) ou au capu Purcile (point culminant de Scandola) depuis Girolata, j'ai expérimenté une nouvelle fois ce genre de trace confidentielle pour happy - ou unhappy - few (je suppose qu'il en existe également une qui monte à la Sposata, directement depuis Muna, d'après un gars du village qui n'a toutefois pas voulu nous en dire +...)
Le sentier de la haute Luvana suffit, de toutes façons, pour rejoindre le Coscione ; et il n'est probablement guère besoin d'un second accès, faute d'une dynamique touristique véritable dans cette vallée (la via ferrata et le gîte d'étape ne consituant encore que de modestes produits d'appel...).
Heureux homme dont les activités professionnelles le faisaient remonter le cours de l'Arinella pour des projets de microcentrales corses... Il est vrai qu'à l'époque, j'avais hésité très fort entre le Génie Rural et le Génie Maritime; enfin les ports et la mer, ce n'est pas mal non plus!
La lecture de vos exploits à tous les deux montre que vous connaissez fort bien ce coin de Chisa et son réseau hydraulique; le coup de la prise d'eau refusée par la commune de Zicavo me laisse rêveur sur la capacité des villages corses à coopérer. J'espère, Charles, que ta sente cairnée depuis le col de Broncu ne t'a pas emmené trop en amont du départ du sentier vers Chisa; en tous cas je n'ai jamais lu de proposition de canyoning dans la haute Luvana, l'accès en est certainement trop difficile.
Mon fils a descendu il y a deux ans le Tignoso, et il a effectivement galéré pour revenir sur le plateau. Dommage quand même que le sentier Arinella-Agnone soit devenu impraticable: à vous lire, vous êtes finalement remontés assez haut, et le démaquisage de la partie encombrée n'est peut-être pas aussi onéreux qu'il y paraît: qui a le contact avec le Parc?
Décidément, voilà encore une idée commune que celle de remonter (ou descendre en sens inverse...) la Luvana à sa source : sur IGN, cela s'appelle le ruisseau de Valle Tremoli qui descend des deux pointes de Valle Tremolli et Scarachjana.
Pour mon compte, cette idée n'a malheureusement jamais quitté la carte !! Content aussi de savoir que c'est un parcours plein d'intérêt !
Salut,
Je signale que lorsque je vivais en Corse, j'avais remonté le vallon de l'Arinella à deux reprises, la première fois pour finalement sortir en crête au Sud-Ouest du refuge d'Usciolu (et revenir par la grotte du bandit de Saparghjonu), la seconde pour un bivouac prélable à une pêche électrique, dans le cadre d'un projet communal de créer une microcentrale (j'instruisais à l'époque ce genre de dossier) !
Il s'avéra que la prise d'eau étant effectivement située sur la commune de Zicavo (pourtant fort éloignée et non concernée orographiquement) cela fit capoter le projet ! L'argument "protection" ne tient donc pas vraiement ; il y a un souci ,peut-être, de protéger les ressources halieutiques de deux torrents comptant parmi les plus poissonneux de Corse et qui, à l'époque, n'avaient pas été bousillés à la dynamo, à la javel ou à la digitaline (il fut question un temps, du reste, de créer à Chisa un parcours de pêche à la mouche...).
Je signale qu'en me trompant dans la descente de Broncu, j'ai découvert le cours amont de la Luvana qui conserve sans doute pas mal de secrets (avis aux amateurs) ; j'en ai descendu, contraint et forcé, une partie (alternance de sections ouvertes et encaissées) mais sans pouvoir me jeter à l'eau à cause de mon sac et de mon matériel photo (et pourtant la tentation fut grande...). Avis aux amateurs (conseil donné d'autant plus volontiers que je n'imagine pas que ce genre de destination perdue au bout du monde puisse jamais attirer grand monde...).
@ + Charles
En ce qui me concerne, je ne connais pas bien les crêtes d'Usciolu que je n'ai pas pratiquées, mais très bien les sentiers de la Luvana et de l'Arinella pour cause de pratique de ces canyons avant l'interdiction par l'arrêté municipal de Chisa :
- Le sentier de la Luvana est toujours praticable, même s'il commence à se "salir", alors que celui de l'Arinella est difficile à parcourir jusque sous le versant de Monachinu, devient erratique et pénible jusqu'à peu avant le ruisseau de Castellettu : je n'ai pu atteindre le ruisseau lui-même ensuite (sentier complètement remaquisé et impossible à suivre malgré les restes de balises !)
- L'interdiction des canyons du Lama, de la Luvana et de l'Arinella est une de ces décisions locales incompréhensibles, mais dans tous les cas certainement pas liées à la fréquentation de ces canyons quasiment nulle entre 1992 et 1997 (date où je les fréquentais)
- L'Arinella est alimentée en amont par les ruisseaux de l'Agnone et du Lattone d'un côté et celui du Monte Tignosu de l'autre : or ces canyons ne sont pas interdits parce que non situés sur la commune de Chisa (?) alors qu'ils alimentent tous le Travu et que je ne vois pas en quoi leurs parcours seraient moins nuisibles que ceux de la Luvana/Arinella
- Le Tignosu est un des plus beaux et le plus difficile canyon de Corse et les canyoneurs pour le pratiquer doivent y accéder par le Coscione et remonter ensuite par Lattone et le sentier "très sale" au-dessus du Tignosu. Ils ne peuvent enchaîner l'Arinella pour cause de ce stupide arrêté pris sans explication et appliqué bestialement et aveuglément
- Les habitants de la commune de Chisa, pour des raisons que je ne connais pas, sont très chatouilleux sur la fréquentation touristique locale et on dénombre beaucoup d'accrochages entre ceux-ci et les randonneurs/canyoneurs/baigneurs locaux. Je ne sais ce qu'il en est avec les kayakistes au printemps ! Il est conseillé de se méfier, y compris sur des sentiers que l'on penserait anodins mais qui s'avèrent traverser des propriétés privées (problèmes remontés par Franck Jourdan, rédacteur du dernier topo des canyons corses)
J'ai pris connaissance, avec un grand intérêt, de ce trek de l'ami François, qui coïncide en partie avec l'un de ceux que j'ai pratiqués au mois de juin dernier.
De Zicavo (que j'avais atteint en partant de Bocognano, puis via Bastelica, le refuge de Vizziluga et Tasso) je suis monté pour ma part au col de l'Agnone (très vieux sentier, très belles vasques du Partuso) puis ai rejoint le plateau de Broncu (en ligne droite ou presque !) dans la descente duquel je me suis perdu (j'ai suivi une trace parasite de cairns, rejoignant la Luvana trop haut) et ai gaspillé près de 3 h de temps, de sorte que j'ai atteint Chisa vers 18 h et Catastaghju vers 21 h, juste avant le début du match de foot France-Espagne ! Fin du raid rejoignant ensuite le refuge de Prati, le Christe Eleison, Ghisoni, les bergeries de Cardo et le col de Vizzavona où j'ai repris le train
Je confirme le caractère très sauvage de ce parcours (d'autant que je l'ai pratiqué seul) sans âme qui vive de part et d'autre de Chisa. Le sentier de Juva est assez sale côté Chisa (mais reste praticable) mais propre côté Catastghju (je me suis juré y revenir à VTT, car une piste forestière atteint désormais pratiquement le col... La Luvana est une rivière fabuleuse, tout comme l'Arinella, mais son parcours aquatique est interdit (panneau dissuasif au pont de Bura), semble-t-il par les propriétaires, lassés de voir les hommes grenouilles empiéter sur leur terrain !
A + ; Charles